Achille Lauro
Achille Lauro (1887-1982), armateur et homme politique italien de tendance monarchiste.
Il a été notamment maire de la ville de Naples de 1952 et 1957 et, pour une période plus courte, en 1961.
Sommaire
Biographie politique
Entrée en politique
Membre de la Chambre des faisceaux des corporations durant la période fasciste, il fut un des fondateurs du Fronte dell'Uomo Qualunque (Front de l’homme quelconque) aux côtés de Guglielmo Giannini en 1944. Sous l’impulsion notamment d’Achille Lauro, l’UQ appelle à voter en faveur de la monarchie lors du référendum du 2 juin 1946. Et, lors des élections à l’Assemblée constituante, l’UQ crée la surprise en recueillant 1.211.956 voix (5,28%) et 30 sièges. Achille Lauro fait partie des nouveaux élus.
Le Partito nazionale monarchico
Sous l’impulsion d’Alfredo Covelli, un député du Blocco nazionale della libertà (Bloc national de la liberté), un parti monarchiste unifié se constitue dès le mois de juin 1946, le Partito nazionale monarchico (Parti national monarchiste). Achille Lauro, entraînant avec lui une fraction du Fronte dell'Uomo Qualunque, le rejoint.
Élu sénateur en 1948, Lauro remporte une victoire de taille en 1952 en s'emparant de la mairie de Naples, imposant la liste monarchiste qu’il conduit, tout à la fois contre la Démocratie Chrétienne et contre le Parti Communiste. Réélu sénateur en 1953, Lauro finit par entrer en conflit avec Alfredo Covelli, le président du Partito nazionale monarchico. Conflit entre deux hommes aux forts tempéraments, mais conflit aussi entre deux stratégies d’alliances : Lauro penchant pour des coalitions de centre-droit, tandis que Covelli préfèrerait s’allier sur sa droite.
Le Partito monarchico popolare
En 1954, Lauro rompt officiellement avec Covelli et le PNM, et crée son propre parti, le Partito monarchico popolare (Parti monarchiste populaire). La tentative de Lauro semble d’abord couronnée de succès puisqu’il est triomphalement réélu à Naples en 1956, avec 276.678 voix, contenant les communistes, écrasant la Démocratie Chrétienne, laminant le MSI, et pulvérisant ses rivaux directs du PNM (10.185 voix !). Mais le triomphe est de courte durée. Les deux formations monarchistes rivales subissent un grave revers en 1958 qui les contraint à la réunification.
Le Partito democratico italiano di unità monarchica
C’est ainsi que le 11 avril 1959 naît le Partito democratico italiano (Parti démocratique italien), qui deviendra le 7 mars 1961 le Partito democratico italiano di unità monarchica (Parti démocratique italien d’unité monarchiste).
Mais rien n’y fait, le déclin est amorcé. Achille Lauro est bien réélu à Naples en 1961, il doit cependant abandonner ses fonctions, suite à la constitution d'une commission d’enquête diligentée par la Démocratie Chrétienne. Cependant, il sera réélu sénateur du PDIUM pour Naples en 1963 puis 1968.
Avec, puis contre le MSI
En 1972, il fait partie de la majorité du Conseil national du PDIUM qui se saborde en votant la fusion avec le Mouvement social italien sous le nouvel intitulé de Movimento sociale italiano-Destra nazionale (Mouvement social italien-Droite nationale). Et c’est sous cette étiquette que Lauro est réélu sénateur de Naples en 1972 puis en 1976.
Cette même année, le MSI-DN semble s’engager sur une voie nationaliste-révolutionnaire, ce qui va provoquer le départ des éléments les plus conservateurs du parti, dont les élus issus de l’ancien PDIUM. C’est ainsi que se constitue le mouvement Democrazia nazionale (Démocratie nationale), auquel Achille Lauro et Alfredo Covelli apportent leur soutien.
Les élections de 1979 sont catastrophiques pour la nouvelle formation (229.205 vois, 0,63%, aucun élu) qui s’auto-dissout la même année. Pour Lauro c’est la fin d’une longue carrière politique. Il s’éteint à Naples le 15 novembre 1982.
Armateur
Le père d'Achille, Gioacchino Lauro, possédait une flotte de bateaux à voile. Achille a créé dans les années 1920 une entreprise, avec son premier gros navire, l'Iris et ses six unités jumelles. La Flotta Lauro est devenue peu à peu l'une des flottes les plus puissantes de la Méditerranée et une des sociétés les plus importantes du Mezzogiorno. En 1964, la compagnie rachète le navire transatlantique Willem Ruys et le rebaptise Achille Lauro pour le transformer en navire de croisière. En 1966, elle met en service l'Angelina Lauro pour les liaisons avec l'Australie.
Postérité
- Le bateau dénommé Achille Lauro est resté dans les mémoires pour le détournement dont il a été victime le 7 octobre 1985 par des activistes du Front de libération de la Palestine.
Bibliographie
- Fabio Gentile, Achille Lauro. Un imprenditore politico dell'Italia repubblicana. Avellino,Mephite, 2008.
- Gaetano Fusco. Le mani sullo schermo. Il cinema secondo Achille Lauro. Napoli, Liguori, 2006.
- Achille Della Ragione. Achille Lauro superstar: la vita, l'impero, la leggenda. Napoli, Guida, 2003.
- Serena Romano. Don Achille, 'o comandante. Milano, Sperling & Kupfer, 1992.
- Pietro Zullino. Il Comandante. Milano, SugarCo, 1976.