Centro Studi Ordine Nuovo

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Réunion du CSON (debout: Pino Rauti)

Le Centro Studi Ordine Nuovo (Centre d'études Ordre Nouveau) était une association politico-culturelle italienne. Elle est fondée en 1956, en marge du Mouvement social italien, par de jeunes militants réunis autour de Pino Rauti et influencés par les thèses de Julius Evola.

L'organisation a eu une influence énorme sur toute la jeunesse de Droite italienne, en introduisant d'autres références et en apportant un autre style et d'autres formes que ceux de l'héritage du fascisme historique.

Historique

Origines : Les « Fils du Soleil »

L'origine du mouvement découle directement de la découverte, puis de la rencontré de Julius Evola avec de jeunes militants du Mouvement social italien. En 1952, un groupe de ces jeunes traditionalistes radicaux, mené par Pino Rauti, crée le groupe des Figli del Sole.

Du 9 au 11 janvier 1954 se tient le quatrième Congrès du Mouvement Social Italien à Viareggio. Lors du Congrès s'affrontent trois courants principaux: le courant des modérés (Arturo Michelini, Augusto de Marsanich), favorable à l'alliance atlantique et aux compromis avec les forces de droite bourgeoise; celui de la « gauche révolutionnaire » du parti, personnifié par Giorgio Almirante, ouvert aux revendications les plus sociales et hostile à tout rapprochement avec les partis du système; en troisième lieu, le nouveau courant « spiritualiste » ou traditionaliste, qui se base sur les thèses de Julius Evola. Pendant le Congrès, les représentants les plus connus des jeunes traditionalistes, Pino Rauti, Angelo Nicosia et Enzo Erra, proposent le repositionnement du Mouvement sur des positions plus intransigeantes et une relecture plus critique du phénomène fasciste. Arturo Michelini est élu à la succession de Augusto de Marsanich à la tête du MSI. Ils appartiennent tous deux à l'aile des modérés du parti. Pino Rauti va devenir de plus en plus critique envers la direction du MSI, qu'il accuse d'avoir perdu toute aspiration révolutionnaire.

La création du CSON

La revue théorique d'Ordine Nuovo

Début 1955, le courant des jeunes traditionalistes crée le Centro Studi Ordine Nuovo. Il prend comme référence de base la brochure Orientations de Julius Evola . Le groupe fait paraître le mensuel Ordine Nuovo, sous-titré « mensuel de politique révolutionnaire ».

La scission avec le MSI (1956-1969)

Appel du CSON à voter blanc

Les 24-26 novembre 1956, à Milan, le Cinquième Congrès du MSI voit à nouveau s'affronter les modérés et la « gauche révolutionnaire », à laquelle se sont alliés les jeunes traditionalistes. Pourtant, Arturo Michelini est reconduit à son poste de secrétaire général. Pino Rauti refuse alors totalement d'accepter la stratégie d'intégration au système prônée par les modérés. Il quitte le MSI, suivi par la plupart des « spiritualistes », regroupés dans le Centro Studi. Le 14 janvier 1957, la direction du CSON confirme par écrit la scission au secrétaire national du MSI.


Symbologie et presse

Le Centro Studi Ordine Nuovo prend comme symbole la hache bipenne.

Sa devise était Il mio onore si chiama fedeltà (Mon honneur s'appelle fidélité). Son hymne était La Vandeana, une ancienne chanson contre-révolutionnaire française, traduite en italien.

Le Centro fait paraître une revue mensuelle théorique, Ordine nuovo, d'un haut niveau et d'un contenu beaucoup plus culturel que politique. Elle publie de nombreux articles sur Evola, sur Guénon, l'histoire des religions, la spiritualité. Entre 1955 et 1971, Evola donne onze articles à la revue. Adriano Romualdi lui en donne sept durant les deux dernières années d'existence[1].

En juillet 1966, l'organisation lance Noi Europa. Ses directeurs sont Pino Rauti, Paol Andriani, Rutilio Sermonti et Enzo Scalzo. Le premier numéro contient une lettre de Julius Evola consacrée à la notion de race, adressée à Almirante.

Le CSON publie un temps un hebdomadaire, Ordine nuovo Azione.

Une influence culturelle énorme

Le Centro Studi Ordine Nuovo, qui avait déjà un siège à Rome avant son départ du MSI, ouvre rapidement d'autres locaux dans plusieurs villes. En 1966, il a déjà 3500 adhérents. Il aurait eu, en 1969, environ 12 000 membres et sympathisants, ce qui est énorme pour une organisation de type élitaire.

Le Centro Studi Ordine Nuovo se désintéresse totalement des compétitions électorales et adopte une position de retrait, pour se consacrer à la formation doctrinale et l'activité culturelle. Il ne participe qu'une seule fois à une campagne électorale, en 1958, en faveur du vote blanc.

Le travail culturel mené par le groupe de Rauti se distancie totalement de l'héritage fasciste habituel du MSI. Outre Julius Evola, le groupe fait découvrir aux jeunes militants de nouveaux auteurs de référence, comme Corneliu Zelea Codreanu, Giuseppe Tucci, Pio Filippani Ronconi et René Guénon. Le groupe dépasse le cadre du nationalisme pour imaginer une Europe-Nation, opposée au condominium USA-URSS. En peu de temps, l'influence culturelle d'Ordine Nuovo va s'accroître et dépasser le cadre du mouvement. Sa conception de la vie héroïque et aristocratique, inspirée de l'œuvre d'Evola, va exercer une forte influence sur les jeunes militants de droite restés au sein du MSI.

La scission activiste d'Avanguardia Nazionale

En 1959, Stefano Delle Chiaie, partisan d'une ligne plus activiste, entre en conflit avec Rauti. Il quitte le mouvement et fonde son propre groupe, Avanguardia Nazionale Giovanile (qui deviendra plus tard Avanguardia Nazionale).

Réintégration

En juin 1969, Giorgio Almirante, leader de la tendance de « gauche révolutionnaire », est élu à la tête du MSI. Dès son entrée en fonction, il lance des appels répétés à la jeunesse italienne, afin qu'elle vienne s'engager pour renforcer et renouveler le MSI. En décembre, lors d'un meeting à Rome, il envoie clairement un message à tous les « frères séparés », auxquels il demande de réintégrer le parti.

Cet « appel aux frères séparés » est bien reçu par Pino Rauti et la plupart des membres d'Ordine Nuovo, qui se laissent convaincre. Rauti dissout le Centro Studi et une majorité des adhérents réintègre le parti. Trois membres d'ON entrent à la direction nationale du MSI (Pino Rauti, Giulio Maceratini, Paolo Andriani). Onze autres membres sont nommés au comité central (dont notamment Rutilio Sermonti et Paolo Signorelli).

Le retour en influence des Ordinovisti au sein du MSI marque le renforcement d'une tendance profondément radicale et d'orientation nationale-révolutionnaire, mais résolument légaliste, à l'intérieur du Mouvement. Elle sera représentée notamment par Pino Rauti, Rutilio Sermonti et Adriano Romualdi.

Noi Europa

La revue Ordine Nuovo continuera sa parution bimensuelle. Le 20 mars 1970 elle est relancée suivant une nouvelle série.

Le CSON et le monde

Pour la Grande Europe et la civilisation blanche

Dénonçant les « deux Internationales » de Moscou et de Washington, le CSON défend l'idée d'une Europe nouvelle indépendante des blocs.

Le CSON est souvent défini, ou plutôt qualifié, de nationaliste-révolutionnaire. On doit pourtant remarquer que, s'il se veut « révolutionnaire », il l'est au sens d'une Droite révolutionnaire, ainsi qu'à celui du sens originel du terme de révolution, qui indique un retour de cycle. De même, fidèle à la vision impériale d'Evola, il ne s'est jamais revendiqué du nationalisme, rejetant les conceptions naturalistes, romantiques et « patriotardes ». Alors que les organisations nationalistes-révolutionnaires[2] adoptent en général des positions tiers-mondistes, il n'en est pas question pour les Ordinovisti[3]. Les premières actions du CSON consisteront d'ailleurs en des distributions de tracts massives en soutien au combat pour l'Algérie française. Il apporte ensuite un soutien sans faille à l'OAS, ainsi qu'à toutes les présences blanches en Afrique, dont notamment les colonies portugaises, la Rhodésie et la République sud-africaine. Le Centro défend un réalisme racialiste, exaltant tous ceux qui combattent « pour la civilisation blanche contre les barbares d'Afrique et d'Asie », d'une manière proche de celle des Français d'Europe-Action.

Le Centro, dans une perspective grande-européenne, se rapproche d'autres mouvements de la Droite radicale européenne. Il aura des contacts réguliers avec la mouvance française groupée autour de la revue Europe-Action, animée notamment par Dominique Venner, Gilles Fournier et Jean Mabire. Il traduira et publiera certains de ses articles. Il est aussi en relation avec les militants portugais du mouvement Jovem Portugal, dirigé par Zarco Moniz Ferreira, particulièrement engagé dans la défense des colonies portugaises en Afrique.

Un antisionisme ferme mais raisonné

Si le CSON est exempt de tout tiers-mondisme, il prend des positions clairement antisionistes qui le conduisent à soutenir la cause palestinienne, et ce avec d’autant plus de force que la situation d’instabilité dans laquelle se trouve le Proche-Orient depuis 1948 crée, selon Noi Europa, un terreau favorable à l’implantation marxiste dans la région. Le soutien des pays occidentaux à la politique israélienne a pour corollaire inévitable que « les Arabes seront toujours plus encouragés à s’allier avec Moscou ». L’engagement propalestinien du groupe est très nettement exprimé lors de la guerre des Six Jours. Confortant les positions prises depuis 1955 sur le conflit israélo-palestinien, la revue dénonce en effet le soutien unilatéral que les puissances occidentales, et particulièrement les États-Unis, accordent à la « sacro-sainte » cause israélienne et à sa politique « agressive », « militariste » et « raciste ». Le sionisme, politique « impérialiste », est assimilé à une forme de « colonialisme » que soutiennent toutefois les puissances occidentales car « vu qu’il s’agit d’Israël, tout est permis », et « on a même le droit de devenir vaguement racistes ».

La revue apporte en 1955-1956 un soutien sans faille à la politique nationaliste et panarabe de Nasser. Le nationalisme de Nasser est assimilé à la révolution à laquelle aspirent les auteurs d’Ordine Nuovo en Europe. Leur position se modifie à la fin des années soixante en raison du soutien communiste à la politique de Nasser. S’ils dénoncent la politique d’Israël et soutiennent la cause palestinienne en s’insurgeant notamment contre le sort des réfugiés, ils ne se prononcent plus, à partir du milieu des années soixante, sur un éventuel soutien à la cause arabe au Proche-Orient.

Citations

  • « L'objectif de la lutte nationale-révolutionnaire réside dans la mise en œuvre d'une idée hiérarchique intégrale. Pour celui qui veut réintroduire l'Ordre dans le monde, pour celui qui entend rétablir la Hiérarchie, pour celui qui se pose la question de l'Autorité en réaffirmant le primat de ces valeurs qui ont leur origine dans le sang et dans les instincts les plus profonds d'une race, il ne peut y avoir qu'une solution intégrale ». Paolo Signorelli, « L'Etat organique », in : Ordine Nuovo, mai-juin 1970
  • « Si nous nous sentons liés au fascisme, comme étant le mouvement politique autoritaire et hiérarchique le plus proche de notre expérience directe et de la période historique dans laquelle nous vivons, nous voulons affirmer que nous nous sentons également proche de la substance, des valeurs, des principes et des idées fondamentales qui ont formé l'essence de tous les Etats autoritaires et aristocratiques du passé ... Nous sommes aussi proches de la République sociale italienne que du Troisième Reich, de l'Empire napoléonien que du Saint empire romain ... Celui qui rejoint nos rangs ressentira la même sensation que celle du combattant qui attend de pied ferme avant de bondir hors de la tranchée et de se jeter dans la mêlée pour frapper, frapper et frapper ». Pino Rauti

Le MPON (1969-1981)

Tous les principaux animateurs du Centro Studi, tout en étant très engagés sur le terrain, étaient convaincus du rôle essentiel de la formation doctrinale et du combat culturel. Mais ils n'en tiraient pas tous les mêmes conclusions en matière de stratégie. Si le fonds doctrinal était le même, on assiste peu à peu, au cours de l'histoire de l'organisation, à l'affirmation de deux tendances divergentes quant à la stratégie à adopter. Pour Pino Rauti, il fallait en priorité s'atteler à prendre influence sur les élites et sur la classe dirigeante de l'Etat, tandis que Clemente Graziani penchait pour la préparation d'une révolution à venir et estimait que les idées devaient être vécues et incarnées de façon exemplaire. Ainsi, Graziani anticipait sur la génération suivante de la jeune Droite radicale[4].

En décembre 1969, la réintégration du CSON au sein du MSI provoque le divorce entre les deux tendances. Les partisans de la stratégie de Graziani refusent le retour dans le giron du MSI, accusant le parti de s'être « vendu à la bourgeoisie et à l'impérialisme américain ». Ils fondent alors le Movimento Politico Ordine Nuovo le 21 décembre 1969.

Le MPON reprend l'emblème de la hache bipenne, placé dans un cercle blanc sur fond rouge. La nouvelle organisation publie la revue Ordine Nuovo Azione, qui annonce « Derrière la fière hache d'Ordine Nuovo se sont réunis des hommes qui n'ont pas peur, dont la force violente tombera de manière implacable sur le troupeau bêlant et répugnant... Nous briserons les crânes, pas les vitrines ».

Le MPON sera la victime de la première grande vague de répression politique de l'après-guerre. En effet, le 23 novembre 1973, l'organisation est dissoute sous les accusations de « reconstitution de parti fasciste » et de « théorisation de la violence comme méthode de lutte politique », auxquelles aucune preuve ne sera apportée. La plupart des cadres seront emprisonnés, comme Adriano Pontecorvo, et Clemente Graziani choisira la voie de l'exil, tout comme Elio Massagrande et Salvatore Francia.

Notes et références

  1. Philippe Baillet, De la confrérie des Bons Aryens à la nef des fous : pour dire adieu à la droite radicale française, Saint-Genis-Laval, Éditions Akribeia, 2018, 200 p., p. 32-34.
  2. Comme par exemple Terza Posizione dans les années 1970.
  3. Plus tard, certains anciens membres évolueront vers un nationalisme tiers-mondiste, comme le fera Pino Rauti lui-même à partir des années 1980.
  4. Gabriele Adinolfi, Nos belles années de plomb, L'Æncre, 2004, 200 p., p.25-27.