Franck Vandekerkof : "Entretien"

De Metapedia
Aller à : navigation, rechercher

L'entretien qui suit a été publié dans Les Nouveaux nationalistes, un livre publié par Christian Bouchet aux Éditions Déterna en 2001.

Sommaire

Vous êtes actuellement un cadre local du Mouvement national républicain, par quel itinéraire êtes-vous arrivé là ?

Je suis rentré en politique en 1981 à l’âge de 16 ans et demi en prenant contact avec la section locale du Front de la jeunesse. Le Parti des forces nouvelles, dont ce groupe était la structure juvénile, étant alors en plein déclin, ses militants décidèrent de rejoindre un autre groupe nationaliste. Je les suivis à l’Œuvre française.

Mon passage dans ce groupe fut fondamental dans mon engagement. Notre responsable insistait sur la formation politique de sa jeune équipe de militants. En pleine époque de gouvernement de gauche, nous recevions une formation qui n’était pas anti-communiste primaire et réactionnaire mais tournée vers l’essentiel. Mes lectures s’orientèrent vers les doctrinaires du nationalisme, la subversion mondialiste et le courant scientifique du nationalisme.

L'épisode du Regroupement nationaliste, fut pour moi l'occasion de découvrir le Mouvement nationaliste révolutionnaire, ses publications et son brillant porte-parole Jean-Gilles Malliarakis. Malheureusement, le Regroupement nationaliste fut un espoir de courte durée et chacune des trois organisations continua son chemin au grand bénéfice d’un Front national qui comptait à l'origine bien moins de membres que cette force unitaire. En 1984, je rejoignis le MNR et je participai à toutes les aventure du courant nationaliste-révolutionnaire dont je devins le responsable local. Après mon service militaire en 1985, je m’investis pleinement dans Troisième voie, l'organisation qui avait succédé au MNR. Je pris la tête de sa fédération Flandre-Artois-Hainaut qui devint la plus importante implantation NR de France. Lors de la l'éclatement de Troisième voie, je choisis de continuer le combat avec Jean-Gilles Malliarakis avant de rejoindre, en 1991, avec une grande partie de mes camarades, le Front national. Je devins son responsable de section pour La Madeleine, une ville bourgeoise où le FN réalisait alors des scores tournant autour de 10 %. Quand en 1995 je fus tête de liste aux municipales, et élu, je réalisai un score de 15% !

Comment avez-vous vécu l’implosion du Front national ? Quelle position avez-vous alors prise ?

J’ai assumé pleinement mon engagement politique dans la fidélité à mes idéaux et dans la loyauté envers mes camarades. Depuis le mois de septembre 1998, nous savions qu’une crise menaçait le Front national. Serge de Beketch a été le premier dans Le Libre journal à lancer l’idée d’un congrès extraordinaire qui permettrait de régler les problèmes. Avant que l’initiative soit prise par Serge Martinez, j’étais persuadé que c’était la meilleure solution pour en sortir. Le FN n’appartenant pas à un président nommé à vie mais aux militants qui l’avaient forgé avec leur sueur, leurs deniers et parfois leur sang. La crise devait donc se régler devant les adhérents du FN mais Jean-Marie Le Pen n’a que faire de la “piétaille”. En excluant de façon arbitraire José Peruga et Pierre Vial, Jean-Marie Le Pen a rompu le compromis nationaliste. En employant à l’égard des nationalistes identitaires le terme de “minorité raciste”, Jean-Marie Le Pen a cessé d’être le grand rassembleur du courant national. En dénonçant les uns et les autres avec des mots dignes des militants de Ras l’Front, Jean-Marie Le Pen s’est comporté comme un véritable flic de la pensée. Je ne suis pas un partisan du culte du chef, car je pense que le chef tire sa légitimité des militants. En refusant d’affronter le peuple des militants dans un congrès, Le Pen a tué le Front national. Pour toutes ces raisons, j’ai rejoint dès les premiers jours le camp de Bruno Mégret. J’ai préparé activement le pré-congrès dans ma région et multiplié les rencontres et les réunions pour expliquer les mécanismes de la crise et ses aboutissements.

Avec le recul, qu’en pensez-vous ? Quelles leçons en tirez-vous ?

Je n’ai aucun regret sur mon engagement à l’époque de la crise. J’ai agi sans état d’âme avec l’objectif de participer au renouvellement du courant national. Le résultat n’est toutefois pas celui que j’espérais.

Le congrès de Marignane portait dans ses déclarations programmatiques de multiples espoirs. Le score réalisé par la liste Mégret aux européennes nous a déçus profondément.

De surcroît, la tournure que revêt aujourd’hui le combat national ne laisse rien augurer de prometteur pour l’avenir. Le FN, vidé de ses militants et de ses cadres, réalise des scores deux fois plus importants que le MNR uniquement sur la notoriété de son sigle. Jean-Marie Le Pen que plus personne ne peut raisonner mène une guerre totale au MNR. Son attitude empêche toute dynamique unitaire nécessaire au succès des listes nationalistes aux prochaines élections municipales.

Le MNR, lui, n’a pas réussi à séduire nos compatriotes et a déçu une base militante déjà usée par des années de lutte puis par la scission. Le MNR par frilosité s’efforce de cloner le Front national. Sa stratégie repose essentiellement sur la disparition du FN et du RPF... Tout débat idéologique est étouffé au nom de la théorie du rassemblement des 30 % de l’électorat droitier (RPF+FN+MNR).

C'est cette situation qui m'a entraîné à rejoindre La CoordiNation et à m'investir dans la logique unitaire dans ma région. Il s’agit pour nous d’éviter que le courant national ne connaisse un désastre total et de préparer le renouveau des idées identitaires.

Quel bilan tirez-vous de trente ans de FN ?

C’est un immense gâchis!

Même si la crise n’avait pas fait éclater le Front national en 1998, il était à bout de souffle. Incapable de se rénover avec Jean-Marie Le Pen, il était condamné à une lente érosion. Jean-Marie Le Pen se souciait plus de régner en maître absolu que de forger une arme efficace pour la conquête du pouvoir. La montée en puissance de personnalités du mouvement qui donnaient une crédibilité au FN a toujours été freinée par les ambitions du chef comme ce fut le cas pour Jacques Peyrat ou pour le couple Mégret. Le débat idéologique a toujours été écarté au profit d’une stratégie personnelle de manipulation des sensibilités les unes contre les autres et il est vrai que certains, comme le sieur Bernard Antony par exemple, s’y prêtaient volontiers ...

Le travail de maillage territorial nécessaire au développement d’un nouveau parti a été détruit, car il ne s’est pas instauré au sein du FN une méritocratie. Il est significatif que Jean-Marie Le Pen ait affirmé au moment de la constitution des listes aux élections régionales : “l’efficacité n’est pas un critère” ! ... Les cadres et élus les plus déterminés et actifs furent évincés au profit de courtisans. Le Bureau politique n’était d’ailleurs pas représentatif de la composition du mouvement, la majorité de ses membres étant nommés en fonction de leur allégeance à Le Pen, ce qui expliquera que la majorité du Bureau politique soit en sa faveur au moment de la crise alors que la majorité des cadres faisaient le choix inverse. Dans ces conditions comment un parti peut-il progresser s’il passe son temps à remplacer ses cadres et équipes de militants, si les instances dirigeantes sont divisées ?

Par contre, le travail de formation réalisé par l’IFN fut une excellente initiative. Les thèmes et l’idéologie développés lors de ces séances de formation permettaient le renouvellement des idées en sortant de la pensée ringarde d’extrême-droite. Je me souviens tout particulièrement d’un cours de l’école des cadres consacré à la guerre culturelle à partir de l’analyse d’un livre d’Henri Gobard. Mais ce travail était l’œuvre de cadres du mouvement qui souhaitaient transformer le Front national en une machine de guerre intelligente capable de prendre le pouvoir.

Comment envisagez-vous les rapports entre la politique et la religion ?

Dans une structure politique je suis partisan d’une certaine neutralité religieuse, un mouvement doit se placer au-dessus des querelles religieuses. Ceux qui placent le débat religieux au centre de l’engagement politique sont précisément les mêmes qui défendent une vision intégrationniste de la France. Par contre, il est souhaitable que des associations catholiques existent et qu’elles s’investissent activement dans leur combat d’idées : lutte contre l’avortement, pour les valeurs morales, pour le respect de leur religion, etc. De même l’existence de Terre et peuple est indispensable pour définir les bases idéologiques, philosophiques et culturelles d’un courant national sans repère.

Dans la période cruciale pour la survie de nos peuples que nous vivons, ce qui m’importe c’est la détermination commune à défendre notre spécificité ethnique. Les mentalités ont beaucoup évolué dans ce domaine, le sinistre ayatollah cassoulet a perdu toute l’influence néfaste qu’il exerçait sur le courant catholique. Nombre de jeunes catholiques se reconnaissent dans le nationalisme identitaire et dans l’idée d’une Europe Impériale.

Certes l’Église institutionnelle victime de la dérive de Vatican II s’est rangée dans le camp des défenseurs de la société multiraciale, mais à cette Église moderniste j’oppose le christianisme solaire, un christianisme qui s’est adapté aux croyances et à la mentalité européenne. Dans de nombreuses régions d’Europe, le combat identitaire pour la survie des patries charnelles n’a-t-il pas été mené avec acharnement par des prêtres comme Yann-Vari Perrot en Bretagne, Jean-Marie Gantois et Cyril Verschaeve en Flandre ?

Quelle Europe voulez-vous  ?

Il faut construire une grande Europe unie : l’Europe aux cent drapeaux. Mais une Europe qui tourne le dos aux principes du traité de Maastricht. Car cette Europe des technocrates mondialistes accélère le processus de déseuropéanisation de l’Europe occidentale. Elle soumet nos peuples, nos cultures, notre savoir-faire au diktat d’une bureaucratie planificatrice. Elle vise à créer des individus standardisés habitant d’un quelconque territoire économique dans un monde ou domine l’idéologie marchande. L’Europe que je défends s’étend de l’Atlantique au Pacifique et de la Méditerranée aux mers glaciales de l’Arctique. L’Europe meurtrie par les deux grandes guerres civiles qui l’ont déchirée doit retrouver la conscience de son unité. Pierre Drieu La Rochelle affirmait : “Beaucoup d’histoire unit les Européens, très peu les divise”, cette citation est fondamentale et résume la profondeur de l’identité européenne. Il faut hâter la grande réconciliation des familles ethniques et religieuses du continent. Pour cela les idéologies revanchardes et nationalitaristes qui ont fait couler tant de sang européen doivent être remplacées par une pensée nationaliste européenne. L’Europe doit se soucier de sa souveraineté et de la défense de ses frontières qui la séparent du monde arabo-musulman car ce sont les seules frontières naturelles qu’il faut défendre avec acharnement.

Quelle doit être la place de la France dans celle-ci ?

La France a un rôle de premier ordre dans la construction européenne car elle est profondément européenne. La France est germanique par l’Alsace, latine par la Provence, ibérique par le Languedoc, celtique par la Bretagne, nordique par la Normandie et néerlandaise par la Flandre. Elle a donc vocation à jouer un rôle de charnière entre les différents peuples qui la composent ou qui la bordent. Mais elle n’a pas la mesure de sa dimension européenne parce que sa classe politique a une conception abstraite de la France conçue comme un simple agrégat d’individus n’ayant pour seul contrat social que la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Etouffée par l’idéologie jacobine, la France reste le dernier pays centralisateur de l’Union Européenne. Lorsque l’on voit le tollé politique déclenché par le statut de la Corse, les choses ne sont pas prêtes d’évoluer. Pourtant, si l’Etat ne prend pas les mesures de l’enjeu et n’opte pas pour une constitution fédérale, ce sont les régions qui arracheront leurs droits et la France sera grignotée par le bas.

Et les régions? Quelle régionalisme souhaitez-vous ?

L’Europe identitaire doit se bâtir sur la base des régions, et plus précisément sur les patries charnelles. Car les vingt-deux régions découpées par l’administration française ne sont pas le reflet des réalités ethniques, culturelles ou linguistiques. Les contours sont approximatifs - Nantes se situe en Pays de Loire - et les dénominations sont fantaisistes - région “norpadecalé” ou Rhône-Alpes -. Par opposition à la région vue par les élites parisiennes, la patrie charnelle est un ensemble historique constitué d’hommes et de femmes d’un même peuple. Le réveil des identités en France, il faut bien l’avouer, fera voler en éclat l’Etat-nation. Cette certitude n’est sans doute pas perçue par les habitants du noyau “ francien ”, mais de plus en plus pressentie par ceux des zones frontalières. Car il existe un mythe de l’hexagone prôné par des générations de hussards noirs formés dans le moule jacobin. Les frontières naturelles érigées par les conquêtes ou les unions princières sont souvent des barrières qui divisent un même peuple. La Catalogne, l’Euskadi ou la Flandre sont des entités territoriales qui ont subi ce mauvais sort. L’Europe identitaire se devra d’aborder ce défi dans une logique enracinée mais aussi d’accorder aux régions une très grande souveraineté. Contrairement à la décentralisation mise en place en France qui repose sur une délégation de pouvoir central aux régions. Il convient d’envisager un statut d’autonomie où ces entités seront dotées d’un parlement élu et d’un gouvernement propre ayant possibilité de légiférer et de lever l’impôt. Cette souveraineté retrouvée permettra le nouvel essor, le renouveau des cultures et langues régionales qui ont échappé à l’ethnocide de deux siècles d’application de la philosophie des lumières.

Je pense pour ma part que l’avenir du pôle radical se situe dans le combat identitaire des patries charnelles. Ce que Pierre-André Taguieff appelle “la quatrième vague du nationalisme”. Nous avons une chance historique à saisir: investissons-nous dans ces mouvements régionalistes identitaires qui éclosent ou dans la création de telles structures en partenariat avec les associations qui défendent les cultures régionales depuis des années.

On parle de manière récurrente dans nos milieux de gramscisme de droite, de combat culturel comme préalable nécessaire à la reconquête. Qu’en pensez-vous ? Quelle place attribuez-vous au combat culturel ? Comment envisagez-vous celui-ci ?

C’est sur le terrain culturel que se joue le sort des sociétés. Le mérite du GRECE fut de placer le combat culturel comme une priorité.

Dans une époque où l’assaut d’une culture black/beur ou américaine est subi par tous, il devient vital de préserver et de retrouver notre identité culturelle. Cette contre-offensive identitaire se situe dans l’enracinement au quotidien. Une intense activité culturelle anime nos patries charnelles, nous devons nous investir sur ce terrain et ne pas le laisser aux gauchistes. Même si parfois il peut y avoir des initiatives contestables, comme la présence par exemple de groupes musicaux orientaux au festival interceltique de Lorient, nous devons soutenir tous ce qui redonne vie à nos cultures régionales. Il suffit d’analyser l’effet du film Braveheart sur le nationalisme écossais pour comprendre que la culture peut provoquer une forte prise de conscience identitaire.

Il est important également de construire une contre-culture comme le font depuis des années les jeunes radicaux avec de faibles moyens. Aujourd’hui après un travail acharné, le RIF constitue une des meilleures réussites de notre camp et il mériterait de recevoir un soutien plus important de la part des nationaux.

A mon sens, la révolution culturelle précède la révolution politique.

Si vous deviez définir un panthéon idéologique, quel serait-il ?

Contrairement au marxisme, notre conception politique prend racine dans la plus profonde mémoire européenne. Je pense que le père du nationalisme européen en France est incontestablement Pierre Drieu La Rochelle. Ses idées parfois mal comprises à l’époque ou déformées par une histoire officielle avide de caricatures sont d’une actualité troublante. Elles sont axées sur la construction européenne tournant résolument le dos aux patriotismes archaïques et sur l’instauration d’un nouvel ordre social en rupture avec le libéralisme.

Sinon, le panthéon des grands ancêtres du nationalisme auquel je me réfère, je le classerais en quatre familles : la nationaliste, la socialiste, la scientifique et celle des éveilleurs de peuples.

Famille nationaliste avec Édouard Drumont et Maurice Barrès.

Famille socialiste avec Georges Sorel et Pierre-Joseph Proudhon.

Famille scientifique avec Alexis Carrel et Georges Vacher de Lapouge.

Famille des éveilleurs de peuples avec Saint-Loup qui a incontestablement initié des générations de nationalistes à la défense des patries charnelles, à une conception biologique de l’identité et aussi à une certaine conception nietzschéenne de l’homme. Dans ce courant, je placerais les éveilleurs des patries charnelles que sont Joris van Severen, Henri Conscience, Albrecht Rodenbach et Jean-Marie Gantois pour le pays thiois dont je suis issu. Chaque région a bien entendu ses propres éveilleurs, je pense en particulier à Olier Mordrel pour la Bretagne, à Jean Mabire pour la Normandie, à Sabino Arana Goiri pour l’Euskadi, etc.

A votre avis, quelles sont les tares de l’extrême-droite ? Quelles solutions envisagez-vous pour y remédier ?

Le terme de tares est vraiment approprié et elles sont multiples. La première reste incontestablement le passéisme. Peuplé de nostalgiques, l’extrême-droite reste prisonnière de clivages caduques. Le repli souverainiste face à la construction européenne est issu d’une pensée maurrassienne nourri d’anti-germanisme. La méfiance à l’égard des peuples de l’Est reste un schéma de la guerre froide - certaines publications prenaient même parti pour les Bosniaques contre les “serbo-bolcheviques”. La nostalgie de l’empire colonial multiracial empêche toute vision ethno-différentialiste de la société française, c’est le fameux mythe vichyste “trois couleurs, un Empire”.

L’extrême-droite est incapable de saisir l’opportunité historique qui se présente - cas du général Boulanger ou de l’attitude du colonel de La Rocque le 6 février 1934.

L’extrême-droite est trop frileuse et pas assez novatrice. Le Front national par exemple a toujours freiné les ardeurs des jeunes militants souhaitant s’attaquer au symbole de Mac Donald ; aujourd’hui ce combat est repris avec succès par le gauchiste José Bové. Elle est incapable de définir une stratégie, elle mène un combat à court terme. Aucune organisation d’extrême-droite n’a su mettre en place une pratique de noyautage de syndicats ou d’associations pour influencer des pans entiers de la société, tel que l’ont réalisé la gauche et les trotskistes. L’extrême-droite préfère observer les mécanismes d’infiltration de ses ennemis et se lamenter sur leur puissance. En quelque sorte gémir plutôt que d’agir.

Les solutions résident dans une solide formation des militants mais aussi dans une remise en question de notre stratégie politique. Devons-nous encore porter longtemps à bout de bras cette extrême-droite ringarde?

Notre idéologie est-elle actuelle ou n’est-elle que nostalgie ?

Pour traiter cette question, je pense qu’il faut être clair et distinguer ce que l’on entend par “notre idéologie”. Personnellement, je me définis comme un nationaliste identitaire. Ma réponse s’articulera dans cette optique.

La nostalgie consiste à vouloir restaurer une époque révolue, une idéologie périmée ou à continuer de penser selon des schémas caduques. A l’opposé de cela, notre idéologie est profondément actuelle et futuriste.

Elle est actuelle car en phase avec les réalités. En plaçant la fracture ethnique au cœur de nos préoccupations, nous répondons à l’inquiétude des Français sur l’immigration - un récent sondage démontre les réticences des Français à l’égard de la société multiraciale.

Notre pensée est futuriste quand elle projette l’idée d’une grande confédération eurosibérienne.

Par contre nous allons à contre-courant de l’idéologie dominante, mais n’est-ce pas cette pensée mortifère qui est nostalgique ? Quand elle ressasse le passé et reste coincée dans des clivages archaïques : la fameuse référence servie à toutes les sauces “des heures les plus sombres de notre histoire”.

L’idéologie identitaire façonnée par la Nouvelle droite et des penseurs brillants comme Guillaume Faye a su s’adapter aux nouveaux enjeux et se libérer des nostalgies de l’extrême-droite. Il faut dire que notre pensée n’est pas prisonnière de l’idéologie d’un grand maître à penser - tel Charles Maurras pour le courant royaliste - qui fixe la vision politique dans une époque révolue.

Que pensez-vous de l’immigration? Quelles solutions proposeriez-vous ?

C’est la première fois de l’histoire que la France est plongée dans la société multiraciale. Les anciennes vagues d’immigration en France ont rassemblé des groupes de l’ensemble ethno-culturel européen comme les Polonais, les Italiens, les Espagnols, etc. L’immigration extra-européenne est le grand défi de ce début de millénaire pour notre continent.

Nous avons un temps très limité pour éviter le grand ethnocide des peuples européens. Je partage tout à fait l’analyse de Guillaume Faye dans son courageux ouvrage La Colonisation de l’Europe. Il n’existe pas plusieurs solutions pour régler ce problème, il n’en existe qu’une seule : le retour au pays.

Je suis particulièrement scandalisé par les prises de positions de gens que l’on classe dans “notre camp” et qui se sont résignés à l’idée d’une France multi-ethnique ou multi-confessionnelle. On ne peut, comme le fait le Front national, continuer de recueillir des voix sur le thème de l’immigration et prôner une intégration/assimilation. Il ne s’agit pas d’une stratégie visant la dédiabolisation du parti ou des intérêts électoraux par la captation d’une frange sécuritaire de l’électorat beur ou black, mais du fait que la plupart des nouveaux dirigeants du Front national manquent de réalisme ethnique, certains pensent “qu’être français c’est mental et non ethnique”, d’autres pensent “qu’être français c’est appartenir à une religion précise”. Cette conception pluri-ethnique a même été théorisée dans les ouvrages de Farid Smahi et de Stéphane Durbec. Face à ces dérives, nous devons recentrer notre discours sur la notion ethnique de la nationalité.

Pour conclure sur ce sujet, je pense que si toutes les raisons nous poussent au pessimisme, un embrasement des banlieues, par exemple lié à la crise au Proche Orient, pourrait être un facteur déclenchant du réveil de nos peuples. Gardons l’espoir !

Faites-vous une place particulière à l’islam dans le problème de l’immigration ?

La religion musulmane représente la deuxième religion de France et compte cinq millions de croyants. L’islam est un phénomène très préoccupant, le considérer comme une simple religion constitue une grave erreur d’analyse. L’islam est le ciment des différentes communautés afro-maghrébines qui vivent sur notre sol. Il séduit particulièrement les immigrés de la deuxième et troisième génération en quête d’identité. L’islam structure leur pensée et leur façon d’aborder la société française. Son rôle n’est donc pas neutre dans les phénomènes que subissent les banlieues de nos grandes villes. Lorsqu’on analyse cette religion au travers de ses textes, de l’histoire même contemporaine, on s’aperçoit de son caractère belliqueux, intolérant et expansionniste. Certes il existe des beaux esprits, qui ont la chance de ne pas habiter en HLM, qui nous content la formidable culture qui s’est épanouie en Espagne durant son occupation par les Maures. Il reste cependant à étudier la vitesse à laquelle l’islam se radicalisera en Europe. La confrontation avec ce phénomène pourrait hâter le réveil de la conscience identitaire des Européens.

Et les Dom-Tom, comment considérez-vous leur ressortissants ?

Le nationalisme doit s’affranchir de la nostalgie coloniale.

Quel est donc notre intérêt de garder des confettis de l’Empire français ? Nous n’avons que des inconvénients, notamment avec le déplacement des ressortissants des Dom-Tom en métropole. La majorité des habitants des Dom-Tom est d’origine extra-européenne, leur destin n’est pas lié aux peuples européens. Je revendique le droit des peuples d’exister avec leur spécificité, leur identité sur leur terre: ce principe doit s’appliquer aux ressortissants des Dom-Tom. Certes, nous avons un intérêt géopolitique à garder des bases militaires aux quatre coins du globe. Cette présence de nos forces armées doit être négociée et n’est pas incompatible avec l’existence de ces États indépendants. Regardez l’exemple de la présence militaire en Afrique.

Les USA sont-ils pour vous des concurrents ou des ennemis ?

L’Amérique est devenue l’unique superpuissance de la planète après l’implosion de l’empire soviétique, son règne apparaît aujourd’hui sans limite.

Les USA nous imposent une allégeance à leurs principes qui sont la religion des droits de l’homme - par opposition au principe du droit des peuples - et l’acceptation du libéralisme économique mondial. L’ordre mondial qu’ils ont instauré leur sert de cadre politique et de prétexte pour mieux inféoder le monde par des expéditions punitives. L’Europe qui représente leur principal concurrent est au cœur de leur stratégie de domination mondiale.

L’Amérique mène une guerre implacable à l’Europe sur le plan économique en imposant des accords économiques qui concourent à nous ruiner comme les accords du GATT.

Sur le plan militaire, elle neutralise l’émergence d’une force militaire européenne en maintenant en vie l’OTAN qui constitue un réservoir humain et un arsenal militaire peu coûteux pour mener les opérations de police sur la planète. Sa diplomatie “ généreuse ” concourt à créer des tensions entre Européens et à installer de futures zones de conflits sur le continent. Elle a notamment imposé l’intervention des pays de l’Europe occidentale contre les Serbes qui résistaient aux assauts des forces islamistes au Kosovo.

L’Amérique nous impose avec des moyens colossaux une sous-culture cosmopolite qui transforme notre peuple en métis culturel.

Pour toutes ces raisons les USA représentent incontestablement un ennemi pour l’Europe.

Quelles grandes lignes proposeriez-vous pour une politique étrangère nationaliste ?

La fin de la bipolarité est-ouest a marqué une nouvelle ère dans le monde. La puissance américaine tente d’organiser le monde à son profit en intervenant militairement ou diplomatiquement au nom de la démocratie. Pour l’Europe, de grandes perspectives s’ouvrent mais de graves menaces s’installent. Nous avons désormais la possibilité de construire une grande Europe basée sur l’alliance de l’Europe occidentale et de la Russie. Cette grande puissance eurosibérienne serait capable de peser militairement, notamment sur le plan nucléaire, face à la puissance américaine. Ce grand Empire européen pourrait aussi vivre en autarcie en se privant des énergies importées des pays proche-orientaux.

Pour accomplir un tel dessein, les pays de l’Europe occidentale doivent s’affranchir de la tutelle américaine et développer une politique de coopération avec le monde slave. La menace des peuples arabo-musulmans se précise à l’encontre de notre continent comme le montrent les guerres du Kosovo et de Tchétchénie, elle a trouvé un allié de poids dans les USA dont la stratégie vise de tout temps à affaiblir l’Europe.

La politique étrangère du continent européen devrait donc consister à s’allier à l’Inde et à la Chine qui sont menacées par les mêmes rivaux.

Les notions de droite et de gauche ont-elles pour vous une valeur? Sont-elles des référents opportuns ?

Notre combat se situe au-delà des notions de droite et de gauche. L’idéologie de droite est aussi périmée que celle de gauche. A l’heure de la suprématie de la pensée unique rien ne différencie plus la droite de la gauche. Cette division artificielle est cependant savamment entretenue par des politiciens souhaitant maintenir une apparence d'enjeu pour pallier le désintérêt de nos concitoyens pour la politique.

Se déterminer en fonction de ces référents, c’est participer à la survie d’un système que nous combattons. Certes les nationaux-conservateurs considèrent qu’il est stratégiquement important de se placer dans le bloc de droite pour progresser et tenter d’être dé-diabolisé. Mais quels sont donc les critères qui nous rapprocheraient plus de la droite que de la gauche ? Nous retrouvons en fait dans les deux camps la même conception mondialiste.

A mon sens, tout au contraire, il nous faut sortir de cette logique et définir le combat politique selon ce qui est vital pour nous. La véritable ligne de fracture politique ne se situe plus entre la droite et la gauche mais entre les défenseurs des identités et les cosmopolites.

Les mouvements nationalistes radicaux semblent s’être spécialisés tout au long de leur histoire contemporaine dans le rôle de harkis de la droite nationale. Est-ce une stratégie ou le résultat même d’une absence de stratégie ?

A mon avis c'est l’absence de stratégie ou de mouvement radical fort qui a conduit nombre d’entre nous à s’engager au sein du Front national. Conscients qu’en travaillant nous pourrions monter dans la hiérarchie et collectivement peser idéologiquement pour le faire évoluer vers une ligne plus identitaire et moins réactionnaire. Je pense que par notre rayonnement et notre dévouement nous avons réalisé un bon travail de formation. Nombre de militants pris en main par nos cadres ont évolué idéologiquement.

A la base cette stratégie de radicalisation a très bien fonctionné. En revanche nous n’avons pas su peser sur l’orientation idéologique de ce mouvement. Nous n’avons pas réussi à endiguer la dérive intégrationniste du Front national lorsque celui-ci était encore uni. Malgré un encadrement plus identitaire, le MNR s’enfonce dans une politique droitière, s’accroche à une pensée souverainiste ringarde et prend une position ultra-jacobine contre le statut de la Corse.

Si on analyse la situation, il est clair que le compromis nationaliste fonctionne en notre défaveur. Sur-représentés à la base mais sous-représentés au sommet, nous n’avons aucun moyen d’infléchir la ligne politique. Et il nous faut bien souvent défendre des positions qui sont opposées à notre profonde pensée. Ce qui nous rend acceptable pour ces partis, c’est avant tout la crise du militantisme. Si demain ces partis réussissaient leur percée sur la stratégie conservatrice qui est la leur, nous en serions très vite évincés, sacrifiés au profit d’une stratégie d’ouverture que nous mettrions en péril par notre seule présence.

Que pensez-vous de l’opportunité de constituer une organisation radicale en marge du MNR et du FN ?

Dernièrement j’ai eu l’occasion de représenter La CoordiNation à la Journée pour la Nation organisée à Bruxelles par le Mouvement Nation. La constitution d'une organisation, c’est la voie choisie par nos dynamiques camarades belges qui, après avoir suivi toute les aventures nationales-conservatrices de leur pays, en ont tiré l’enseignement qu’il serait bien plus efficace de créer leur propre structure et de se battre pour leurs propres idées qui sont identitaires, sociales et européennes. Le courant national-conservateur ne représentant plus rien en Wallonie, je pense qu’ils ont eu raison de voler de leurs propres ailes.

En France, c’est aux militants radicaux de dresser un bilan réaliste sur notre efficacité en dehors ou dans les structures nationales-conservatrices. Mais c'est aussi à ces partis de nous proposer un véritable partenariat où nous cesserions d’être les SA du conservatisme. Je ne vois pas le Front national en prendre le chemin. Du côté du MNR, la structure est plus souple mais la stratégie conservatrice prime sur les idées. La période qui suivra les élections municipales sera importante pour la réflexion de notre courant d’idées. Nous devrons tirer les leçons décisives et orienter notre stratégie afin d’être le plus efficace possible.

La politique occupe une part importante de votre vie; quand vous cessez d’être un militant, que faites-vous ?

Tout d’abord je m’occupe de ma famille car je les délaisse trop souvent pour le combat politique. J’ai trois fils et je m’efforce de leur consacrer le plus de temps possible. J’aime pratiquer la randonnée en famille et cela en montagne plus particulièrement; mais malheureusement je ne peux le faire qu’aux périodes de vacances puisque j’habite dans le plat pays .... Je fais du sport et je me maintiens en forme physique. Je pratique la course à pied, la natation et occasionnellement le body board. Je suis également un grand amateur de rugby. La culture a également une place importante dans ma vie et dans l’éducation que je transmets, avec ma femme, à mes enfants. Nos sorties sont axées sur la découverte de notre patrimoine historique et culturel ... Outre la politique, mes lectures sont axées sur les cultures régionales. J’ajouterai que je suis un fan de RIF et que je possède tous les albums sortis.