Mouvement social italien

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Le Mouvement social italien (Movimento sociale italiano, abr. MSI ) était le parti politique qui a regroupé l'essentiel des forces de la Droite nationale italienne depuis la période de l'après-guerre jusqu'au milieu des années 1990.

Emblème du Movimento Sociale Italiano

Fondé le 26 décembre 1946, il s'est autodissout le 27 janvier 1995.

Même s'il n'a jamais accédé à aucune coalition de gouvernement, bloqué par la politique de l' « Arco constituzionale », il a été, pendant ses 50 ans d'existence, un acteur central de la vie politique italienne, ainsi qu'un pôle social et culturel.

Sommaire

Histoire

Fondation

Le 26 décembre 1946, le Mouvement Social Italien annonce sa constitution par les représentants du Front du Travail, de l'Union syndicale des Cheminots italiens, du Mouvement italien d'unité sociale, du mouvement de la Rivolta Ideale, du Groupe des Vétérans indépendants. Un comité de coordination de cinq membres est nommé. La Rivolta Ideale devient le premier journal officiel du parti.

Parmi ses fondateurs, on compte beaucoup d'anciens de la République sociale italienne comme Giorgio Pini, Augusto De Marsanich, Pino Romualdi, Arturo Michelini, ex-adjoint au dirigeant fédéral romain du Parti fasciste républicain et Giorgio Almirante, ancien rédacteur en chef du quotidien Tevere et chef de cabinet de Ferdinando Mezzasoma, ministre de la Culture populaire de la République sociale. Parmi les premiers adhérents, on trouve d'anciens responsables du régime comme le vieux « quadriumvir » de la Marche sur Rome, Cesare Maria De Vecchi, d'anciens détenus des camps fraîchement libérés, de jeunes militants des FAR (Faisceaux d'action révolutionnaire) et des officiers, dont le maréchal Rodolfo Graziani ou le commandant de la 10e flottille MAS (Motoscafi Armati Siluranti ou Motoscafi Anti Sommergibile) de la République sociale, le prince Junio Valerio Borghese.

Le programme du parti nouvellement créé est celui du programme socialisant, anticapitaliste et antibourgeois - la « Charte de Vérone » - élaboré au premier Congrès du Parti fasciste républicain en novembre 1943. C'est un retour non pas au « fascisme-régime », tel qu'il avait pu fonctionner au temps du consensus de masse, mais au fascisme révolutionnaire des origines ou « fascisme-mouvement »[1]. Ainsi la direction du MSI proclame dans un article publié en août 1947 dans Rivolta ideale, organe officiel du parti :

« Oui, nous sommes fascistes ; mais de ces fascistes qui se sont battus pour donner à l'Italie une législation sociale et syndicale. Nous sommes les fascistes des contrats collectifs de travail reconnus comme des lois, des syndicats conçus comme de libres associations de travailleurs libres et démocratiquement organisés. […] Nous sommes les fascistes qui nous sommes battus pour la participation des travailleurs à la gestion et aux bénéfices des entreprises ».

Dès septembre 1947, le MSI obtient ses premiers élus à Rome à l’occasion des municipales. En avril 1948, les élections générales lui donnent déjà 2,01 % aux législatives et six députés et 0,89 % au sénat et un sénateur.

Un barrage permanent: l'Arco costituzionale

Pendant toute la Ire République, le MSI a été exclu de toute coalition gouvernementale. Lorsque la Constitution de la Première République est votée, le 22 décembre 1947, naît l’expression de l'Arco costituzionale (l'« Arc constitutionnel »), ou conventio ad excludendum: tous les partis, du Parti communiste italien à la Démocratie Chrétienne, du Parti Socialiste au Parti Libéral, reconnaissent être unis en toute circonstance pour faire barrage au MSI, et pour l'exclure de toute alliance électorale ou gouvernementale, à quelque niveau que ce soit. Les monarchistes sont eux aussi tenus à l'écart de l'Arco costituzionale. L'expression sera fréquemment utilisée au cours des décennies 1960 et 1970. Cette alliance durera jusqu'en 1994, lors que des ex-membres du MSI, devenu Alleanza Nazionale, entreront dans un gouvernement de coalition.

Au cours de son histoire, la personnalité très charismatique de son dirigeant Giorgio Almirante a contribué à affaiblir le barrage mental autour du parti et à ouvrir le débat avec d'autres forces politiques. On peut remarquer que, au début des années 1980, ce n'est plus la gauche mais la Démocratie Chrétienne qui réitère obstinément son refus de voir participer le MSI à la vie politique, comme le rappelle Ciriaco De Mita au Congrès de la DC le 5 mai 1982. Et, en revanche, au cours des consultations pour la formation du nouveau gouvernement en août 1983, le socialiste Bettino Craxi reçoit la délégation du MSI-DN guidée par Almirante et confirme qu'il ne ghettoïsera aucune force politique, et qu'il dialoguera également avec le MSI-DN. C'est donc le socialiste Craxi, exaspéré par l'hégémonie marxiste, qui met un terme à l'« arc constitutionnel ».

Un mouvement, un parti ou une fédération de tendances?

Le MSI n'a jamais été un parti monolithique. En fait, dès ses débuts, il fait coexister, sur le mode du compromis, différentes générations et différentes tendances. D'un côté on trouve, dès sa fondation, des fascistes dit modérés, nostalgiques du Régime, et les anciens combattants de la République Sociale, souvent beaucoup plus jeunes, rebelles et anti-capitalistes. Ceci explique que le parti va être en même temps de droite et de gauche, catholique et anticlérical, atlantiste et antiaméricain, démocratique et putschiste, réformiste et révolutionnaire[2].

En fait, le MSI regroupe des tendances très diverses, qui ont parfois abouti à des scissions, et parfois à des réintégrations.

Les modérés: pour la « Grande Droite »

Pour les membres de la tendance conservatrice du MSI, comme Arturo Michelini, secrétaire général de 1954 à 1969, le Movimento doit s'intégrer au système en fédérant toutes les forces anticommunistes dans une « Grande Droite ».

Parmi les principales tendances, on doit nommer d'abord l'aile modérée, personnifiée longtemps par Arturo Michelini (président du parti de 1954 à 1969) et Augusto De Marsanich. Pour eux, le MSI doit s'intégrer au jeu des partis, et ne pas hésiter à faire des concessions aux partis bourgeois. L'axe central de la stratégie des modérés est la constitution d'une « Grande Droite », c'est-à-dire un front commun anticommuniste, et qui regrouperait, outre le MSI, les monarchistes (Parti national monarchiste, Parti monarchiste populaire, puis Parti démocratique italien d'unité monarchiste), le Parti libéral et le centre-droit de la Démocratie chrétienne[3].

L'aile des modérés se caractérise aussi par son orientation atlantiste, c'est-à-dire pro-américaine et en faveur de la participation de l'Italie à l'OTAN. Lors du deuxième Congrès du parti, en été 1949, le Pacte atlantique est condamné mais on laisse aux parlementaires la liberté de vote. Le 21 juillet, les députés du MSI, à l'exception d'un seul, voteront contre l'adhésion de l'Italie à l'OTAN. Mais, fin 1951, la direction des « modérés » (De Marsanich) affirme le soutien du parti au bloc occidental. La tendance sera renversée lors du retour à la direction de Giorgio Almirante en 1969.

Les révolutionnaires: entre nationalisme révolutionnaire, « gauche révolutionnaire », « gauche nationale » et « socialisme national »

Pendant toute la période de présidence du parti par Arturo Michelini (1954-1969), Giorgio Almirante sera la figure de proue de l'opposition interne. Il a pris part aux instances dirigeantes du parti de 1946 à 1950, mais en sera écarté jusqu'à son élection au poste de secrétaire général en 1969.

Pour le très charismatique Giorgio Almirante, secrétaire général de 1969 à 1987, une véritable alternative au communisme doit impérativement être révolutionnaire, populaire et conquérir en priorité la jeunesse.

L'aile des révolutionnaires se caractérise par une volonté d'opposition claire, à la fois aux partis bourgeois et au communisme. Elle est hostile à la participation de l'Italie aux institutions de l'OTAN, et favorable à une politique « méditerranéenne » de collaboration avec les États nationalistes arabes. Cette tendance a souvent été surnommée la « gauche révolutionnaire » du parti, notamment à cause de son antiaméricanisme, de son tiers-mondisme et de ses positions sociales.

Le retour de Giorgio Almirante à la tête du MSI en 1969 et sa longue présidence (1969-1987) ont assuré l’hégémonie de la tendance révolutionnaire sur le parti.

La « gauche de la gauche » du MSI
Le MSI a aussi son « extrême gauche », comme la tendance socialiste menée par Ernesto Massi.

L'aile gauche du MSI inclut des tendances encore bien plus « à gauche » que les « révolutionnaires » d'Almirante. Ainsi, en août 1952, suite au Congrès de L'Aquila, un groupe de la gauche du MSI quitte le parti pour fonder un Regroupement social républicain, qui devient en 1953 le Parti du socialisme national[4]. Il faut aussi mentionner Ernesto Massi, un authentique « fasciste de gauche », pour lequel le fascisme se résume à la notion de socialisme national. Créateur d'un Centro Studi Nazione Sociale à l'intérieur du MSI, il quitte le parti en 1957, pour fonder un Parti national du travail[5].

Les radicaux: les Fils du Soleil

En dehors des deux grandes tendances, des groupes de jeunes rebelles ont eu une grande influence sur la vie du parti. Ainsi, lors du troisième Congrès (juillet 1952) qui entérine la politique d'insertion dans le système, les jeunes d'orientation « traditionnelle » (c'est-à-dire influencés par les thèses du philosophe Julius Evola) les plus radicaux, créent le groupe des Figli del Sole, donnant naissance à un courant spiritualiste à l'intérieur du parti. Le même congrès donne lieu à des scissions de certains membres de la tendance de « gauche ».

Pour les jeunes « spiritualistes » du Centro Studi Ordine Nuovo, le combat politique est voué à l'échec s'il n'est pas précédé d'une offensive culturelle profonde et novatrice (debout: Pino Rauti)

Mais c'est à partir de 1954 qu'un courant radical et spiritualiste se structure. Emmenés par Pino Rauti, les jeunes « évoliens », ou « traditionalistes », proposent, lors du 4e congrès (janvier 1954), que le parti se replace sur des positions plus intransigeantes et effectue un travail de relecture critique du fascisme historique. Début 1955, le courant donne naissance au Centro Studi Ordine Nuovo, un centre d'études et de réflexion dont la première base doctrinale est constituée par la brochure Orientations de Julius Evola. Le groupe fait paraître le mensuel Ordine Nuovo, sous-titré « mensuel de politique révolutionnaire ». Le Centro Studi Ordine Nuovo se distancie totalement de l'héritage fasciste habituel du MSI et va mener un immense travail culturel. Outre Julius Evola, le groupe fait découvrir aux jeunes militants de nouveaux auteurs de référence, comme Corneliu Zelea Codreanu, Giuseppe Tucci, Pio Filippani Ronconi et René Guénon. Le groupe dépasse aussi le cadre du patriotisme ou du nationalisme pour imaginer une Europe-Nation, opposée au condominium États-Unis-URSS. En peu de temps, l'influence culturelle d'Ordine Nuovo va s'accroître et dépasser le cadre du mouvement. Sa conception de la vie héroïque et aristocratique, inspirée de l'œuvre d'Evola, va exercer une forte influence sur les jeunes militants de droite, à la fois à l’intérieur et en dehors du MSI.

Lors du Congrès de Milan, en 1956, après de violents incidents entre les ailes « gauche » et « droite » du parti, le Centro Studi Ordine Nuovo quitte le parti.

En juin 1969, Giorgio Almirante, leader de la tendance de « gauche révolutionnaire », est élu à la tête du MSI. En décembre, lors d'un meeting à Rome, il lance un appel à tous les « frères séparés » à rentrer dans le parti. Il interpelle surtout les jeunes à fortifier et à renouveler le MSI. Pino Rauti et la plupart des membres d'Ordine Nuovo se laissent convaincre. Rauti dissout le Centro Studi et la plupart des adhérents réintègrent le parti. Trois membres entrent à la direction nationale du MSI, et onze autres membres sont nommés au comité central. Le retour en force des Ordinovisti au sein du parti marque le renforcement d'une tendance profondément radicale et d'orientation nationale-révolutionnaire (mais résolument légaliste) du MSI, représentée notamment par Pino Rauti et par Adriano Romualdi.

Dans les années 1980 et 1990, Pino Rauti, soutenu par la plus grande partie des jeunes activistes, continuera d'animer les tendances radicales du parti, sous les noms de Spazio Nuovo, d'Andare oltre, de Linea futura, puis de Linea nazional-popolare.

L'action syndicale : la CISNAL

Le MSI s'est donné pour objectif de regrouper tous les travailleurs non-communistes. Dans cet esprit est fondée, le 24 mars 1950, la Confédération italienne des syndicats nationaux de travailleurs (CISNAL). Dès sa fondation, elle compte déjà 50 000 membres. Son slogan est: Travailleurs d'Italie, unissez-vous! Ses références idéologiques sont le syndicalisme révolutionnaire et la doctrine sociale de l’Église.

En 1953 est créé le centre de soutien et d’aide sociale du syndicat, l'Ente nazionale di assistenza sociale (ENAS).

En 1996, la CISNAL se transforme en Unione Generale del Lavoro (UGL). Elle comptait 1 800 000 membres en 2018.

Le MSI, les paysans et le Mezzogiorno

Le MSI s'implique profondément dans les problèmes vécus par les agriculteurs, particulièrement dans le sud du pays, le Mezzogiorno.

Le 31 octobre 1949, une manifestation de paysans du MSI, arborant le drapeau tricolore, occupe un terrain à Melissa (Crotone). La police ouvre le feu. Un dirigeant local du parti, Francesco Nigro est tué.

À partir de juillet 1970, les militants du MSI prennent la tête de la révolte populaire de Reggio de Calabre, contre laquelle le gouvernement de centre-gauche va déchaîner une violente répression, qui fera 6 morts et plus d'un millier de blessés. La résistance dure jusqu'au 20 avril 1971.

De manière générale, le MSI sera considéré par la population du sud du pays comme le garant de l'unité italienne. Cela se confirmera, à la fin des années 1980 et au début des années 1990, quand des tendances centrifuges apparues au nord de l'Italie joueront sur les antagonismes entre le nord et le sud du pays. Le MSI incarnera la garantie de la solidarité nationale et sa popularité au sud va s'en renforcer.

Structures familiales et féminines

Début 1950 est créé un Mouvement Italien Féminin (MIF), mais son lien avec le MSI n'est officialisé qu'en 1952.

Le MSI a encore créé de nombreux centres culturels aux activités multiples, tels le Centre de vie italienne (fondé en 1955).

La presse

Le MSI a toujours donné beaucoup d'importance à sa presse. À son apogée, dans les années 1970, il dispose d'un quotidien, de 5 hebdomadaires et de 15 périodiques.

C'est le 16 mai 1952 qu'est fondé le journal quotidien longtemps emblématique du MSI, Il Secolo, qui devient Il Secolo d'Italia en juin. Il restera cependant considéré comme le journal de l'aile « gauche » du parti.

La jeunesse du MSI: entre vivier militant et bouillonnement culturel

Manifestation du Fronte della Gioventù

En juillet 1947, le Front des jeunes du MSI décide la création de l'association sportive Fiamma, qui développera des activités dans de nombreuses disciplines : tennis, judo, boxe, escrime, volley-ball, basketball football. Elle prendra ensuite le nom de Centre national sportif Fiamma et sera reconnue officiellement par le Comité olympique.

Le 15 juillet 1947 s'ouvre le premier camp d'été de la jeunesse du MSI. Il dure deux semaines. Le 20 novembre 1947, le Front des jeunes et les Cellules universitaires fusionnent : le Raggruppamento giovanile studenti e lavoratori est né.


En mai 1950 est fondé l'organisation étudiante du parti, le Fronte Universitario di azione nazionale (FUAN).

Les cercles des élèves des collèges sont regroupés sous le nom de Giovane Italia, dès décembre 1950.

En 1971, Giovane Italia fusionne avec le Raggruppamento giovanile studenti e lavoratori pour former le Fronte della Gioventù (FdG).

Les Hobbits à la croix celtique

Une croix celtique humaine pour un esprit nouveau

Au cours des années 1970, les organisations de jeunesse du MSI vont donner naissance lieu à un bouillonnement culturel, qui va se manifester par de nombreuses initiatives comme l'organisation des Campi Hobbit, par la naissance de la Musica alternativa di Destra, et par l'adoption d'un style nouveau dans la jeunesse (croix celtique, figure du « rat noir »). Les figures marquantes de ce renouveau culturel sont Marco Tarchi, Umberto Croppi, Giampiero Rubei et Generoso Simeone. Pino Rauti devient le leader symbolique de la jeunesse. C'est aussi dans ce milieu que va se développer, à l'initiative encore de Marco Tarchi, la Nuova Destra italienne.

Les Campi Hobbit

Campo Hobbit 1977

Les 11-12 juin 1977 se tient en Irpinie le premier Campo Hobbit, dont le nom est inspiré par l'univers littéraire de JRR Tolkien, très lu par la jeunesse de droite en Italie[6].. Deux jours de musique alternative, de débats et de tables rondes auxquels participent plus de 2 000 jeunes venus de toute l'Italie. On y présente des thématiques nouvelles, des méthodes et des styles inhabituels pour le MSI. L'événement trouve, de manière inhabituelle, un large écho dans la presse. Trois autres Campi Hobbit auront lieu: en 1978, 1980 et 1981.

La Musique alternative de Droite

Les groupes de musique et les chanteurs qui se produisent aux Campi, comme Massimo Morsello, Amici del Vento, La Compania del Annello et Janus, poursuivront une longue carrière et inspireront la naissance de nombreux autres groupes de Musica alternativa di Destra.

La Voce della Fogna : « la revue qui apprit à la droite à rire d'elle-même »

Marco Tarchi lance encore une revue satirique, qui offre un large espace à la bande dessinée, à l'humour, aux musiques folk et rock, au cinéma : La Voce della Fogna, sous-titrée « journal différent » . Le nom de la revue annonce un style marqué par la caricature et l'autodérision. En effet, il s'agit du détournement ironique du slogan d'extrême gauche « Fascisti, carogne, tornate nelle fogne! » (Fascistes, charognes, retournez dans les égouts !). Parmi les dessinateurs, on comptera le Français Jack Marchal, le créateur du personnage du rat noir. La revue paraîtra de 1974 à 1983.

La Nuova Destra

C'est aussi de ce bouillonnement culturel au sein de la jeunesse du MSI que naît, en 1977, la Nuova Destra, emmenée aussi par Marco Tarchi, avec pour objectif une patiente reconquête du terrain culturel. Pour Tarchi, il s'agissait de rompre avec le MSI, qui ne s'était pas montré capable d'élaborer un projet global et cohérent de « vision du monde ». La Nuova Destra devait mener un combat métapolitique ne devait pas signifier négation de la politique, mais son dépassement et son complément dans le cadre d'une vision du monde organique et globale qui permettrait d'intervenir activement dans le monde contemporain. Marco Tarchi est exclu du parti à la fin de l'année 1979. La Nuova Destra se développera donc à l’extérieur du MSI. En janvier 1980, elle se constitue officiellement.

Elle donnera naissance à de nombreuses revues thématiques, comme Elementi (revue de culture générale), Diorama Letterario (mensuel bibliographique), Eowyn (spécialisée sur la condition féminine), Dimensione Ambiente (revue écologique), Dimensione Cosmica (littérature fantastique) et Trasgressioni (revue théorique). Plus tard, une partie de ses dirigeants retourneront militer au MSI-DN, ou par la suite à Alleanza Nazionale.

La Destra Nazionale

Emblème du parti après la fusion avec le PDIUM en 1972.

En février 1972, Almirante réussit ce que les « modérés », dont l'objectif principal avait toujours été de constituer une « Grande Droite », n'étaient jamais parvenus à faire: il obtient une alliance officielle avec le plus important des partis monarchistes, le Partito Democratico Italiano di Unità Monarchica. Pour marquer l'unification, le Mouvement Social Italien prend le nom de Movimento Sociale Italiano - Destra Nazionale.

En 1976, suite à de mauvais résultats électoraux, un courant d’opposition à la direction de Giorgio Almirante se constitue en groupe Democrazia Nazionale au sein du MSI-DN. En décembre, ce courant se retire du mouvement et se constitue en parti politique indépendant. Mais, malgré le ralliement de 19 députés sur 35, ce nouveau parti connaîtra le sort de tous les groupes sécessionnistes du MSI : il s'épuise rapidement et s'auto-dissout en 1979.

Le MSI et l'Europe

Depuis au moins la fin de la guerre, la perspective européenne est une constante de la Droite italienne dans pratiquement tout l'éventail de ses tendances. L'européanisme est sincère, ressenti comme une évidence dont on ne discute même pas. Les militants du MSI, comme ceux des autres groupes et mouvements de la Droite italienne, ne se définissent pas comme des « nationalistes italiens »; ils préfèrent parler de combat national-populaire ou natio­nal-révolutionnaire, à la rigueur de « nationalisme européen ». Il est clair qu'on saisit là l'une des conséquences de l'absence d'une tradition nationale fortement enracinée[7]illustrée par des symboles ou des figures qui transcendent les courants et les hommes. En l'espèce, la crispation sur le Haut-Adige n'est que l'exception qui confirme la règle[8].

C'est ainsi que, le 10 janvier 1951, un comité du MSI lance Europa Nazione, une revue mensuelle traitant de politique étrangère sur la base de l'idée d'une Europe unie et indépendante des blocs.

Le Mouvement social européen (MSE)

Ce sont aussi des militants du MSI qui vont jeter les bases de l'initiative de constitution du Mouvement social européen. En mars 1950, une conférence préparatoire est organisée à Rome. Outre les Italiens, participent aux travaux Maurice Bardèche, Oswald Mosley, Per Engdahl (du Svenska rörelsen, « Mouvement néo-suédois ») et Karl-Heinz Priester (de la Deutsche soziale Bewegung). En mai 1951, le congrès se réunit à Malmö. L'objectif affiché est de réunir les droites radicales européennes sur un programme commun, en vue des prochaines élections européennes. Le congrès réunit une centaine de délégués et obtient un certain succès médiatique, car il s'agit de la première conférence publique de ce genre depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale. Malgré certains succès, le MSE, victime de nombreuses dissessions, ne survivra pas à son dernier congrès tenu à Malmö en 1958.

Le Congrès de la Jeunesse nationale européenne

En novembre 1969, les jeunes du MSI, accompagné du mouvement portugais Movimento Vanguardista, organisent à Rome le premier Congrès de la Jeunesse nationale européenne. De jeunes Français, Espagnols, Grecs, Suédois, ainsi que de nombreux exilés Hongrois, Bulgares, Tchécoslovaques, Polonais et Roumains, y participent. Le National Front britannique, le Nouvel Ordre Européen et le NPD allemand envoient des délégations officielles.

L'Eurodroite

Pino Romualdi et Giorgio Almirante

Les 19-21 avril 1978, naît à Rome l'Eurodroite, dans la perspective des premières élections européennes. L'alliance réunit, outre le MSI, le Parti des forces nouvelles (France) et le mouvement espagnol Fuerza Nueva. L'alliance entend être une réponse à l'Eurocommunisme constitué par les partis communistes des mêmes pays, à l'initiative d'Enrico Berlinguer. Le 21 avril, l'Eurodroite manifeste en masse à Naples. Devant la foule, prennent la parole Giorgio Almirante, Blas Piñar (Fuerza Nueva) et Jean-Louis Tixier-Vignancour (PFN).

Aux élections de juin 1979, la liste française n'obtient que 1,33 % des voix. La participation de Fuerza Nueva est uniquement symbolique, car l'Espagne n'est alors pas encore un État membre. En revanche, le MSI obtient 4 sièges au Parlement européen (Giorgio Almirante, Pino Romualdi, Francesco Petronio et Antonino Buttafuoco). Comme leur nombre ne suffit pas à constituer un groupe parlementaire, les quatre Italiens élus siègent en tant que non-inscrits.

Les Droites Européennes

Aux élections européennes de 1984, le MSI obtient 6,5 % des voix et cinq sièges (Almirante, Pino Romualdi, Francesco Petronio, Antonio Tripodi et Antonino Buttafuoco). Le Front national français obtient 11 % des voix et 10 élus. L'Union Politique Nationale grecque (EPEN) obtient 1 élu (Khrissanthos Dimitriadis). Le 24 juillet, ils constituent ensemble le Groupe des Droites européennes. Giorgio Almirante en est élu président, mais il est remplacé rapidement par Jean-Marie Le Pen. En 1985, le GDE fut rejoint par John Taylor, un parlementaire du Parti unioniste d'Ulster. Le groupe compte donc 17 parlementaires.

Le 11 avril 1985, 16 membres du Groupe des droites européennes sont reçus officiellement en audience par le pape Jean-Paul II. Parmi eux, on peut nommer les Italiens Pino Romualdi, Giorgio Almirante, le Grec Khrissanthos Dimitriadis et le Français Jean-Marie Le Pen. Le pape les encourage à continuer leur combat contre l'avortement, en conformité avec la doctrine sociale de l'Église et contre la décadence des valeurs morales en Europe.

Le Groupe Technique

Après les élections européennes de 1989, le Front national français, les Républicains allemands et le Vlaams Blok constituent le Groupe technique des droites européennes, avec 17 députés. Les quatre députés refusent d'y adhérer suite à une résurgence de la querelle du Haut-Adige, qui les oppose aux Republikaner. Les députés du MSI adhérent au Groupe des Non-inscrits.

Vers la fin du MSI : Alliance nationale

Le MSI sera toujours divisé en courants divers et antagoniques. Fin 1987, Giorgio Almirante favorise, contre Pino Rauti, pourtant vice-secrétaire du MSI depuis 1982, son dauphin Gianfranco Fini, ancien chef du Fronte della Gioventù. Gianfranco Fini est élu par 727 voix contre 608 à Rauti. Derrière les deux hommes, on voit s'affronter, comme auparavant les deux lignes principales du MSI. La ligne de Gianfranco Fini, national-conservatrice, consiste à s'orienter vers le centre-droit, à s'appuyer sur la droite bourgeoise pour empiéter sur l’électorat de la Démocratie chrétienne. La ligne de Rauti, nationale-révolutionnaire, s'est orientée vers une opposition radicale au capitalisme libéral occidental, estimant que le communisme va vers un proche effondrement et que celui-ci ne constitue plus l'ennemi principal, contrairement à ce que prônent les partisans de la ligne de Gianfranco Fini. Rauti préconise de se tourner, non pas vers la droite bourgeoise, mais vers tous ceux qui se placent « hors du Système » : communistes dissidents, écologistes, intellectuels d'une certaine gauche, catholiques antimodernes.

Lors du 16e congrès, en 1990, six listes seront en compétition : celle de Gianfranco Fini, qui veut faire évoluer le parti vers un le centre-droit, la liste nationale-populaire de Pino Rauti, la liste modérée de Servello, la liste libérale-démocratique de Mennitti, la liste des « almirantiens orthodoxes » et celle des « romualdiens ». Cette fois, Pino Rauti reprend la main, en obtenant au deuxième tour 744 voix contre 697 à Gianfranco Fini. ) Lors des élections régionales de mai 1990, Pino Rauti mise tout sur sa ligne nationale-populaire et sur ce qu'il appelle la « percée à gauche ». Mais les résultats sont mauvais: le parti chute à son minimum historique (3,9 % des voix). La défaite devient un argument de choix pour les partisans de Gianfranco Fini.

Mais le 7 juillet 1991, suite aux tensions internes, Rauti démissionne. Gianfranco Fini est à nouveau élu secrétaire général du mouvement.

En février 1992, débutent les procès de Tangentopoli (opération Mains propres). Le MSI-DN se révèle être le seul parti à ne pas être éclaboussé par les scandales de corruption. En avril, le mouvement remonte la pente lors des élections nationales.En décembre, le politologue Domenico Fisichella appelle à la formation d'une alliance nationale contre la gauche et la corruption. En mars 1993, le mode de scrutin des mairies est changé. Le MSI-DN gagne de nombreuses mairies et cette percée se poursuit lors des élections de novembre. Il y a désormais 44 maires MSI-DN. Les mairies de Rome et de Naples lui échappent de peu (respectivement 46,89 % et 44,4 % des voix). Le 11 décembre, sur l'emblème du parti, Destra Nazionale est remplacé par Alleanza Nazionale.

Le 22 janvier 1994 a lieu l'assemblée constituante d'Alliance nationale. L'assemblée désigne Gianfranco Fini comme coordinateur national. Il s'engage à organiser le 1er congrès d'Alliance nationale un an plus tard. Les décisions sont entérinées par l'assemblée du congrès du MSI-DN devenu MSI-AN, le 29 janvier.

Le 25-27 janvier 1995, a lieu le XVIIIe et dernier congrès du MSI, qui se dissout. Le 28 janvier commence le 1er Congrès d'Alleanza Nazionale. Le MSI n'existe plus.

Une partie de l'aile sociale et de la « gauche » du MSI refuse le « tournant de Fiuggi » (la svolta di Fiuggi, du nom de la ville où s'est tenu le Congrès). Ces militants, emmenés par Rauti, Giorgio Pisanò et Tommaso Staiti di Cuddia constituent, le 9 janvier, les Comitati per la continuità del Movimento Sociale Italiano. Ils fondent, le 3 mars 1995, le Movimento Sociale - Fiamma Tricolore (Mouvement Social - Flamme Tricolore).

Le prix du sang

Tout au long des cinquante ans de son histoire, de nombreux militants du MSI ont payé au prix de leur vie leur engagement, alors que le parti est toujours resté dans la légalité. Tout particulièrement dans les années 1970, les sièges du MSI, ses militants, et même leurs familles deviennent les cibles privilégiées des groupes armés d'extrême gauche. À titre d'exemple, au cours de la seule année 1974, 90 attentats à la bombe ont eu lieu contre des sièges du MSI.

Malgré leur aspect lâche et inique, ces actions meurtrières reçoivent souvent le soutien moral de la presse et d'intellectuels de gauche comme Dario Fo et Umberto Eco. On peut aussi citer l'exemple de l'hebdomadaire L'Espresso qui, en 1979, titre en première page : « Tuer un fasciste, est-ce vraiment un délit ? »

Les victimes se comptent par plus d'une centaine. On citera ici uniquement les plus connues:

1947

Franco De Agazio

Le 14 mars 1947, un commando de la Volante rossa (organisation terroriste composée de partisans communistes) assassine sur le pas de sa porte Franco De Agazio, directeur du Meridiano d'Italia, un hebdomadaire fondé en 1946 qui avait apporté son soutien à la création du MSI.

1949

Felice Ghisalberti

Le 27 février 1949, à Milan, un commando de la Volante rossa tue, sous les yeux de son père, un jeune ouvrier membre du MSI, Felice Ghisalberti.

Achille Billi

Le 5 avril, sur un bateau échoué sur les bords du Tibre, on trouve le corps d'Achille Billi, militant du MSI. À l'âge de 14 ans, il s'était engagé dans les troupes de la RSI.

Francesco Nigro

Lors d'une manifestation d'agriculteurs organisée par le MSI à Melissa (Crotone), la police ouvre le feu. Un dirigeant local du MSI, Francesco Nigro, décède.

1970

Ugo Venturini

Le 18 avril 1970, un groupe de manifestants communistes attaque un meeting du MSI à Gènes, au moment où Almirante doit prendre la parole. La tribune est bombardée de pierres et de boulons. Derrière Almirante se tient Ugo Venturini, ouvrier-maçon de trente-deux ans et responsable local des Volontaires nationaux, le service d'ordre du parti. Il s'écroule, grièvement blessé à la tête. Le 1er mai, après douze jours d'agonie, Venturini décède. Il laisse une femme, un fils et ses parents âgés qu'il entretenait. Il avait obtenu deux médailles d'or pour des actes de solidarité humanitaire.

1972

Carlo Falvella

Le 7 juillet 1972, à Salerne, trois activistes d'extrême gauche agressent deux jeunes militants du Fronte della Gioventù à coups de couteau. Carlo Falvella, dix-neuf ans, meurt sous les coups en tentant de protéger son ami, qui est déjà grièvement blessé.

Lors de l'enquête, les intellectuels de gauche déchaînent une campagne de soutien en faveur de l'assassin, l'anarchiste Giovanni Marini, qu'ils tentent de faire passer pour une victime. Marini recevra même un prix de poésie.

1973

Le Rogo di Primavalle

Le 16 avril 1973, Stefano et Virgilio Mattei, âgés de 22 et 8 ans, meurent brûlés vifs dans l’incendie de l’appartement familial incendié par trois membres du groupe d’extrême gauche Potere Operaio, fondé par Toni Negri.

Mario Mattei était éboueur de profession et un militant exemplaire, secrétaire de la section de Primavalle, un quartier populaire de Rome, du Mouvement social italien . A trois heures du matin, les extrémistes de gauche déversent cinq litres d’essence sous l’entrée de l’appartement qu’il habite avec femme Anna-Maria et ses six enfants, au troisième étage de son logement du 33, rue Bernardo da Bibbiena 33. Le braiser touche tout l’appartement. Mario Mattei réussit à s'échapper en sautant du balcon, sa femme Anna-Maria et les deux jeunes enfants, Antonella, 9 ans et Gianpaolo, 3 ans, réussissent à s’échapper par la porte d’entrée quand le feu a commencé à se répandre. Lucia, 15 ans, grimpe vers le bas sur le balcon du deuxième étage grâce à son père, et de là saute dans la rue malgré les brûlures sur son corps. Silvia, 19 ans, saute du porche de la cuisine, sa tête heurte la balustrade du deuxième étage, puis elle atterrit sur le trottoir. Elle a deux côtes et trois vertèbres cassées. Les deux autres fils, Virgilio et Stefano périssent dans les flammes. La tragédie se déroule devant la foule impuissante massée devant l'immeuble. Elle assiste, sans pouvoir intervenir, à l'agonie de Virgilio, agrippé au rebord de la fenêtre et appelant au secours. Les corps carbonisés des deux frères sont retrouvés par les pompiers près de la fenêtre, serrés dans les bras l’un de l’autre.

Les gauchistes avaient laissé leur revendication, peinte sur le trottoir devant l'immeuble: « Tanas Brigade – guerre de classe – Mort aux fascistes – le siège du MSI – Mattei et Schiavoncino ont été frappés par la justice prolétarienne ».

Une fois leur forfait accomplis, les coupables partent pour l’étranger et ne seront jamais inquiétés : Achille Lollo[9] et Manlio Grillo s’enfuient l’un au Brésil (où il rencontra Cesare Battisti) et l’autre dans la dictature communiste nicaraguayenne grâce à l’appui d'Oreste Scalzone. Le dernier, Marino Clavo, est toujours en cavale. Ils seront condamnés à 18 ans de prison par contumace, mais ils seront ultérieurement acquittés.

Pour la gauche, l'attentat est le fruit d'un conflit interne au sein de la section dont Mattei était le secrétaire. Pour le quotidien romain Il Messagero, les assassins n'appartiennent à aucun groupe et sont de simples voyous. Le quotidien gauchiste Lotta continua va même jusqu'à titrer: « La provocation fasciste dépasse toutes les limites : elle est arrivée au point d'assassiner ses enfants ». Norberto Bobbio, philosophe officiel du Parti socialiste, prend même la défense de Potere Operaio, « injustement accusé », et affirme publiquement que l'incendie aurait été allumé par des membres du MSI.

Emanuele Zilli

Le 2 novembre 1973, dans une petite rue de Pavie, on retrouve le corps inanimé et grièvement blessé d'Emanuele Zilli. Militant du MSI, syndicaliste de la CISNAL, le jeune père de famille de 25 ans avait souvent été menacé par les activistes de la gauche locale. Il décède trois jours plus tard à l'hôpital. Les coupables ne seront jamais inquiétés.

1974

Davide De Simone

Le 23 mars, à Imola, un jeune militant du Fronte della Gioventù, Davide De Simone, est assassiné dans une embuscade. Il avait été désigné comme cible par des tracts d'extrême gauche.

Le 17 juin de Padoue

Le 17 juin, un commando des Brigades rouges s'introduit au siège du MSI afin de dérober les listes des adhérents. Seuls deux militants sont alors présents dans le local. Ils sont les deux tués à l'arme automatique. L'un d'eux, Giuseppe Mazzola, 60 ans, laisse quatre enfants. L'autre, Graziano Giralucci, 29 ans, en laisse deux.

La presse parle de « lutte intestine au sein du MSI de Padoue ». En revanche, les assassins seront condamnés en 1991.

Le groupe de Musica alternativa di Destra La Compagnia dell’Anello consacrera une chanson en hommage aux victimes : Padova 17 giugno ‘74.

1975

Mikis Mantakas

Mikis Mantakas, né à Athènes en 1952,était un jeune nationaliste grec qui était venu suivre des études de médecine en Italie. Il s'installe d'abord à Bologne, où il s'inscrit à la faculté de médecine. Très vite, il va rejoindre le Mouvement Social Italien (MSI) et il y sera particulièrement actif dans sa branche étudiante, le Front d’Universitaire d’Action Nationale (FUAN). Suite à une agression par un commando gauchiste, il est hospitalisé 40 jours. Il part ensuite pour Rome, où il reprend ses études, tout en continuant à militer au FUAN.

Le 28 février 1975, un commando gauchiste casqué, armé de barres de fer et de bouteilles incendiaires s’attaque au local du MSI situé à la Via Ottaviano, à 2 pas du Vatican. Les militants nationalistes repousseront les agresseurs et les poursuivent sur la place voisine. A ce moment, un des extrémistes de gauche sort un pistolet et tire par deux fois à bout portant sur Mikis. Il va être soigné sur place mais décédera quelques heures plus tard à l’hôpital.

L’auteur de cet assassinat deviendra plus tard, un membre des Brigades Rouges. L’arme du meurtre servira aussi pour tuer un des gardes du corps du politicien italien Aldo Moro qui sera enlevé puis exécuté par le groupe terroriste.

Mikis Mantakas, ce jeune grec venu mourir en Italie pour une certaine conception de l’Europe, est devenu un symbole européen de sacrifice et d’engagement. C’est pourquoi, tous les ans depuis sa mort, une commémoration a lieu à l’endroit où il est tombé.

Sergio Ramelli

Sergio Ramelli était un jeune étudiant de 18 ans, militant du Front de la Jeunesse à Milan.

Le 13 mars 1975, Sergio Ramelli rentre chez lui en fin de journée. Il a à peine le temps de garer son scooter, pas très loin de son immeuble, que plusieurs militants d’extrême gauche armés de clefs anglaises l’assaillent. Ils sont membres du groupe Avanguardia operaia (Avantgarde ouvrière) , qui, malgré son nom, ne rassemble quasiment que des étudiants et des fils de bonne famille.

Les coups pleuvent sur le jeune tombé à terre. Gravement touché à la tête, il est emmené à l’hôpital où il va lutter contre la mort pendant 47 jours.

Une biographie de Sergio Ramelli en BD, publiée en 2017

Pendant son coma, les communistes ne se privent pas de menacer sa famille. Le 28 avril, ils peignent des slogans et des messages de menaces sur l'immeuble où habite la famille Ramelli. Ils placardent aussi une affiche qui intime au frère du jeune homme agonisant de déménager, s'il ne veut pas subir le même sort.

Le 29 avril 1975, Sergio Ramelli rend l’âme. Ses funérailles ont eu lieu dans l’église Saints-Nérée-et-Achille. Le cercueil est venu à l’église presque en secret, les autorités locales ayant interdit le cortège funèbre et les extrémistes de gauche ayant menacé d'attaquer à coups de clés anglaises les participants.

Les assassins ne seront arrêtés qu'en 1985. La confession de la seule fille du groupe, Brunella Colombelli, qui venait d’être arrêtée suite aux dépositions de trois repentis de Prima Linea, permet d'identifier Claudio Colosio, Franco Castelli, Giuseppe Ferrari Bravo, Luigi Montinari, Walter Cavallari, Claudio Scazza, Marco Costa, Giovanni Di Domenic et Antonio Belpiede, tous étudiants en médecine et fils de familles bourgeoises. Ils sont condamnés à des peines de prisons qui, au fil des jugements, seront de moins en moins lourdes.

De son côté, la mère de Sergio, Anita Ramelli refusera les 200 millions de lires proposés par les meurtriers de son fils.

Marco Zicchieri

Le 29 octobre, un groupe se réclamant d'un Comité communiste de Centocelle attaque à l'arme automatique le siège du MSI du quartier de Prenestino de Rome, à la via Gattamelata.

Deux militants du Fronte della Gioventù, sont touchés : Marco Zicchieri, 16 ans, perd la vie, tandis que son camarade Marco Lucchetti est grièvement blessé.

1976

Enrico Pedenovi

Le 29 avril 1976, à Milan, un an après le décès à l'hôpital de Sergio Ramelli, Enrico Pedenovi, conseiller régional du MSI, se rend à une messe en souvenir du jeune homme assassiné.

Alors qu'il est arrêté à un feu rouge, Pedenovi est rejoint par un commando du groupe terroriste Prima linea, qui le mitraille dans sa voiture. Il a 49 ans et laisse une femme et deux filles. Il avait été ouvertement désigné comme cible par Lotta continua.

Pour la première fois, un président de la République, Leone, exprimera son indignation devant l'assassinat d'un membre du MSI.

1977

Bruno Giudici, coupable d'être père

Le 30 mars, à Rome, Bruno Giudici, membre du Parti communiste, est tué par des gauchistes, parce qu'il s'est porté au secours de son fils, Enzo, membre du Fronte della Gioventù.

Roberto Crescienzio

Le 1er octobre 1977 à Turin, Roberto Crescienzio, vingt-deux ans, est brûlé vif dans l'incendie d'un café par un groupe communiste.

Angelo Pistolesi

Le 28 décembre, à Rome, Angelo Pistolesi, membre du MSI-DN de trente-et-un an, est assassiné. Il laisse une femme et deux filles. L'assassinat est revendiqué à la fois par les Brigades rouges, les Nuovi partigiani et les Nuclei armati proletari. Mais le crime restera impuni.

1978

Le massacre d'Acca Larentia

Plaque commémorative des martyrs d'Acca Larentia

A la sortie d’une réunion du MSI, le 7 janvier 1978, trois militants du Front de la Jeunesse sont pourchassés par un commando d’antifascistes équipés d’armes à feu. Les mitraillettes crépitent et un étudiant en médecine de vingt ans, Franco Bigonzetti, s’effondre, tué sur le coup. Francesco Ciavatta, dix-huit ans, également blessé, parvient à s’enfuir un moment, mais il est rapidement rattrapé et une dernière rafale, dans le dos, le cloue au sol. Il meurt peu avant que l’ambulance n’atteigne l’hôpital. Blessé au bras, Vincenzo Segneri réussit à se réfugier, avec ses camarades, dans le local protégé du MSI. Ce n’est pourtant pas la fin du drame. Une manifestation spontanée en hommage aux victimes a lieu, à l’endroit même du drame. La presse et la police arrivent en catastrophe pour suivre l’événement. Mais alors qu’un journaliste a l’idée d’éteindre sa cigarette sur une flaque de sang devant les manifestants, un mouvement de foule indigné menace l’équipe à laquelle il appartient. Dépassé par les événements, un capitaine de carabiniers tire une balle dans la tête de Stéphano Recchioni, étudiant de dix-neuf ans et guitariste du groupe de Musica alternativa di Destra Janus.

Le massacre ne donne lieu à aucune poursuite.

Enfin, un ouvrier se donne la mort quelque mois après le premier meurtre. Il était le père d’un des jeunes morts du 7 janvier.

1979

Un an après Acca Larentia, Alberto Giaquinto

Le 10 janvier, le FUAN organise à Centocelle une commémoration du massacre qui a eu lieu l'année précédente. La manifestation, interdite, est suivie de près par la police. Après avoir quitté le cortège, sur le chemin de son domicile, Alberto Giaquinto, 17 ans, est approché par une voiture de police. Il reçoit une balle dans la nuque et est laissé à l'agonie pendant vingt minutes sur le trottoir. Pressés de se couvrir, les policiers iront perquisitionner illégalement son appartement dans l’espoir d’y découvrir une arme ou un quelconque élément prouvant la violence qu’ils imputent à leur victime.

Stefano Cecchetti

Le même jour, à Rome aussi, Stefano Cecchetti, un étudiant de dix-neuf ans qui n'est membre d'aucune organisation politique, sort d'un bar. Un commando en voiture mitraille l'entrée du bar, tuant Stefano Cecchetti et blessant grièvement deux autres jeunes gens, Alessandro Donatone et Maurizio Battaglia.

L'attentat est revendiqué par le groupe des Compagni organizzati per il comunismo, qui affirme dans son communiqué combattre « l'arrogance fasciste sur son territoire ». Les assassins ne seront jamais identifiés ni inquiétés.

Francesco Cecchin

Le 28 mai, à Rome, un groupe d'activistes du Parti communiste agresse un jeune du Fronte della Gioventù, Francesco Cecchin, alors qu'il se promenait avec sa sœur. Le 16 juin, il décède après 18 jours d'agonie. Il avait 17 ans.

1980

Angelo Mancia

Le 12 mars, à Rome, un commando d'extrême gauche abat devant son appartement Angelo Mancia, secrétaire de la section du MSI du quartier de Talenti. Les assassins ne seront jamais inquiétés.

1983

Paolo Di Nella

Le 3 février, à Rome, un militant du Fronte della Gioventù âgé de 19 ans, Paolo Di Nella, est agressé par deux extrémistes de gauche, alors qu'il est en train de coller des affiches pour la défense des espaces verts. Il est hospitalisé dans un état critique. Le président de la République, le socialiste Pertini, ainsi que le maire de Rome, le communiste Vetere, lui rendent visite à l'hôpital.

Le 9 février, après une semaine d'agonie, Di Nella perd la vie. Même le quotidien du Parti communiste condamne le meurtre, ce qui constitue un tournant dans l'attitude de la part de la presse de gauche italienne, qui jusqu'alors justifiait les assassinats de « fascistes ».

Voir aussi

Bibliographie

  • Sergio Carrozzo, Les Guépards, Luc Pire, Bruxelles, 1995.
  • François Duprat, L’Ascension du M.S.I. Movimento Sociale Italiano, Les Sept couleurs, Paris, 1972.
  • Anne-Marie Duranton-Crabol, L'Europe de l'extrême droite de 1945 à nos jours, Col. Questions au XXe siècle, Éditions Complexe, Bruxelles, 1991.
  • Massimo Magliaro, « Le MSI. Le Mouvement Social Italien », Cahiers d'Histoire du Nationalisme, Paris, Synthèse nationale, n° 11,‎ 2017, 250 p.

italien

  • Giorgia Meloni, Io sono Giorgia. Le mie radici, le mie idee, Rizzoli, Milan, 2021. [1]

Notes et références

  1. Cette distinction entre fascisme-régime et fascisme-mouvement sera l'une des thèses fondamentale de l'historien spécialiste du fascisme Renzo De Felice.
  2. cf « Présentation », in : Adriano Romualdi, La Droite et la crise du nationalisme, rééd. avec nouvelle trad. par Philippe Baillet, prés. par David Rouiller, Fribourg, éd. Sentiers perdus, octobre 2022, 94 p.
  3. Contrairement à une opinion parfois répandue en dehors de l'Italie, la Démocratie chrétienne italienne n'a jamais été un parti de droite, mais incarne le centre politique. L' « Arc constitutionnel », qui exclut le MSI de toute coalition, est d'ailleurs un produit de la gauche démocratie-chrétienne. Cette puissante tendance de la gauche démocratie-chrétienne sera représentée notamment par Alcide De Gasperi, puis par Aldo Moro, partisan de sanctions contre la Grèce des « colonels » et artisan d'un projet de compromis historique avec le Parti communiste italien. Ce projet de coalition catho-communiste échouera suite à l'enlèvement puis à l'assassinat d'Aldo Moro en 1978 par un commando des Brigades rouges.
  4. Ce groupe est dirigé par Giorgio Pini (1899-1987) et Concetto Pettinato. Leur parti ne connaîtra aucun succès électoral.
  5. Ernesto Massi (1909—1982) est vice-secrétaire national du MSI de 1948 à 1952. Il est ensuite l'un des dirigeants de l'opposition de gauche interne au MSI. En 1957, alors qu'il est conseiller provincial à Milan, il quitte le MSI et fonde le 15 décembre le Parti national du travail et la revue Nuovo ordine sociale. Il retournera au MSI en 1972 par le biais de l’Institut d’études d’entreprise qu’il avait fondé avec Gaetano Rasi et qu'il présidait.
  6. Le terme « Campo Hobbit » provient de Hobbit, un des protagonistes du monde féerique et mythologique qui anime les histoires de Tolkien, l'auteur de la saga du Seigneur des Anneaux. Depuis la fin des années 1960, sur la vague d'une interprétation néo-fasciste et traditionaliste de sa production littéraire par Elémire Zolla, Tolkien est devenu dans les années 1970, pour les jeunes du MSI un point de référence mytho-poétique et symbolique.
  7. L'unité nationale ita­lienne n'a été réalisée que tardivement, en 1870, par des forces, essentiellement la bourgeoisie d'affaires et la franc-maçonnerie, hostiles au trône et à l' autel. Si l'on excepte le cas de quelques provinces du sud et celui de la Sicile, l'Italie n'a pas connu une résistance populaire aux idées de 89 qui serait comparable à la chouannerie française. En l'absence d'une tradition contre-révolutionnaire, la droite italienne est donc avant tout, pour le meilleur et pour le pire, l'héri­tière du fascisme, dont elle repro­duit les tensions internes, les nombreux courants et les contradic­tions.
  8. Xavier Rihoit, « L'héritage de Mussolini », in : Le Choc du mois, no 28, mars 1990, p. 25-27.
  9. Achille Lollo (1951–2021), en fuite, fera carrière dans la presse de gauche au Brésil, où il aura quatre enfants. En 2005, sa condamnation par contumace est prescrite. En 2011, il rentre en Italie. A partir de 2015, il devient le porte-parole, en Italie, des « Républiques antifascistes du Donbass ». Il décède d'une tumeur en 2021.