Clemente Graziani
Clemente Graziani, surnommé Lello (Rome, 17 mars 1925 - Asunción, 12 janvier 1996), était un militant national-révolutionnaire italien.
Il a été l'un des fondateurs du Centro Studi Ordine Nuovo, puis le créateur du Movimento Politico Ordine Nuovo.
Sommaire
Biographie
Né en 1925, Clemente Graziani perd son père à l'âge de trois ans. Il effectue des études commerciales, puis commence à travailler au ministère des Transports. Il se porte ensuite volontaire pour la Marine royale, falsifiant ses documents d'identité en raison de son trop jeune âge.
Sous la RSI
À l'hiver 1944, il s'engage dans l'armée de la République sociale italienne. Il participe comme estafette à la bataille de Montecassino.
Un fils du Soleil
Après la guerre, il reprend ses études tout en travaillant dans un garage.
Il participe aux premières activités du Mouvement social italien.
Il adhère aussi au premier groupe de Droite clandestin de l'après-guerre, les Fasci di azione rivoluzionaria (FAR), créé dès l'automne 1946. Le 20 janvier 1949, il est arrêté pour être impliqué dans une tentative de destruction du navire Colombo. En effet, le voilier historique doit être envoyé en Union soviétique à titre de « réparation de guerre ». Les militants des FAR ont alors planifié de l'envoyer par le fond, plutôt que de livrer le vaisseau à la grande puissance communiste. Mais l'opération échoue avec l'arrestation de Graziani et d'un autre militant à Tarente, pendant que d'autres militants, chargés d'explosifs, sont arrêtés à la gare de Rome. Les arrestations sont suivies de manifestations de solidarité avec les détenus à Tarente, Bari, Brindes et Rome. A Rome, des heurts violents ont lieu entre les manifestants et la police. Malgré tout, le Colombo entrera dans le port d'Odessa le 2 mars 1949, où il sera rebaptisé Dunaj (Danube, en russe).
C'est à cette époque qu'il commence son éducation culturelle. À la Bibliothèque nationale, il fait la connaissance des ouvrages de Julius Evola. Il décide alors de rencontrer le philosophe. Avec Enzo Erra, Pino Rauti et Giano Accame, il est l'un des premiers « jeunes évoliens », ces « jeunes traditionalistes » ou « spiritualistes », qui se surnomment eux-mêmes les « fils du soleil ». Ensemble, ils fondent en 1950 la revue Imperium. C'est à leur intention qu'Evola rédige la brochure Orientations, qu'ils vont diffuser abondamment.
En 1951, Graziani est condamné à un an et 11 mois de prison lors du procès des FAR.
Le CSON
En 1953, Graziani est l'un des fondateurs du Centro Studi Ordine Nuovo avec Pino Rauti, Paolo Andriani et Paolo Signorelli. Le CSON est en même temps une école de cadres traditionaliste et spiritualiste, basée sur les enseignements d'Evola, un laboratoire d'idées en tant que composante interne du Mouvement social italien et un vivier culturel intense.
Toutefois, si les principaux animateurs du Centro Studi, tout en étant très engagés sur le terrain, sont convaincus du rôle essentiel de la formation doctrinale et du combat culturel, ils n'en tirent pas tous les mêmes conclusions en matière de stratégie. Deux tendances divergentes quant à la stratégie à adopter se dessinent peu à peu. Pour Pino Rauti, il faut en priorité prendre influence sur les élites et sur la classe dirigeante de l'Etat, tandis que Clemente Graziani penche pour la préparation d'une révolution à venir et estime que les idées doivent être vécues et incarnées intégralement. Ainsi, Graziani anticipe déjà sur la génération suivante de la jeune Droite radicale.
Le MPON
En décembre 1969, la réintégration du CSON au sein du MSI provoque le divorce entre les deux tendances. Les partisans de la stratégie de Graziani refusent le retour dans le giron du MSI, accusant le parti de s'être « vendu à la bourgeoisie et à l'impérialisme américain ». Pour Graziani, le choix est clair, car selon lui « le MSI n'a pas pour objectif la destruction du système, mais au contraire sa survie et son renforcement par l'instauration d'un Etat fort et autoritaire ».
Ils fondent alors le Movimento Politico Ordine Nuovo le 21 décembre 1969.
Le MPON reprend l'emblème de la hache bipenne, placé dans un cercle blanc sur fond rouge. La nouvelle organisation publie la revue Ordine Nuovo Azione, qui annonce « Derrière la fière hache d'Ordine Nuovo se sont réunis des hommes qui n'ont pas peur, dont la force violente tombera de manière implacable sur le troupeau bêlant et répugnant... Nous briserons les crânes, pas les vitrines ».
La jeune organisation réunit bientôt dix mille adhérents.
La répression
Le MPON sera la victime de la première grande vague de répression politique de l'après-guerre.
En 1971, le Parquet de Rome ouvre une enquête contre le jeune mouvement, sous l'accusation de « reconstitution de partie fasciste ». L'accusation n'est pas en mesure de prouver des crimes de sang ou des actes de violence, raison pour laquelle Graziani affirme qu'il s'agit d'un procès purement politique.
Le 23 novembre 1973, l'organisation est dissoute par le ministère de l'Intérieur, sous les accusations de « reconstitution de parti fasciste » et de « théorisation de la violence comme méthode de lutte politique », auxquelles aucune preuve ne sera apportée. La plupart des cadres sont emprisonnés, comme Adriano Pontecorvo. Graziani est condamné à cinq ans et trois mois de prison, qui sont ramenés à trois ans de détention et à la privation à vie des droits civiques lors du procès en appel.
L'exil
Refusant la sentence, Graziani parvient à s'enfuir et prend le chemin, comme Elio Massagrande et Salvatore Francia. Il s'installe d'abord en France, où il fait paraître un périodique, Anno Zero.
Alors qu'il est en exil, il devient pour la presse de gauche un coupable idéal, un chef d'orchestre fantasmé de la de « stratégie de la tension ». Il est accusé, sans aucune preuve, d'être le cerveau de la tentative de coup d'Etat du prince Borghese, de l'Opération Rose des vents, de divers attentats attribués à juste titre ou non à des membres ou à des ex-membres du MPON, à la tentative d'assassinat de l'exilé chilien Leighton, de complots ourdis en collaboration avec Avanguardia nazionale et même de l'assassinat du juge Vittorio Occorsio. En raison de cette dernière accusation, on délivre contre lui un mandat d'arrestation international.
Graziani est arrêté à Londres, mais, devant l'insuffisance des preuves présentée par les autorités italiennes, les Britanniques refusent de l'extrader. Il se rend ensuite en Grèce, où, en plein contexte de l'invasion turque de Chypre, il se déclare prêt à s'engager dans un éventuel conflit avec la Turquie. Il repart ensuite pour l'Angleterre, puis prend la route de la Bolivie, et enfin celle du Paraguay. Malgré de nouvelles requêtes italiennes, le Paraguay refuse l'extradition.
Graziani se lance alors dans l'élevage d'animaux. Il ne renonce pas pour autant à l'engagement politique. Il écrit des essais et de nombreux articles pour différentes revues. Il accueille chez lui les visiteurs et amis.
Au cours de cette période, il est peu à peu lavé de toutes les accusations qui pesaient sur lui, y compris de celle de l'affaire du juge Occorsio. Ses condamnations sont ramenées aux huit mois de réclusion auxquels il avait été condamné lors du premier procès du MPON.
Il ne rentrera toutefois pas en Italie, pour des raisons de santé. Il décède à Asunción le 12 janvier 1996.
Après son décès, son ancien rival Pino Rauti le décrira comme « une figure extraordinaire, un fils du prolétariat, autodidacte et authentique disciple d'Evola».