Traditionalisme

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Le traditionalisme[1], aussi appelé école traditionnelle, est un courant au sein de la philosophie comparée des religions qui a été formulé pour la première fois en sa forme actuelle par le métaphysicien français René Guénon (1886-1951), puis développé notamment par l'Italien Julius Evola (1898-1974) et le Suisse Frithjof Schuon (1907-1998).

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Il entend préserver les principes éternels présents dans toutes les vieilles traditions religieuses du monde, qui sont considérées comme des manifestations d'une seule et même source métaphysique qui sous-tend la réalité. Ces traditions auraient ainsi une origine commune et seraient de ce fait apparentées sur le plan ésotérique, mais présenteraient des différences exotériques sous l'effet des facteurs culturels, ethniques et linguistiques.

Les enseignements de l'école traditionnelle sont parfois aussi appelés, dans d'autres contextes, pérennialisme ou Sophia Perennis (« Sagesse éternelle »). Ce dernier terme date de la Renaissance. Le terme hindou Sanatana Dharma (« Loi éternelle ») a une signification similaire. Dans cette perspective, l'histoire est considérée comme un cycle perpétuel d'ascension et de déclin, et nous nous approchons actuellement du point le plus bas dudit cycle, d'un âge caractérisé par la corruption et la décadence qui sera suivi d'une destruction totale. Les traditionalistes soutiennent néanmoins qu'il est possible, même à cette époque, que des individus ou des petits groupes s'élèvent au-dessus de la décomposition[2].


Postulats de la doctrine traditionnelle

Origine an-historique et non humaine de la Tradition

Pour Jean-Paul Lippi, spécialiste d'Evola, « tous les traditionalistes partagent une même opinion sur l'origine de la Tradition » : elle n'est pas d'origine humaine, mais elle procède d'une source extérieure et transcendante, d'une Révélation[3].

Transmission du savoir et formes traditionnelles

« Si donc la Tradition consiste dans la transmission d'un savoir révélé, et si ce savoir est « unique dans son essence », selon une expression d'Evola, il en résulte nécessairement que les diverses formes traditionnelles historiquement repérables sont à la fois homologues et contingentes. »

Selon René Guénon, « le véritable esprit traditionnel, de quelque forme il se revête, est partout et toujours le même au fond ; les formes diverses, qui sont spécialement adaptées à telles ou telles circonstances mentales, à telles ou telles circonstances de temps et de lieu, ne sont que des expressions d'une seule et même vérité ».

Pour Julius Evola, « la Tradition ne représente pas un conformisme passif vis-à-vis de ce qui a été, ni la continuation du passé dans le présent ». Et selon Lippi : « La double reconnaissance du caractère actuel de la Tradition et de la contingence des diverses formes traditionnelles empêche dès lors tout attachement exclusif à l'une quelconque de ces dernières.»

Présence continue du supra-mondain dans le monde

Immanence de la transcendance

L'École de la Tradition ne rejette pas la dualité entre nature et Esprit, entre plans mondain et supramondain, mais il en refuse le dualisme. La Tradition peut ainsi se définir, selon Evola, comme une « transcendance immanente, c'est-à-dire la présence réelle du non-humain dans l'humain, à travers certains êtres ou dans les élites. [...] En tant que « transcendance immanente », la Tradition ne concerne pas une abstraction qu'on peut contempler, mais une énergie qui, pour être invisible, n'en est pas moins réelle »[4]. Il s'agit, précise Evola, « d'une transcendance par rapport à tout ce qui est simplement humain, physique, naturaliste et matérialiste, mais qui n'est pas pour autant quelque chose d'abstrait et de détaché »[5]. C'est ce qui explique que l'on puisse repérer, « dans la réalité historique, la présence de la superhistoire (la forme) dans l'histoire (la matière), de la transcendance dans l'immanence »[6].

Conception du temps : doctrine des cycles

La linéarité chronologique est une conception moderne[7]. Ainsi, l’un des points communs des doctrines traditionnelles est une conception cyclique du temps et de l'histoire[8].

Ainsi, comme le souligne Alain de Benoist, « l’histoire de l’humanité est interprétée comme « entropie métaphysique », comme chute, dégradation, déclin à partir d’un état primordial originel. Tous les auteurs traditionnels voient dans l’époque contemporaine le temps du Kali Yuga, c’est-à-dire l’apogée de l’âge le plus noir, la phase terminale du cycle, le terme du déclin spirituel. Le conflit entre Tradition et anti-tradition se cristallise en effet comme décadence [...]. L’opposition entre la pensée traditionnelle et l’idéologie du progrès s’avère donc totale, en même temps que d’une parfaite symétrie (mais d’une symétrie inversée) : tout ce que la conscience moderne analyse comme progrès, l’école traditionaliste l’interprète comme déclin : la Renaissance est une chute, la philosophie des Lumières un obscurcissement. »[9]

Principaux auteurs, philosophes et personnalités de l'« école traditionnelle »

Notes et références

  1. Le traditionalisme, au sens d'école traditionnelle employé ici, ne doit pas être confondu avec le traditionalisme catholique.
  2. Daniel Friberg, Le retour de la vraie Droite - Un manuel pour la véritable opposition, Arktos, 2017, 120 p., p. 104.
  3. Jean-Paul Lippi, Julius Evola - métaphysicien et penseur politique - essai d'analyse structurale, Lausanne, Editions L'Age d'Homme, 1998, 312 p., p. 27.
  4. Julius Evola, L'Arc et la Massue, Puiseaux / Paris, Guy Trédaniel / Pardès, 1983, 276 p., p. 272.
  5. Julius Evola, Explorations, Grez-sur-Loing, Pardès, 1996, 312 p., p. 303-304.
  6. Michel Angebert et al., Julius Evola, le visionnaire foudroyé , Copernic, 1977, 247 p., p. 56.
  7. Jean-Paul Lippi, Op. cit., p. 27-51.
  8. Guillaume Faye, Pourquoi nous combattons : Manifeste de la Résistance européenne, Paris, L'AEncre, 2002, 292 p., p.
  9. Alain de Benoist, « Présentation », Krisis, no 3,‎ septembre 1989, p. 7-8.