Jacques Doriot

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Jacques Doriot, surnommé le Grand Jacques, né à Bresles dans l'Oise le 26 septembre 1898 et mort à Mengen, dans le Wurtemberg (Allemagne), le 22 février 1945, est un homme politique français.

Venu du Parti communiste, il fonde en 1936 le Parti populaire français (PPF), un mouvement national et populaire, considéré comme proche du fascisme par certains de ses aspects. Durant la Seconde guerre mondiale, Doriot contribue à la création de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) et s'y engage personnellement.

Jacques Doriot en 1943

Biographie

Formé dans les écoles du Komintern à Moscou, député communiste à 25 ans, maire de Saint-Denis à 32, Jacques Doriot (1898-1945) fut au sein du PCF le grand rival de Maurice Thorez. Pour avoir refusé de se plier aux exigences de Staline et prôné trop tôt un rapprochement avec les socialistes, il est exclu du Parti en 1934.

Une caricature de Jacques Doriot

Le PPF

Deux ans plus tard, le 28 juin 1936, il fonde le Parti populaire français (PPF), qui n’est pas encore un parti fasciste au sens strict du terme, mais qui le deviendra pendant l'Occupation.

Il lance, en octobre 1940, un nouveau quotidien, Le Cri du Peuple. Il confie à Albert Beugras, dès la fin 1941, la charge de constituer un service de renseignements pour la protection des membres du Parti.

Rallié prudemment à la Collaboration tant qu’a subsisté l’hypothèque du pacte germano-soviétique, Doriot ne brûlera vraiment ses vaisseaux qu’en juin 1941, lorsque les divisions allemandes se lanceront à l'assaut de l'URSS. Il réclame alors la création d'une Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) et, de tous les dirigeants des grands partis collaborationnistes, il sera le seul à combattre sur le front de l'Est, à plusieurs reprises, de novembre à décembre 1941, et d'avril 1943 à février 1944.

Alors que les Allemands se méfient de lui, il affiche désormais sa volonté de faire du PPF « un parti fasciste et totalitaire » (novembre 1942) et finit par trouver auprès des SS le soutien que lui a refusé Otto Abetz sur instruction de Hitler. Il se replie en Allemagne en été 1944. Il y trouvera la mort, le 22 février 1945, dans sa voiture mitraillée sans doute au hasard par des avions alliés. Ainsi disparaissait l’une des figures les plus énigmatiques de l’histoire politique française du XXe siècle, dont Pierre Pucheu, qui ne l’aimait guère, a pu écrire : « À vrai dire, je n’ai pas connu dans notre génération d’homme ayant reçu à tel point du ciel des qualités d’homme d’État. »

Décès

Le 22 février 1945, à 11h30, Jacques Doriot, son chauffeur et une secrétaire, Jacqueline Normand, s'engouffrent dans la voiture du conseiller d'ambassade Struwe et prennent la route de Mengen.

Une heure plus tard, parvenue à quelques centaines de mètre de leur destination, la voiture est prise pour cible par deux avions. Un premier mitraillage blesse Doriot. Un second, puis un troisième l'achèvent alors que les trois occupants tentent de quitter le véhicule.

Texte à l'appui

Entretien avec Jean-Claude Valla, auteur du Qui suis-je ? Doriot (Éditions Pardès), publié par le quotidien Présent (5, rue d'Amboise, 75002 Paris) n°6546 du mercredi 12 mars 2008.

Couverture du livre de Jean-Claude Valla consacré à Jacques Doriot

Dans son Jacques Doriot publié aux éditions Pardès dans la collection "Qui suis-je ?", l'historien Jean-Claude Valla retrace la vie d'une des figures les plus énigmatiques de l'histoire politique française du XXe siècle.

On ne saurait épuiser le champ des diverses personnalités qui ont été fascinées par Doriot. Jean-Claude Valla sélectionne quelques citations parmi les plus fameuses.

"Une légion de volontaires a été formée. Jacques Doriot s'y est inscrit, donnant un rare exemple d'accord entre les idées et les actes. Ce soldat qui part pour le front de l'Est est aussi un homme d'État", écrivait Alfred Fabre-Luce.

Le sujet est exigeant. Valla insiste sur la période communiste de celui que ses admirateurs appelaient "le grand Jacques" et l'explique. Il en dresse un portrait rigoureux, qui instruit et force à réfléchir.

Censeurs et procureurs de salon seraient bien inspirés de lire cet ouvrage profond et éclairant. - C.R.

  • En 1924, Jacques Doriot a été en pointe dans le combat anti-colonialiste, mais il se voit attribuer - à tort, dites-vous - la paternité d'un télégramme de soutien à l'adresse du chef rebelle marocain Abd el-Krim. En 1936, le colonel de La Rocque l'accusera d'être responsable de la mort de soldats français. Quel fût le rôle exact de Doriot pendant la guerre du Rif ?
Doriot n'a pas désavoué ce télégramme du 11 septembre 1924, dont il était, en sa qualité de secrétaire général des Jeunesse communistes, l'un des trois cosignataires avec Marcel Cachin et Pierre Sémard. Tout ce que l'on peut dire, c'est qu'il n'en était pas l'auteur.
Contrairement à une légende que les communistes eux-mêmes ont propagée, il ne s'est jamais rendu clandestinement au Maroc et n'a jamais rencontré Abd el-Krim. Par contre, il a effectué un voyage en Algérie avec une petite délégation, partie de Marseille le 29 août 1925, sous le contrôle étroit de la police. On ne peut donc pas accuser Doriot d'être responsable de la mort de soldats français. Le Maréchal Pétain, directement concerné par cette affaire, puisqu'il était venu prêter main-forte à Lyautey en août 1925, n'a jamais fait sienne cette accusation.
  • À quel moment le PPF devint-il un parti fasciste? Était-il un parti fasciste avant 1939 ?
C'est en novembre 1942 que Doriot exprimera pour la première fois sa volonté de faire du PPF un parti fasciste et totalitaire, soit six ans après sa création (en 1936). Pour la période antérieure à la guerre, je parle dans mon livre de tentation fasciste. Il ne fait aucun doute que Doriot a suivi avec intérêt l'expérience fasciste en Italie et, dans une moindre mesure, l'expérience nationale-socialiste en Allemagne. Mais il n'a pas manqué de reprocher aux fascistes italiens leurs revendications territoriales, notamment sur la Savoie, inacceptables à ses yeux. Il s'est montré plus sévère encore à l'égard de l'Allemagne, la menaçant d'un châtiment exemplaire si elle venait à entraîner l'Europe dans la guerre. Contrairement à Déat, il s'est déclaré prêt à mourir pour Dantzig et il critiquera violemment Hitler à l'annonce de la signature du pacte germano-soviétique.
  • Pourquoi avait-il une si piètre opinion de Laval, que lui reprochait-il ?
Laval était l'archétype du politicien de la IIIe République. Maire d'Aubervilliers depuis 1923, il avait été plusieurs fois ministre et président du Conseil, député puis sénateur pendant plus de vingt ans. Doriot, maire de Saint-Denis de 1931 à 1937, le connaissait bien, ils se tutoyaient, mais tout les séparait. Sans être un homme du système, Doriot avait une vision du monde marquée par l'idéologie. Laval était un pragmatique qui avait oublié depuis longtemps sa jeunesse d'extrême gauche. Doriot s'était rallié sans réserve à la Collaboration, alors que Laval, en bon "maquignon" de la politique, ne songeait qu'à rouler les Allemands. Doriot, à la différence de Laval, souhaitait sincèrement la victoire de l'Allemagne.
  • Après le débarquement allié de 1944, Doriot croyait-il encore à la victoire des puissances de l'Axe ?
Ayant effectué un voyage à l'arrière du front de Normandie en juillet 1944, Doriot a été rapidement informé des moyens considérables mis en œuvre par les Alliés et, comme il avait passé plusieurs mois sur le front de l'Est, il était bien placé pour savoir que les troupes allemandes ne cessaient de reculer devant l'armée rouge. Mais il a cru ou voulu croire jusqu'au bout à un retournement possible de la situation militaire, grâce à des armes nouvelles aux effets dévastateurs, dont lui avaient parlé des dirigeants allemands. De toute façon, en juin 1944, il était trop tard pour se déjuger.
La tombe de Jacques Doriot au cimetière de Mengen, une ville proche de Sigmaringen.

Citation

« J'ai trois raisons de poursuivre la politique de collaboration : comme Français, j'évite le pire à mon pays; comme Européen, j'ai à unifier le continent; comme révolutionnaire, je pousse la France dans la voie de la Révolution nationale et sociale, la seule qui puisse lui redonner son unité. » Mai 1941.

Publications

  • Refaire la France, Grasset.
  • C'est Moscou qui paie, Flammarion, 1937.
  • La France ne sera pas un Pays d'esclaves, Les Œuvres Françaises, 1936.
  • La France avec nous, Flammarion, 1937.
  • Je suis un homme du Maréchal, Grasset, 1941.
  • Les Soviets partout !, Notre Combat pour la FNS n°17 (1942).
  • Le mouvement et les hommes, éd. de France.
  • Les colonies et le communisme, éd. Montaigne, 1929.
  • Guerre et révolution en Espagne, [recueil d'articles], éditions Ars Magna, 2023, 184 p.

Supports audios

  • Discours de Doriot, disque 33t, coll. Hommes et Faits du XXe siècle.

Bibliographie

  • Bernard-Henri Lejeune (dir.), Jacques Doriot et le Parti populaire français, Cahiers d'Histoire du Nationalisme, n° 3, août-septembre 2014, 197 p.
  • D. Wolf, Doriot du communisme à la collaboration, Fayard, 1969.
  • P. Burrin, La dérive fasciste, Seuil, 1986.
  • JP Brunet, Jacques Doriot, du communisme au fascisme, Balland, 1986.
  • Pierre Drieu La Rochelle, Doriot ou la vie d'un ouvrier français, éd. Populaire Française, 1936.
  • Jean-Claude Valla, Doriot, Pardès, coll. « Qui suis-je ? », 128 p.