Indo-Européens

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Le terme d'Indo-Européens, désignés aussi comme Hyperboréens, ou Ariens, désigne tous les locuteurs natifs d'une langue indo-européenne. Cett désignation réunit les deux branches de la grande famille linguistique indo-européenne : la branche orientale, ou indo-arienne, dite des langues satem, et la branche occidentale, ou nordico-arienne, dite des langues centum[1].

Au fur et à mesure que l'hypothèse d'une langue originelle commune, ancêtre de toutes les langues indo-européennes actuelles, s'est vu confirmée, on a commencé à se poser la question de l'existence d'un peuple-locuteur de cette langue. C'est ainsi que les études indo-européennes se sont orientées vers la recherche d'un peuple indo-européen originel. Leurs travaux, au départ limités au domaine linguistique, se sont alors étendus à archéologie, l'anthropologie et l'ethnologie.

La découverte de ces origines communes permettent donc d'affirmer l'existence d'un peuple indo-européen originel, ou proto-indo-européen, raison pour laquelle le terme d'Indo-Européens tend actuellement à désigner, non plus les locuteurs d'une langue indo-européenne moderne, mais ce peuple originel. Aujourd'hui, on peut affirmer que l’histoire européenne est l’histoire de l’expansion de ces peuples indo-européens qui ont marqué le continent européen et sa périphérie à des degrés divers.

Les études indo-européennes

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Origines des études indo-européennes

Le néerlandais Marcus Zuerius van Boxhorn (1602-1653) avait déjà fait la découverte que l'avestique, l'ancien perse, et le sanskrit étaient apparentés aux langues européennes dans un groupe qu'il appelait « scythique », mais son travail n'a pas connu de postérité.

Près d'un siècle plus tard, le jésuite français en mission en Inde Gaston-Laurent Cœurdoux (1691-1779) effectue des recherches en comparant la « langue Samskroutane » au grec et au latin et en relevant des liens étymologiques, phonétiques et grammaticaux ; une ressemblance qu'il attribue alors « au commerce, aux sciences, au voisinage des pays, à la religion, à la domination, à une commune origine, ou à plusieurs de ces causes réunies. » Dans un Mémoire envoyé en 1767 à l'Académie des inscriptions et belles-lettres il met en lumière les affinités existant entre le sanscrit, le latin, le grec et même l'allemand et le russe.

L'indianiste anglais William Jones (1746-1794) effectue de son côté des recherches sur les similitudes entre le sanskrit, le grec ancien et le latin. Il publie La Langue sanskrite (The Sanskrit Language, 1786), où il émet l'hypothèse d'une origine commune des trois langues. Il affirme aussi qu'elles pourraient être apparentées au gotique, aux langues celtiques et au persan.

Franz Bopp

Mais c'est le linguiste allemand Franz Bopp qui établit les bases de la grammaire comparée indo-européenne. En 1816, il publie sa thèse Du système des conjugaisons de la langue sanskrite, comparée à ceux du grec ancien, du latin, du vieux-perse et du proto-germanique, préfacée par son maître Windischmann.

Développement

Au XIXe siècle, une importante quantité de savants, de préhistoriens, d’anthropologues se sont penchés sur la question. Ils cherchaient à savoir s’il avait existé un peuple-locuteur d’une langue-matrice originelle, ancêtre de toutes les langues indo-européennes actuelles. Au départ, la tendance générale était d’affirmer l’existence effective d’un peuple indo-européen. Ensuite, est venu un scepticisme hypercritique. Aujourd’hui, les thèses qui réfutaient l’existence d’une langue commune et, partant, d’un peuple originel, ont été infirmées par les progrès de la recherche. Des congrès universitaires mondiaux, tel celui de Dubrovnik en 1979, rassemblant des savants du monde occidental et du monde soviétique, les travaux d’Émile Benveniste et de Georges Dumézil en France, ceux de Marija Gimbutas, d’Edgar Polomé, de Roger Pearson (co-éditeurs de la revue américaine The Journal of Indo-European Studies) et de beaucoup d’autres aux États-Unis, de Giacomo Devoto en Italie et, enfin, les manuels précis, didactiques et remarquablement synthétiques de Jean Haudry, parus dans la célèbre collection Que sais-je ? des PUF, ont puissamment contribué à démontrer l’existence effective d’un peuple indo-européen originel, d’où sont issus tous les autres.

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« L’identité de certains mots dans chacune de ces langues, l’identité de conceptions et d’institutions, mettent en évidence l’existence de structures anciennes, qui s’étendaient à tout le monde indo-européen. » J.-L. Bruniaux.

« L’idée d’un continuum linguistique ayant existé en Europe du Nord dès la préhistoire, antérieur par conséquent à l’ethnogénèse et à la glottogénèse des langues celtiques, germaniques, italiques, baltes et slaves, avait déjà été avancé par Antoine Meillet dans son cours professé au Collège de France en 1906-1907. » Les dialectes indo-européens, Champion, 1908.

« Depuis le XIXème siècle, les langues baltes sont reconnues comme les langues les plus proches de l’ancien sanscrit et de nombreux auteurs tels Mannhardt ont souligné les multiples similitudes existant entre les vieux chants populaires baltes (daïnas*) et le Véda. Ces liens semblent devoir résulter de la proximité de l’aire géographique occupée par ces peuples avec le foyer originel indo-européen (Kilian). Entre 600 et 400 AEC, ce territoire allait des rives de la Baltique, y compris la Poméranie, à Moscou et Kiev, en incluant la presque totalité du cours de la Vistule (Gimbutas). » [2].

Mais il ne s’agit pas là d’une langue morte puisque remontant fort loin à des époques où, à part quelques symboles gravés sur les rochers, nos ancêtres n’utilisaient pas encore l’écriture. Nous n’avons donc pas de textes, comme pour le grec ou le latin. Et nous ne savons pas non plus la parler :

« C’est une langue – non attestée – dont il faut postuler l’existence pour expliquer les concordances, nombreuses et précises, qu’on relève entre la plupart des langues d’Europe et plusieurs langues d’Asie. »[3]

D’autant qu’il a très certainement existé une communauté linguistique indo-européenne du Nord-Ouest, qui s’est fragmentée par la suite en unités linguistiques diverses (Edgard C. Polomé).

« Toutes les langues parlées en Europe sont d’origine indo-européenne, à l’exception de quatre : le turc, le hongrois, le basque et le finno-esthonien. En outre, un grand nombre de pays du continent asiatique ont connu ou connaissent encore des langues indo-européennes : le kurde, le persan, l’arménien, les langues dardiques, la plupart des langues de l’Inde du Nord et du centre. L’Asie Centrale et le Sinkiang étaient terre indo-européennes : on y parlait des langues aujourd’hui disparues, le tokharien et le sogdien.

Les annales chinoises décrivent les locuteurs comme des gens aux cheveux roux, aux yeux bleus, qui ressemblaient à des singes. Le recoupement de toutes les indications sur leur type physique confirme qu’il s’agissait d’hommes grands, aux cheveux et aux visages clairs, au visage fin et au nez droit. La tradition de ces peuples plaçait leurs lointaines origines dans une contrée mystérieuse, située au nord du monde.»[4]

Les Indo-Européens, origine de la société occidentale blanche

De l'Inde à l'Islande, presque toutes les populations blanches ont la même origine culturelle, et une parenté ethnologique, confirmée par la distribution spécifique des groupes sanguins. Aujourd'hui leurs descendants, expatriés en Amérique du Nord, du Sud, en Australie, sont partout disséminés dans le monde.

Ces populations occupent tout l'espace européen et iranien, après avoir balayé en deux vagues d'invasion (2200 à 2000 av. J.-C. et 1200 av. J.-C.) les populations plus anciennes dont il ne subsiste plus que des traces culturelles et raciales.

Ainsi, de la race néolithique primitive, qui occupait l'Aqui­taine, le Sud-Est de la France, l'Espagne, l'Afrique du Nord et les Canaries, les seuls éléments, importants et originaux qui survivent sont les Basques. Les autres populations, conquises par les Indo-Européens, se sont fondues à eux. A l'autre bout de l'Europe, seules les tribus pacifiques finno-ougriennes (Finnois, Lapons, Estoniens, Livoniens, etc.) ont échappé elles aussi, grâce au rude climat et à une nature dangereuse, à l'assimilation.

L'unité linguistique

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L’observation méthodique des langues européennes a permis de constater de très nombreuses racines communes. Cela a pu permettre – grâce aux progrès de la philologie ou paléontologie linguistique et de la phonétique qui étudie l’évolution des langues – la reconstruction d’une langue mère présumée, “l’indo-européen”, dont les racines sont notées dans les études par un astérisque en préfixe, sous la forme suivante : *xxxxx.

De plus, on constate une certaine unité de culture en Europe, une proximité des rites, des symboles et des mythes et, en plus d’une parenté des langues des peuples européens entre eux, de nombreux rapports avec celles des Indo-Iraniens et c’est aussi pour cela que ces langues sont considérées comme étant les filles d’une langue mère commune.

« La parenté des langues indo-européennes est très étroite et se définit sur trois plans : phonétique, grammatical, lexicologique. C’est-à-dire que les sons, ou phonèmes, la grammaire – formation des mots, dans ce qu’on appelle la morphologie, terminaisons des verbes dans les conjugaisons, des noms dans les déclinaisons – et le vocabulaire, sont tous trois apparentés et les ressemblances augmentent lorsqu’on remonte le temps : le grec ancien, le latin et le sanskrit se ressemblent beaucoup plus que le français, le grec moderne et le hindi. Le vocabulaire est le caractère le plus frappant, même s’il n’est pas le plus important, car une langue peut emprunter un énorme vocabulaire à l’étranger, tels l’anglais ou le basque, et n’emprunter ni leur phonétisme ni leur grammaire. Mais comme on observe des listes de noms de nombre, des noms concernant la parenté et un très grand nombre de racines verbales ou nominales, apparentés d’un bout à l’autre du monde indo-européen, on voit que le vocabulaire ne fait que compléter les deux autres dimensions, du phonétisme et de la grammaire. »[5].

Le terme « Indo-Européen » est donc au départ une définition linguistique plutôt que raciale. Thomas Young l'utilise le premier pour désigner un ensemble de langues qui lui semblent apparentées par la racine de nombreux mots[6].

Les travaux de Franz Bopp, puis ceux de Friedrich von Schlegel, de Grimm et surtout d'Adolphe Pictet, publiés en 1859, marquèrent les ressemblances, plus ou moins étroites, existant entre différentes langues.

Les recherches ont été poussées plus loin. Elles viennent démontrer que les langues Indo-Européennes ont bien une origine commune certaine qui préjuge une certaine forme d'unité raciale. Ces langues se sont diversifiées et ont des traits caractéristiques qui les répartissent en deux groupes.

Dans le premier, caractérisé par les gutturales (Kentum), on trouve :

L'unité linguistique indo-européenne : exemple du mot frère
  • le grec avec ses dialectes aéolique, ionique, dorique, etc.;
  • le latin et les langues ou dialectes qui en ont découlé

(français, espagnol, italien, provençal, etc.);

  • les langues celtiques (ancien gaulois, gaélique, breton,

gaélique écossais, irlandais, langue de Manx sur l'île de Man);

  • le germanique avec ses trois branches :

-gothique,

-norse (danois, norvégien, suédois, islandais)

-germanique de l'Ouest (anglais, hollandais, frison, fla­mand, bas-allemand, etc.);

  • le hittite.

La seconde série caractérisée par les chuintantes (Satem) regroupe :

  • le sanscrit, dont la transcription moderne est parlée aux

Indes, par près de 300 millions d'hommes;

  • l'iranien;
  • le zend;
  • le kurde;
  • l'arménien;
  • les langues slaves ;
  • les langues baltes (letton, vieux prussien et surtout le

lituanien dont les racines paraissent les plus primitives et les plus anciennes parmi les langues Indo-Européennes).

Ces travaux scientifiques ont permis aux Allemands de bâtir le mythe d'une race pure de type aryen constituée de blonds aux yeux bleus. Il s'agit en fait de races diverses, rassemblées dans une zone géographique délimitée, et qui se sont, plus ou moins, mélangées et métissées entre elles. « L'agrégation, qui provoquera la formation des peuples Indo-Européens, se manifeste dans les milieux néolithiques, probablement au Ve millénaire »[7]. L'histoire, formidable et mouvementée, des Indo-Européens s'étend sur toute la protohistoire européenne, de la fin de l'époque préhistorique à l'aube de l'ère historique. Ce sont ces peuples, particulièrement aptes à la chasse, à l'aventure et à la conquête guerrière, qui vont jeter les bases de la civilisation européenne.

Vers la fin de la période néolithique occidentale (aux environs de 4000 avant J.-C.) apparaît, dans le Nord-Est européen, un type culturel nouveau caractéristique du groupe Indo-Européen.

Il s'est vite imposé, rejoignant puis dépassant le niveau culturel et social des groupes humains qu'il relayait.

Les organisations sacerdotales supposent un rituel, une liturgie du sacrifice, bref un ensemble de pratiques, de celles qui se renouvellent le moins. Mais il n’y a pas de liturgies sans des objets sacrés dont on garde les noms, sans des prières qu’on répète sans rien n’y changer. De là, dans les vocabulaires, des conservations de mots qu’on ne s’expliquerait pas autrement.[8]

Le foyer de la dispersion

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Le « peuple » indo-européen se présentait, à l'origine, sous la forme d'une sorte de confédération de sociétés, éparpillées sur un large territoire, dont l'unité linguistique constituait le lien le plus conscient.

L'emplacement du foyer où apparut, et d'où se dispersa, la race blanche, a été circonscrit dans une région comprise entre l'Elbe à l'ouest, la Vistule et le Dniepr à l'est, le Jutland au nord, et la région montagneuse des Carpates au sud.

Cette région venait de connaître de grands bouleversements. « Vers —8000 avant notre ère, les glaciers Scandinaves se retirèrent, définitivement, vers le Nord. Les îles Britanniques se séparèrent du continent. La Baltique fit sa jonction avec la Mer du Nord. La toundra se couvrit de forêts épaisses. L'Europe jouit dès lors d'un climat tempéré »[9].

Ces transformations climatiques et géographiques devaient permettre les conditions assez exceptionnelles du développement d'une économie agricole se substituant à celle de chasseurs nomadisants. Les hommes se consacrent à l'élevage et les femmes et les enfants à une agriculture rudimentaire. La société s'organise en génos, grandes familles, de caractère exogamique, qui, sur des territoires héréditaires, établissent d'étroits liens familiaux entre elles selon des modes prédéterminés.

Chaque génos, composée d'hommes libres, est une commu­nauté de sang, de caractère fondamentalement patriarcal. La lignée remonte au dieu père le « Deiwos peter ». Lorsque la situation l'exige, les chefs de génos se réunissent et élisent un chef parmi eux, le « regs » (rex en latin, rix en gaulois, raja en sanscrit).

Le regs est contrôlé par l'assemblée des chefs de génos : les peteres, assemblée dont nous retrouverons le principe dans la suite des temps avec le « senatus » des Romains, la « gerousia » des Grecs, la « Sahba » des Indo-Aryens, le « thing » germanique et « l'althing » islandais. Dès le début de leur histoire, la souveraineté, chez les Indo-Européens, s'exprime par une sorte d'aristodémocratie qui permet d'allier l'efficacité de commandement du chef avec le contrôle de ses actes par l'assemblée.

L'esprit de conquête

Les “Indo-Européens” seraient : « un peuple plus ou moins unitaire, sur un domaine assez vaste pour qu’il y ait eu des différences dialectales dans la langue que tous utilisaient. Pour une raison inconnue, grâce à la suprématie que constituait le cheval de guerre et le char à deux roues, ils se sont répandus dans toutes les directions par vagues successives, jusqu’à l’épuisement des réserves. » Dumézil.

Et pourtant : « Les Indo-Européens représentent dans l’enseignement public une sorte de trou noir. Les programmes scolaires les ignorent entièrement. On étudie à l’école les grandes civilisations de l’antiquité, mais on ne se préoccupe jamais de porter le regard en amont, vers les cultures protohistoriques qui les ont précédées de quelques millénaires et qui, dans une large mesure, leur ont donné naissance. Une part essentielle de l’histoire des origines est ainsi régulièrement passée sous silence. »[10]

La deuxième vague indo-européenne en bande dessinée, in : Jack Marchal, Histoire de la civilisation racontée aux enfants

Vers l'an 2500 av. J.-C, la souche originelle Indo-Européenne se fractionne. L'une après l'autre, ses branches se mettent en mouvement. Les peuples Indo-Européens partent pour de loin­taines migrations.

La raison de ces migrations la plus communément avancée est une modifica­tion des conditions climatiques dans l'Europe de l'époque. Le milieu du troisième millénaire fut, en effet, marqué par une amélioration du climat, provoquant un brusque réchauffement du Nord européen. Le développement de l'agriculture et de l'élevage en fut plus favorisé encore. L'accroissement de la population qui en résulte, entraîne un surpeuplement relatif, dans la zone de forêts, d'îlots lacustres et de marécages où les espaces agricoles demeurent limités. Les récoltes s'avèrent bientôt insuffisantes et les migrations commencent.

Sans doute, est-ce une raison valable, mais ce n'est pas la seule. Bien des peuples manquant de subsistance et, placés dans les mêmes conditions, n'entreprendront pas pour autant des migra­tions aventureuses de cette envergure. Dans le cas des Indo-Européens domine l'esprit de conquête qui les caractérisera constamment. Il s'agit d'une race animée par un tempérament batailleur, sensible à l'attrait de l'aventure pleine de curiosité de l'inconnu, forte d'une volonté de domination, animée aussi par une mentalité impérialiste que l'on ne retrouve, à ce degré, chez aucun autre peuple.

A la veille de la dispersion, on évalue les Indo-Européens à environ une dizaine de millions d'hommes. Les migrations les conduisent vers le sud, vers un climat moins rude, où ils pourront donner libre cours à leurs activités créatrices. A partir de 2400 avant J.-C., les vagues de migrants se succèdent, de plus en plus nombreuses, qui conduiront ces peuples à la conquête de la moitié de la terre. Certains groupes vont disparaître en route, ou rejoindre d'autres rameaux. D'autres vont marcher, sans trêve, jusqu'au bout, jusqu'au terme de leur histoire.

Leur progression ne se fait pas en un mouvement de pénétration pacifique, mais par la conquête. Les envahisseurs Indo­-Européens apportent avec eux une technologie supérieure et ils ont domestiqué le cheval et le bœuf, grâce auxquels ils peuvent couvrir de grandes distances.

Les éléments indigènes, trouvés sur place par les Indo-Européens, leur étaient, presque toujours, supérieurs en nombre. C'est particulièrement sensible en Orient, où les Indo-Aryens représentaient une minorité infime au milieu des autochtones. La conquête Indo-Européenne a donc provoqué la création d'un système de castes destiné à préserver sa domination. Ce système était d'autant plus rigoureux que la proportion d'Indo-Européens dans la population était plus faible. Il a survécu dans une certaine mesure aux Indes jusqu'à ce jour et certaines formes de recrute­ment des élites s'en inspirent encore même si elles sont fondées sur des critères tout différents.

L'homme indo-européen

Un sentiment unissait les peuples Indo-Européens, celui d'appartenir à une même communauté de langues et d'institutions. Les études linguistiques ont mis en évidence que les langues des Indo-Européens constituaient un outil incomparable, parfaitement adapté au raisonnement abstrait et au développement des sciences.

Hommes actifs, durs pour eux-mêmes, comme pour les autres, ne corrigeant leur emportement que par leur intelligence, ils étaient habités par la volonté de puissance, le goût de l'héroïsme et de la création. Attachés à ce qui enracine, famille, fonction, cité, culture, race, ils alliaient la sûreté technique au génie impulsif.

Religion et société

Dans les communautés Indo-Européennes, existait une simili­tude, étroite, entre la religion et la communauté elle-même. Avant la première dispersion, celle-ci dispose, déjà, d'une « idéologie » reposant sur une vue commune du monde, se traduisant par une conception, propre, du fait religieux, de la société, de la souverai­neté et des rapports entre les hommes et les dieux. Elle s'appuie, également, sur une théologie, une liturgie, une poésie et une littérature épique, que l'on retrouve semblables quant au fond, mais adaptées quant aux formes, chez les différents rameaux Indo­-Européens.

A l'image des hommes, les dieux Indo-Européens, forment une communauté, un « panthéon ». Ils sont dotés d'attributs fonction­nels correspondant aux classes humaines primitives, qui répar­tissent les hommes libres en prêtres, guerriers et paysans. L'organisation sociale est, en effet, fondée sur la distinction entre ces trois niveaux de fonctions, la tripartition : le niveau sacerdotal et souverain, le niveau guerrier, le niveau populaire et producteur. Hiérarchique­ment ordonnés, ces groupes sociaux connaissent un équilibre interne, qui permet à chacun de porter sa part de responsabilité et d'initiative, dans l'action commune.

La société Indo-Européenne est paysanne et guerrière à la fois. Cette ambivalence, constante dans son histoire, est symbolisée par la scène fameuse du consul romain, requis pour prendre la tête d'une armée et trouvé labourant ses terres... Quant au mode de gouvernement, s'il varie d'un peuple à l'autre, il est toujours chargé de traduire, dans les faits, une tolérance qui exprime une conception concrète de la liberté et de la dignité individuelle. Il est très rare que le pouvoir royal soit héréditaire. Le plus souvent, le roi, élu, ne règne pas en souverain absolu, bien qu'il soit responsable, sur sa tête, de la bonne marche du gouvernement. Il est entouré des conseils et du contrôle d'une assemblée aristocra­tique.

Les conquêtes Indo-Européennes

Ce sont ces peuples qui vont conquérir tout un continent. Les expéditions, victorieuses, des premiers Indo-Européens les amè­nent aux confins de l'Europe centrale, puis, après une halte de quelques décennies, jusqu'aux bornes de la Chine à l'est, de l'Afrique noire au sud. Les contingents de cavaliers qui débou­chent, entre le XXe et le XVIIe siècle avant J.-C, dans les plaines du pourtour méditerranéen, les troupes combattantes et paysannes qui, dans un deuxième temps, coloniseront les péninsules hellé­nique et italique, puis ibérique et britannique, sont les premiers représentants de ce type nouveau, d'homme et de civilisation, qui donneront naissance aux peuples d'Europe.

Dès 2500 avant J.-C., et jusqu'en 2000, voire 1600, les vagues migrantes sortent, l'une après l'autre, du réduit et se dispersent, souvent sans marquer culturellement et socialement les peuples autochtones, si ce n'est en laissant en place une aristocratie dominante. Une dernière grande vague, vers —1250, va permettre aux Indo-Européens de fixer les limites de leur domaine. Il englobera les sociétés védique et iranienne, l'empire hittite, les royaumes des plateaux d'Anatolie, les civilisations historiques des Grecs, des Latins, des Celtes et des Germains, la Gaule, la péninsule Ibérique, l'Angleterre, l'Islande et la Scandinavie.

La même énergie inépuisable, la même âpreté à la guerre et la volonté de conquête, qui ont caractérisé les peuples Indo-­Européens, seront à l'origine de tous les grands mouvements ultérieurs de l'histoire de l'Occident : la tentative de conquête du Proche-Orient à l'occasion des croisades; l'occupation de l'Amé­rique centrale et de l'Amérique du Sud, puis celle de l'Amérique du Nord; la conquête de l'Australie et des terres de l'Océanie; l'occupation de l'Afrique, à l'époque romaine et plus tard aux siècles des conquêtes coloniales.

La patrie originelle des Indo-Européens

Les travaux de l’Anglais Colin Renfrew ont apporté une vision nouvelle, proprement révolutionnaire, des sociétés protohistoriques d’Europe, ruinant les mirages de l’ex Oriente Lux. Lothar Kilian se limite au fait indo-européen. Son ouvrage permet de délimiter la patrie originelle du peuple indo-européen primitif. Ce territoire s’étendait, selon toute vraisemblance, de la Frise à la Volga. Au Nord, vivaient les peuples de langues finno-ougriennes ; au Sud, les Méditerranéens. En Afrique du Nord, les peuples hamito-sémitiques.

L’historien-archéologue allemand Lothar Kilian (1911-2000) rappelle l’essentiel des études indo-européennes, à savoir la classification des langues en divers groupes : germanique, italique, celtique, iranique, slave, balte, etc. ; ainsi que les caractéristiques grammaticales et syntaxiques de ces langues. Bien établie, la science linguistique n’est guère contestée dans ses fondements aujourd’hui. Ce qui, en revanche, suscite des polémiques sont:

1) la localisation de la patrie originelle des Indo-Européens

2) la carte d’identité anthropologique des locuteurs du parler indo-européen originel.

Lothar Kilian se limite au fait indo-européen. Son ouvrage[11] permet de délimiter la patrie originelle du peuple indo-européen primitif. Ce territoire s’étendait, selon toute vraisemblance, de la Frise à la Volga. Au Nord, vivaient les peuples de langues finno-ougriennes ; au Sud, les Méditerranéens. En Afrique du Nord, les peuples hamito-sémitiques.

Pour ce qui concerne la localisation de la patrie originelle, Lothar Kilian énonce dix thèses, déduites de recherches multi-directionnelles, englobant la climatologie, l’archéologie préhistorique, la toponymie, etc.

◊ 1) La patrie originelle se situe dans une zone au climat tempéré et frais.

◊ 2) Cette patrie comprenait à la fois des zones forestières baignées de cours d’eau et des zones aux forêts clairsemées et presque sans fleuves.

L’histoire européenne est l’histoire de l’expansion de ces peuples indo-européens qui ont marqué notre continent et sa périphérie à des degrés divers. Slaves, Baltes et Germains constituent, plus ou moins, des peuples indo-européens à part entière. Les autres sont des mélanges d’Indo-Européens avec des Méditerranéens, des Finno-Ougriens ou des Hamito-Sémites. Kilian analyse le processus de formation ethnique des premiers Européens. Son livre est une synthèse brillante de tous les travaux entrepris depuis 1816 sur la question.

◊ 3) Les Indo-Européens ont dû se former, en tant que peuple, dès le Néolithique (peut-être même avant) et ont constitué une culture essentiellement paysanne d’agriculteurs et d’éleveurs.

◊ 4) Au Néolithique, l’Europe était divisée en diverses zones linguistiques. Au Nord (Scandinavie et Russie septentrionales), la zone des parlers finno-ougriens ; sur la rive nord de la Mer Méditerranée, la zone des langues méditerranéennes ; en Afrique du Nord et en Asie Mineure, la zone hamito-sémitique ; l’Europe occidentale, proche du littoral atlantique, présente, elle aussi, une toponymie non-indo-européenne. Dans le reste du territoire européen, de la Mer du Nord à la Vistule, dans les Alpes, les Balkans et en Ukraine, toute la toponymie est d’origine indo-européenne. Les racines étrangères y sont quasi inexistantes.

◊ 5) Cette toponymie strictement indo-européenne amène Kilian à la déduction que les cultures néolithiques centre-européennes étaient déjà indo-européennes.

◊ 6) Les parentés lointaines observables entre les parlers finno-ougriens, hamito-sémitiques et méditerranéens supposent l’existence, au Paléolithique, d’une langue européenne unique.

◊ 7) Les débuts de l’Indo-Européen doivent se situer vers 10.000 avant notre ère.

◊ 8) Le processus de dispersion et de fragmentation de la langue et du peuple indo-européen des origines doit avoir commencé entre 4000 et 5000 avant notre ère.

◊ 9) Vers -2000, il existait déjà plusieurs langues indo-européennes distinctes.

◊ 10) Tous ces faits linguistiques tentent à prouver la localisation au centre et à l’Est de l’Europe de la patrie originelle des peuples indo-européens. Ils excluent toute hypothèse exclusivement asiatique.

Kilian, ensuite, nous promène dans le monde complexe des hypothèses en préhistoire et détermine quelles sont les cultures préhistoriques d’Europe qui peuvent être considérées comme indo-européennes. À la suite des chapitres consacrés à l’anthropologie des locuteurs, Kilian propose également dix thèses :

◊ 1) Les Indo-Européens étaient très vraisemblablement de type nordique.

◊ 2) Il existe plusieurs définitions anthropologiques de la “race nordique”. Kilian se réfère à celle de l’anthropologue allemand Egon von Eickstedt.

◊ 3) Il convient de bien distinguer, parmi les ethnies à cheveux et à yeux clairs, les “nordides” et les “dalides”, issus de deux populations paléolithiques distinctes. Les populations hybrides doivent attirer toute l’attention des chercheurs.

◊ 4) Kilian ne pose pas l’équation “race nordique = peuple indo-européen originel”, comme cela fut courant qn Allemagne il y a quelques décennies. Les “frontières” raciales n’ont jamais été nettes : on trouve des “Nordides” parmi les peuples voisins des Indo-Européens.

◊ 5) Le peuple indo-européen des origines devait être un mélange de “Nordides” et de “Dalides”, avec prédominance des premiers. D’autres composantes, notamment méditerranéenne, ne sont pas à exclure.

◊ 6) Les porteurs de la “civilisation de la poterie à bandeaux” (Schnurkeramikkultur / foyer : Autriche, Bohème) sont à prédominance nordiques, sans l’être totalement. Ils ne se distinguent pas essentiellement des porteurs de la civilisation des tragt-baeger (= vases en entonnoir / Trichterbecherkuitur / foyer : plaine du nord de l’Europe, Danemark) et de celle des poteries à impressions de cordes (Bandkeramikkultur / foyer : Ukraine).

◊ 7) Rien ne prouve l’origine ouest-sibérienne ou asiatique de la “race nordique”.

◊ 8) Cette “race nordique” proviendrait des hommes de Brünn et de Combe-Capelle, émigrés en Europe Centrale au cours de la dernière glaciation.

◊ 9) La “race dalide” dériverait, elle, d’un type d’homme de Cro-Magnon du Nord de l’Europe.

◊ 10) Pour la patrie originelle, l’hypothèse la plus vraisemblable demeure celle qui la situe dans la partie septentrionale de l’Europe Centrale.

En conclusion, Kilian présume que la patrie originelle d’Europe Centrale est très probable, mais nullement sûre. Seule une étude intensive des âges paléolithique et mésolithique déterminera avec exactitude si la thèse centre-européenne est définitive ou non. Il faudra par exemple vérifier la toponymie de la région baignée par le cours inférieur de la Volga. Si cette région révèle une toponymie indo-européenne plus ancienne, il faudra réviser la thèse centre-européenne. Toutefois, la masse des documents archéologiques atteste davantage cette dernière thèse[12].

Bibliographie

Monographies

  • Alain de Benoist, « Indo-Européens : à la recherche du foyer d'origine », in : Nouvelle École, n°49, 1997, lire en ligne : [1].
  • Jérémie Benoit, Les Indo-Européens et l'histoire, Editions de La Forêt, 2017, 248 p.
  • Jérémie Benoît, Le paganisme indo-européen - Pérennité et métamorphose, Editions l'Age d'Homme, 2001, 266 p.
  • Georges Dumézil, Mythe et Épopée, vol. I : L’Idéologie des trois fonctions dans les épopées des peuples indo-européens, Gallimard, 1968; vol. II : Types épiques indo-européens : un héros, un sorcier, un roi, Gallimard, 1971; vol. III : Histoires romaines, Gallimard, 1973
  • Georges Dumézil, Heur et Malheur du guerrier, aspects de la fonction guerrière chez les Indo-Européens, Presses universitaires de France, 1969
  • Georges Dumézil, Les Dieux souverains des Indo-Européens, Gallimard, 1977
  • Hans Friedrich Karl Günther, Religiosité indo-européenne (préf. Julius Evola), Éditions du Lore, 2013, 123 p.
  • Jean Haudry, L'Indo-européen, Paris, Presses universitaires de France, « Que sais-je ? », 1979 ; rééd. 1984 ; 1994.
  • Jean Haudry, Les Indo-Européens, PUF, « Que sais-je ? », 1981 ; rééd. 1985 ; 1992; rééd. revue et corrigée Éditions de la Forêt, 2010.
  • Jean Haudry, La Religion cosmique des Indo-européens, Milan et Paris, Archè / Les Belles Lettres, « Études indo-européennes », 1987.
  • Jean Haudry, La Triade pensée, parole, action, dans la tradition indo-européenne, Archè, Milan, 2009.
  • Jean Haudry, Le Message de nos ancêtres, Forcalquier, La Forêt, 2016.
  • Jean Haudry, Sur les pas des Indo-Européens, éd. Yoran Embanner, 2022, 472 p.
  • Lothar Kilian, De l’origine des Indo-Européens, Labyrinthe, 2001, préf. J. Haudry, 284 p.
  • Iaroslav Lebedynsky, Les Indo-Européens – Faits, débats, solutions, Paris, Errance, 2014, 221 p.
  • Bernard Marillier, B.A.-BA Indo-Européens, Pardès, 1998, 126 p.
  • Adriano Romualdi, Gli Indoeuropei. Origini e migrazioni, Edizioni di Ar, Padoue, 1978
  • Adriano Romualdi, La « Migration nordique » en Italie — Premiers Latins et Vénètes du Val Camonica aux monts albains, [trad. Philippe Baillet], Préface de Jean Haudry, Aidôs, Saint-Genis-Laval, 2020, 77 p.
  • Reinhard Schmoeckel, Die Indoeuropäer - Aufbruch aus der Vorgeschichte, Lindenbaum Verlag, 2012, 587 p.
  • Bernard Sergent, Les Indo-Européens : Histoire, langue, mythes, Payot, 2005, 536 p.

Travaux collectifs

Liens externes

  • La tradition indo-européenne parmi nous, Entretien avec Jean Haudry sur le site Euro-Synergies : [2]
  • Dix questions à Jean Haudry pour ne pas perdre le Nord, entretien réalisé par Frédéric Andreu-Véricel : [3]

Notes et références

  1. Cette distinction se base sur la phonétique du nombre « cent » dans des langues représentatives de chacun des deux groupes : le latin « centum » (pron. ken'toum) et l'avestique « satəm ».
  2. Philippe Gallet, revue Solaria n° 4
  3. Jean Haudry, L’Indo-Européen, N°1.798, PUF 1979 et Les Indo-Européens, N° 1.965, PUF 1981, Coll. Que Sais-je?
  4. Jean Vertemont, Dictionnaire des mythologi. indo-euro, Faits et Documents 1997.
  5. B. Sergent/ CLIO : <nouvelles@clio.fr>
  6. Dans le Quaterly Review d'octobre 1813, article de Thomas Young (1773-1829). C'est l'un des meilleurs philologues de son époque, mais il a aussi contribué à la théorie ondulatoire de la lumière et à l'analyse de la perception des couleurs.
  7. P. Bosch Gimpera, Les Indo-Européens, Payot, 1961.
  8. J. Vendryes, 1918
  9. John Geipel-Laffont, L'Anthropologie de l'Europe.
  10. Alain de Benoist, Nouvelle École, N° 49 (Solstice d’hiver 1996/ 97), cf. aussi en 1972, un numéro sur Georges Dumézil.
  11. Lothar Kilian, Zum Ursprung der Indogermanen : Forschungen aus Linguistik, Prähistorie und Anthropologie, Dr. Rudolf Habelt GmbH, Bonn, 1983, 178 p., 66 ill. Traduction française par Felicitas Schuler : De l’origine des Indo-Européens, Labyrinthe, 2001, préf. J. Haudry. Présentation éditeur : L'origine paléolithique de l'ethnie indo-européenne, attestée par l'existence, entre - 40 000 et - 15 000, en Europe et dans les régions périphériques du sud, d'une grande unité linguistique — l'européen primitif (Ureuropäisch) — est la thèse que développe cet ouvrage devenu un classique des études indo-européennes.
  12. Robert Steuckers, Vouloir n°6, 1984