Comités Espace nouveau

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Les Comités Espace nouveau regroupèrent, autour du journal éponyme, un certain nombre d'ex-militants du Parti des forces nouvelles d'abord au sein du Front national puis en dehors de celui-ci.

Le journal

Espace nouveau connut deux séries.

Première série

La première série, trimestrielle, fut publiée en 1986-1989, par « des militants nationalistes du Front national de la jeunesse et par des enseignants » à Versailles.

Elle publia des numéros thématiques (drogue, nationalisme, communisme, Europe, écologie, tiers-mondisme), affirmant vouloir "servir d'outil de réflexion pour les militants de la cause nationale et populaire [afin] de permettre d'améliorer la formation tant historique que politique de chacun".

Son équipe de rédaction était dirigée par Didier Lecerf et composée de Bernard Ferré, Gilbert Guislain, Christian Chaton, Thierry Molinier et Roland Hélie. Le journal utilisait comme adresse postale le siège de la fédération du FN des Yvelines.

L'équipe de cette série d'Espace nouveau contribua activement à la création de l'Institut d'histoire et de politique.

Deuxième série

La seconde série, mensuelle, fut publiée d'octobre 1989 à mai 1992 et compta 19 numéros.

Les numéros 1 à 11 parurent en grand format (34x27.5), les numéros 12 à 18 en format A4, le numéro 19 de nouveau en grand format.

Le numéro 3 porta le double titre Espace nouveau et Persiste et signe, du fait de la fusion des deux revues. Le numéro 19 porta le double titre Espace nouveau et Alliance populaire (le second étant écrit en plus gros caractères).

Son équipe de rédaction était dirigée par Didier Lecerf et composée, à l'origine, de Jean-Paul Bernardi, Olivier Cazal, Robert Spieler, Morvan Rocheboise et Jean-François Touzé. Elle fut rejointe par la suite par Jean-Jacques Mourreau (qui signait Jean Hohbarr) à partir du n° 3, Robert Steuckers (à partir du n° 5), Yves Bataille et Arnaud Hautbois à partir du n° 6, Christiane Pigacé (à partir du n° 7), Nicolas Tandler (à partir du n° 10), Stéphane Bourhis et Olivier Grimaldi (à partir du n° 14) ainsi que par des plumes moins connues comme Maurice Bernard, Élisabeth Brossons, Guillaume Fischer, Arnaud Dubreuil (connu aussi comme collaborateur du périodique belge Vouloir) et Jean-Claude Mermeix.

L'orientation idéologique du journal était le nationalisme révolutionnaire, ce qui se concrétisa par des papiers favorables au kémalisme (n° 1), à Georges Sorel (n° 3), Louis Rossel (n° 5), Georges Valois (n° 6), Guillaume Faye (n° 6), des positions hétérodoxes sur le port du voile ("Le tchador, une chance pour la France" in n° 2) et favorables aux pays arabes et au Baath irakien (n° 8), un anti-américanisme prononcé ("La barbarie à visage américain" n° 4; "L'identité américaine, une identité impossible" n° 5; "L'Amérique fait la guerre : l'Europe paye" n° 9) et des dossiers comme "La jeunesse contre l'esprit bourgeois" (n° 5), "L'Occident contre l'Europe" (n° 6), "Non au nouvel ordre mondial" (n° 12). Par ailleurs, des références nombreuses au Mouvement social italien et au Fronte della gioventu furent faites dans ses colonnes.

Cependant, le ton du journal se modéra et se droitisa à partir de son n° 13 (avril 1991), ce qui correspondit avec la création du Mouvement d'initiatives nationales.

Le mouvement

Les Comités Espace nouveau furent officiellement créés lors d'un colloque qui se tint le 18 novembre 1989 à la salle des ingénieurs civils, 19 rue blanche dans le IX° arrondissement. Devant 450 participants (selon les organisateurs) prirent la parole : Nicolas Tandler, Gilbert Guislain, Bernard Notin, Louis Sorel, Didier Lecerf, Pierre Bérard, Jean-Jacques Mourreau, Jean-François Touzé et Olivier Cazal. Le discours de cloture fut prononcé par Robert Spieler. Divers messages de soutien furent lus provenant de Philippe Malaud, dirigeant du Centre national des indépendants et paysans, de Christiane Pigacé et de Pieter Kersten, au nom du Parti des forces nouvelles de Belgique.

La finalité des comités était ainsi expliquée dans le n° 2 d'Espace nouveau (novembre 1998) : "Espace nouveau répond à une double nécessité : nécessité de voir enfin s'ouvrir au sein du mouvement national un vrai débat d'idées - condition sine qua non de son évolution et de son renforcement - et d'en finir avec un unanimisme desséchant; nécessité de voir se créer, s'organiser un courant nationaliste fidèle au passé et présent pour l'avenir. (...) Le courant nationaliste doit s'organiser, non pas en opposition à telle ou telle formation politique, mais parallèlement, en complément actif et critique indispensable. (...) Notre démarche est ambitieuse. Elle est également sans complexe. Elle refuse à la fois le monolithisme et le n'importe quoi, les structures trop rigides et la tentation groupusculaire."

Espace nouveau fut le premier organe nationaliste à prendre position contre la première guerre en Irak. Ces positions très novatrices l'éloignèrent du FN. En 1992, Espace nouveau participa à la création de l'Alliance populaire (transformée en 1995 en Parti national républicain).

Robert Spieler participa aussi au départ à Espace Nouveau. Il se lancera, dès 1989, dans la création du Mouvement Régionaliste Alsace d'Abord dont il quitte la présidence en janvier 2006 (qu'il reprend en mars 2007). En 1989, un syndicat étudiant intitulé Espace Nouveau Jeune voit également le jour en Alsace. Mentionné dans la revue, il obtiendra des élus dans les universités strasbourgeoises.

Il faudra attendre le printemps 1999 pour que la plupart des responsables qui avaient créé Espace nouveau réintègrent le Front national ou participent au Club Ligne droite qui se veut une boîte à idées pour la droite nationale.

Anecdote

Le groupe Espace nouveau publiait aussi un journal satirique, Alternative, qui fut interdit à la vente, en 1990, pour "incitation à la discrimination raciale".

Texte à l'appui

Sur les ambiguïtés d'une stratégie

Le bulletin Alternative tercériste, organe de la tendance "Les tercéristes radicaux" au sein de Troisième voie, publia dans son n° 25 (septembre 1990) une critique idéologique d'Espace nouveau.

Le Front national nous avait habitués à l'infinie médiocrité de ses scissions. Réactionnaires ultras, arrivistes, aigris, renégats, etc. Nous avons tous le souvenir du Front d'opposition nationale, du Front français, des ralliements rapides au CNI ou au RPR, misérables aventures politiques qui ne méritaient pas même notre commisération.

Or quelques cadres et militants en opposition avec la direction du FN depuis de longs mois ont créé la surprise fin 1989/début 1990, en donnant naissance aux revues et cercles Espace nouveau et Nationalisme et république, qui se sont positionnés sur une ligne politique dite "nationale populaire" fort proche du nationalisme révolutionnaire de Troisième voie.

S'il n'y a rien à redire sur le contenu idéologique des articles (à l'exception dans le n° 1 de Nationalisme et république d'un article très occidentaliste de Soraya Djebbour), la stratégie suivie par ces camarades frappe par son irréalisme et son inconséquence, et leur pratique n'est pas sans quelques ambiguïtés.

Résumons cette stratégie : dans un premier temps, il s'agit de constituer des comités, en marge du FN et/ou en son sein, rassemblant les partisans d'une ligne nationale populaire, dans un second temps, cette tendance constituée influencerait la politique du FN, et peut-être même occuperait les principaux postes de commandement du Front.

Or, une telle stratégie se heurte à deux obstacles majeurs : l'inexistence au sein du FN d'un courant national populaire au sens où l'entendent les membres de ces cercles, et le fait que la base militante du Front, et les électeurs de celui-ci, ne réagissent pas par référence à un parti mais à un homme, Jean-Marie Le Pen.

Quand les membres de Nationalisme et république, et ceux d'Espace nouveau parlent de ligne nationaliste populaire, il ne s'agit en fait que d'une ligne nationaliste révolutionnaire (anti-capitaliste, anti-libérale, ethno-différencialiste, anti-occidentale, etc.) très classique pour nos lecteurs, et leur référence à Jean-Pierre Stirbois n'est que stratégique (celui-ci n'ayant toujours été, tant dans son idéologie que dans sa pratique politique, qu'un extrémiste de droite) afin de se gagner la droite du FN. Et là est l'irréalisme majeur, car qu'est-ce que la droite populaire du Front ? Roger Holeindre et son Cercle national des combattants, des beaufs du Département protection sécurité, les anciens de l'Organisation armée secrète, des Comités Tixier ou d'Ordre nouveau, les ratonneurs d'arabes, etc., caricatures de la vieille extrême droite, nostalgique de l'Occident, racistes primaires, éponges imbibées d'alcool... tout un public totalement étranger et fondamentalement opposé aux idéaux nationalistes révolutionnaires.

De surcroît, et toutes les scissions précédentes du FN l'ont montrées, les électeurs et la base de ce mouvement n'ont comme référence que Jean-Marie Le Pen, et non pas la hiérarchie du parti. Le départ de cadres, même de qualité, n'ayant à ce jour jamais joué sur ses résultats électoraux ni même sur son implantation militante.

Il semble qu'ayant constaté dans les faits la véracité de ces réflexions, les dirigeants d'Espace nouveau aient décidé de constituer leur groupe en une structure politique à part entière ayant rompu tous ses liens avec le Front. Fort bien, mais à ce niveau aussi des questions se posent. Tout d'abord, existe-t-il un espace libre pour un nouveau groupe NR en France ? Dans l'immédiat, malgré les rodomontades publiées dans la presse d'EN, la réponse est très largement négative et ce mouvement n'est guère représenté que dans la région parisienne et à Strasbourg. Ensuite, quels doivent être les alliés d'un tel groupe ? Sur ce point, les dirigeants d'EN on adopté une stratégie d'alliance particulièrement déconcertante - et idéologiquement indéfendable - avec les groupes les plus réactionnaires et les plus ringards de la vieille extrême droite : la fantomatique Fédération des indépendants nationaux, le sinistre Parti nationaliste français et l'inexistant Unité et travail...

L'évolution de ces nouveaux groupes à moyen terme est donc particulièrement incertaine : disparition par essoufflement militant et financier, ralliement à l'extrême droite du système, constitution d'un pôle nationaliste révolutionnaire européen unifié ? Les tercériste radicaux seront ouverts mais attentifs et critiques.