Lothar Kilian

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Lothar Kilian, né le 12 octobre 1922 et décédé le 12 mars 2000, est un archéologue et un linguiste allemand, spécialiste des études indo-européennes. Il a concentré ses recherches principalement sur les origines protohistoriques des peuples baltes et germains.

Biographie

Lothar Kilian est né à Nida en Lituanie.

Il obtient son doctorat en archéologie à l'université de Königsberg en 1939. Après la Deuxième guerre mondiale, il travaille à l'université de Bonn et au musée régional de Trière.

De l’origine des Indo-Européens

Son ouvrage Zum Ursprung der Indogermanen synthétise l’essentiel des études indo-européennes, à savoir la classification des langues en divers groupes : germanique, italique, celtique, iranique, slave, balte, etc. ; ainsi que les caractéristiques grammaticales et syntaxiques de ces langues. Bien établie, la science linguistique n’est guère contestée dans ses fondements aujourd’hui. Ce qui, en revanche, suscite des polémiques sont :

1) la localisation de la patrie originelle des Indo-Européens ;

2) la carte d’identité anthropologique des locuteurs du parler indo-européen originel.

Les dix thèses de Kilian concernant la patrie originelle des Indo-Européens

Pour ce qui concerne la localisation de la patrie originelle, Lothar Kilian énonce dix thèses, déduites de recherches multidirectionnelles, englobant la climatologie, l’archéologie préhistorique, la toponymie, etc.

◊ 1) La patrie originelle se situe dans une zone au climat tempéré et frais.

◊ 2) Cette patrie comprenait à la fois des zones forestières baignées de cours d’eau et des zones aux forêts clairsemées et presque sans fleuves.

L’histoire européenne est l’histoire de l’expansion de ces peuples indo-européens qui ont marqué notre continent et sa périphérie à des degrés divers. Slaves, Baltes et Germains constituent, plus ou moins, des peuples indo-européens à part entière. Les autres sont des mélanges d’Indo-Européens avec des Méditerranéens, des Finno-Ougriens ou des Hamito-Sémites. Kilian analyse le processus de formation ethnique des premiers Européens. Son livre est une synthèse brillante de tous les travaux entrepris depuis 1816 sur la question.

◊ 3) Les Indo-Européens ont dû se former, en tant que peuple, dès le Néolithique (peut-être même avant) et ont constitué une culture essentiellement paysanne d’agriculteurs et d’éleveurs.

◊ 4) Au Néolithique, l’Europe était divisée en diverses zones linguistiques. Au Nord (Scandinavie et Russie septentrionales), la zone des parlers finno-ougriens ; sur la rive nord de la Mer Méditerranée, la zone des langues méditerranéennes ; en Afrique du Nord et en Asie Mineure, la zone hamito-sémitique ; l’Europe occidentale, proche du littoral atlantique, présente, elle aussi, une toponymie non-indo-européenne. Dans le reste du territoire européen, de la Mer du Nord à la Vistule, dans les Alpes, les Balkans et en Ukraine, toute la toponymie est d’origine indo-européenne. Les racines étrangères y sont quasi inexistantes.

◊ 5) Cette toponymie strictement indo-européenne amène Kilian à la déduction que les cultures néolithiques centre-européennes étaient déjà indo-européennes.

◊ 6) Les parentés lointaines observables entre les parlers finno-ougriens, hamito-sémitiques et méditerranéens supposent l’existence, au Paléolithique, d’une langue européenne unique.

◊ 7) Les débuts de l’Indo-Européen doivent se situer vers 10.000 avant notre ère.

◊ 8) Le processus de dispersion et de fragmentation de la langue et du peuple indo-européen des origines doit avoir commencé entre 4000 et 5000 avant notre ère.

◊ 9) Vers -2000, il existait déjà plusieurs langues indo-européennes distinctes.

◊ 10) Tous ces faits linguistiques tentent à prouver la localisation au centre et à l’Est de l’Europe de la patrie originelle des peuples indo-européens. Ils excluent toute hypothèse exclusivement asiatique.

Les dix thèses de Kilian concernant la parenté ethnique des Indo-Européens

Kilian, ensuite, nous promène dans le monde complexe des hypothèses en préhistoire et détermine quelles sont les cultures préhistoriques d’Europe qui peuvent être considérées comme indo-européennes. À la suite des chapitres consacrés à l’anthropologie des locuteurs, Kilian propose également dix thèses :

◊ 1) Les Indo-Européens étaient très vraisemblablement de type nordique.

◊ 2) Il existe plusieurs définitions anthropologiques de la “race nordique”. Kilian se réfère à celle de l’anthropologue allemand Egon von Eickstedt.

◊ 3) Il convient de bien distinguer, parmi les ethnies à cheveux et à yeux clairs, les “nordides” et les “dalides”, issus de deux populations paléolithiques distinctes. Les populations hybrides doivent attirer toute l’attention des chercheurs.

◊ 4) Kilian ne pose pas l’équation “race nordique = peuple indo-européen originel”, comme cela fut courant qn Allemagne il y a quelques décennies. Les “frontières” raciales n’ont jamais été nettes : on trouve des “Nordides” parmi les peuples voisins des Indo-Européens.

◊ 5) Le peuple indo-européen des origines devait être un mélange de “Nordides” et de “Dalides”, avec prédominance des premiers. D’autres composantes, notamment méditerranéenne, ne sont pas à exclure.

◊ 6) Les porteurs de la “civilisation de la poterie à bandeaux” (Schnurkeramikkultur / foyer : Autriche, Bohème) sont à prédominance nordiques, sans l’être totalement. Ils ne se distinguent pas essentiellement des porteurs de la civilisation des tragt-baeger (= vases en entonnoir / Trichterbecherkuitur / foyer : plaine du nord de l’Europe, Danemark) et de celle des poteries à impressions de cordes (Bandkeramikkultur / foyer : Ukraine).

◊ 7) Rien ne prouve l’origine ouest-sibérienne ou asiatique de la “race nordique”.

◊ 8) Cette “race nordique” proviendrait des hommes de Brünn et de Combe-Capelle, émigrés en Europe Centrale au cours de la dernière glaciation.

◊ 9) La “race dalide” dériverait, elle, d’un type d’homme de Cro-Magnon du Nord de l’Europe.

◊ 10) Pour la patrie originelle, l’hypothèse la plus vraisemblable demeure celle qui la situe dans la partie septentrionale de l’Europe Centrale.

En conclusion, Kilian présume que la patrie originelle d’Europe Centrale est très probable, mais nullement sûre. Seule une étude intensive des âges paléolithique et mésolithique déterminera avec exactitude si la thèse centre-européenne est définitive ou non. Il faudra par exemple vérifier la toponymie de la région baignée par le cours inférieur de la Volga. Si cette région révèle une toponymie indo-européenne plus ancienne, il faudra réviser la thèse centre-européenne. Toutefois, la masse des documents archéologiques atteste davantage cette dernière thèse[1].

Publications

  • Haffküstenkultur und Ursprung der Balten, 1955
  • Zu Herkunft und Sprache der Prussen:, 1980
  • Zum Ursprung der Indogermanen, 1983
  • Zum Ursprung der Germanen, 1988

Traductions françaises

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  • De l'origine des Indo-Européens, trad. Felicitas Schuler, préf. de Jean Haudry, Paris, Éd. du Labyrinthe, 2000, 284 p.

Notes et références

  1. Robert Steuckers, L’origine des Indo-Européens , in : Vouloir n°6, 1984.