Pino Rauti

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Giuseppe Umberto Rauti dit Pino Rauti, né le 19 novembre 1926 à Cardinale en Italie et mort le 2 novembre 2012 à Rome, est un journaliste, militant et dirigeant de la Droite radicale italienne.

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Biographie

Il effectue son service militaire comme sous-lieutenant de la Garde nationale républicaine de la République sociale italienne (RSI). Après la défaite, il est interné d’avril 1945 à avril 1946 dans un camp de prisonniers de guerre anglais en Algérie. A sa libération, il entre au Mouvement social italien qui vient d'être fondé. Il est condamné par le tribunal de Rome le 24 mai 1950 pour reconstitution du parti fasciste dissous, au cours du procès des Fasci d’azione rivoluzionaria (FAR).

Le Centro Studi Ordine Nuovo

Il fait alors la connaissance de Julius Evola. En 1952, il regroupe les jeunes d'orientation traditionnelle les plus radicaux, influencés par les thèses d'Evola, et crée le groupe des Figli del Sole. C'est la naissance d'un courant spiritualiste à l'intérieur du parti.

Ce courant radical et spiritualiste prend rapidement de l'influence dans la jeunesse du MSI. Emmené par Pino Rauti, les jeunes « évoliens », ou « traditionalistes », proposent, lors du 4e congrès de janvier 1954), que le parti se replace sur des positions plus intransigeantes et effectue un travail de relecture critique du fascisme historique. En 1955, le courant donne naissance au Centro Studi Ordine Nuovo, un centre d'études et de réflexion dont la première base doctrinale est constituée par la brochure Orientations de Julius Evola. Le groupe lance le mensuel Ordine Nuovo, sous-titré « mensuel de politique révolutionnaire ». Le Centro Studi Ordine Nuovo se distancie totalement de l'héritage fasciste habituel du MSI et va mener un immense travail culturel. Outre Julius Evola, le groupe fait découvrir aux jeunes militants de nouveaux auteurs de référence, comme Corneliu Zelea Codreanu, Giuseppe Tucci, Pio Filippani Ronconi et René Guénon. Le groupe dépasse aussi le cadre du patriotisme ou du nationalisme pour imaginer une Europe-Nation, opposée au condominium États-Unis-URSS. En peu de temps, l'influence culturelle d'Ordine Nuovo va s'accroître et dépasser le cadre du mouvement. Sa conception de la vie héroïque et aristocratique, inspirée de l'œuvre d'Evola, va exercer une forte influence sur les jeunes militants de droite, à la fois à l’intérieur et en dehors du MSI.

Lors du Congrès de Milan, en 1956, après de violents incidents entre l'aile « révolutionnaire » du MSI, menée par Giorgio Almirante, et l'aile « conservatrice » du parti, dirigée par Arturo Michelini et Augusto De Marsanich, le Centro Studi Ordine Nuovo quitte en bloc le parti. En 1957, la rupture est officielle.

La réintégration

En juin 1969, Giorgio Almirante, leader de la tendance de gauche révolutionnaire, est élu à la tête du MSI. En décembre, lors d'un meeting à Rome, il lance un appel à tous les « frères séparés » à rentrer dans le parti. Il interpelle surtout les jeunes à fortifier et à renouveler le MSI. Pino Rauti et la plupart des membres d'Ordine Nuovo se laissent convaincre. Rauti dissout le Centro Studi et la plupart des adhérents réintègrent le parti[1]. Trois membres entrent à la direction nationale du MSI, et onze autres membres sont nommés au comité central. Le retour en force des « Ordinovisti » au sein du parti marque le renforcement d'une tendance profondément radicale et d'orientation nationale-révolutionnaire (mais résolument légaliste) du MSI, représentée notamment par Pino Rauti et par Adriano Romualdi.

Il est élu député du Latium en 1972, et siégera au Parlement jusqu'en à 1992.

Figure charismatique des jeunes

Pino Rauti, désormais membre de la direction du MSI, va voir encore plus sa popularité croître dans une nouvelle génération, les militants du Fronte della Gioventù, qui le surnomment le « Gramsci noir ».

La jeunesse du MSI entre à cette époque dans un bouillonnement culturel. C'est à cette époque que naît la Musica alternativa di Destra. À partir de 1977 auront lieu chaque année les Campi Hobbit, qui rassemblent des milliers de jeunes venus de toute l'Italie. Durant trois jours se succèdent débats, ateliers et concerts. Rauti incite à multiplier les initiatives, les ciné-clubs et les activités culturelles, et à créer des cercles culturels dans toute la péninsule.

Parallèlement au domaine culturel, Pino Rauti insiste de plus en plus sur le développement d'une ligne sociale. Il s’adresse en priorité aux chômeurs, aux femmes au foyer, aux handicapés, aux consommateurs, aux protecteurs de l’environnement et aux défenseurs des cultures locales. « Parler à gauche, déclare-t-il en 1977, c’est faire comprendre aux protestataires que la vraie révolution est la nôtre. »

Les années 1980

Dans les années 1980 et 1990, Pino Rauti, soutenu par la plus grande partie des jeunes activistes, continuera d'animer les tendances radicales du parti, sous les noms de Spazio Nuovo, d'Andare oltre et de Linea futura, puis de Linea nazional-popolare.

1990-1991: Secrétaire général du parti

Du 11 au 14 janvier 1990 se tient à Rimini le XVIe congrès du MSI. Le courant de Rauti y obtient 28,96 % et s’entend avec trois autres tendances pour battre la faction « Droite en mouvement » du secrétaire général sortant, Gianfranco Fini. À cette occasion, Pino Rauti devient secrétaire général du MSI.

Rauti affirme alors que « la mise en œuvre d’un véritable programme social implique de lutter contre le capitalisme de façon révolutionnaire ». Il déclare que « le corporatisme, la socialisation et toute la législation sociale très avancée du Ventenniosont notre patrimoine politique ! ». Il réitère que, d'après lui, «  il faut puiser à gauche et sortir du capitalisme », car « derrière McDonald, il y a le saccage des forêts tropicales, il y a la désertification du Tiers-Monde, il y a l’élimination des peuplades dites “ archaïques ” ». Il anticipe l’impératif écologique et l’illibéralisme politique : « La banquise communiste, en fondant, va libérer aussi des forces identitaires, des forces d’enracinement orientées vers des formes communautaires de vie. Les peuples qui renaissent ne veulent plus du communisme, mais ils ne veulent pas non plus se convertir à l’occidentalisme. Ils ne veulent pas remplacer une aliénation par une autre, mais bien se remettre à l’écoute de leur nature profonde. Il y a là un potentiel révolutionnaire extraordinaire ». Il insiste encore en affirmant faire partie « de ceux qui croient que l’âme des peuples est plus importante que le confort matériel ». Il juge, dans un cadre de réflexion ethno-différencialiste, que « ce ne sont pas les immigrés qui menacent notre identité, mais ce système qui menace à la fois leur identité et la nôtre ». Bien sûr, il rappelle que « nous ne contestons pas, naturellement, le danger de l’immigration massive. Cela implique une crise d’identité. Mais nous, nous voulons défendre notre identité exactement comme nous voulons défendre l’identité des travailleurs étrangers qui émigrent chez nous ».

Pour Rauti, « l’Europe doit rompre avec un système occidental qui s’identifie de plus en plus à la seule société de consommation, et qu’elle doit dénoncer un impérialisme culturel américain qui provoque, chez nous comme ailleurs, des phénomènes de déracinement et d’érosion de la mémoire historique. Combattre l’américanisme et l’occidentalisme signifie défendre les valeurs les plus authentiques de l’homme européen en même temps que lutter pour la cause des peuples ». Mais cet engagement national-révolutionnaire se révèle prématuré; les électeurs se détournent du MSI de Pino Rauti et choisissent les ligues qui constitueront sous peu la Ligue du Nord. Les élections administratives de 1991 sont un désastre. Par ailleurs, au moment où le FN de Jean-Marie Le Pen délaisse son atlantisme et s’oppose à toute aventure militaire occidentale contre l’Irak de Saddam Hussein qui vient de récupérer sa province légitime, le Koweït, Pino Rauti, vieux tenant du dialogue euro-arabe, soutient l’intervention étatsunienne. Son propre courant explose dès lors ! Il démissionne du secrétariat général le 6 juillet 1991, aussitôt remplacé par Gianfranco Fini.

Après le MSI

Il est élu au Parlement européen en 1994, où il siègera jusqu'en 1999.

Après le congrès de Fiuggi en 1995 où se saborde le MSI, Pino Rauti n’adhère pas à la nouvelle formation politique, l’Alliance nationale. Il fonde son propre parti, le Mouvement social Flamme tricolore. Mais en 2004, des adhérents du MSI-Fiamma Tricolore présentent un recours contre la réélection de Pino Rauti à la tête du parti, et obtiennent gain de cause devant le tribunal de Rome. Rauti quitte alors le parti et en fonde un nouveau, le Movimento Idea Sociale. Ce mouvement obtient seulement 46 827 voix (0,14 %) aux élections européennes de juin 2004. Après sa disparition, son mouvement rejoint Forza Nuova, le parti de Roberto Fiore.

Famille

Sa fille Isabella est depuis 2018 sénatrice du mouvement Frères d'Italie. Son mari, Gianni Alemanno, a été le premier maire de Rome de droite depuis la Seconde Guerre mondiale, entre 2008 et 2013.

Sources

Notes et références

  1. Une partie du groupe, menée par Clemente Graziani, refuse la réintégration, accusant le MSI de s'être « vendu à la bourgeoisie et à l'impérialisme américain », et fonde le Movimento Politico Ordine Nuovo le 21 décembre 1969. Mais il n'y a pas de filiation organique entre les deux organisations.