Vouloir

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Vouloir était une revue culturelle pluridisciplinaire, liée à la vaste nébuleuse des publications de la Nouvelle droite. Elle a été fondée en novembre 1983 par Robert Steuckers et Jean-Eugène van der Taelen.

Couverture du n°142/145, 1998

La revue Orientations


En octobre 1980, Robert Steuckers fonde, avec l’assistance d’un groupe d’amis, la revue Orientations, qui s’inscrit, à l’époque, dans le cadre des activités du GRECE-Belgique (« Groupement de Recherches et d’Études sur la Civilisation Européenne »), dirigé par Georges Hupin. Elle devait épauler, sur le plan théorique, la revue de Georges Hupin, Pour une Renaissance Européenne, organe de liaison des membres et amis du GRECE-Belgique. Orientations devait être l’organe belge francophone correspondant à la revue Études et recherches émanant du SER (« Secrétariat études et recherches ») du GRECE français, où œuvrait notamment Guillaume Faye.

Un premier numéro (n°0) d’Orientations paraît le 30 octobre 1980. Ce numéro fut essentiellement consacré au livre du Général Baron autrichien Heinrich Jordis von Lohausen (Mut zur Macht. Denken in Kontinenten, 1979), aux travaux de l’Américain Colin S. Gray (qui relancera les théories géopolitiques aux États-Unis), à l’ouvrage de Guido Giannettini (sur le conflit sino-soviétique en Extrême-Orient) et sur les atlas historiques de l’historien et géographe écossais Colin McEvedy.

La parution d'Orientations est alors interrompue car Robert Steuckers deviendra de mars 1981 à décembre 1981 le secrétaire de rédaction de la revue Nouvelle École, dirigée par Alain de Benoist. Steuckers participera à deux dossiers de Nouvelle école, l’un consacré à Vilfredo Pareto, l’autre à Martin Heidegger. À la suite de divergence de vues entre les deux hommes, Steuckers revient à Bruxelles et relance aussitôt Orientations.

Trois numéros paraîtront en 1982, avant que Steuckers n’interrompe la parution pour raisons de service militaire ; l’un de ces numéros sera consacré à la vision de l’histoire d’Oswald Spengler ; le second à des mélanges (dont un article important du Dr. Armin Mohler, théoricien de la Révolution conservatrice et animateur principal, à l’époque, de la Siemens Stiftung de Munich) ; le troisième à la problématique, très actuelle, du national-neutralisme allemand. La Ville de Berlin, encore divisée, venait, par une exposition magistrale, de renouer avec son passé prussien ; l’hostilité à l’installation des missiles américains en RFA faisait basculer plusieurs figures marquantes de la gauche allemande dans le camp national (dont le fils de Willy Brandt, Peter Brandt, auteur d’un ouvrage de référence sur la question à l’époque), sans pour autant épouser les thèses de l’extrême droite nationaliste. Steuckers prenait, mutatis mutandis, pour modèle la politique de la revue allemande Wir Selbst, dirigée par Siegfried Bublies à Coblence. Bublies, issu des milieux de la droite nationale, avait opté pour une ouverture à gauche et venait de lancer, fin 1979, sa revue Wir Selbst (traduction du gaélique irlandais Sinn Fein) qui connaîtra un succès retentissant et fera beaucoup parler d’elle.

Un quatrième numéro paraît dès l’automne 1983, quand Steuckers rentre des armées et s’installe définitivement à Bruxelles. À la parution de ce quatrième numéro, Jean-Eugène van der Taelen, qui soutenait Orientations depuis le printemps 1982, suggère de donner un rythme plus régulier aux parutions et offre gratuitement les infrastructures de son entreprise pour organiser débats et conférences. Pour Jean-Eugène van der Taelen, les dossiers d’Orientations étaient trop copieux pour assurer une parution régulière et fidéliser les abonnés et sympathisants. Jean-Eugène van der Taelen accepte donc de parrainer les revues et les initiatives du SER belge, qui prendra alors le nom d’EROE (« Études, Recherches & Orientations européennes ») pour éviter de dépendre de Paris et pour assurer une indépendance totale des groupes non français, comme le souhaitaient également les Milanais, regroupés autour de Stefano Vaj.

Vouloir

Pour assurer une parution régulière, avec une publication plus réduite quant au nombre de pages, et pour marquer l’indépendance des pôles belges vis-à-vis de Paris, Vouloir devient l’organe de l’EROE et fonctionnera sans recevoir d’instructions du GRECE parisien. Jean-Eugène van der Taelen invente le nom et le graphisme (première mouture) de Vouloir, qui est lancé en novembre 1983.

La revue contient dans un premier temps des recensions de livres et de brefs éditoriaux collés à l’actualité. Elle annonce les conférences et colloques de l’EROE qui se tiendront de 1984 à 1991. Cette année-là, Vouloir prendra la place d’Orientations (qui cessera de paraître avec son treizième numéro, consacré à la figure du philosophe pessimiste roumain Emil Cioran). Vouloir publiera des dossiers sur le nationalisme, le futurisme (tous deux avec la participation de Charles Champetier, futur adjoint d’Alain de Benoist), les nations celtiques de Grande-Bretagne (Pays de Galles, Cornouaille, Ecosse ; avec l’appui de l’association britannique IONA), le post-modernisme (surtout tel qu’il fut présenté par l’Allemand Welsch), le judaïsme contemporain, l’économie, l’islam, le national-bolchevisme, le conflit des Balkans, etc. En tout, 113 numéros paraîtront. Outre Steuckers, les principaux collaborateurs de Vouloir furent Ange Sampieru et Louis Sorel.

L’un des grands intérêts de la revue résidait dans le fait qu’elle publiait un très grand nombre de traductions de l’allemand, de l’italien, de l’espagnol et du russe (dont plusieurs textes d’Alexandre Douguine). Les textes émanaient pour la plupart de revues plus ou moins proches de la mouvance « nouvelle droite ».

En 1994, la revue reçoit une nouvelle numérotation et fait paraître neuf numéros jusqu’en 1999. Les dossiers de cette période ont été consacrés aux visions de l’Europe, à Julius Evola, à la guerre dans les Balkans, au socialisme belge, à la modernité, au communautarisme américain contemporain, à Martin Heidegger, à Ernst Jünger (pour son centenaire), à la Russie, à la Révolution conservatrice allemande, au néo-paganisme actuel, à la géopolitique et à la « Nouvelle droite » (dossier très critique scellant la rupture définitive avec les réseaux d’Alain de Benoist, survenue quelques années plus tôt).

Le dossier géopolitique, de 1997, a été établi en hommage au Général-Baron Heinrich Jordis von Lohausen, pour son 90ème anniversaire. Ce dossier contenait un texte de Guido Giannettini, sur la vision eurasienne du pantouranisme turc, et plusieurs textes du géopolitologue suédois Bertil Häggman, animateur d’un centre géopolitique à Helsingborg en Suède. Louis Sorel et Robert Steuckers y traitaient des grandes figures de la géopolitique, articles complétés de bibliographies assez complètes de Karl Haushofer et de Halford John Mackinder.

Synergies européennes


Vouloir a coopéré avec le GRECE entre 1983 et 1987 et, après une première rupture de deux années, entre 1989 et 1992, survient en 1992 la crise définitive, qui consomme la rupture entre Alain de Benoist et Charles Champetier, d’une part, et Robert Steuckers et Jean Eugène van der Taelen, d’autre part. En 1993, après la disparition d’Orientations, Vouloir prend sa place et son supplément devient Nouvelles de Synergies européennes à partir de mai 1994. Les deux revues s’inscrivent dans le cadre de l’association Synergies européennes, qui avait été créée par des dissidents du GRECE, des animateurs de l’EROE et des lecteurs de Vouloir, après la rupture de décembre 1992.

Jean-Eugène van der Taelen meurt en janvier 1996.

En 1999, la revue Vouloir cesse de paraître. Son supplément Nouvelles de Synergies européennes paraît jusqu’en octobre 2002. Au fil de l’épée, devenu supplément de Nouvelles de Synergies européennes, survit jusqu’en novembre 2003. Depuis lors, les textes sont envoyés sur la « Grande Toile » et repris par plusieurs sites, d’obédiences diverses.

Vouloir n’a jamais soutenu aucun parti politique ni servi de tribune pour autre chose que l’EROE ou Synergies européennes.

Lien externe