Oswald Spengler

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Oswald Spengler (1880-1936) est un philosophe allemand qui s'est concentré sur l'histoire culturelle et la philosophie de l'histoire.

Oswald Spengler

Son ouvrage le plus célèbre est Le Déclin de l'Occident, qui développe une vision pessimiste de l'histoire des peuples et des cultures (Kulturpessimismus). Son œuvre a eu une grande influence sur la pensée philosophique et politique au XXe siècle, en particulier sur les intellectuels de la Révolution conservatrice allemande.

Biographie

Oswald Spengler naquit à Blankenburg, en Allemagne, le 29 mai 1880. Son père était un technicien des mines, devenu plus tard un petit employé des postes. Peu après sa naissance, la famille Spengler alla s'installer à Halle, où le jeune Oswald passa sa jeunesse. Après avoir fréquenté les universités de Munich et de Berlin, il retourna à l'université de Halle où il obtint son doctorat en 1903. A cette époque, il s'intéressait surtout aux mathématiques et aux sciences naturelles, mais aussi à la philosophie, comme en témoigne sa dissertation de doctorat consacrée à Héraclite. D'abord nommé professeur à Sarrebruck, puis à Düsseldorf, on lui confia en 1908 un poste dans un Realgymnasium de Hambourg, où il enseigna les sciences, l'histoire et la géographie. En 1910, Spengler demanda et obtint un congé qui lui permit de quitter l'enseignement. Il ne devait jamais y revenir. Il passa tout le reste de son existence à Munich, à lire et à écrire sur l'histoire et la philosophie. Il vécut grâce à un petit revenu personnel, hérité de sa mère. Du fait de sa myopie et de l'état de son cœur, Spengler ne fut jamais appelé au service militaire. Il mourut à Munich le 8 mai 1936 d'un accident cardiaque, et fut enterré là par ses sœurs.

Textes à l'appui

Spengler et l'idée de déclin, par Gerd-Klaus Kaltenbrunner

La pensée de cet homme, qui fut à la fois Kulturphilosoph et écrivain politique, qui élabora une théorie de l’Histoire, se situe entre le XIXe et le XXe siècles. Il est, d’une part, l’héritier des Romantiques, l’un des derniers descendants spirituels des métaphysiciens et fait figure de visionnaire et de rêveur irrationnel, dans l’orbite du mouvement de protestation contre l’Aufklärung rationaliste, qui a déçu parce qu’il minimisait le rôle de la “Nature”. Spengler s’apparente, par la pensée, à Schelling, Görres, Bachofen et Nietzsche. Par ailleurs, il apparaît comme un prophète qui voit l’avenir lointain, comme un “futurologue” qui dresse froidement le diagnostic de la civilisation technique, dont il affirme résolument le caractère inévitable.

Spengler a toujours écrit qu’il devait beaucoup à Goethe et, jusque vers quarante ans, il s’est senti une vocation de poète. Il nous a légué des œuvres lyriques et des essais dramatiques. Il eut même l’intention de créer une tragédie sur Tibère. Fasciné par les figures de César et de Jésus, il les imaginait comme les personnages d’une pièce de théâtre historique. Pendant toute sa vie, Spengler fut un rêveur et s’efforça de représenter ses visions dans des créations artistiques. Parmi ses ascendants maternels, on compte des danseurs, des maîtres de ballet et des ballerines. Une de ses sœurs composa des pièces de piano et essaya, toutefois sans succès, de se produire comme pianiste. Spengler aimait la musique et le théâtre. Lors de représentations, telles Stella de Goethe ou La force du destin de Verdi, il pleurait !

Des photos de sa jeunesse nous montrent un homme élégant, au front mince et droit, portant la moustache. Le visage, le regard et l’attitude font penser à Hugo von Hofmannsthal, à Rainer Maria Rilke, voire à Nietzsche, au temps où celui-ci écrivait La Naissance de la tragédie. Sensible comme un artiste, romantique attardé, rêveur, poète et visionnaire, voilà un pôle de sa nature d’esthète et d’“intuitif”. C’est ce qui lui inspirera cette profession de foi étonnante : « Vouloir traiter l’Histoire au moyen d’une méthode scientifique, c’est, en fin de compte, produire chaque fois une œuvre contradictoire. La nature doit être traitée scientifiquement, mais l’Histoire doit s’exprimer en poésie ». L’autre pôle de Spengler se révèle sur des photos ultérieures : on y aperçoit un type d’agent de change au crâne dénudé, à la stature trapue mais qui pourrait aussi être pris pour un capitaine d’industrie regardant le monde avec froideur, scepticisme voire avec une certaine rudesse. Ce pôle-là est celui de l’écrivain politique, avec sa désillusion exagérée et son cynisme exacerbé jusqu’à la brutalité, celui qui l’incite à l’action politique : c’est ainsi qu’il fera l’éloge de Mussolini et affichera un profond mépris à l’égard de la République de Weimar.

L’esthète aux nerfs fragiles, à la sensibilité farouche, à la santé chancelante, cachait un dictateur potentiel qui considérait l’État démocratique des partis comme le type d’un nouvel impérialisme “césarien”. Ce Spengler-là cherchait plus volontiers la fréquentation des “managers” de consortiums, des haut gradés de l’armée et des diplomates que celle des philosophes, des poètes et des humanistes. Il cultivait, à plaisir, l’image de l’homme dominateur, qui détient le pouvoir entre les mains, dont le visage demeure glacial en toutes circonstances. Cette image est celle du politicien “réaliste” qui rejette d’emblée littérateurs et idéologues. C’est le Spengler qui écrivait : « Dominer la réalité est plus important pour nous que de servir des valeurs idéales ». Ou encore : « Seuls les rêveurs croient aux échappatoires… L’optimisme est lâcheté… Les idéaux sont lâchetés… S’il se trouve des hommes de la jeune génération qui, un jour, sous l’influence de ce livre [il s’agit du Déclin de l’Occident], se tourneront vers la technique au lieu du lyrisme, vers la marine plutôt que vers la peinture, vers la politique plutôt que vers la philosophie spéculative, alors ils auront agi selon mes vœux et rien de meilleur ne peut leur être souhaité ».

Il faut tenir compte de ces deux pôles radicalement différents, si l’on veut rendre justice à l’œuvre de Spengler, surtout à sa monumentale interprétation de l’Histoire, contenue dans Le Déclin de l’Occident. Les deux volumes de cet ouvrage, parus en 1918 et en 1922, forment une sorte de centre autour duquel gravitent ses écrits politiques qui sont un jugement sur son époque. Il s’agit principalement de Prussianisme et Socialisme (1919), Années décisives (1933), d’un essai d’anthropologie L’Homme et la Technique (1931) et de “fragments” sur l’Histoire universelle qui seront publiés après sa mort, en 1965 (Urfragen) et en 1966 (Urzeiten der Weltgeschichte). Il faudrait encore citer sa correspondance éditée en 1963, divers discours, des conférences, des études, comprenant notamment une dissertation sur Héraclite et une réponse â la question que lui posait une revue américaine, “La paix mondiale est-elle possible ?”.

Spengler donc, en esthète romantique, dépasse les limites traditionnellement assignées à l’histoire nationale des États et rejette le schéma européocentriste qui voit l’Histoire universelle se dérouler, en tout lieu, en trois temps : Antiquité, Moyen Âge, Temps Modernes. Il refuse aussi d’avaliser l’idée qui postule un “progrès” qui serait soit linéaire soit dialectique.

Devant son regard d’artiste, s’étale le spectacle d’une multitude de cultures indépendantes les unes des autres : chacune a sa vie propre, sa volonté, son destin et sa sensibilité. Chacune de ces cultures, jaillies de paysages bien définis, est comme un grand organisme végétal, vigoureux quand il est jeune et qui, avec une “sublime gratuité”, éclot, mûrit, se fane ou se fige pour ne jamais revenir.

La Terre apparaît comme un immense parc, où, sur toute l’étendue de ses parterres, croissent et passent diverses cultures qui s’avoisinent ou se succèdent. Spengler en distingue huit :

L’Égypte avec la Crète minoenne. Babylone. L’Inde. La Chine. La Grèce et Rome. La civilisation arabe. L’Amérique et le Mexique pré-colombien. L’Occident.

Dans le “russianisme” de Dostoïevski, Spengler perçoit la base potentielle d’une nouvelle culture à la recherche de sa forme et de son expression et qui la trouvera, pour autant qu’elle réussisse à secouer la domination du marxisme importé de l’Ouest.

Chaque culture est un “tout” renfermé sur soi-même, semblable à une monade sans accès vers l’extérieur et dans laquelle toutes les zones sont morphologiquement cohérentes. Elles sont l’expression d’une “âme” imperturbable. Les institutions, les inventions et découvertes les plus prosaïques ont, outre leur valeur pratique, également une signification symbolique. Elles témoignent, autant que le mythe, la religion, l’art et la philosophie, d’un sentiment de la vie supra-individuel, d’une attitude fondamentale envers l’espace et le temps, le présent et le futur, l’en-deçà et l’au-delà. C’est ainsi que dans la culture occidentale, le téléphone, l’arme à longue portée, le chèque, la comptabilité et le calcul différentiel ne sont pas d’un rang symbolique inférieur à celui de la cathédrale gothique, de la musique instrumentale contrapuntique, la Madone de la Chapelle Sixtine et le château de Versailles. Spengler nomme les cultures grecque et romaine “apollinienne”. Elles sont tournées vers le présent, anhistoriques, vouées au génie de la sculpture, “somatiques”.

La culture arabe, à laquelle Spengler rattache, outre le “rameau” islamique, les mondes perse, proto-chrétien et byzantin, est appelée “magique”. Son symbole originel (Ur-symbol) est la forme concave. Le sentiment “magique” de cette concavité s’exprime dans l’architecture de la coupole centrale et dans l’Apocalypse, l’alchimie et les fonds dorés des mosaïques byzantines.

L’ancienne culture égyptienne est, pour Spengler, une « incarnation de la vigilance ». L’expression symbolique de cette attitude fondamentale, c’est les canaux d’irrigation et les hiérarchies de fonctionnaires tout autant que le culte des momies, les hiéroglyphes, l’usage du basalte et du granit dans la sculpture.

Enfin, Spengler qualifie de “faustienne” la culture occidentale, seul grand corps encore vivant de l’Histoire, arrivé toutefois à la phase de déclin, qu’il nomme Zivilisation. Cette culture compte mille ans d’existence et s’éteindra un jour comme toutes les autres.

Les spécialistes ont reproché à la morphologie visionnaire de la culture, établie par Spengler, ses erreurs, ses défauts et sa partialité. Bon nombre de ces reproches sont d’importance. Thomas Mann a nommé Le Déclin de l’Occident un “roman intellectuel” et son auteur un “défaitiste de l’humanité”. Le rationaliste libéral Theodor Geiger dit de ce livre qu’il est un des plus néfastes de notre millénaire. Selon Geiger, à peu près chaque affirmation serait contestable et ne résisterait pas à la critique. Dans son ouvrage Die Zerstörung der Vernunft (La destruction de la raison), le théoricien marxiste Georg Lukács consacre une quinzaine de pages à Oswald Spengler. Il le couvre d’invectives comme, par exemple : « Prélude immédiat à la philosophie du fascisme (…) Abaissement du niveau philosophique (…) Dégradation de l’esprit scientifique (…) Dilettantisme (…) Badinage avec les analogies (…) Cynisme et absence de scrupules (…) Absence d’esprit critique (…) Légèreté dans les généralisations (…) Primitif (…) Mystique (…) Absurde (…) Vue-du-monde d’un réactionnaire militant (…) Faux combats… ».

Une polémique d’une telle ampleur à l’encontre d’un penseur permet de supposer que les arguments qu’on avance contre lui sont faibles. C’est vrai dans la plupart des cas. Les critiques adressées tant à l’ensemble de l’œuvre qu’aux détails ne change rien au fait que Spengler, en solitaire, à l’écart des courants universitaires, confessionnels et politiques, a vu beaucoup de choses que ses adversaires n’avaient jamais perçues. Theodor W. Adorno avoue que Spengler n’a, jusqu’ici, trouvé aucun adversaire à sa taille.

Celui qui voudra connaître fondamentalement la pensée de Spengler ne commencera pas par lire le monumental Déclin de l’Occident. Avec Spengler, il faut procéder comme un alpiniste débutant qui évite l’ascension des plus hauts sommets. Il faut tenter son premier essai avec les Années Décisives ou L’Homme et la Technique, deux ouvrages de volume modeste qui s’adressent à un cercle plus étendu de lecteurs et offrent un résumé judicieux des thèses et des perspectives de l’auteur qui, visionnaire romantique, est capable d’un diagnostic réaliste et d’évaluer impitoyablement son époque, d’en peindre sans illusions le déclin. Oswald Spengler a été jusqu’à sa mort un pessimiste. Nul, avant lui, n’a reconnu avec autant de pertinence le caractère périssable et non téléologique de toute culture. Il ne s’est toutefois pas prononcé pour une “évasion” résignée ou une désertion affolée, loin du monde. Il écrit :

« Chaque grande culture est une tragédie ; l’histoire de l’homme, dans son ensemble, est tragique. Mais la faute et la chute de l’homme faustien prennent une dimension plus grande que ce qu’Eschyle et Shakespeare ont jamais vu. Le seigneur du monde devient l’esclave de la machine. C’est le tragique de notre temps. que la pensée humaine dans son déchaînement n’est plut à même de contrôler ses conséquences ».

« Les peuples blancs dominateurs sont descendus du rang qu’ils occupaient jadis. À présent, ils négocient là où hier ils commandaient et, demain, ils devront user de flatteries pour pouvoir négocier. Ils ont perdu conscience de l’évidence de leur pouvoir et ne le remarquent même pas ».

« Le socialisme actuel est au début de sa croissance et s’oppose à toute expansion; un jour, il en deviendra le principal protagoniste ».

« Un démocrate de la vieille école n’exigera plus la liberté de la presse, mais la réclamera à la presse ».

« Il fut un temps où l’on ne se risquait pas à penser librement ; actuellement, on le peut, mais on n’en est plus capable. On se contente d’essayer de penser à ce qu’il faudrait vouloir et c’est cela que l’on ressent comme liberté ».

« Le bolchevisme n’est mort nulle part, sauf en Russie. Si l’on détruit sa formation de combat, il se perpétue sous des formes nouvelles : comme “aile gauche” du parti qui croit l’avoir vaincu ; en tant qu’opinion présente, à leur insu, dans l’esprit des individus et de la masse qu’il leurre ; comme mouvement qui, un jour, se manifestera en formations organisées. Quel parti ose encore déclarer qu’il représente d’autres intérêts dans la nation que ceux du travailleur ? Celui-ci, presque sans exception, fait comme partie d’une classe privilégiée, que ce soit par lâcheté ou dans l’espoir d’un succès électoral… ».

Ces considérations, aussi actuelles que provocantes, ne datent pas de 1980 ; elles ont été formulées il y a 50 ou 60 ans par cet isolé que fut Oswald Spengler. Il appartient sans aucun doute aux écrivains dont le langage est des plus suggestifs[1].

Hommage à Oswald Spengler, par Armin Mohler

Il y a plusieurs façons d’ignorer les pensées des grands hommes et de vivre comme si ces pensées n’avaient jamais été émises. En 1980, c’est ce que tout observateur a pu constater en Allemagne Fédérale. On y célébrait le centenaire de la naissance d’Oswald Spengler. Même dans les hommages rendus au philosophe, on doit, objectivement, constater des lacunes. Les uns ont souligné l’importance de la philosophie spenglérienne de l’Histoire, dont les prophéties auraient été confirmées par les événements ; mais, ainsi, ils ont évité d’aborder les affirmations politiques de l’auteur du Déclin de l’Occident. D’autres ont voulu “sauver” le Spengler politicien, en faisant de lui un antifasciste et en n’étudiant que très superficiellement les liens qui ont existé entre Spengler, Hitler et le national-socialisme. Je ne dirais rien des “brillants” essayistes, qui se sont prodigieusement acharné à l’étude de Spengler pour en tirer très peu de choses.

Le Spengler total

Ce fut un autre vénérable grand homme, Herbert Cysarz (né 16 ans après Spengler) qui put vraiment saisir l’œuvre de Spengler dans sa totalité. L’hommage qu’il lui rend, dans le numéro de janvier 1980 de la revue Aula, éditée à Graz en Autriche, commence par ces mots : « Aucun historien contemporain n’a connu une aussi grande gloire qu’Oswald Spengler. Aucun n’a été, de son vivant, aussi incontestablement original. Cet homme, hostile à toute littérature et à tout idéalisme, totalement étranger au monde abstrait des livres, a fait entrevoir les grands thèmes et les multiples imbrications de l’Histoire et a souligné, comme cela n’avait jamais auparavant été fait, l’intensité qui réside dans le vouloir et l’agir. Il a donné au monde une nouvelle manière de concevoir la politique, ainsi qu’un style particulier de voir, de penser et de présenter l’Histoire ». Bien évidemment, Cysarz sait que Spengler est plus qu’un historien ; à propos de son œuvre, il écrit qu’elle reste un signe du destin qui s’est manifesté au tournant de notre temps.

Un homme de la même génération que Cysarz, Ernst Jünger avait déjà écrit des choses de ce genre dans les années vingt, même si le ton était plus mesuré, moins pathétique. Dans un très important article politique de l’époque (dont, bien entendu, on ne prévoit pas la réédition dans les œuvres complètes de Jünger), il exprimait une opinion partagée par beaucoup de contemporains : pour un cerveau de la trempe de celui de Spengler, ils donneraient bien tout un Parlement.

Les faiblesses de l’œuvre de Spengler

Une acceptation aussi enthousiaste de la totalité de l’œuvre de Spengler ne signifie toutefois pas qu’on en avalise tous les détails, sans formuler aucune critique. Spengler n’est pas un surhomme ; il a, lui aussi, ses faiblesses. À coté des prophéties qui se sont effectivement réalisées, il y a celles qui n’ont eu aucune suite. Les études approfondies de Spengler sur les diverses cultures de l’Histoire, nous obligent à constater que tous les domaines de l’activité créatrice de l’homme ne lui sont pas également familiers. Par exemple, le style littéraire de Spengler n’est pas toujours à la hauteur de ses sujets ; il n’y a pas lieu de s’en étonner, car ces textes suscitent de trop fortes émotions. Les ennemis de Spengler se plaisent d’ailleurs à citer les phrases où transparaît un certain “kitsch”. De plus, Spengler accuse une faiblesse, comme bon nombre de visionnaires : ce qui est tout immédiat lui échappe. Ainsi, selon lui, le grand poète de sa génération n’est ni Stefan George ni Rainer Maria Rilke, mais Ernst Droem, qui est, à juste titre, resté inconnu.

Très révélatrice est la réaction de l’auteur du Déclin de l’Occident à l’envoi, par un jeune écrivain, d’un livre capital de notre siècle. En 1932, en effet, Ernst Jünger fit envoyer à Spengler, accompagné de tous ses respects, son livre intitulé Der Arbeiter (Le Travailleur). Spengler s’est contenté de feuilleter le livre et écrivit : « En Allemagne, la paysannerie est encore une force politique. Et lorsque l’on oppose à la paysannerie — prétendument moribonde — le “Travailleur”, c’est-à-dire l’ouvrier des fabriques, on s’éloigne de la réalité et l’on s’interdit toute influence sur l’avenir… ». Comme Spengler n’a pas lu le livre, il ne peut savoir que Jünger ne parle pas de l’ouvrier des fabriques. Mais il est fort étonnant qu’il surévalue les potentialités politiques d’une paysannerie qui, quelques années plus tard, allait être complètement annihilée.

Le barrage intérieur

Ni ces quelques aveuglements ni les aspects bizarres de la vie de Spengler ne doivent détourner notre attention de l’ensemble de son œuvre. Cet homme susceptible se mit un masque, prit un style qu’il ne faut pas prendre tel quel. Ainsi, les admirateurs de Spengler éviteront de confondre sa personnalité véritable avec ce “masque césarien” qu’il affichait lors de ses nombreuses apparitions publiques[2].

Les détracteurs de Spengler, de leur côté, s’efforceront de ne pas le décrire, à la lumière de sa vie privée, comme une sorte de totem bizarre de la bourgeoisie déclinante.

Bien sûr, la vie recluse de Spengler permet de telles suppositions. Il est né le 29 mai 1880, fils d’un haut fonctionnaire des postes, à Blankenburg dans le Harz [3]. Ce n’était pas le père, homme paisible, qui dominait la vie familiale mais la mère, une créature à moitié folle, dévorée d’ambitions pseudo-artistiques. Elle remplissait leur grand appartement d’une telle quantité de meubles que le jeune Oswald et ses trois sœurs devaient loger dans des débarras, sous le toit !

Après avoir soutenu une dissertation sur Héraclite, Spengler devint professeur de mathématiques et de sciences naturelles, dans un lycée (Gymnasium). Ensuite, le décès de sa mère ne lui laissa pas d’héritage consistant, mais lui permit quand même de vivre sans travailler ; de 1911 à la mortelle crise cardiaque du 7 mai 1936, il vivra retiré, en chercheur indépendant, à Munich, dans un appartement immense de style “Gründerzeit” (le style des années 1870-1880), bourré de meubles massifs et situé dans la Widenmayerstraße. Une des ses sœurs le soignait.

Il voyageait peu et n’entretenait qu’un cercle restreint de relations. Il a refusé les postes de professeur qu’on lui offrait. Il a été réformé lors de la Première Guerre mondiale. Cette vie semble dominée par un refus farouche de tous contacts humains. On ne sait rien d’éventuelles relations érotiques. Dès le départ, il y a repli vers l’intériorité. Et seul, chez Spengler, nous intéresse le résultat qu’a produit cet isolement dès 1917. La chasteté de cette existence n’est nullement un argument contre l’œuvre de Spengler. Comme, du reste, l’isolement dans une cellule monacale ne saurait être un argument contre Augustin.

Au-delà de l’optimisme et du pessimisme

Dans l’histoire des idées, la signification de l’œuvre de Spengler réside en ceci que, dans une situation de crise, il ramène à la conscience les fondements “souterrains” de la pensée, avec une vigueur qui rappelle celle d’un Georges Sorel. Mais quel fut cette situation de crise ? L’effondrement, à cause de la Première Guerre mondiale, du Reich allemand qui, pendant des siècles, avait été le centre de l’Europe. Et quels sont ces fondements “souterrains” ? C’est la pensée résolument réaliste amorcée par Héraclite et l’école du Portique (Stoa). C’est une pensée qui renonce, depuis toujours, aux fausses consolations et aux mirages des systèmes fondés sur de pseudo-ordres cosmiques. De manière magistrale, Spengler confronte la génération de la guerre à cette pensée. Son style était un curieux mélange de “monumentalité” classique et d’expressionnisme, fait de couleurs criardes. Et ce sont précisément ceux qui, le plus profondément, avaient expérimenté l’effondrement du monde bourgeois (celui de la “Maison de Poupée”) [4], qui entendirent son appel.

Cette pensée se situe au-delà de l’optimisme et du pessimisme. Le titre que l’éditeur choisit pour l’œuvre majeure de Spengler (Le Déclin de l’Occident) trompe. Il est possible, qu’en privé, Spengler ait déploré l’effondrement d’un monde qui lui était cher. Mais son œuvre ne déplore rien ; elle nous apprend bien plutôt que l’Histoire est un unique mouvement d’émergence et de déclin et qu’il ne reste rien d’autre à l’homme que de faire face, avec contenance, à cette réalité, dans le lieu que le destin lui a désigné. C’est ce qui a empêché Spengler de s’identifier au IIIe Reich et qui l’a amené, en 1933, dans son dernier ouvrage, Jahre der Entscheidung (Années décisives), à reprocher au NSDAP son aveuglement en politique extérieure. Pour Spengler, la politique extérieure, parce qu’elle est combat, est primordiale par rapport à la politique intérieure qui, elle, insiste davantage sur le bien-être. Ainsi le caractère hybride du national-socialisme apparaît clairement : en tant que socialisme, il recèle une forte tendance à l’utopie, même s’il connaît aussi la fascination de la mélodie héraclitéenne.

Sans doute, aucune praxis politique n’est possible sans une certaine dose d’espérance et sans allusions à un ordre (cosmique) doté de sens (téléologique). Seule une minorité d’individus soutient le regard de la Gorgone. Dans cette minorité, le pourcentage des hommes d’action est plus élevé que celui des intellectuels, des prêtres et des autres fabricants d’opinions. De toutes façons, les disciples d’Héraclite disposent de leur propre consolation, qu’ils tirent précisément de ce qui constitue, pour les autres, une source de terreur. La lecture de Spengler nous démontre le double aspect de la pensée héraclitéenne.

L’inflexibilité

C’est avec pertinence que Herbert Cysarz a cité les deux phrases qui montrent le plus implacablement ce qui sépare Oswald Spengler tant de la société libérale que de toute espèce de dictature du bien-être (qu’elle soit rouge ou brune) [5]. La première de ces phrases dit : « Les faits sont plus importants que les vérités ». La seconde : « La vie n’est pas sainte ». C’est là le rude côté de la philosophie spenglérienne et c’est dans L’Homme et la Technique (1931), un livre épuré de toute ambiguïté, que Spengler la souligne tout particulièrement, par défi contre tous les bavardages de notre siècle. Heinz Friedrich, dans son article de Die Welt, rédigé pour le centenaire du philosophe, a eu des formules plus concises encore. Il part du fait que Spengler lui-même se déclare disciple de Goethe et de Nietzsche. Cysarz, lui, disait que la notion spenglérienne de destin révélait davantage d’affinités électives avec les sagas germaniques et l’héroïsme tragique de Shakespeare qu’avec l’humanisme classique. Heinz Friedrich écrit, dans un langage qui n’a rien de spenglérien (il parle des “vérités” !) : « À la fin de ce siècle de chaos, les citoyens doivent s’habituer à ne pas seulement prendre connaissances des vérités, mais aussi à les vivre et à vivre avec elles. Comme le disait Goethe, il n’y a pas que la Nature qui soit insensible, il y a aussi l’Histoire car, pour paraphraser Spengler, on peut dire qu’elle détient plus de caractéristiques naturelles que nous voulons bien l’admettre. En conséquence, c’est avec indifférence qu’elle ignore nos espoirs et nos craintes ».

Pour Heinz Friedrich, ce qu’il y a de nietzschéen dans cela, c’est le diagnostic qui pose la décadence comme faiblesse vitale : « L’agent de la vie, le facteur favorisant l’éternel devenir, c’est, pour Nietzsche, la Volonté de Puissance ». Friedrich ajoute un avertissement : « La Volonté de Puissance, reconnue par Nietzsche comme principe vital, est tout autre chose que l’orgueil biologique et musculaire qu’aujourd’hui encore, l’on veut entendre par là ». Cette conception vulgaire des choses est partagée par les adeptes de Nietzsche comme par ses adversaires). Cela signifie tout simplement que toute vie a la pulsion de s’affirmer. Spengler est plus qu’un disciple de Nietzsche : il le complète et le transforme. La contribution personnelle de Spengler à cette école de pensée est qu’il réalise quelque chose, qu’il a trouvé, chez Nietzsche, sous la forme d’un appel.

Les couleurs de la vie

Celui qui résiste au regard de la Gorgone, n’est pas détourné du monde. Bien au contraire, il voit le monde de manière plus intense, plus plastique, plus colorée. C’est cela la réalité paradoxale. Le regard des espérances, en revanche, ne veut voir que des cohérences, des lois et, de ce fait, détourne l’attention du particulier pour se perdre dans le général : il désenchante le monde.

Il faut se rendre compte combien les Weltanschauungen dominantes, qui sont un piètre mélange de la fade idéologie des Lumières et de christianisme sécularisé, ont, pour l’homme moyen, transformé le monde en un ensemble de schémas tristes. C’est le résultat d’une vision bien déterminée de l’Histoire (dans l’Histoire, l’homme décrypte le monde pour le comprendre). Dans cette vision, d’où la vie tient-elle sa valeur ? De quelque chose qui sera atteint dans un lointain futur après une longue évolution et après notre mort. Rien n’est soi-même ; chaque chose n’existe qu’à partir du moment où elle signifie quelque chose d’autre, qui se trouve “derrière” elle.

La vie se voit alors réduite à une rationalité moyenne, qui interdit toutes ces grandes effervescences qui entraînent soit vers le haut soit vers le bas ; l’homme se meut alors dans un cadre étroit qui ne lui propose rien de plus que la satisfaction de ses besoins physiques. Au-dessus de ce cadre, souffle un tiède ventelet d’éthique behavioriste. Arnold Gehlen appelait cela « l’eudémonisme de masse ». Les masses sont constituées d’individus isolés, qui ne s’enracinent dans rien de solide, qui ne sont insérés dans aucune structure concrète, qui errent sans but dans le “général”.

C’est placé devant un tel arrière-plan que le cyclone spenglérien doit être compris: il brise la monotonie de ce qui prétend s’appeler “moderne” et réinjecte, dans le monde, de vibrantes tonalités. Dans la vision spenglérienne, l’homme n’incarne plus une quelconque “généralité”, qu’il partageait avec tous ses semblables. Bien au contraire, il appartient à une culture spécifique, qui ne peut être ramenée à quelque chose d’autre mais qui a son propre sens. Chaque culture est de nature totalement cultuelle, parce que, dans tout ce qu’elle produit, ressort le symbole particulier auquel elle s’identifie et par lequel elle se distingue. Spengler voit vivre ces cultures comme vivent des plantes, avec leurs phases de croissance et de décomposition. Chacune de ces phases de croissance occupe son propre rang. Quelle puissante mélodie résonne dans son évocation de la fin d’une culture ou du césarisme ! On citerait à plaisir des pages entières du premier volume du Déclin :

« Une vie véritable se mène. Elle ne se détermine pas par l’intellect. Les vérités se situent au-delà de l’Histoire et de la vie. (…) Les peuples de culture sont des formes jaillies du fleuve de l’existence. (…) Pour moi, le peuple (Volk) est une unité d’âme (Seele). (…) Le regard libère des limites de l’éveil. (…) Ce qui confère de la valeur a un fait singulier, est tout simplement la grande ou la faible puissance ce son langage formel, la force de ses symboles. Au-delà du bien et du mal, du supérieur et de l’inférieur, du nécessaire et de l’idéal ».

Il faut encore ajouter un dernier mot à propos de l’Allemand que fut Oswald Spengler. Celui-ci n’a pas évoqué la pluralité des cultures pour se sublimer dans l’exotisme. Il a écrit ses livres pour les Allemands qui vivaient l’effondrement du Reich. Spengler ne traîne pas les Allemands devant un quelconque tribunal de la “généralité”, mais les confronte à leur spécificité, dans le miroir de leur histoire. Dans tous les écrits de Spengler, on sent sa conviction que les Allemands ont joué, dans le passé, un rôle particulier et que les Prussiens en joueront un, dans l’avenir. Ces convictions de Spengler dérangent évidemment tous ceux qui veulent maintenir la mentalité de frustrés qui règne aujourd’hui[6].

Influence

Oswald Spengler a influencé :

Voir aussi

Citations

Le regard historique

« Le regard historique) veut dire qu’on est celui qui connaît, le connaisseur supérieur, assuré et froid. Mille années de pensée et de recherche historiques ont étalé à nos yeux un trésor incommensurable, non de savoir - cela n’aurait guère d’importance - mais d’expériences. Ce sont là des expériences vitales, en un sens tout nouveau, à condition qu’on les conçoive comme telles dans une perspective pareille à celle que je viens d’esquisser.

Jusqu’à présent, nous avons vu - et les Allemands plus encore que les autres nations - dans le passé des modèles qu’il s’agirait de reproduire dans la vie. Mais il n’y a pas de modèles. Il n’y a que des exemples et des exemples de la manière dont la vie de l’individu, de peuples entiers, de cultures entières, se développe, atteint son achèvement, va sur son déclin, des relations du caractère et de la situation concrète, du rythme et de la durée. Nous ne voyons pas comment nous aussi, nous devons agir, mais bien comment s’est passé un quelque chose qui nous enseigne comment, à partir de nos conditions propres, naîtront nos propres résultats.

Jusqu’à présent, bien des connaisseurs de l’âme humaine le savaient, mais ne le savaient qu’en rapport avec les disciples, les subordonnés, les collaborateurs, et bien des hommes d'État à l’esprit subtil, mais seulement par rapport à leur temps, ses personnalités et ses nations. Le grand art consistait à manipuler les forces de la vie, en démasquant leurs possibilités et en prévoyant leurs mutations. C’est ainsi qu’on dominait autrui. C’est ainsi qu’on devenait soi-même destin.

Aujourd’hui, nous pouvons prévoir celui de la totalité de notre propre culture, à des siècles de distance, comme s'il s'agissait d’un être dont nous perçons à jour les profondeurs ultimes. Nous savons bien que tout fait est un hasard, imprévu et imprévisible, mais, avec devant nous l’image des autres cultures, nous savons de science tout aussi certaine que le cours et l'esprit de l’avenir ne sont pas un hasard, pas plus chez l'individu que dans la vie d'une culture, que, certes, la libre décision de l’homme agissant peut les mener, par une voie royale, jusqu’à l'achèvement, ou les mettre en péril, les faire avorter, les détruire, mais sans en pouvoir détourner le sens ni la direction. Ce qui permet de concevoir pour la première fois une éducation, au sens le plus vaste du terme, un discernement des possibilités internes et une fixation des tâches, un entraînement de l'individu et de générations entières en vue de ces tâches, circonscrites au moyen de la vue prospective de faits futurs et non en vertu de quelconques abstractions "idéales".

Pour la première fois, nous percevons, comme un fait, que toute la littérature des "vérités" idéales, toutes ces inspirations, ces projets, ces solutions nobles, bien intentionnés, imbéciles, tous ces livres, tous ces tracts et tous ces discours sont une manifestation utile, telle que l’ont connue toutes les autres cultures aux époques correspondantes à la nôtre, pour l’oublier bientôt, et dont tout l’effet a consisté à permettre à de petits érudits, dans un coin quelconque, de composer ensuite un livre sur le sujet. Et c’est pourquoi, répétons-le : pour qui se contente de la contemplation, il peut bien y avoir des vérités ; pour la vie, il n’y a pas de vérités, rien que des faits

  • extrait des Écrits historiques et philosophiques

Œuvres

  • Prussianité et Socialisme, 1920
  • Le Déclin de l'Occident, trad. Mohand Tazerout, 2 tomes 1918-1922, Bibliothèque des idées, NRF-Gallimard, 1931-1933, 888 p. [1]
  • Années décisives : l'Allemagne et le développement historique du monde, Mercure de France, Paris, 1943.
  • Écrits historiques et philosophiques (1918-1936), préface d'Alain de Benoist, Éditions Copernic, 1980.
  • L'Homme et la Technique, trad. Christophe Lucchese, RN Éditions, Clermont-Ferrand, 2016.

Bibliographie

  • Alain de Benoist, Quatre figures de la Révolution conservatrice allemande. Werner Sombart – Arthur Moeller van den Bruck – Ernst Niekisch – Oswald Spengler, Les Amis d’Alain de Benoist, Paris, 2014
  • Hermann von Keyserling, Spengler, l'homme des faits. Préface de Laurent Schang, La Nouvelle Librairie, Paris, 2021, 78 p. [2] [3]
  • collectif, « Oswald Spengler » [numéro thématique], Nouvelle École, no 59/60, 2010/2011.

Cité dans

  • Manfred Riedel, Geheimes Deutschland. Stefan George und die Brüder Stauffenberg, Kulurverlag Kadmos, Berlin.
  • Robert Steuckers, La Révolution conservatrice allemande - Biographies de ses principaux acteurs et textes choisis, tome I, éditions du Lore, 2014, 348 p.
  • Franz Wegener, Alfred Schuler. Der letzte deutsch katharer, KFVR, Gladbeck, 2014.

Liens externes

Audios

  • Alain de Benoist, «  Oswald Spengler, une voix singulière au cœur des tempêtes », émission France Culture, 1980; en ligne : [5]

Vidéos

  • « L'avenir de l'Occident et ses menaces (Oswald Spengler) », avril 2024, sur la chaîne Ego Non : [6]

Notes et références

  1. Gerd-Klaus Kaltenbrunner, Orientations n°1, 1982.
  2. On pourra, bien sûr, discuter du bon goût de publier la photo de Spengler sur son lit de mort. Cette photo prouve toutefois que ce masque n’a pas, de façon durable, imprégné la physionomie de Spengler.
  3. Un autre protagoniste de la Konservative Revolution, issu de cette ville, est August Winnig. Il est né deux ans avant Spengler, en 1878, et est le fils du fossoyeur.
  4. Puppenspiel, le mot qu’employé Armin Mohler, signifie “guignol”, “théâtre de marionnettes”. Nous avons traduit par “Maison de Poupées”, en voulant faire allusion à la pièce d’Ibsen. Cet auteur norvégien ne s’est jamais lassé de critiquer le monde bourgeois. Et dire du monde bourgeois qu’il est une “Maison de Poupées”, c’est souligner son souci d’échapper aux vicissitudes du monde et de l’Histoire. (n.d.t.)
  5. En Allemagne, la couleur rouge, en politique, est attribuée aux partis d’inspiration marxiste, communiste ou sociale-démocrate. La couleur brune aux nationaux-socialistes. La couleur noire aux partis confessionnels. Elle symbolise la soutane des prêtres. Aujourd’hui, une nouvelle couleur politique est née : la verte des écologistes. Le bleu est attribué aux libéraux. (n.d.t.)
  6. Armin Mohler, Orientations n°1, 1982. (traduction française : Robert Steuckers) - Cet article d’Armin Mohler a paru dans Criticón n°60-61, octobre 1980. Ce numéro était intégralement consacré à la question allemande. Il célébrait également le dixième anniversaire de la revue et voulait, de ce fait, axer ses réflexions sur l’histoire nationale.