Pierre Drieu La Rochelle
Biographie
Issu d'une famille normande, bourgeoise et nationaliste installée dans le XVIIe arrondissement de Paris, déchirée par les problèmes conjugaux et d'argent, élève de l'École libre des sciences politiques, il est traumatisé par la Première Guerre mondiale, durant laquelle il est blessé à trois reprises. La comédie de Charleroi, recueil de nouvelles publié en 1934, s'inspire de son expérience de la guerre. Il épouse en 1917 Colette Jéramec, dont il divorce quatre ans plus tard.
Proche des surréalistes dans les années 1920, il s'intéresse aussi à l'Action française, tout en n'adhérant à aucun de ces courants. Il se fait connaître, en 1922, par un essai remarqué, Mesure de la France, et publie plusieurs romans. Dans l'essai Genève ou Moscou, en 1928, il prend des positions pro-européennes, qui l'amènent à se rapprocher successivement de certains milieux patronaux, notamment l'organisation du Redressement français dirigé par Ernest Mercier, puis de certains courants du Parti radical, à la fin des années 1920 et au début des années 1930.
Dans les semaines qui suivent les manifestations de février 1934, il collabore à la revue La Lutte des jeunes et se déclare fasciste, voyant là une solution et un remède à ce qu'il considère comme la décadence matérialiste des sociétés modernes. En octobre, il publie l'essai Socialisme fasciste, et se place dans la lignée du premier socialisme français, celui de Saint-Simon, Proudhon et Charles Fourier. Ce choix intellectuel le conduit à adhérer en 1936 au Parti populaire français, fondé par Jacques Doriot, et à devenir, jusqu'à sa rupture avec le PPF au début de 1939, éditorialiste de la publication du mouvement L'Émancipation nationale. Parallèlement, il rédige son roman le plus connu, Gilles.
Sous l'État français, il devient directeur de La Nouvelle Revue française (NRF) et prend parti pour une politique de collaboration avec l'Allemagne, qu'il espère voir prendre la tête d'une sorte d'Internationale fasciste. À partir de 1943, revenu de ses illusions, ses préoccupations se tournent vers l'histoire des religions - en particulier les spiritualités orientales - tandis que, dans un ultime geste de provocation, il adhère de nouveau au PPF, tout en déclarant, dans son journal secret, son admiration pour le stalinisme.
A la "libération", il refuse l'exil ainsi que les cachettes que certains de ses amis – dont André Malraux – lui proposent. Après deux tentatives manquées, il se donne la mort le 15 mars 1945.
Citations
« Cette musique de danse est le dernier chant de ces peuples affairés et exténués, chant rempli d’une furieuse frivolité, et qui décourage les cœurs par une représentation infamante de la jouissance. On y sent, dans le désir, l’alliance inattendue du plus précis des races mercantiles et du plus impétueux des races paresseuses, le rut vague du nègre qui se mêle dans la spéculation minutieuse du Levantin [...]. » Le Jeune Européen (1927)
« Après le Grand Soir, il y aura le Petit Matin. Et nous qui ne sommes ni bourgeois, ni conservateurs, ni réactionnaires, ni démocrates-chrétiens ou maçon et qui sommes capables, nous aussi, de manier les mitraillettes et qui commençons à les manier, nous nous intéressons à ce Petit Matin. »
Œuvres
Sauf précision contraire, les œuvres de Drieu La Rochelle ont été publiées par Gallimard, à Paris.
- Interrogation, 1917
- Fond de cantine, 1920
- État-civil, 1921
- La valise vide, 1921
- Mesure de la France, Grasset, coll. « Les Cahiers verts », 1922
- Plainte contre inconnu, 1924
- L'homme couvert de femmes, 1925)
- Le Jeune Européen, 1927
- Genève ou Moscou, 1928
- Blèche, 1928
- Adieu à Gonzague, 1929
- Une femme à sa fenêtre, 1930
- L'Europe contre les patries, 1931
- Le Feu Follet, 1931
- Journal d'un homme trompé, 1934
- La Comédie de Charleroi, 1934
- Socialisme fasciste, 1934; rééd. Grands classiques de Synthèse nationale, 2021, 160 p.
- Béloukia, 1936
- Doriot ou la vie d'un ouvrier français, Editions du PPF, Saint-Denis, 1936
- Avec Doriot, 1937
- Rêveuse Bourgeoisie, 1937
- Gilles, 1939 (censuré, la version intégrale paraît en 1942)
- Ne plus attendre, Grasset, Paris, 1941
- Notes pour comprendre le siècle, 1941
- L'homme à cheval, 1943
- Les chiens de paille, 1944 (pilonné, paraît en 1964)
- Mémoires de Dirk Raspe, 1944 (inachevé, publié en 1966)
- Le Français d'Europe, Balzac, 1944 (pilonné, réimprimé en 1994)
- (sous la direction de Julien Hervier) Jouer Dantzig sur un match de football : Carnets intimes 1909-1942, Gallimard, Paris, 2021.
Bibliographie
- Pierre Andreu, Drieu, témoin et visionnaire, Grasset, coll. « Les Cahiers verts », 1952.
- Pierre Andreu, Frédéric Grover, Drieu La Rochelle, Hachette, 1979 ; réédition à La Table ronde, 1989.
- Marie Balvet, Itinéraire d'un intellectuel vers le fascisme : Drieu La Rochelle, PUF, 1984.
- Jeremy Baneton, Pierre Drieu La Rochelle - Le rêve ou l’action, La Nouvelle librairie, Paris, 2024, 82 p.
- Thierry Bouclier, Drieu La Rochelle, coll. « Qui suis-je ? », Pardès, Paris, 2020, 128 p.
- Dominique Desanti, Drieu La Rochelle ou le séducteur mystifié, Flammarion, 1978.
- Frédéric Grover, Drieu La Rochelle, Gallimard, coll. Idées, 1979.
- Arnaud Guyot-Jeannin, Drieu La Rochelle, antimoderne et européen, Paris, 1999.
- Julien Hervier, Deux individus contre l'histoire : Drieu La Rochelle et Ernst Jünger, Klincksieck, 1990.
- Jean-Louis Loubet del Bayle, L'illusion politique au XXe siècle. Des écrivains témoins de leur temps, Economica. 1999.
- Collectif, Drieu La Rochelle, Cahier de l'Herne , Herne, 1984.
Lien externe
- Site-hommage
- Les idées à l’endroit – Pierre Drieu la Rochelle : Auteur fascinant ou écrivain maudit ? sur TV Libertés le 31 octobre 2021 : [1]