Édouard Drumont

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Édouard Drumont, né à Paris le 3 mai 1844 et mort le 3 février 1917, est un journaliste, écrivain, polémiste et homme politique nationaliste français.

Adversaire résolu des oligarchies financières et de la corruption, il est partisan d’un socialisme national. Il est l'inventeur du slogan « La France aux Français ». Il devient ouvertement antisémite au cours de l'affaire Dreyfus. Il fonde le journal La Libre parole et cofonde la Ligue nationale antisémitique de France. Il a été député d'Alger de 1898 à 1902.

Biographie

Édouard Drumont entreprit d’abord des travaux d’historien, publiant notamment un très bel ouvrage, Les Fêtes nationales de France (1879) et une étude incontournable sur Le Vol des diamants de la couronne au garde-meuble (1885). Puis, renonçant à un poste de fonctionnaire peinard à l’Hôtel de ville dans le fauteuil laissé tout chaud par son père, il embrassa le journalisme; il fonda même son propre journal, le quotidien La Libre parole (en 1892). Homme de lettres, il publia aussi un roman Le Dernier des Trémolin (Palme, 1879) et un très joli livre d’un amoureux de la capitale, Mon vieux Paris (Charpentier, 1896) que complète pour partie De l’or de la boue, du sang (Flammarion, 1896). Il est impossible d’être ici exhaustif quant à l’œuvre de Drumont, toujours très instructive, avec en plus le plaisir de lire une belle langue, par exemple à travers les portraits de personnages des deux volumes des Tréteaux du succès (Flammarion, 1900), Figures de bronze ou statues de neige et Les Héros et les pitres.

Essayiste politique, Drumont n’a pas cessé de dénoncer la corruption de l’oligarchie républicaine, avec une pertinence et une acuité qui font de La Fin d’un monde (Savine, 1889) un livre qu’il faut lire et relire, tant les vices de la IIIe République subsistent au sein de la Ve . « Le républicain bourgeois est convaincu que la nation doit lui faire des rentes à perpétuité, le nourrir sur un chapitre quelconque du budget. »

Drumont, décrivait « l’autre partie de la bourgeoisie, la plus méritante, la plus française, celle qui travaillait elle-même, est en train de retourner au prolétariat ». C’est également Drumont qui révèle la plus grande affaire de corruption de son temps, celle des « chéquards », restée dans l’histoire de la République sous le non de « scandale de Panama ». Mais surtout, lui qui avait connu la tragédie de la Commune, aventure à laquelle il avait été hostile, il se fit le défenseur du peuple, à commencer par celui des communards, se montrant notamment admirateur de Louise Michel. Drumont s’est révélé comme une sorte de tribun du peuple, par la plume mais aussi subséquemment par l’épée du duelliste. Partisan d’un socialisme national, inventeur du slogan « La France aux Français », il vilipendait l’oligarchie républicaine, née de la répression féroce de 1871.

« Ce qui rendit… la répression de la Commune ignoble, c’est qu’elle fut faite par les courtisans, les corrupteurs de ceux mêmes dont on versait le sang à flots, c’est que les plus impitoyables égorgeurs du Peuple furent ceux qui le flattaient le plus bassement la veille… ». Il fut le premier à défendre les grévistes de Fourmies (1er mai 1891), contre lesquels la République expérimenta le nouveau fusil Lebel, tuant neuf ouvriers, femmes et enfants (Le Secret de Fourmies, Savine, 1892). L’ordre de tirer avait été donné par le sous-préfet Isaac, couvert par le ministre de l’Intérieur, le franc-maçon Ernest Constans.

Drumont, homme de droite, traditionaliste et même réactionnaire, a su venir à la rescousse des anarchistes, véritables héritiers inavouables de la Révolution que revendiquait le pouvoir « républicain ». De Vaillant, qui a jeté, le 9 décembre 1893, dans l’enceinte de la chambre des députés une bombe qui n’a fait que des blessés, il écrivait le lendemain dans La Libre Parole: « Que répondront les anarchistes aux protestations de ceux qui leur reprochent de frapper des innocents? Ils répondront purement et simplement: il n’y a pas d’innocent parmi les bourgeois (…) Il y a cent ans, la bourgeoisie tenait absolument vis-à-vis des aristocrates le langage que l’anarchie tient aujourd’hui vis-à-vis des bourgeois. » « Il n’y a pas d’innocents parmi les bourgeois » est la reproduction textuelle d’une phrase prononcée en 1793 : « Il n’y a pas d’innocents parmi les aristocrates » par le terroriste Carnot, grand-père du président de la République d’alors, Sadi-Carnot… Lequel fut assassiné l’année suivante, par l’anarchiste Caserio, à Lyon, ville rebelle[1] que le grand-père voulait détruire.

Édouard Drumont et « la France juive »

C’est en 1886, avec l’appui d’Alphonse Daudet sans qui il n’aurait pas trouvé d’éditeur, que Drumont publia La France juive, en deux gros volumes qui vont être un énorme succès de librairie, grâce à une critique du Figaro d’alors. La France juive est une grande fresque historique et sociale des rapports de la France avec les Juifs. Dans La France juive, on trouve « non seulement des pages de polémiste, mais des pages de très grand historien, d’autres d’autant plus émouvantes qu’elles sont animées par une conviction profondément sincère » écrit dans sa biographie Emmanuel Beau de Loménie[2].

La publication du livre valut à son auteur un duel avec Arthur Meyer, journaliste juif et directeur du Gaulois (!). Dans ce duel Drumont reçut une blessure, due à un geste déloyal de la main de Meyer, lequel fut alors appelé par Rochefort, en référence à Alexandre Dumas et ses mousquetaires, « le vicomte de Mainfélonne »… Toutefois Meyer écrivit plus tard: « En prêchant sa croisade contre les juifs, M. Drumont a entendu montrer au monde que certains juifs mettaient en péril l’ordre social universel. Et malheureusement, sur ce point, M. Drumont a complètement raison. » Arthur Meyer donna encore raison, implicitement et paradoxalement, à l’essayiste… en se convertissant au catholicisme pour redorer la dot d’une demoiselle de Turenne! Mais, chez les écrivains juifs, il n’y a pas que Meyer pour donner raison à Drumont, indirectement en tout cas… Voici ce qu’écrivit Bernard Lazare, dans L’Antisémitisme, son histoire et ses causes (Chailley, 1894): « Si cette hostilité, cette répugnance même, ne s’était exercée, vis-à-vis des Juifs qu’en un temps et en un pays, il serait facile de démêler les causes restreintes de ces colères; mais cette race a été, au contraire, en butte à la haine de tous les peuples au milieu desquels elle s’est établie (…) Il faut donc considérer que les causes générales de l’antisémitisme aient toujours résidé en Israël même et non chez ceux qui le combattirent. » Le lecteur qui n’a pas encore lu Drumont pensera peut-être ici que tout cela remonte au XIXe siècle et que tout a bien changé de nos jours. L’auteur de La France juive a dénoncé, tout particulièrement dans cet ouvrage, le rapport supposé obsessionnel et malsain des juifs avec l’argent. Or, un avocat et écrivain israélite contemporain, Édouard Valdman, a publié un essai, Les Juifs et l’argent (Galilée, 1994), où il écrit benoîtement: « D’un côté donc les valeureux, les hommes qui possèdent la terre, et de l’autre les hommes de l’indétermination. Seul ce qui n’est pas noble leur est autorisé, l’argent (…) Le grand Shakespeare lui-même l’a souligné. Le Juif pose un voile sordide sur toute cette gratuité, sur toute cette fraternité (…) L’argent et le Juif sont en fait la même chose. Tous deux errent. » Jacques Attali reprendra cette thèse dans Les Juifs, le monde et l’argent (Fayard, 2002), au point d’être accusé de plagiat par Valdman. Avec ces lectures, on comprendra mieux le mot de Bernanos, dans le livre qu’il a consacré à la gloire de Drumont, La Grande Peur des bien-pensants (Grasset, 1931), quant à l’apport de La France juive, grâce à laquelle « l’antisémitisme apparaîtra ce qu’il est réellement: non pas une marotte, une vue de l’esprit, mais une grande pensée politique »[3].

Publications

  • Mon vieux Paris, Paris, Éditions Flammarion (1re éd. 1878) — Prix de Jouy de l’Académie française 1879
  • Les Fêtes nationales à Paris, Paris, L. Baschet (1re éd. 1878)
  • Le dernier des Trémolin, Paris, Palmé (1re éd. 1879), 328 p.
  • Louis de Rouvroy de Saint-Simon (préf. Édouard Drumont), Papiers inédits du duc de Saint-Simon : Lettres et dépêches sur l'ambassade d'Espagne, Paris, A. Quantin, 1880, 411 p.
  • Les frères Anthoine (préf. Édouard Drumont), La Mort de Louis XIV : Journal des Anthoine, Paris, A. Quantin, 1880, 156 p.
  • La France juive : essai d'histoire contemporaine, Paris, C. Marpon & E. Flammarion, 1880.
  • La France Juive devant l'opinion, 1886
  • La Fin d'un monde : Étude psychologique et sociale, 1889
  • La Dernière Bataille, 1890
  • Le Testament d'un antisémite, 1891
  • Le Secret de Fourmies, 1892
  • De l'or, de la boue, du sang : Du Panama à l'anarchie, 1896
  • Mon vieux Paris. Deuxième série, 1897
  • La Tyrannie maçonnique, 1899
  • Les Juifs contre la France, 1899
  • Les Tréteaux du succès. Figures de bronze ou statues de neige, 1900
  • Les Tréteaux du succès. Les héros et les pitres, 1900
  • Le Peuple juif, 1900
  • Vieux portraits, vieux cadres, 1903
  • Sur le chemin de la vie (souvenirs) 1914

Bibliographie

Cité dans :

Notes et références

  1. À défaut de raser Lyon, la République l’humiliera, comme en témoigne son « boulevard de la République »!
  2. Emmanuel Beau de Loménie, Édouard Drumont (Pauvert, 1968).
  3. * Éric Delcroix, « Qui fut Édouard Drumont ? », in: Réfléchir et agir, HS no 1, 2014, p. 4-7.