Daniel Cologne

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Daniel Cologne, né le 27 novembre 1946, est un journaliste, critique littéraire, enseignant et essayiste belge d'expression française. Né en Belgique, il a vécu et travaillé en Suisse et en France avant de regagner son pays natal.

Biographie

Etudes et formation

Daniel Cologne effectue des études littéraires à l'Université libre de Bruxelles. En 1969, il obtient le titre d'agrégé de philosophie et lettres après une maîtrise portant sur le théâtre, L’échec du couple dans le théâtre de l’entre-deux-guerre, basée sur les œuvres de Jean Anouilh, Jean Giraudoux et Gabriel Marcel.

En 1970, il s'installe à Genève, où il devient enseignant de littérature française et de latin. Il restera en Suisse jusqu'en 1978, puis il s'installe à Paris.

Militantisme et combat métapolitique : « traditionalisme révolutionnaire » et Nouvel ordre social

L'engagement politique, ou métapolitique de Daniel Cologne se situe dans la ligne du traditionalisme révolutionnaire, une tendance qui s'efforçait d'accorder les auteurs traditionalistes (René Guénon, Julius Evola, Frithjof Schuon, Ananda Kentish Coomaraswamy) avec un soutien actif envers, « en Europe et hors d'Europe, les mouvements agissant dans la direction des luttes de libération nationale et populaire contre les oligarchies mondialistes ». En pratique, ce courant s'est signalé par un intérêt soutenu pour le monde musulman, en particulier pour la Révolution islamique d'Iran et pour la Révolution libyenne. Il était représenté par la revue Totalité (1977-1987) dans l'espace francophone, et, en Italie, par l'éditeur Franco Freda, auteur de La Désintégration du système, et par Claudio Mutti, fondateur de l'Associazione Europa-Islam.

En 1974, alors qu'il est enseignant à Genève, Cologne adhère au Nouvel ordre social, un mouvement activiste nationaliste-révolutionnaire. Il va rapidement en devenir le principal théoricien. Pour contribuer à une rénovation doctrinale du jeune mouvement, il crée, avec Georges Neri, une revue, Le Huron. L'objectif du périodique est, tout en gardant le style polémique du NOS, de poser les bases d'une réflexion métapolitique, et de faire ainsi connaître Evola et Guénon aux jeunes militants.

En 1975, Daniel Cologne fonde avec Georges Gondinet le Cercle Culture et Liberté. Il s'efforce de redéfinir la Droite en tant que « mouvement traditionaliste révolutionnaire » et de jeter les bases d'un « nouveau nationalisme », un « nationalisme de l’avenir », dépassant le cadre étatique national et s’intégrant dans une Europe organique des nations organiques. Il rejette aussi « le mythe de la troisième voie », très à la mode alors dans les milieux nationalistes. Il est aussi l'un des premiers à élaborer le concept des « trois patries » (patrie charnelle, patrie historique, patrie idéale)[1]. Il conçoit cet idéal nationaliste européen sur les traces de Max Scheler, le fondateur de l’anthropologie philosophique et maître à penser d’Arnold Gehlen.

Daniel Cologne estime que « le seul moyen de résoudre l’épineuse question des ethnies, dont le réveil menace les nations d’éclatement, est d’ouvrir les nationalismes sur l’Europe. D’une part, le nationalisme doit emprunter à la grande tradition politique de notre continent la notion d’État organique qui concilie l’unité nécessaire à toute société évoluée avec le respect, voire l’encouragement de sa diversité naturelle. Conçu de façon organique, le nationalisme s’accommode d’une certaine autonomie des régions. D’autre part, si la nation, loin de s’ériger en un absolu, se considère seulement comme une composante autonome du grand ensemble organique européen, les régions et les ethnies n’auront aucune peine à se considérer comme les incarnations nécessaires du principe de diversité au sein de la grande unité nationale. Dans une Europe organique des nations organiques, être breton ou français, basque ou espagnol, flamand ou belge, jurassien ou suisse ne sont que des manières parmi d’autres d’être européen »[2].

En 1977, il fonde avec Philippe Baillet et Georges Gondinet la revue Totalité, qui devient le porte-voix francophone du « traditionalisme révolutionnaire ».

Son départ de Genève en 1978 marque aussi son retrait du militantisme actif, même s'il continue à contribuer différents organes de presse.

Cologne, la Nouvelle droite et le christianisme

Daniel Cologne a suivi depuis ses débuts l'émergence de la Nouvelle Droite et du GRECE. Mais, à partir de l’émergence médiatique du GRECE à la fin des années 1970, il va se montrer de plus en plus hostile à ce courant. Il publie en 1979 un essai, Nouvelle Droite et subversion, dans lequel il dénonce un « humanisme agressif » et un caractère moderniste radical, qu'il assimile à une forme de « Subversion anti-traditionnelle ». Ses rapports avec la Nouvelle Droite se dégradent en fait à mesure que croît son intérêt pour une certaine forme de tradition chrétienne. En effet, en 1977, Cologne était lui-même relativement antichrétien, mais dans le sens que lui donne une lecture d'Evola : un rejet du christianisme primitif, vu comme une forme de subversion, mais un regard positif sur le catholicisme médiéval, compris comme une synthèse entre les apports chrétiens et la tradition indo-européenne. C'est ainsi que l'on peut lire, dans le premier numéro de Totalité, que « le christianisme a été la principale force subversive qui a miné l'Empire romain de l'intérieur », mais que cela ne devrait pas autoriser « un rejet massif et brutal de 1a tradition chrétienne. Le retour aux sources du génie européen doit comporter une escale admirative au Moyen-Age catholique, ce produit splendide d'un syncrétisme harmonieux entre la spiritualité aryenne et la foi chrétienne. Il peut aussi s'accommoder d'une relecture attentive et bienveillante du Nouveau Testament qui, au-delà de son contenu purement subversif, recèle certainement des virtualités positives, celles que mettent en lumière, par exemple, un Baugé-Prévost ou un Nicolas Berdiaev »[3]. Quand il quitte le militantisme politique, il s'éloigne des positions les plus radicales. Il continue à contribuer à Totalité et à d'autres publications traditionalistes comme L'Âge d'or, mais se réoriente vers la défense d'une forme de christianisme traditionnel ou « guénonien ». Il est donc logique qu'il s'inscrive désormais en faux contre l'antichristianisme virulent du GRECE d'alors.

Plus tard, il dira que le christianisme ne méritait peut-être pas qu'il l'aie défendu avec tant d'acharnement à l'époque. Il admettra que sa foi chrétienne s’est progressivement éteinte au spectacle des nouveaux mouvements religieux. Il concluera en déclarant : « on entend souvent dire que le christianisme est une secte qui a réussi. À mon avis, c’est inexact. Si le christianisme a réussi au travers de ses Églises (et notamment de l’Église catholique), c’est au contraire parce qu’il a cessé d’être une secte, qu’il s’est ouvert à l’extérieur. Il a assimilé l’intellectualité grecque, la rigueur romaine, le symbolisme cosmique païen [...] Si j’avais pu deviner l’évolution du christianisme dans le dernier quart du XXe siècle, avec un Jean-Paul II assis entre les deux chaises d’une tradition et d’une modernité toutes deux mal comprises, je ne serais pas entré en conflit avec la Nouvelle Droite pour défendre le christianisme »[4].

Activités journalistiques et littéraires

Daniel Cologne a exercé une activité régulière de journaliste dans les périodiques La Relève (1972), Impact (Suisse 1976), Rivarol (1978), Revue des Postes belges (1972), Revue Générale (1974) et L’Ère Nouvelle (1981).

Ses articles politiques ou métapolitiques ont paru principalement dans Le Huron (1974), Totalité (1978), La Nation belge (1975), Défense de l’Occident (1975), Horizons européens (1976), Écrits de Paris (1977), Rivarol (1978), Militant (1980), L'Âge d'Or (1982), Vers la Tradition (1982), Nouvelles de Synergies européennes (2001).

Ses articles de critique littéraire, concernant principalement des écrivains belges, ont été publiés dans la Revue Générale, Écrits de Paris, Défense de l'Occident, Euroclio (1983), Le Fil d'Ariane (1984), Orphée (1985), Microcosmos (1986), Le Puits (1993), L'Arche du Temps (2002), L'Esprit européen (2002) et surtout Molenbecca (depuis 2002).

Daniel Cologne a aussi publié de nombreux articles dans la revue Culture Normande (depuis 2008), essentiellement au sujet des auteurs français José-Maria de Heredia, Leconte de Lisle, Barbey d'Aurevilly, Coubertin, Fénelon, Chamfort et Alfred de Musset.

Il a aussi collaboré aux ouvrages collectifs : « Cahier de l'Herne » sur René Guénon (1986) et « Quelle humanité demain ? » (numéro spécial de Vers la Tradition, 1991).

Il est membre d'honneur du Mouvement normand.

Daniel Cologne a effectué en outre de nombreux travaux de recherches consacrés à l'histoire locale de sa région, à l'astrologie, à l'histoire sportive, à la bande dessinée et à la mise en scène de théâtre.

De 1993 à 2001, il abandonne tout travail d'écriture. A partir de 2001, il se met à écrire, à fréquence irrégulière, des articles sur le site Europe maxima, ainsi que dans la revue Réfléchir et agir.

Publications

  • L'échec du couple dans le théâtre de l'entre-deux-guerres, Presses universitaires de Bruxelles, 1969.
  • David Scheinert sur les traces de Kafka, Bruxelles: Louis Musin, 1973.
  • Éléments pour un nouveau nationalisme, Paris, Cercle Culture et Liberté, 1977; rééd. sous le titre Éléments pour un nouveau nationalisme et autres écrits vers un idéal hespérial, préf. Rémi Tremblay, Synthèse éditions, 2022, 224 p.
  • Pour en finir avec le fascisme - Essai de critique traditionaliste-révolutionnaire, (en collaboration avec Georges Gondinet), Paris, Cercle Culture et Liberté, 1977, 40 p.
  • Julius Evola, René Guénon et le christianisme, Paris, Éditions Éric Vatré, 1978; rééd. Avatar éditions, 2011[5].
  • (éd.) Nouvelle Droite et subversion, recueil d'articles, Cercle Métapolitique et Tradition, Paris, Société d'impressions techniques, coll. « Métapolitique et Tradition », Paris 1979.
  • (éd.) La révolution guénonienne, suivi de deux entretiens sur la Tradition et l'Islam, recueil d'articles, Cercle Culture et Liberté, 1981.
  • Cyclologie biblique et Métaphysique de l'Histoire, Puiseaux, Pardès, 1982.
  • Cahier de l'Herne René Guénon, Paris, 1985 (collaboration à un ouvrage collectif).
  • Quelle humanité demain ?, Chalons-en-Champagne, 1991 (collaboration à un ouvrage collectif).
  • Marcel Timmermans, Bruxelles, Editions Molenbecca, 2007 (biographie et histoire d'un club sportif).
  • Evola envers et contre tous, Avatar éditions, 2010 (collaboration à un ouvrage collectif).
  • La quête spirituelle dans l'œuvre de José Gers, Bruxelles, Editions Molenbecca, 2011.

En espagnol

  • Elementos para un nuevo nacionalismo y La ilusión marxista [trad. de la brochure Éléments pour un nouveau nationalisme de 1977 et autres textes], Letras Inquietas, Cenicero, 2021, 85 p.

Notes et références

  1. Daniel Cologne, Les non-conformistes des années 70 : [1]
  2. D. Cologne, Éléments pour un nouveau nationalisme, voir infra
  3. D. Cologne, « Rome, le christianisme et la révolution européenne », Totalité, no 1, 1977.
  4. « Jalons pour une biographie intellectuelle (entretien avec Daniel Cologne) », Propos recueillis par Rodolphe Badinand, 30.10.2007; lire en ligne : [2].
  5. La réédition aurait été faite sans l'accord de son auteur.