Groupe d'action jeunesse
Le Groupe d'action jeunesse ou Groupe Action Jeunesse, abrégé GAJ, était un mouvement de la jeunesse
nationaliste française, qui se réclamait du solidarisme, actif de 1973 à 1979.
Son emblème était le Trident, emprunté au solidarisme russe.
Sommaire
Histoire
Origines
La naissance du GAJ est liée à la période qui suit la naissance du Front national. Une tendance hostile à la ligne tactique de « normalisation » du F.N., qui entend mettre au pas les groupes étudiants jugés trop agités, se structure, menée par Patrice Janeau[1], responsable du GUD parisien depuis un an. Elle regroupe des solidaristes « historiques » (Alain Boinet, Jean-Pierre Stirbois) et des dissidents du GUD et d'Ordre nouveau, comme Michel Bodin et Jean-Claude Nourry). Pour eux, « la cause nationaliste n'a rien à attendre d'un conglomérat de réactionnaires »[2].
Ils baptisent en février 1973 le nouveau mouvement le GAJ (Groupe Action Jeunesse), qui est rapidement rejoint par nombre d'étudiants et de lycéens. Ils créent en parallèle un Front des étudiants nationalistes (FEN)[3].
Un mouvement avant tout activiste
Le GAJ se signale par un activisme anticommuniste débordant (manifestations, attaque du siège de la compagnie Aeroflot le 5 décembre 1974, bombe artisanale devant le siège de la TWA et devant celui de Coca-Cola). Il noue ainsi des contacts étroits avec une association d'émigrés russe installée en France depuis l'avant-guerre, l'Union des solidaristes russes (NTS), fondé à Belgrade en 1930.
Le GAJ trouve un allié de choix avec le Mouvement solidariste français. Avec lui nombre d'actions sont menées sous l'appellation circonstancielle d'Action Populaire. Ainsi, des grenades fumigènes sont lancées sur le ministère de la Justice pour protester contre l'étouffement de scandales financiers.
Sous son propre nom, le GAJ multiplie les descentes contre les gauchistes, et ne dédaigne pas de jouer des tours pendables à la police. Alors que le GUD, bridé par le contexte électoral, s'en tient plus que jamais à l'autodéfense, le GAJ prend l'initiative d'attaques audacieuses, se rend populaire chez les jeunes tentés par l'activisme, en particulier les lycéens, que la préparation des législatives concerne peu. Face à la dégénérescence électoraliste prêtée à O.N., les « gajmen » mettent en avant un slogan sans ambiguïté : « Seule la force paie ! ». Dans la presse solidariste, Patrice Janeau dénonce la droite nationale, « qui pue comme une vieille dent creuse »[4].
En novembre 1972, le GAJ lance, sous l'égide du nom de l'Action Populaire, le mensuel Impact, animé par Joël Freymond (ancien responsable de L'Élite européenne). A la veille des élections de 1973, le journal appelle à l'abstention.
Lors de l'hiver 1973/1974, le GAJ va peu à peu entrer en conflit à la faculté d'Assas, où il est solidement implanté sous le nom de Front des étudiants nationalistes, avec le GUD qui tente de se réinstaller dans son bastion historique. Les tensions font place à des antagonismes ouverts : le 21 février 1974, une trentaine de gajmen attaque au cocktail Molotov le local du GUD à Assas. La police et les pompiers doivent intervenir pour dégager les gudards pris au piège. Le local du GUD à Sceaux subit peu après le même sort. De nouveaux affrontements graves se déroulent dans le hall d'Assas les 4 et 5 mars. Les militants du GAJ agressent ceux du GUD en lançant parfois des slogans qui étonnent les étudiants moins politisés : « GUD-Ordre Nouveau - Ordures nazies ! »[5].
Il faut attendre 1974/1975 pour qu'un provisoire rapprochement entre GUD et GAJ, matérialisé par la présentation de listes communes à Assas, sous l'étiquette « Rassemblement pour un Ordre Nouveau », mette fin à ce conflit, qui a incontestablement freiné le développement du militantisme nationaliste au sein de l'université.
Une fracture s'ouvre
En même temps, une fracture s'ouvre dans le camp solidariste. Les solidaristes « historiques » issus du MJR et du MSF se rendent compte qu'ils sont marginalisés au sein de leur propre mouvement. Ils ont servi de porte-greffe à quelque chose qui est en train de les vampiriser. Ils n'ont aucune influence idéologique sur les nouveaux-venus du GAJ. C'est au contraire ce dernier qui infecte leurs rangs d'un esprit hérité de l'école GUD. Les gajmen de la tendance la plus activiste (Jean-Gilles Malliarakis, Patrice Janeau, Olivier Huyghe, Michel Bodin) n'en font qu'à leur tête, boycottent la diffusion d'Impact, qui cesse de paraître au printemps 1974. Les solidariste « historiques » (c'est-à-dire issus du Mouvement jeune révolution et du Mouvement solidariste français) en viennent à juger que le jeu n'en vaut plus la chandelle. La cassure est consacrée par une circulaire adressée aux vieux routiers du MJR-MSF. Co-signée par plusieurs responsables solidaristes historiques, elle affirme : « Force est de constater l'échec global » , et rappelle : « Le solidarisme s'appuie sur la philosophie intégraliste, et n'a donc rien à voir avec le matérialisme, quels que soient son qualificatif et son élégance. En particulier, le matérialisme dit "biologique", relais du matérialisme dialectique, est opposé totalement au solidarisme »[6].
Malgré cette rupture, et le retour du GUD, le GAJ reste solidement implanté à Assas. Le jour des élections étudiantes de 1976, le GUD rafle neuf sièges, le GAJ en obtient six.
La fin du GAJ : un choix entre FN et MNR
Le GAJ disparaît en 1978 après le ralliement de Jean-Pierre Stirbois au Front national.
Les militants du GAJ qui refusent l'adhésion au FN rejoignent alors Jean-Gilles Malliarakis qui avait quelques mois plus tôt lancé le Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR), en annonçant la fusion du GAJ avec les Groupes nationalistes révolutionnaires, la structure organisée par François Duprat au sein du Front national. Parmi eux, on compte Jacques Borde, Jacques Bastide, Patrick Gorre) et les derniers militants de l'Organisation lutte du peuple (Yves Bataille, Christian Bouchet). La revue Jeune Nation Solidariste devient la publication officielle du MNR.
Le GAJ disparaît mais sa structure du FEN reste encore longtemps active.
Personnalités
Parmi les membres les plus célèbres du GAJ, il faut nommer Stéphane Zannettacci, tombé en combattant au Liban le 19 juillet 1976 .
Notes et références
- ↑ Patrice Janeau, responsable du GUD dans les années 1971/7972. Exclu de Paris 1 pour avoir déployé des banderoles antisoviétiques à Assas, lors de la campagne Brejnev. Un scandale sans nom, quand on pense que d'autres facs servaient alors de dépôts d'armes, de libres-services de stupéfiants et de marchés aux voleurs sans que nul gauchiste ne soit inquiété.
- ↑ Jack Marchal, Frédéric Chatillon et Thomas Lagane, Les Rats maudits. Histoire des étudiants nationalistes 1965-1995, Paris, Les Éditions des Monts d'Arrée, 1995, 147 p.
- ↑ Le Front des Étudiants Nationalistes (FEN) continuera ses activités bien après la fusion du GAJ dans le MNR.
- ↑ Jack Marchal et alii, Op. cit.
- ↑ Grégory Pons, Les rats noirs, Jean-Claude Simoën éd., 1977, p. 11.
- ↑ Jack Marchal et alii, Op. cit.