Pio Filippani Ronconi

Pio Alessandro Carlo Fulvio Filippani, dit Pio Filippani Ronconi, né le 10 mars 1920 à Rome et mort le 11 février 2010, était un chercheur orientaliste italien, spécialiste des traditions et des civilisations indienne et iranienne et des mystiques bouddhistes, islamiques et hindouistes.

Biographie

Pio Filippani Ronconi est issu d'une très ancienne famille aristocratique romaine, dont les origines remontent au patriciat romain. Il grandit en Espagne jusqu'à la guerre civile. Sa mère, née Anita Tamagno, est assassinée par des combattants républicains. Toute la famille retourne alors en Italie.

Après avoir appris, au cours de ses études secondaires, l'italien, l'espagnol, le catalan, l'arabe, le grec et le latin, il entreprend des études universitares où il apprend le turc, l'hébreu, le chinois, le tibétain, le sanskrit, le persan et d'autres langues orientales. Il travaille en parallèle à la radio italienne EIAR en tant que lecteur de nouvelles en langues étrangères.

En même temps, ses intérêts spirituels l'amènent à étudier et à pratiquer les tantras, et à faire la connaissance de Julius Evola, d'Arturo Reghini et d'autres membres du Groupe Ur. Il a étudié en profondeur le tantrisme et le gnosticisme, dans différents contextes culturels, ainsi que les croyances et les rituels de l'Italie ancienne, des Tablettes Iguvines à la religion romaine antique.

Lorsque l'Italie entre dans la Seconde Guerre mondiale (le 10 juin 1940), il s'engage comme volontaire et combat en Libye. Il est blessé à deux reprises et est décoré pour son courage.

Après la chute de Benito Mussolini et la constitution de la République sociale italienne, il s'engage comme simple soldat dans la légion de la Waffen SS italienne. Quand la Légion est réorganisée en 29e division de la Waffen-SS "Italia", il est promu Obersturmführer (équivalent approximatif du lieutenant supérieur). Il combat en défendant le front de l'Axe à Nettuno. Il recevra la Croix de fer de deuxième classe. Il restera probablement le dernier survivant du Bataillon "Degli Oddi" après cette bataille.

Après la guerre, il reprend ses études. Il fait la connaissance de Massimo Scaligero et, à grâce à lui, il s'intéresse aux travaux de Rudolf Steiner.

Il élabore alors sa propre conception de l'anthroposophie, nettoyée de ses aspects chrétiens et centrée sur l'ancien paganisme indo-européen. Pendant la guerre, il s'était déjà annoncé en tant que païen aux autorités militaires allemandes.

Depuis 1959, il a commencé sa carrière académique, étant le plus important élève de Giuseppe Tucci, le plus célèbre des orientalistes italiens de l'époque. Il a enseigné à la fois à l'université de Naples "L'Orientale" et à l'école d'orientalisme de Venise. Son travail le plus fondamental portait sur le Canon Pāli.

En même temps, il continue à travailler pour différentes institutions de l'État italien. Il est notamment employé comme traducteur pour le compte de la radio, des ministères, des services de renseignement pour lesquels, grâce à sa connaissance approfondie du sanskrit et d'autres langues orientales, il devient un grand expert dans le décryptage des messages codés. Au début des années 1950, il est envoyé en Perse pour recueillir des informations politiques et militaires dans la région. Il collabore avec plusieurs services de renseignement latino-américains : en 1950, par exemple, il avait rédigé un rapport sur la situation politique et militaire de la Bolivie, où il prévoit le soulèvement révolutionnaires qui surviendra quelques mois plus tard. Il continue à travailler pour les services de renseignement jusque dans les années 1970. Il travaille également avec le ministère italien de la défense, en tant que cryptographe et traducteur de langues orientales.

En 1965, il est l'un des conférenciers de la conférence sur la guerre révolutionnaire qui se tient à l'hôtel Parco dei Principi à Rome, coorganisée par Pino Rauti et Guido Giannettini. Cette conférence sera considérée plus tard par la presse de gauche comme le moment où aurait été théorisée la prétendue « stratégie de la tension ».

Il sera mis en cause dans l'enquête au sujet de l'attentat à la bombe de Piazza Fontana (12 décembre 1969), mais il sera lavé de tout soupçon, comme son étudiant Delfo Zorzi, devenu un monstre fantasmatique pour la gauche italienne.

En 2000, il commence à contribuer au Corriere della Sera, en y publiant une longue série d'articles consacrés aux philosophies orientales. Toutefois, une campagne de haine à son encontre fera mettre un terme à cette collaboration.

Filippani Ronconi décède en 2010.

Publications

Monographies

• Avviamento allo studio del pensiero orientale, Napoli, Pironti, 1959 (2 vol.).
• Storia del pensiero cinese, Torino, 1964 (new edition: Bollati Boringhieri, 1992).
• Ismaeliti ed Assassini, Bâle, Thoth, 1973 (new edition: Rimini, Il Cerchio, 2004, ISBN 88-8474-059-2).
• Le vie del Buddhismo, Rome, Basaia, 1986 (new edition: Genoa, ECIG, 1988, ISBN 88-7545-905-3).
• Vak. La parola primordiale. Quattro saggi sui Tantra, Marina di Patti, 1988.
• Magia, religioni e miti dell'India, Rome, Casa del Libro, 1989.
• Miti e religioni dell'India, Rome, Newton Compton, 1992.
• Il buddhismo, storia e dottrina, Rome, 1994 (new edition: Rome, Newton Compton, 2004).
• Buddha: aforismi e discorsi, Rome, Tascabili Newton, 1994.
• L'induismo, Rome, Tascabili Newton, 1994.
• Zarathustra e il Mazdeismo, Rome, Edizioni Irradiazioni, 2007.
• Un altro Islam. Mistica, metafisica e cosmologia, Rome, Edizioni Irradiazioni, 2012.

Travaux de traduction

• Nasir-e Hosraw, Il libro dello scioglimento e della liberazione, Napoli, Istituto Universitario Orientale, 1959.
• Sa'dî, Il roseto, Torino, Boringhieri, 1965.
• Ummu'l-Kitab, Napoli, Istituto Universitario Orientale, 1966.
• Canone buddhista: discorsi brevi, Turin, UTET, 1968.

• Upanisad antiche e medie, Turin, 1968 (new edition: Torino, Bollati Boringhieri, 2007 ISBN 978-88-339-1797-9).
• Canone buddista: così è stato detto (Itivuttaka), Milano, 1995.
• Buddha, La via per la saggezza. Dhamma-Pada e discorsi, Rome, Newton Compton, 2006.

Préfaces

• Julius Evola, Lo Yoga della Potenza. Saggio sui Tantra, Rome, Edizioni Mediterranee, 1968–1994.