Fabrice Robert : "Entretien"

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L'entretien qui suit a été publié dans Les Nouveaux nationalistes, un livre publié par Christian Bouchet aux Éditions Déterna en 2001.

Sommaire

Fabrice Robert vous êtes actuellement membre du Comité exécutif d’Unité radicale, par quel itinéraire êtes-vous arrivé là ?

J’ai véritablement commencé à militer en 1987 au Front national alors que j’avais à peine 16 ans. Mais je me suis vite tourné vers le mouvement Troisième voie qui répondait mieux à mes aspirations. Outre le militantisme strictement NR, je m’intéressais alors beaucoup à l’histoire et notamment aux travaux d’universitaires qui ne sont pas en odeur de sainteté dans les officines de la shoah-business. Cette curiosité m’a vite attiré un certain nombre d’ennuis.

J’étais en première année d’histoire lorsque je suis passé en jugement pour propagande révisionniste. A cette époque, je voulais diffuser largement l’argumentaire des historiens révisionnistes à la fois dans les facs et dans les lycées. Ce type d’activisme m’a valu un procès très médiatisé et de nombreux problèmes qui m’ont suivi tout au long de mes études. Entre les pétitions des professeurs demandant mon exclusion, les réunions organisées par les gauches et les menaces de mort proférées par les sionistes locaux, je découvris réellement les risques de mon engagement politique. Ce fut une expérience capitale qui m’a renforcé dans mes convictions personnelles. J’ai compris, à ce moment-là quels étaient les véritables ennemis d’une Europe libre et enracinée.

Enfin, après la scission de Troisième voie, j’ai rejoins Nouvelle Résistance. Responsable du groupe de base de Nice, je devins, peu après, le responsable de la jeunesse du mouvement et lançais dans le même temps la revue Jeune résistance. Peu après, je fus élu conseiller municipal FN à La Courneuve.

A la fin de l’année 97, nous avons pris acte de l’échec de la stratégie du Front uni anti-système qui prévalait au sein de Nouvelle Résistance. Nous avons alors -Christian Bouchet et moi-même - décidé de lancer une organisation qui regrouperait la tendance radicale et extra-parlementaire du mouvement national en France.

J’ai alors noué des contacts avec le GUD Paris qui a été séduit par ce projet. Après plusieurs réunions de travail, nous avons lancé officiellement une nouvelle structure au mois de juin 1998. Unité radicale est donc née de l’alliance du GUD, de Jeune résistance et de l’Union des cercles Résistance.

Membre du Comité exécutif d’Unité radicale, je gère notamment le secrétariat Agit/prop du mouvement.

Comment vous définissez-vous politiquement ?

Je suis bien évidemment un militant nationaliste-révolutionnaire convaincu.

Le nationalisme révolutionnaire, que je revendique, a des racines profondes. On peut, en effet, estimer que ce courant apparaît en France lors de la Révolution dans les milieux patriotes radicaux, et qu'il se concrétise dans la seconde moitié du XIXe siècle avec la fusion idéologique des courants nationalistes et socialistes-révolutionnaires. C’est ainsi qu’en tant que militant NR, je me sens l’héritier de Louis-Auguste Blanqui et de Joseph Proudhon, de Maurice Barrès et de Georges Sorel ainsi que d’expériences européennes telles que la République sociale italienne et la Révolution conservatrice allemande.

En France, le courant nationaliste-révolutionnaire s'est incarné - d'une manière plus ou moins parfaite – dans diverses organisations : la Fédération générale des étudiants européens, Jeune Europe, l'Organisation lutte du peuple, les Partisans européens, le Groupe d'action jeunesse, le Mouvement nationaliste révolutionnaire, Troisième voie, Nouvelle Résistance et aujourd’hui Unité radicale.

Mon nationalisme révolutionnaire se positionne dans une lutte pour l’indépendance nationale et européenne, un système économique et social affranchi de la dictature libérale du profit et des dogmes marxistes ainsi que pour la renaissance d’une société fondée sur la proximité ethnique et culturelle. C’est finalement le refus des valeurs tels que l’individualisme, l’égalitarisme et le cosmopolitisme qui forment le ciment d’un système que j’exècre.

Comment avez-vous vécu l'implosion du Front national ? Quelle position avez-vous alors prise ?

Comme un immense gâchis. La crise couvait déjà depuis plusieurs mois mais nombreux étaient ceux qui espéraient que l’intérêt national aurait finalement le dessus. Malheureusement, le scénario a été fort différent. Exclusions en série, règlements de compte, mesquineries en tout genre… Le mouvement national a décidé de laver son linge sale sur la place public. Pour le plus grand plaisir de ceux qui cherchaient, depuis des années, à circonscrire le développement du Front national.

Lorsque la crise a éclaté, les radicaux ont décidé d’apporter leur soutien à ceux qui s'opposaient à la dérive monégasque du Front national. La mainmise sur le parti par une famille et un clan réduit d'amis nous apparaissait comme une dérive très grave qu’il convenait de dénoncer. Nous avons donc apporté un soutien total, bien que critique, à Bruno Mégret et à la création du Mouvement national républicain.

Avec le recul, qu'en pensez-vous ? Quelles leçons en tirez-vous ?

La crise au sein du Front national a été une bonne et une mauvaise chose. Malgré les défauts d’un Jean-Marie Le Pen, le Front était à 15 % et pesait donc dans le paysage politique français. Aujourd’hui, on se retrouve sur un véritable champ de ruines avec une division en deux camps. L’un a absorbé tous les cadres mais fait 3,5 % aux élections et l’autre conserve des moyens financiers considérables mais se retrouve totalement vidé de sa substance militante.

L’aspect positif de la crise, c’est le boulevard qui s’ouvre aux radicaux. Notre audience ne cesse de se développer et nos initiatives militantes sont régulièrement plébiscitées. D’ailleurs, notre participation active au Front de la jeunesse puis la naissance de La CoordiNation ont prouvé que nous étions devenus incontournables.

Lors de la crise du Front, beaucoup étaient d’accord pour dire que Le Pen était entouré d’une clique de réactionnaires tandis que Mégret était “ bordé ” par les radicaux. Plusieurs mois, plus tard, certains se rendent compte que le MNR est un parti à vocation électoraliste donc dans l’obligation de rester prudent et de mettre de l’eau dans son vin. Des voix s’élèvent alors pour dénoncer ceux que l’on soutenait quelques semaines auparavant.

Je pense que nous devons refuser la dérive groupusculaire et réagir “ en politique ”. Ce qu’il faut, c’est continuer à demeurer indépendant, conserver notre liberté d’action mais garder constamment à l’esprit que notre objectif doit être d’animer et de consolider la tendance radicale au sein du mouvement national. Continuons d’être à l’origine d’initiatives constructives pour agir enfin sur l’histoire.

Quel bilan tirez-vous de trente ans de FN ?

Lorsque le FN représentait une véritable force politique, il était devenu plus aisé de faire passer certaines idées en France. Même si le Front était sans cesse montré du doigt par les gardiens du temple, Le Pen s’exprimait très régulièrement sur les plateaux de télévision, les murs des villes étaient recouverts d’affiches FN et les manifestations de rue réunissaient des dizaines de milliers de personnes. Le Front était omniprésent.

Concrètement, la percée du Front a permis de légitimer - “ banaliser ” diront certains - des idées telles que la défense de notre identité et le nécessaire rejet de l’immigration-invasion. Le Front, ça a été aussi la formation de cadres, le terreau favorable pour le développement d’une presse et de maisons d’édition enracinés ainsi que l’organisation de grands rendez-vous communautaires comme la fête des Bleu-Blanc-Rouge.

Malheureusement, le FN a connu une évolution suicidaire, marquée par la mainmise sur le parti d’un clan réduit d'ami et par des positions aberrantes sur l'immigration qui le font renoncer à l‘expulsion des immigrés tout en envisageant leur intégration dans une “ France multiconfessionnelle ”.

Que pensez-vous du compromis nationaliste ? comment le concevez-vous ? dans le cadre électoral, jusqu'où peut-il (doit-il) se pratiquer ?

Je suis partisan du “ compromis nationaliste ” le plus large. En créant Unité radicale, nous avons bien précisé que nous n’avions pas d’ennemis dans notre grande famille et que nous ne voulions pas en avoir. Si notre camp est celui du nationalisme révolutionnaire, nous acceptons de travailler avec d’autres tendances et d’autres sensibilités. Il devient indécent de se quereller entre nous alors que le vieux continent est envahi, jour après jour, par des hordes d’allogènes. C’est tout simplement une question de survie pour la civilisation européenne.

Le Pen a déclaré un jour : “ Le compromis national, c'est l'affirmation que dans l'union réalisée, aucun clan, aucun courant, aucune famille ne l'emportera majoritairement ”. Le compromis nationaliste, réalisé au sein du FN, a porté ses fruits tout au long de ces années de lutte. Les scores électoraux étaient en constante progression grâce au travail d’hommes et de femmes qui, au-delà de sensibilités différentes, ont su unir leurs forces dans le combat. Malgré la crise qui a touché le FN, nous continuons à croire en la nécessité du compromis nationaliste. C’est la raison pour laquelle les radicaux ont participé au Front de la jeunesse, une structure fédérative jeune qui permettait de réunir - sur des actions ponctuelles - des militants issus de groupes différents. C’est également la raison pour laquelle Unité radicale est à l’origine de La CoordiNation.

Toutefois, si le compromis nationaliste est une nécessité, je refuserai toujours de suivre ceux qui parlent de la “ France multiconfessionnelle ” comme d’une fatalité. Même - et surtout - si ces prises de positions sont dictées par des motifs électoraux. Nous devons faire de la lutte contre le métissage, l’axe inviolable de notre combat. En effet, comment redonner espoir à notre peuple si des cadres politiques de notre camp baissent à leur tour les bras en ne réclamant plus l’expulsion des immigrés ?

Enfin, en tant que militant national-populiste, je pense qu’un quelconque soutien apporté aux partis de droite institutionnels face à ceux de gauche, au nom d’un réflexe anticommuniste primaire, est chose très grave. Nous devons apparaître comme le parti du peuple et non comme celui des nantis et des bourgeois. Lors d’une récente élection cantonale à Firminy, la direction nationale du MNR avait appelé les électeurs, au deuxième tour, “ à barrer la route au communisme ”. Mais fort heureusement, le candidat, Franck Petit, a rapidement réagi en rendant publique la note suivante : “ En tant que militant de tendance NR, j'ai appelé, le soir du premier tour, à ne reporter ses voix sur aucun des deux candidats PC et UDF au second tour. Le communiqué est passé dans Le Progrès du lundi matin. Les instances du MNR ont, quant à elles, envoyé un communiqué qui, à ma connaissance, n'est passé que sur le Net, appelant à voter contre le PC (c'est-à-dire UDF). La campagne de terrain que nous avons mené, mettant les partis “ institutionnels ” dans le même sac, est en contradiction avec cet appel pour le second tour. Les bourgeois de Droite, responsables de la situation catastrophique de notre pays et surtout de notre continent, ne méritent, à mon sens, nullement un soutien aussi minime, aussi implicite ou discret soit-il ! ” . Le compromis nationaliste doit exister mais il est primordial de mettre en place des gardes-fous pour éviter certaines dérives dangereuses qui ne pourraient que détruire les efforts fournis par des militants sincères.

La logique unitaire est la clef du succès en politique, mais comment la concilier avec les divergences doctrinales, philosophiques ou religieuses qui existent chez nous ? Faut-il s'efforcer de gommer ces divergences pour privilégier les thèmes rassembleurs ou bien organiser nos différences pour révéler la richesse de notre famille ?

Je dirais qu’il convient de privilégier les thèmes rassembleurs tout en respectant les divergences doctrinales, philosophiques ou religieuses qui existent dans notre famille politique. C’est être là en accord avec une approche nominaliste de la vie qui considère la diversité comme le fait fondamental du monde.

Le Pen avait réussi l’exploit de faire cohabiter ensemble des tendances très diverses au sein du Front national. Mais son ego démesuré a provoqué l’effondrement d’un édifice qui s’était construit progressivement au fil des années. Et lorsque la crise a éclaté, le vieux chef a tenté de se dédouaner en montrant du doigt la tendance “ racialiste ” qui était censée entourer Mégret. Cette tendance avait pourtant jusque-là réussit à cohabiter sans problèmes avec d’autres sensibilités. La défense de notre civilisation passait alors au-dessus de toutes les querelles de chapelle.

Aujourd’hui, il est nécessaire de retrouver cette cohésion perdue, de dépasser les clivages et les querelles de boutiquiers pour se tourner vers un objectif unique : la sauvegarde de notre patrimoine biologique et culturel.

L’espoir viendra-t-il de La CoordiNation ? Il est difficile de se prononcer aujourd’hui mais cette initiative a au moins le mérite de réclamer une action unitaire. Surtout lorsque les conditions nous sont aussi favorables. En effet, les différents sondages révèlent une véritable prise de conscience identitaire chez nos concitoyens. Et si René Monzat déclare que “ la crise de l'extrême-droite durera autant que sa division ”, Alain Bihr remarque, pour sa part : “ Nous ne sommes pas encore débarrassés de l'extrême-droite. Non seulement parce que d'une manière générale, les crises foncières que traverse la société française, dont l'extrême-droite s'est nourrie jusqu'à ce jour, ne sont pas résolues pour autant, loin de là même. Mais encore parce que l'extrême-droite pourrait ressortir renforcée, à terme, de sa propre crise, en participant à la recomposition d'un paysage politique plus que jamais décomposé à droite. (...) Pour significative qu'elle soit, la baisse d'audience électorale que l'extrême-droite vient d'enregistrer ne l'a tout de même pas fait disparaître de la scène politique. Avec 9 %, lepenistes et mégretistes réunis font aussi bien que les Verts, mieux que le PC et mieux que l’extrême-gauche.

En plaçant la fracture ethnique au centre du combat politique, La CoordiNation entend lutter contre le métissage encouragé par les fossoyeurs de notre identité.. La CoordiNation se donne donc pour objectif de soutenir les cadres et élus sincères qui accepteront d’oublier les querelles FN/MNR au nom de la survie de notre peuple. Pendant que les réunions de La CoordiNation se multiplient partout en France, des militants de base - bravant parfois les risques d’excommunication - font pression sur les appareils pour que des accords électoraux permettent qu’il n’y ait pas dans les communes et les cantons une division de nos voix. L’avenir nous dira quels sont ceux qui sont réellement préoccupés par la défense de notre civilisation.

Comment envisagez-vous les rapports entre la politique et la religion ?

J’estime que la situation est trop grave pour se déchirer sur les questions religieuses. C’est la raison pour laquelle il me semble préférable de ne pas s’attarder sur des clivages basés uniquement sur la religion. Au sein de la mouvance radicale, nous sommes amenés à côtoyer aussi bien des chrétiens, des païens que des athées. Que ce soit dans Bleu Blanc Rock, dans Jeune résistance ou, d’une manière plus large, au sein d’Unité radicale, l’expérience m’a prouvé qu’il était préférable de faire taire certaines divergences surtout lorsqu’elles étaient de nature religieuse. Du moment que chacun respecte le choix de l’autre, on peut parfaitement travailler ensemble. J’ai donc tendance à privilégier une approche laïque de la politique.

Toutefois, à titre personnel, j’adhère à certaines valeurs qui me paraissent essentielles telles que l’attitude héroïque face aux défis de l’existence, une éthique fondée sur l’honneur et une vision aristocratique de la personne humaine. En outre, je crois profondément en l’unité du monde ce qui implique chez moi une véritable sacralisation de la nature. En évoquant la conception cyclique de l’histoire, Alain de Benoist précise d’ailleurs qu’“ elle est induite par le monde-comme-il-est : spectacle d’un certain nombre d’alternances (les saisons), d’enchaînements (les générations), de répétitions-dans-la-différence et de différences-dans-la-répétition (on ne se baigne jamais deux fois dans la même eau ; le soleil se lève, chaque matin, et en même temps, ce n’est jamais exactement le même soleil). Elle repose sur l’intuition d’une harmonie possible reposant sur la régularité des cycles et la conciliation des contraires. ” L’histoire, à mes yeux, n’est donc pas linéaire, elle n’a pas de sens. C’est la raison pour laquelle l’homme peut agir sur l’histoire et devenir ainsi véritablement maître de son destin. Je crois fortement en cette autonomie de l’homme et à sa capacité à se dépasser continuellement pour devenir le meilleur possible. Finalement, il paraît évident que cette philosophie de la vie influence considérablement ma façon d’aborder le combat politique.

Quelle Europe voulez-vous ?

En tant que nationaliste européen, la vision d’une Europe composée d’Etats-nations associés par un simple traité ne m’intéresse pas. L’optique souverainiste me semble une attitude frileuse face aux enjeux du XXIe siècle. Je rêve plutôt, pour ma part, à la création d’une véritable fédération européenne. Face à l’échec du modèle français fait de centralisme jacobin et d’universalisme cosmopolite, il convient de concevoir les principes d’une organisation politique qui puisse unir tous les peuples du vieux continent dans le respect de leur diversité.

Aujourd’hui, l’Europe des Etats-nations favorise notre division. Il suffit de suivre les grands rendez-vous européens pour se rendre compte que les égoïsmes nationaux priment sur l’intérêt continental. Il n’existe pas réellement de conscience européenne. Un Wallon, par exemple, ne considère pas aujourd’hui un Breton comme son compatriote et vice-versa. L’Europe doit prendre conscience de sa profonde unité, une unité qui repose sur des fondements ethniques et culturels.

Et comment réaliser cet objectif autrement que par la renaissance d’une Europe impériale ? Concept organique, l’Empire respecte les identités dont l’Europe se compose. Il fédère mais n’homogénéise pas contrairement au modèle jacobin de l’Etat-nation. L’Europe impériale peut ainsi devenir le garant de l’intégrité des régions ethniques. Apporter la grandeur et la puissance aux peuples qu’il a rassemblé en véritable communauté politique, tel est l’objectif premier de l’Empire.

Il va sans dire que l’Empire ne saurait intégrer des peuples qui seraient anthropologiquement hétérogènes. La force d’un tel édifice ne peut reposer que sur la proximité ethnique et culturelle des peuples qui le composent. Ces derniers doivent se sentir membres d’une même communauté et animés par un véritable destin commun. Nous sommes là bien loin de l’Europe libérale qui n’hésite pas à envisager l’intégration de la Turquie pour élargir les possibilités du marché. Cette dérive nous conforte d’ailleurs dans l’idée que la fonction économique doit vite reprendre la place qu’elle n’aurait jamais du quitter et être à nouveau totalement subordonnée au politique. Le politique est du ressort de la fonction souveraine qui est chargé de donner un sens et donc un destin à la communauté. L’Empire, contrairement à l’Europe marchande soumise aux impératifs économiques, peut redonner la primauté à la fonction souveraine.

L’Empire est donc un mythe qui doit guider notre action. A ce propos, il n’est pas inutile de rappeler que ce sont les mythes qui ont façonné le monde. Rome, la Chrétienté ou encore l’islam n’auraient jamais connu un tel destin s’ils n’avaient pas été appuyés par des récits qui décrivaient leur société idéale. Même chose pour les sionistes qui ont su façonner un mythe qui leur a permis de s’installer en Palestine. Qu’importe s’il y a un décalage entre l’idée et la réalité concrète - ce qui paraît tout à fait normal -, l’important est d’exploiter la force du mythe pour tenter de construire une Europe conquérante et respectueuse de la diversité de ses peuples. “ Une nouvelle nation, fédérale et impériale, assise sur la base de grandes régions et non plus des insuffisants Etats actuels, et dotée d’une unité ethnique globale ” comme la décrit si bien Guillaume Faye.

Quelle doit être pour vous la place de la France dans celle-ci ?

Dans une Europe fédérale, l’Etat français jacobin et centralisateur n’aurait plus sa place. Mais, cela ne signifie pas que la France serait amenée à disparaître. Bien au contraire. La disparition de l’Etat parisien permettrait surtout de renforcer les identités ethniques des peuples de l’ancienne Gaule. Et la création de régions autonomes sur la terre de Gaule s’inscrirait dans le vaste mouvement de renaissance des patries charnelles du vieux continent.

Alors quelle place la France pourrait-elle occuper dans cette fédération européenne ? Compte tenu de l’histoire, de l’héritage culturel et du génie propre des peuples qui la composent, la Gaule doit occuper une place de premier plan. Mais il ne faut jamais oublier que c’est la diversité de ses peuples qui fait la richesse de l’Europe. Et que la construction de la maison européenne ne peut se faire qu’avec la volonté de toutes les parties.

Et les régions ? Quelle régionalisme voulez-vous ?

Les régions constituent les éléments constitutifs et incontournables de l’Europe. Le fait régional est né, au fil des siècles, d’une confrontation entre, d’une part, un environnement géographique donné et, d’autre part, la culture et l’histoire spécifiques d’une population. La région peut donc être perçue comme une composante organique de l’Europe. C’est elle qui lui donne sa force, sa richesse et sa vitalité. Aujourd’hui, malgré la volonté uniformisatrice de l’Etat-Nation jacobin, on voit resurgir un véritable attachement pour les patries charnelles. Il suffit de regarder du côté de la Bretagne pour se rendre compte à quel point le fait régional est toujours autant d’actualité. Signe positif, les traditions se perpétuent en se renouvelant. Le retour de la musique celtique, par exemple, se conjugue avec des expériences mélangeant sons traditionnels et instruments modernes.

Nous assistons donc aujourd’hui à un mouvement en faveur de l’enracinement. Les hommes ont besoin de renouer avec leurs racines, de retrouver leurs marques. C’est la revanche des peuples sur les masses. Comme le précise Alain de Benoist : “ La richesse de l’humanité, c’est la personnalisation des individus à l’intérieur de leur communauté.. La richesse de l’Europe, c’est la personnalisation des régions à l’intérieur de la culture et de la civilisation dont elles sont issues.

Alors quel régionalisme ? Il ne me paraît pas utopique de prôner le développement de régions-Etats qui deviendraient des cellules constituantes de la Fédération européenne. On passerait donc du règne des Etats-nations à celui des régions-Etats. Ces unités pourraient se gouverner librement, élire leurs représentants, gérer leur système d’enseignement, organiser leur vie économique et sociale ainsi que toutes les autres questions qu’elles auraient décidé de ne pas confier aux autorités fédérales. L’Europe serait alors réellement fondée sur les libertés locales, régionales et professionnelles. Ces régions-Etats mono-ethniques pourraient donc être maîtresses d’elles-mêmes au sein de la Fédération. A charge pour cette dernière de construire un véritable projet et donner du sens à la société communautaire.

Aujourd’hui, il n’y a pas de grand Etat européen qui ne possède son plan de régionalisation ou de décentralisation. Dans le même temps, les Länders allemands et les cantons de la fédération helvétique sont là pour prouver que le système fédéral est pertinent. Décentraliser au-dedans, fédérer au-dehors, tels pourraient être les axes de la futur Europe impériale. Mais ce sera au prix de profonds bouleversements que l’on pourra voir un jour se dessiner “ l’Europe aux cent drapeaux ” chère à Yann Fouéré.

Quelle place donnez vous au combat culturel ? Comment envisagez vous celui-ci ?

Le combat culturel reste pour moi une priorité absolue. Et il n’est pas inutile de rappeler que le premier à avoir théorisé les principes et les méthodes de ce nouveau moyen subversif fut l’Italien Gramsci. Selon lui, il était impossible de prendre le pouvoir politique sans avoir au préalable conquis le pouvoir culturel.

Le but d’une guerre culturelle reste donc la conquête pacifique du pouvoir politique par la prise de contrôle des esprits des citoyens. Il s’agit alors d’agir sur la perception qu'ont les individus du monde et de la société dans laquelle ils vivent afin de créer des courants d'opinion favorables au combat mené par les mouvements politiques enracinés.

Mais il existe diverses manières d’envisager ce combat culturel. A mes yeux, celui-ci doit, avant tout, permettre de convaincre notre peuple dans son ensemble du bien-fondé de nos thèses. Il ne s’agit donc pas de prêcher à des convertis mais plutôt de convertir ceux qui ne le sont pas encore. C’est la raison pour laquelle il me paraît illusoire de vouloir créer une communauté, hermétique et éloignée du réel, quand il s’avère urgent, pour notre survie, de toucher toute notre communauté de sang.

Utiliser la culture pour faire passer nos thèses dans les masses populaires, telle est ma conception du combat culturel.

Ainsi, j’ai tendance à penser qu’un bon CD vaut sûrement mieux qu’un long discours, qu’une bonne BD est plus percutante qu’un article érudit et, enfin, qu’il est préférable de dépenser son argent dans un label musical ou un site Internet plutôt que dans un colloque. Concrètement, je m’investis dans le combat culturel de différentes manières : le label musical Bleu blanc rock, la revue Jeune résistance, le site web d’Unité radicale et le groupe de hard-core Fraction.

Vous faites partie de Fraction. Pouvez-vous nous présenter le groupe ?

Le groupe est né en 1994 d’une volonté de diffuser l’idéal nationaliste-révolutionnaire au sein de la jeunesse de ce pays. A cette époque, en France, la scène musicale nationaliste était partagée entre des groupes skins au message souvent marginal et des productions un peu ringardes au yeux de la jeunesse.

Nous voulions donc développer un message radical et contestataire tout en restant en phase avec la réalité. Il s’agissait donc de dénoncer en priorité l’arrogance de l’impérialisme américain et du sionisme international, le capitalisme apatride, le métissage institutionnalisé et la corruption généralisée.

Le mot Fraction symbolise toujours aussi bien l’esprit du groupe. Nous nous considérons comme faisant partie de cette minorité combattante qui a déclaré la guerre au Nouvel ordre mondial et à tous ses avatars. Alors que la majorité a baissé les bras pour s’avachir dans un confort aussi bien matériel qu’intellectuel, une fraction résiste aux quatre coins de la planète.

Nous avons toujours pensé que des paroles radicales devaient êtres portées par une musique dure et puissante. Issu de la mouvance RAC, Fraction a progressivement évolué vers un style beaucoup plus métal tout en subissant quelques changements dans le line-up. Je suis d’ailleurs aujourd’hui le seul survivant de la formation originelle. Le groupe est donc bien différent aujourd’hui même si l’engagement militant et les motivations politiques restent identiques à celles du début.

Quels sont les concerts auxquels vous avez participés et qui vous ont le plus marqués ?

Il est difficile de se prononcer car les concerts ne se ressemblent jamais. Et chaque prestation apporte toujours quelque chose au groupe. En général, tout se passe très bien. Mais parfois, il peut arriver que la fête soit gâchée et cela pour des raisons très diverses. En Allemagne, par exemple, il y a quelques années, nous n’avons pas vraiment pu jouer puisque les forces de police ont fait une intervention musclée dans la salle au moment où nous commencions notre prestation.

Toutefois, s’il fallait choisir, je citerais le tremplin rock d'Orange où nous avons décroché la deuxième place ainsi que le concert des Bleu Blanc Rouge en 1996. Ce dernier constitue pour nous un souvenir inoubliable du point de vue de l'organisation et du public présent.

Vous avez connu quelques déboires judiciaires. Est-il possible d’en savoir plus ?

Tous les membres de Fraction ont été mis en examen pour “ [[Complicité de provocations non suivies d'effets à des atteintes volontaires à la vie et à l'intégrité de la personne pour avoir participé à l'élaboration de la chanson “ Une balle ”]] ” . Nous avons alors été convoqués dans le bureau du juge Valat, le même qui a poursuivi Garaudy et Le Pen pour “ Le point de détail ”.

Nous avons toujours perçu cette chanson comme une métaphore destinée à exprimer un cri de colère contre ce que nous combattons : le sionisme, responsable du génocide du peuple palestinien ; le capitalisme, qui affame les peuples du tiers-monde ; le marxisme dont les crimes sont aujourd'hui bien connus ; la corruption qui gangrène notre société ; la censure destinée à faire taire les militants politiquement incorrects; etc.

Finalement, malgré une campagne de presse rondement menée, les poursuites ont été stoppées grâce à l’intervention de notre avocat, Maître Delcroix, qui avait repéré un vice de procédure. Si les magistrats ont dû s’incliner, nous ne sommes pas à l’abri de nouvelles poursuites. En effet, tout nouveau pressage est susceptible de faire naître une nouvelle prescription. Nous sommes donc plus ou moins condamnés à abandonner la production de l’album Rejoins nos rangs. Il est clair que nous ne baissons pas les bras. Fraction cherchera toujours à répondre à l’attente de son public …

D’ailleurs, il suffit d’écouter la production suivante, Le Fléau, pour se rendre compte que Fraction a du mal à mettre de l’eau dans son vin. Outre la reprise de Une balle en version live, nous avions tenu à remercier les médias qui avaient indirectement assuré la promotion de notre groupe tout en saluant Philippe Douste Blazy, alors ministre de la Culture, pour son “ vibrant hommage ”. Un exemplaire du CD avait d’ailleurs été adressé au cabinet du maire de la ville de Lourdes. Une preuve que Fraction sait se montrer reconnaissant ...

Vous êtes donc également impliqué dans Bleu blanc rock. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Créé à la fin de l’année 1998, Bleu blanc rock compte principalement trois animateurs : Jean-Christophe – du groupe Ile-de-France -, Paul Thore – responsable de la revue L’Epervier - et moi-même. Issus de courants nationalistes parfois bien différents, nous avons décidé d’unir nos forces pour mener un combat de type culturel. Ajoutons que Bleu blanc rock n’aurait pas eu un tel impact sans l’implication des autres musiciens du RIF et notamment ceux de Vae Victis, Basic Celtos, Elendil et Kaiser Bund.

Bleu blanc rock est une association militante dont le but est de diffuser le rock nationaliste auprès du grand public. Nous avons conscience que la jeunesse actuelle est fatiguée par les discours politiciens tous plus insipides les uns que les autres. Elle ne se déplace que très rarement dans les meetings pour écouter des orateurs qui ne croient souvent pas eux-mêmes aux idées qu’ils défendent. Les débats politiques télévisuels ne battent pas des records d’audimat, les bureaux de vote sont désertés et les salles de réunion ressemblent de plus en plus à des maisons du troisième âge.

Dans le même temps, certains concerts affichent complet, les rayons des disquaires sont toujours aussi encombrés et des milliers de fichiers MP3 sont téléchargés chaque jour sur Internet.

La première initiative lancée par Bleu blanc rock a été la “ K7 à dix francs ”. Il s’agit d’une compilation présentant les groupes du RIF et qui a été vendue à plus de cinq mille exemplaires devant les collèges, les lycées et dans la rue, profitant d’événements tels que la fête de la musique. Par ailleurs, Bleu blanc rock a produit un certain nombre de tracts qui ont été diffusés à des milliers d’exemplaires lors de grandes manifestations : 1er mai, pèlerinage de Chartres, manif anti-Pacs, BBR, meetings politiques et concerts. Mais l’association propose également, aux gens qui la contactent, autocollants et affichettes aux slogans explicites : “ Bleu blanc rock, du rock français et fier de l’être ”.

Bleu blanc rock se concentre également sur le développement de véritables cellules militantes. Certaines personnes nous ont fait part de leur intention de participer au développement de Bleu blanc rock. Nous voulons donc responsabiliser les plus motivés en leur proposant de prendre la tête d’une cellule Bleu blanc rock dans leur ville ou leur département. Ces personnes pourront alors agir en organisant concerts, tractages, collages et ventes de K7. C’est en s’appuyant sur un véritable réseau militant que Bleu blanc rock pourra véritablement prendre son essor.

Vous êtes le directeur de publication de Jeune résistance. Quels sont les objectifs de cette revue ?

Lancé en 1994, Jeune résistance s’est toujours impliqué dans un combat à la fois politique et culturel. Le journal propose donc, à chaque numéro, un dossier, des articles d’actualité, des compte-rendus d’actions militantes, des planches BD ainsi que des rubriques consacrées au combat culturel (musique, web, livres, etc.).

Jeune résistance a ainsi toujours mis l’accent sur certaines formes d’expression culturelles qui se révèlent de formidables vecteurs de diffusion de notre idéal identitaire.

Cette démarche trouve aussi sa justification dans le fait que l’équipe de Jeune résistance est désormais essentiellement composée de personnes qui sont investies dans le combat culturel.

Par ailleurs, l’équipe du journal s’est toujours distinguée par une démarche profondément unitaire.

En 1997, Jeune résistance lançait “ L’Appel des 31 ”, un manifeste qui réclamait l’unité des nationalistes-révolutionnaires. Il s’agissait alors de développer une véritable dynamique qui nous permettrait enfin de peser au sein du mouvement national.

En 1998, les contacts établis entre Jeune résistance en tant qu’organisation de jeunesse NR, les Cercles Résistance ! et le GUD donnaient naissance à Unité radicale.

Enfin, en 1999, l’équipe de Jeune résistance participait activement à l’aventure du Front de la jeunesse. Cette initiative qui, fut à l’origine de nombreuses actions unitaires, a eu l’avantage de faire travailler ensemble des militants venant d’horizons divers (Jeune résistance, MNJ, GUD, l’Art s’affiche, Bleu Blanc Rock, JAC, etc.).

Aujourd’hui, Jeune résistance reste plus que toujours impliqué dans des initiatives qui s’inscrivent dans une logique unitaire.

Et la révolution Internet ? Qu’en pensez-vous ?

Je considère Internet comme un média culturel à part entière. Le réseau des réseaux représente en tout cas un excellent outil au service de la diffusion de notre conception du monde.

Le site d’Unité radicale représente ainsi une formidable vitrine de nos activités. Les visiteurs peuvent y découvrir notre structure, nos communiqués, notre presse, les actions en cours, ainsi que des chroniques hebdos et des textes idéologiques.

En tant que minorité politique, nous devons nous battre pour que le dernier espace où la liberté d'expression est encore de mise, soit sauvegardé. Déjà, les censeurs s'organisent et certaines affaires récentes nous prouvent que le développement du web nationaliste les inquiètent.

Créons nos propres pages ou mieux, des sites qui pourront être visualisés en tout point de la planète. Certains journaux n'existant que sous forme électronique se développent à une vitesse fulgurante. Ces E-Zines - pour Electronic-Zine - ont souvent la particularité de diffuser un contenu satyrique et contestataire. Possédons les nôtres pour répandre sur la toile une critique radicale du système, de ses valeurs et de ses valets.

A partir de nos sites, nous pouvons créer une véritable communauté virtuelle des opposants au Nouvel ordre mondial, à l'échelle de la planète. Ne laissons donc pas le champ libre à nos adversaires, notre existence et notre visibilité dépendent désormais de notre implication ou non dans le réseau des réseaux.

Si vous deviez définir un panthéon idéologique, quel serait-il ?

Je citerais trois personnages : Louis-Auguste Blanqui, Georges Sorel et José-Antonio Primo de Rivera.

Louis-Auguste Blanqui est ce théoricien socialiste et révolutionnaire qui a toujours privilégié l’action directe sur la doctrine. Cet homme a, toute sa vie, rêvé d’une brusque révolution qui renverserait le pouvoir des possédants pour instituer une société plus juste. Initié au monde des sociétés secrètes et des conspirations, il ne cessa de participer à des soulèvements contre le régime. Ce qui lui valut d’être emprisonné une bonne partie de sa vie. Grand inspirateur de la Commune, Blanqui reste pour moi un exemple de courage, d’héroïsme et de générosité.

Georges Sorel, quant à lui, est l’un des principaux théoriciens du syndicalisme révolutionnaire. Hostile à la démocratie qu'il juge vecteur de décadence, dénonciateur virulent de l'éthique capitaliste et du parlementarisme - un instrument au service de la domination bourgeoise -, Sorel a mis en valeur l’importance de la violence dans le combat politique. Grand apologiste du mythe en tant que “ moyen pour agir sur le présent ”, il a influencé à la fois un Lénine et un Mussolini.

Enfin, José-Antonio Primo de Rivera, fondateur de la Phalange espagnole en 1933, et doctrinaire du national-syndicalisme. Militant parmi les militants, son engagement est total. Son objectif ? “ Réaliser la révolution nationale dans le sens de la justice sociale et de la grandeur de l’Espagne ”. Arrêté en mars 1936, il continue le combat en rédigeant des feuilles clandestines à partir de sa prison. Lorsque l’insurrection éclate au mois de juillet, il lance un appel à la révolution nationaliste. Devenu très gênant, il est fusillé quelques mois plus tard laissant l’image d’un homme de convictions qui aura lutté jusqu’au bout pour la grandeur de son pays.

A votre avis, quelles sont les tares de l'extrême-droite ? Quelles solutions envisagez-vous pour y remédier ?

L’extrême-droite a malheureusement accumulé les rendez-vous manqués avec l’histoire. On se souvient de l’épisode du Comte de Chambord refusant le drapeau tricolore, alors qu’il suffisait d’accepter ce symbole révolutionnaire pour s’emparer du pouvoir. On pense également à l’échec du général Boulanger ou bien encore à l’épisode du 6 février 1934 qui a révélé un Charles Maurras insensible aux événements qui étaient en train de se dérouler sous ses yeux. Plus récemment, on a assisté à l’implosion du Front national alors que ce parti était devenu une véritable force politique en France. Aujourd’hui, le FN et le MNR doivent se contenter de résultats électoraux relativement faibles. Pourtant, le contexte ne nous a jamais été aussi favorable.

Comment expliquer ces multiples échecs ? On remarque que l’extrême droite éprouve une véritable difficulté à examiner les situations de manière critique et non passionnelle, ce sont le plus souvent une forte affectivité et une passion dévorante qui dictent la conduite à suivre. Par ailleurs, si les militants ont besoin de chefs pour les guider, il se révèle dangereux de tout miser sur un seul homme. Il suffit alors que ce dernier n’assume plus son rôle de rassembleur pour que toutes les espérances qu’il avait suscité s’effondrent brutalement.

Alors que faire ? Mettre, tout d’abord, l’accent sur les notions d'appareil, de stratégie et de tactique. Un mouvement nationaliste ne pourra jamais prendre le pouvoir s’il ne s’appuie pas sur un véritable appareil, à la fois souple et structuré. Par ailleurs, il est essentiel de savoir déterminer des objectifs et les moyens d’y parvenir en tenant compte des réalités concrètes. Enfin, l’expérience de la crise du Front national nous prouve qu’il est primordial de lutter pour des idées plutôt que pour un chef. Tout mouvement politique doit offrir des cadres et des leaders pour mener les troupes au combat. Mais les structures de décision doivent privilégier un mode de fonctionnement collégial.

Notre idéologie est-elle actuelle ou n'est-elle que nostalgie ?

Si notre idéologie n’était que nostalgie, je n’aurais pas rejoint les rangs du nationalisme-révolutionnaire. Je me bats parce que nos idées sont justes et qu’il me semble nécessaire de les faire triompher. Je n’agis pas au sein d’Unité radicale pour me réfugier dans un monde révolu, qui pourrait apparaître comme idyllique. Notre idéal reste en prise avec le réel et nous apportons des réponses aux grands problèmes du monde contemporain.

D’ailleurs, il faut se rappeler que le marxisme et le libéralisme sont des idéologies du XIXe siècle. Or, celles-ci sont toujours considérées comme d'actualité. Notre idéologie, en revanche, est une idéologie du XXe siècle qui n’est pas prête d’être rangée dans les greniers de l’histoire.

Nous continuons ainsi la lutte contre les valeurs de la société marchande, de la démocratie libérale et de l'esprit bourgeois qui sont devenues aujourd’hui les références absolues du monde occidental. L’individualisme forcené et le cosmopolitisme destructeur de notre civilisation étalent leur arrogance chaque jour de manière toujours plus soutenue. Malraux a écrit “ le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas ”. Nous pensons, pour notre part, que “ le XXIe siècle sera identitaire ou ne sera pas ”.

Que pensez-vous de l'immigration ? Quelles solutions proposeriez-vous ?

L’immigration massive que nous connaissons aujourd’hui est l’une des conséquences immédiates de l’application d’un libéralisme forcené. Les grands patrons préfèrent avoir recours à une main d’œuvre corvéable à merci, sous-payée et déracinée. Quant aux agitateurs gauchistes, ils espèrent transformer cette population expatriée en futurs électeurs dociles. Que ce soit dans les rangs du Medef ou dans les arrières-salles des syndicats marxisants, tout le monde semble y trouver son compte. Sauf peut-être le peuple, le pays réel, qui subit au jour le jour les conséquences de cette immigration.

Il faut donc bien comprendre les causes du problème avant de faire une fixation sur ses conséquences. L’ennemi, c’est bien le système libéral qui rêve d’un vaste marché mondial sans barrières ni différences ethniques. L’immigré est-il le nouvel esclave des apôtres du Progrès ? Oui, certainement, mais il n’en reste pas moins que l’Europe subit actuellement une véritable colonisation de peuplement. Et il suffit de sortir un peu dans la rue pour se rendre à quel point la France a changé de couleur. La fracture ethno-culturelle s’accentue, jour après jour, avec son cortège de tensions, de haines et de violences quotidiennes.

Comment circonscrire ce phénomène ? Il me paraît nécessaire d’engager une lutte sans merci contre l’immigration clandestine et contre ceux qui profitent de ces nouvelles formes d’esclavages. Par ailleurs, plusieurs actions doivent être mises en place : réforme du droit de la nationalité et révision rétroactive de l’acquisition de la nationalité; rapatriement des immigrés dans leur pays d’origine; expulsion immédiate des clandestins; suppression du regroupement familial; sanctions contre les personnes coupables de prôner le métissage. Ces mesures peuvent aujourd’hui paraître irréalisables. Il en était de même dans l’Espagne médiévale lorsque soudain sonna l’heure de la Reconquista.

Faites vous une place particulière à l'islam dans le problème de l'immigration ?

Le problème de l’immigration n’est pas religieux mais essentiellement ethnique. C’est pourquoi il me paraît dangereux de se focaliser sur une religion particulière. Notre objectif doit être, en premier lieu, l’expulsion de TOUS les étrangers. Qu’ils soient musulmans, shintoïstes, animistes ou catholiques, au fond peu importe. En effet, est-ce qu’un Guinéen animiste ou un Chinois shintoïste a plus de place chez nous qu’un Marocain sunnite ? Le danger provient plutôt du fait que la grande majorité des immigrés ne sont pas de notre sang. Et qu’il devient urgent de réagir si l’on ne veut pas assister à la disparition de notre race.

Ceci étant dit, il ne faut toutefois pas oublier que l’islam est la religion étrangère qui se développe le plus en France. Totalement contraire à l’esprit européen, l’islam se caractérise par un monothéisme absolu et un dogmatisme intransigeant. Son expansion en Europe peut représenter un réel danger dans le sens où l’islam est capable d’embrigader la jeunesse immigrée présente sur notre sol. De la petite délinquance à la Djihad, il n’y a qu’un pas qui peut rapidement être franchi si l’on n’y prend garde. Les attentats commis récemment en France constituent un avertissement. Et nous avons pu aussi voir avec la guerre en Serbie que l’islam pouvait représenter une véritable tête de pont des Américains en Europe. C’est la raison pour laquelle il faut également s’opposer de toutes nos forces à l’érection de mosquées sur le sol européen.

Et les Dom-Tom, comment considérez-vous leur ressortissants ?

Guillaume Faye a écrit très justement : “ Pour moi, un Anversois, de nationalité belge, un Lombard, de nationalité italienne, un Catalan de nationalité espagnole, etc … sont mes compatriotes. Ils sont européens. Mais un Antillais, un Africain, un Arabe, un Chinois, porteurs d’une carte d’identité française ne sont pas mes compatriotes. Pourtant, ils sont Français, appartenance strictement juridique.

L’appartenance à une nation ne se limite pas à une simple volonté de vivre ensemble. La conception volontariste de la nation néglige les facteurs biologiques et culturels, pourtant essentiels pour la cohésion d’une communauté. Pour moi être européen, c'est tout simplement être de souche européenne. Et la solidarité joue avant tout avec ceux de mon sang. C’est Samuel Maréchal qui considérait que l’on pouvait être Français quelle que soit sa couleur de peau. Pour lui, “ être Français, cela s'hérite ou se mérite ! ”. Pour moi, être Français, ou plutôt européen, ça ne s’hérite que par la voie du sang.

Les ressortissants des Dom-Tom sont peut-être les Français d’aujourd’hui. En cela, ils rejoignent la cohorte des Harlem Désir, Fodé Sylla et Elie Semoun. Ils sont Français, certes, mais ils ne seront jamais Basque, Breton, Occitan ou Alsacien. N’étant pas les fils de nos patries charnelles, ils ne seront jamais européens.

Les USA sont-ils pour vous des concurrents ou des ennemis ?

La politique impérialiste menée par les USA fait d’eux des concurrents redoutables de la grande Europe. Que ce soit dans les domaines politiques, économiques ou culturels, les Etats-Unis tentent - et ils y parviennent souvent avec succès - d’imposer leur vision du monde. Une vision du monde qui est bien entendu conforme à leurs seuls intérêts. Mais cela semble tout à fait normal. Quelle grande nation agirait autrement ?

L’OTAN reste une tête de pont incontournable des USA en Europe. Le dernier conflit dans l’ex-Yougoslavie nous a rappelé cette vérité avec force. Cette guerre menée contre un pays européen par d’autres pays européens sous la direction des USA montre l’étendue du travail qu’il reste à accomplir pour réaliser l’unité de l’Europe. Au moment où le Vieux continent tente péniblement de s’unir, on voit donc les USA à l’œuvre pour contrecarrer ce grand dessein. Le maintien d’une véritable sujétion militaire - par l’intermédiaire de l’OTAN -, la multiplication des diktats sur notre économie traditionnelle, le soutien apporté à l’islam kosovar alors que l’Europe souffre de l’immigration arabo-musulmane. Tout cela prouve une réelle volonté de diviser pour mieux régner et d’affaiblir ce qui cherche difficilement à se construire.

Dans le même temps, les USA mènent une véritable guerre de type culturel. Nos compatriotes se gavent de séries TV, de world music cosmopolite, de Mac Do et de talk-show à l’américaine. Des superproductions hollywoodiennes vont même jusqu’à se réapproprier des symboles de l’imaginaire européen. Face à ce constat, il est inutile de se lamenter sur son sort en pestant sur les méfaits de l’impérialisme américain. A nous de reprendre notre destin en main, de retrouver la volonté de puissance et la force de se dépasser pour reprendre le rang que nous n’aurions jamais dû quitter.

S’il est nécessaire de contrer l’influence de cet adversaire qui nous affaiblit culturellement, politiquement et économiquement, il faut toutefois garder à l’esprit que notre véritable ennemi aujourd’hui, c’est le Sud agressif et conquérant. Cet ennemi, qui organise une véritable invasion sous les couleurs de l’islam, pourrait bien modifier le substrat ethnique de l’Europe à très court terme. Inutile d’épiloguer sur les conséquences désastreuses qui seraient provoquées par une telle situation.

Quelles grandes lignes proposeriez-vous pour une politique étrangère nationaliste ?

L’Europe doit, dans un premier temps, retrouver son indépendance et le contrôle de ses frontières. Actuellement, l’Union européenne a les mains liées et la politique internationale reste étroitement dépendante de décisions prises par quelques grands organismes internationaux. Le FMI, l’OTAN ou encore l’ONU sont des outils au service de la toute puissance américaine. Et leurs interventions vont trop souvent à l’encontre des intérêts immédiats du vieux continent. Nous pourrons donc déjà reconquérir une grande liberté d’action en commençant par nous retirer d’institutions et de traités internationaux jugés contraires aux intérêts de la nation européenne.

Par ailleurs, il faut avoir conscience que le domaine des relations internationales est caractérisé par un affrontement d’intérêts antagonistes. Il est donc nécessaire de renouer avec la volonté de puissance pour imposer l’Europe comme un acteur essentiel de la politique mondiale. Face aux défis du Sud et de l’impérialisme américain, l’Europe doit s’affirmer par sa culture, son économie et la quête d’un véritable destin de grandeur.

Les notions de droite et de gauche ont-elles pour vous une valeur ? Sont-elles des référents opportuns ?

Le système cherche à maintenir une dualité artificielle entre ces notions de droite et de gauche. Mais quelle véritable différence y a-t-il entre un Chirac et un Jospin ? entre un Barre et un Kouchner ? Tous sont favorables à la mondialisation. Tous se font les complices de l’immigration sauvage et de l’avènement d’une société cosmopolite.

Par ailleurs, tout au long de l’histoire, nous avons vu des idées passer de droite à gauche ou de gauche à droite. Il existe des nationalistes de gauche et des nationalistes de droite, comme il est possible de trouver un antisémitisme de gauche et un antisémitisme de droite. N’oublions pas non plus que le Boulangisme s’est dans un premier temps appuyé principalement sur des blanquistes et des communards. Et Maurice Barrès, qui était issu de la gauche républicaine, en viendra à poser les bases d’un socialisme national.

Alors, comment qualifier les nationalistes-révolutionnaires ? Un certain nombre d’appellations ont été proposées. Bruno Crapez parle de gauche réactionnaire. Zeev Sternhell, quant à lui, suggère celui de droite révolutionnaire. J’avoue me reconnaître assez bien dans ce qualificatif.

Enfin, aujourd’hui, je pense que le principal clivage se manifeste dans une opposition entre les tenants de la mondialisation et ceux qui se battent pour défendre leur identité. Je serais donc plutôt partisan du slogan : "Ni droite, ni gauche, identitaires !"

Les mouvements nationalistes radicaux semblent s'être spécialisés tout au long de leur histoire contemporaine dans le rôle des harkis de la droite nationale. Est-ce une stratégie ou le résultat même d'une absence de stratégie ?

C’est plutôt, à mon avis, dû une absence de véritable stratégie. La plupart des mouvements nationalistes radicaux ont préféré suivre une voie groupusculaire en s’enfermant dans des schémas mentaux qui ne leur permettaient pas d’être en phase avec le réel.

Avec Unité radicale, nous voulons développer une organisation qui puisse être capable de faire entendre la voix des radicaux. Nous espérons ainsi, par notre poids, exercer une certaine influence sur les prises de position du mouvement national. Notre stratégie est claire. Elle vise à réintégrer les forces radicales dans le champ politique de la mouvance nationale.

Cela n’a d’ailleurs pas échappé à René Monzat qui, dans un article publié dans le numéro de Ras l’Front de janvier 2001, reconnaît que les nationalistes radicaux des années 2000 sont beaucoup plus politiques que leurs prédécesseurs. Avec des initiatives telles que La CoordiNation, l’UDEN ou encore Bleu Blanc Rock, nous voulons simplement exercer un véritable rôle dans le jeu politique et être reconnus comme une tendance à part entière du mouvement national.

Que pensez-vous de l'opportunité de constituer une organisation radicale en marge du MNR et du FN ?

Nous avons créé Unité radicale dans le but de structurer la tendance radicale et extra-parlementaire du mouvement national en France. Cette tendance nationaliste-révolutionnaire, alors qu'elle était forte parmi la base du FN, ne disposait pas de cadres reconnus, pas de journaux officiels, pas de mouvement politique organisé. Eparpillés, sans une véritable organisation dont il aurait été possible de se revendiquer, les radicaux pouvaient difficilement faire progresser l’idéal nationaliste-révolutionnaire. En effet, que dire aux jeunes séduits par un activisme plus radical ? Il était alors difficile de trouver du matériel de propagande, une presse qui défende son idéal NR et des interlocuteurs habilités par une véritable organisation.

Nous avons voulu changer cela afin de peser sur le devenir du mouvement national. Désormais, les radicaux ne sont plus dispersés. Ils peuvent s’appuyer sur une organisation structurée et bénéficiant d’une implantation nationale. Ils font aujourd’hui partie d’une structure qui possède une presse, des adhérents et des instances dirigeantes. Les radicaux organisent des actions militantes d’envergure nationale et défilent à nouveau dans la rue. Ils jouent un rôle central au sein du Front de la jeunesse, lancent La CoordiNation et impriment leur marque dans le combat culturel avec des initiatives telles que Bleu Blanc Rock ou encore Jeune résistance.

Nous ne cherchons pas à créer un groupuscule de plus. Nous voulons simplement animer un courant nationaliste-révolutionnaire au sein du mouvement national. Car nous pensons avoir des choses à dire et nous désirons apporter notre contribution à la sauvegarde de la civilisation européenne. Notre mouvance peut jouer le même rôle que la Gauche socialiste au sein du PS, c’est-à-dire un rôle d’aiguillon et de critique constructive. Enfin, notre indépendance nous permet d’aborder des thèmes et des types d’action que les partis de type électoraliste ne peuvent pas assumer. Cette réalité suffirait d’ailleurs, à elle seule, à justifier la nécessité du développement d’une organisation radicale.

La politique occupe une part importante de votre vie, quand vous cessez d'être un militant que faites-vous ?

Est-ce que je cesse réellement d’être un militant, à un moment précis ? Mon engagement politique fait partie intégrante de ma vie. C’est lui qui, chaque jour, guide mes choix et mon comportement dans la société.

Quant aux activités militantes à proprement parler, il faut avouer que celles-ci ne me permettent pas de bénéficier de beaucoup de temps libre. Toutefois, je profite de ces instants de détente pour lire et faire du sport - arts martiaux, excursions en montagnes, etc. -. Il me semble, en effet, primordial de toujours continuer à se former à la fois physiquement et intellectuellement. C’est en renforçant, sans cesse, son corps et son esprit que le militant nationaliste peut prétendre affronter les innombrables défis de l’existence.