Wandervogel

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Le Wandervogel (oiseau migrateur) est un mouvement de jeunesse allemand né en 1895 ou 1896 à Berlin-Steglitz en Prusse dans l'Empire allemand et fondé officiellement en 1901.

L'emblème du mouvement est la grue

Le mouvement, qui se développe principalement parmi les lycéens et les étudiants des classes moyennes des villes, exprime avant tout une inquiétude face à l'industrialisation et l'urbanisation forcenées de l'Allemagne. Le mouvement est aussi caractérisé par une influence du romantisme, par le désir de redécouvrir le pays, par une volonté de rupture avec la vie scolaire et urbaine, ainsi que par l'envie de créer un mode de vie en accord avec la nature.

En se promenant à travers les forêts et les landes, l'industrialisation des grandes villes est rejetée en chantant

Le spécialiste de la Révolution conservatrice allemande Armin Mohler rattache les Wandervögel au courant « bündisch » de la mouvance.


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Histoire

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Contexte : une Allemagne en transformation rapide

L’Allemagne est devenue un État unifié. On oublie parfois que ce processus d’unification nationale s’est déroulé en synchronisme presque parfait avec une profonde transformation interne du pays, provoquée par les progrès de l’industrialisation et par les bouleversements démographiques et sociaux que celle-ci entraîne inévitablement dans son sillage.

Cette nouvelle Allemagne unifiée est devenue un pays industriel. La révolution industrielle y a débuté plus tard qu’en France et surtout qu’en Angleterre; elle a longtemps progressé assez lentement pour connaître un essor rapide vers le milieu du siècle et surtout après 1870. Dans une économie industrielle fondée sur le charbon et sur l’acier, le Reich de 1870 disposait de beaucoup d’atouts. Si l’on y ajoute une main-d’œuvre abondante, une science et une technique progressant à grands pas, l’esprit d’organisation de ses capitaines d’industrie et de l’État lui-même, on comprend mieux l’essor prodigieux de la production industrielle allemande. Partie loin derrière ses concurrents européens, et grâce à un taux de croissance de « pays neuf », l’Allemagne réussit à atteindre en quelques décennies des positions au premier rang des nations industrielles. En 1911, l’Allemagne est devenue le deuxième producteur de charbon et le premier producteur de fer d’Europe (deuxième producteur au monde, derrière les États-Unis d’Amérique). Sa production d’acier atteint presque le double de celle de la Grande-Bretagne et elle était est un partenaire économique de premier plan pour le monde entier.

En accédant au niveau des sociétés industrielles avancées, la société allemande subit de profondes transformations. Les effets de la révolution industrielle sont perceptibles aussi bien par la modification de nombreux paysages d’Allemagne que par les phénomènes de migration et les changements de structure de la population. Les migrations liées à l’industrialisation entraînent un accroissement inégal de la population et de sa densité et en particulier une concentration urbaine de plus en plus rapide. Alors qu’en 1871, 62,6 % des Allemands vivaient encore dans des communes rurales de moins de 2 000 habitants, cette proportion n’était plus que de 38,5 % en 1910. Tandis que la proportion de population habitant les communes moyennes, de 2 000 à 20 000 habitants, restait relativement stable, c'est surtout la catégorie des villes de plus de 100 000 habitants qui connaît l’augmentation la plus rapide : de 5,5 % en 1871, elle passa à 22,9 % en 1910. À la veille de la Première Guerre mondiale, un Allemand sur quatre habite une ville de plus de 100 000 habitants. Cette concentration de la population dans les grandes villes crée de nouveaux problèmes sociaux, économiques, mais aussi psychologiques. La population allemande connait aussi des taux de croissance annuelle supérieurs à ceux des pays occidentaux comparables[1].


feu de camp et chants allemands

Une révolte contre les effets sociaux et esthétiques de l'industrialisation

Dans ce contexte de la réunification allemande de 1871 et de cette industrialisation outrancière, on observe aussi une révolte des philosophes et des poètes, comme Nietzsche et August Julius Langbehn. Langbehn aura un impact prépondérant dans le développement des idées du mouvement de jeunesse allemand. Les choses de l'esprit, le donné naturel, l'âme simple des gens du peuple doivent recevoir priorité absolue sur l'esprit marchand et industriel, sur les choses construites par l'homme, sur les calculs de la bourgeoisie.

Naissance de l'idée d'un mouvement de jeunesse

En 1896, Hermann Hoffmann fonde une association d'étudiants en sténographie, liée au Lycée (Gymnasium) de Steglitz, une commune verte et non industrielle de la grande banlieue de Berlin. Une idée simple germe : la jeunesse ne peut pas rester prisonnière des cités enfumées de l'ère industrielle : elle doit sortir de cette cangue et partir en randonnée (mot magique en langue allemande : wandern). Résistance des autorités scolaires, contre les excursions proposées. Résistance balayée par les parents et des pédagogues moins classiques, conscients, grâce à leur lecture de Nietzsche et de Langbehn, que l'éducation doit quitter le trop-théorique pour prendre la vie et le réel à bras le corps.

En 1898 ont lieu les premières excursions des lycéens de Steglitz sur les bords du Rhin. En 1899, on organise des excursions de 4 semaines dans les forêts de Bohème. Ces 2 expéditions constituent une révolution dans le système éducatif de l'Allemagne wilhelminienne. Cette pédagogie non conventionnelle, ces excursions deviennent les symboles d'une révolte générale contre l'ordre établi (école, industrie, administration, etc.).

Karl Fischer et la naissance du Wandervogel

Karl Fischer (19 ans, plus conscient de cette révolte que Hoffmann) prend le relais de son aîné : randonnées et critique fondamentale de l'ordre établi, au nom d'une éthique de l'austérité (anti-consumériste). Ses origines sont plus populaires (ni aristocrate ni bourgeois). Fischer instaure une discipline plus militaire et organise des excursions plus aventureuses : l'association des sténographes devient une Communauté alternative (à laquelle il donne le nom classique de Gemeinschaft).

Le 4 novembre 1901 se déroule une réunion dans une brasserie de Steglitz, présidée par Fischer : on y décide la fondation d'une association dénommée Wandervogel, Ausschuß für Schülerfahrten (Oiseau migrateur, Commission pour les excursions scolaires). Ils veulent renouer avec la tradition médiévale des Vagantes, des escholiers pérégrinants.

On organise des soirées autour de feux de camp (dans la vallée de la Nuthe, près de Steglitz), la visite de châteaux en ruines et de vestiges médiévaux (romantisme ; enracinement dans l'histoire nationale) ; fêtes solsticiales ; romantisme de la montagne, des hauts sommets ; culte des lansquenets ; etc. Ces grandes idées ont été véhiculées par tous les mouvements de jeunesse idéalistes jusqu'à nos jours, y compris en France.

• Sous l'impulsion de Fischer, diffusion du mouvement dans toute l'Allemagne puis dans les Sudètes, à Prague et à Vienne. Le mouvement Wandervogel devient l'expression d'une jeunesse joyeuse, allègre, qui aime la musique, crée ses propres chansons et ses propres mélodies, etc. Mais elle commence à rêver d'un Jugendreich, d'un règne de la jeunesse, affranchi de la tutelle des adultes.

• En 1906, Fischer se retire du mouvement, s'inscrit à l'Université de Halle, puis part pour servir dans la marine allemande, dont une unité est casernée dans la forteresse de Tsing-Gao en Chine (il ne reviendra qu'en 1921, dans une Allemagne complètement transformée).

Wilhelm Jansen et la scission du Wandervogel

Wilhelm Jansen (40 ans à l'époque) prend le mouvement en main : il veut créer une jeunesse énergique à l'âme forte. Il est un bon organisateur. En 1906, année où il prend ses fonctions, les premières sections féminines sont mises sur pied (Mädchenwandern), à l'initiative de Marie-Luise Becker. Au départ, hostilité à cette mixité et repli sur la masculinité (notion de Männerbund). À Iéna, les groupes mixtes sont acceptés sans aucune arrière-pensées.

Le mouvement se sépare en deux branches : le Wandervogel et le Deutscher Bund. 2 modes cohabiteront : la mixité et la masculinité exclusive (d'où le reproche récurrent d'homosexualité).

Jansen quitte ensuite le mouvement, qui est repris en main par Hans Breuer, Hans Lissner, Edmund Neuendorff. Breuer, ancien lycéen de Steglitz, sera volontaire de guerre et tombera devant Verdun le 20 avril 1918. Il crée le chansonnier du mouvement : le Zupfgeigerhans.

Eugen Diederichs et la SERA

Toutefois la diffusion du mouvement de jeunesse Wandervogel est incompréhensible sans référence à la culture alternative qui se répandait en Allemagne à la même époque ; la figure-clef de ce renouveau culturel et métapolitique est l'éditeur Eugen Diederichs, qui fonde à Florence, Leipzig et Iéna une maison d'édition en 1896 (qui existe toujours aujourd'hui, sans renier son passé), la même année où Hoffmann lance son groupe d'excursionnistes sténographes à Steglitz. Diederichs est également inspiré par Langbehn et Paul de Lagarde. Mais il ne sombre pas dans un nationalisme étroit, il vise une universalité plurielle et alternative, qu'il oppose à l'universalisme monochrome et conventionnel du libéralisme dominant. On peut résumer la pensée et les objectifs de Diederichs en 8 points (que la dite Révolution conservatrice radicalisera après 1918) :

1) donner priorité à la vie et au dynamisme (apport de Bergson, dont il sera l'éditeur allemand) ; 2) nécessité de promouvoir une nouvelle mystique religieuse, en dehors des institutions confessionnelles rigides ; recours aux patrimoines germaniques (Edda) ainsi qu'aux religiosités traditionnelles et non chrétiennes de Chine et d'Inde ; 3) valoriser un art organique (Langbehn, les Pré-Raphaëlites anglais, Ruskin et ses cités-jardins, les prémisses de l'art nouveau/Jugendstil) ; 4) retour au romantisme en littérature ; 5) revaloriser les liens légués par le sang et le passé ; 6) penser la nature (pensée écologique avant la lettre) ; 7) forger un socialisme dynamique, anti-bourgeois, éthique, inspiré de la Fabian Society anglaise, de Jean Jaurès et de Henri de Man ; 8) susciter sans relâche la créativité chez les adolescents (Raison pour laquelle Diederichs soutient le mouvement Wandervogel).

On doit noter que Diederichs fonde lui-même une société juvénile et festive (alors qu'il a largement dépassé la quarantaine) : la société SERA, qu'il finance généreusement, où des artistes et des musiciens de renom viennent animer les initiatives. La société SERA fête les solstices, milite en faveur d'une joie de vivre débarrassée des conventions rigides.

L'un des plus grands moments de l'aventure Wandervogel est le grand rassemblement de la jeunesse allemande, tous groupes confondus, sur le sommet du Hoher Meißner en 1913. Le philosophe Ludwig Klages écrit en souvenir de ce rassemblement un discours sur la nécessité de préserver le donné naturel, inaugurant ainsi la pensée écologique qui ne cessera plus d'être virulente en Allemagne (sauf pendant les années 50 et 60). À partir de ce grand rassemblement, de nombreuses initiatives locales, étudiantes, lycéennes ou ouvrières se regroupent dans une structure souple et informelle qui reçoit le nom de Freideutsche Jugend.

La rupture de 1914

En 1914, la jeunesse se porte volontaire en masse pour la “Grande Randonnée” (Die Große Fahrt), qui se terminera tragiquement pour la plupart : des 12.000 Wandervögel d'avant-guerre, 7.000 ne reviendront jamais des champs de bataille. Trois valeurs éthiques fondamentales animent ces jeunes volontaires : l'absence d'intérêts (matériels et personnels), l'altruisme et la camaraderie. Cette éthique s'exprime dans le livre de Walter Flex, Der Wanderer zwischen beiden Welten (Le Randonneur entre les deux mondes).

Le Wandervogel de l'Après-guerre

Après 1918, la jeunesse ne retrouve pas la paix mais un climat de guerre civile entre Rouges et Corps Francs. Beaucoup de jeunes s'enrôlent alors par exemple dans les Corps Francs en Silésie contre l'armée polonaise, dans le Corps Franc Oberland contre les Rouges en Bavière.

Lecture de poème dans la nature

Trois groupes dominent dans l'immédiat après-guerre : la Freideutsche Jugend (Jeunesse libre-allemande), les Landesgemeinden (Communautés rurales) et le Kronacher Bund (Ligue de Kronach). Mais ils connaîtront l'échec, vu l'impossibilité de réconcilier l'esprit Wandervogel d'avant 14, l'esprit des jeunes soldats revenus du front (désillusion, amertume, lassitude face aux discours trop idéalistes, déconfessionalisation, etc.), l'esprit de la “génération 1902”, qui n'a pas eu le temps de connaître le front et l'idéalise outrancièrement et hors de propos. Volonté générale : pas d'activisme politique, ni gauche ni droite, mais toujours opter pour le “renouveau”.

Une personnalité se profile alors : le manchot Ernst Buske, non mobilisé à cause de son handicap, animateur dans le Reich en guerre des groupes de jeunes non encore mobilisés, inspirateur du Altwandervogel (une ligue qui entendait préserver les valeurs et l'esprit du premier mouvement de Fischer), juriste professionnellement actif au service d'une association paysanne en Allemagne du Nord-Ouest, personnalité forte, tranquille, mûre, idéaliste, modeste, hostile à toute grandiloquence visionnaire, pragmatique. De 1920 à 1922, Buske fonde un nouveau concept : celui de Jungenschaft. En 1925-26, ce concept est à la base de la fondation d'un nouveau grand mouvement, la Freischar (Libre bande), qui comptera de 10.000 à 12.000 membres, dont les 3/4 avaient moins de 18 ans. La Freischar regroupait de petites unités locales d'une moyenne de seize jeunes. Buske meurt subitement en 1930.

La Freischar a compté en son sein de fortes et célèbres personnalités du monde des lettres et de l'université, notamment les philosophes Hans Freyer, Leopold Dingräve (du Tat-Kreis révolutionnaire-conservateur), Eugen Rosenstock-Huessy (théoricien des révolutions européennes, que l'on range à tort ou à raison dans la catégorie de la Révolution conservatrice) et l'activiste socialiste Fritz Borinski (auteur d'une histoire du Wandervogel et des mouvements de jeunesse). À noter également la présence au sein de la Freischar de Johann Wilhelm Hauer, futur animateur de la Deutsche Glaubensbewegung (Mouvement de la foi allemande), un mouvement souhaitant retourner aux racines religieuses de l'Europe et réhabiliter toutes les religiosités qui fondent les communautés humaines. Le thème central de la démarche de Hauer est effectivement la communauté. Il exprimera ses idées dans un mouvement de jeunesse plus philosophiques, le Köngener Bund (Ligue de Köngen), qui organisera des colloques et des débats contradictoires très importants, notamment avec Martin Buber.

Matthias von Hellfeld, auteur d'ouvrages sur les mouvements de jeunesse allemands des années 30, mélangeant critique et enthousiasme, nous dresse un panorama des ligues de jeunesse de l'époque (Bündische Jugend), qui venaient de prendre le relais de la Freischar après le décès de Buske en 1930. M. von Hellfeld distingue :

Le courant idéaliste

Ce courant se veut fidèle à l'esprit de 1913 (Rassemblement sur le Hoher Meißner, discours de Klages) et à l'esprit de la Freideutsche Jugend.

La Deutsche Freischar de Buske renoue avec cette tradition et entend concrétiser son rêve de Jugendreich par l'organisation régulière de “camps de travail” (Arbeitslager) où jeunes paysans, ouvriers et étudiants peuvent se retrouver pour construire une nation solidaire. L'esprit pragmatique de Buske a pu s'y exprimer. À sa mort, la direction du mouvement est reprise en main par l'Amiral von Trotha, adversaire en 1919 d'une élimination par la force armée des officiers putschistes de Kapp. Beaucoup de jeunes voient d'un mauvais œil le contrôle de ce vieil officier conservateur. D'où des dissidences ou, plus exactement, l'autonomisation de groupes menés par de jeunes chefs charismatiques.

Parmi eux :

• La Deutsche Jungenschaft von 1. 11 (Jeunes Allemands du 1er Novembre ; en abrégé : d.j.1.11), dirigée par Eberhard Koebel , qui s'était déjà heurté à Buske en 1928 (Koebel n'est exclu de la Freischar qu'en 1930). Grande originalité de ce groupe : il appréhende le monde de la technique de manière plus positive que l'ancienne tradition idéaliste, véhiculée de Fischer à Buske. Plus rebelle mais aussi plus intellectuelle, la d.j.1.11 aborde des sujets philosophiques, littéraires, s'intéresse à l'architecture et aux courants de l'art contemporain. Elle fonde un théâtre, introduit le banjo et la balalaïka russe dans le folklore du mouvement de jeunesse. Les influences scandinaves, finnoise (la tente laponne dénommé dans le jargon des mouvements de jeunesse allemands, la Kohte) et russes sont prépondérantes. La d.j. 1.11 sort du cadre strictement allemand-germanique, voire européen quand elle se met à idéaliser le samourai japonais. Koebel, dit “Tusk” depuis ses voyages en Scandinavie et en Finlande (tusk = allemand en langues scandinaves), crée un style nettement nouveau, un graphisme audacieux et moderne, plus dynamique et quelque peu futuriste. L'ensemble du mouvement de jeunesse tombe bon gré mal gré sous l'influence de cette étonnante modernité, y compris les groupements confessionnels, catholiques et protestants.

• La d.j. 1.11, fidèle à son romantisme scandinave, finnois et russe, a acquis une notoriété importante en Allemagne après avoir organisé une expédition sur les rives de l'Arctique et en Nouvelle-Zemble. “Tusk” en faisait évidemment partie et nous a laissé une description intéressante de la faune et des oiseaux des îles de l'Arctique. De même, on peut lire dans son carnet de bord, une fascination pour le jour éternel de la zone polaire en été.

Eberhard Koebel, dit “Tusk”

• Qualifié de “desperado du mouvement de jeunesse”, Koebel ne trouve qu'un seul allié réel, le Suisse Alfred Schmid, chef du Graues Korps (Corps Gris). Koebel fonde ensuite des “garnisons rouges-grises”, dont la première ouvre ses portes à Berlin en 1930. Ces garnisons sont des communautés d'habitation, où les jeunes peuvent vivre et loger, en dehors de toute tutelle adulte. En 1932, Koebel évolue vers le communisme et tente de mettre sa ligue au service du PC allemand, ce qui entraîne bon nombre de désaccords. Un ancien dira : « Je n'ai pas admis que Tusk ait envoyé des jeunes pour accompagner les colleurs d'affiches communistes dans les rues de Berlin ».

• Parallèlement aux garnisons rouges-grises, Koebel fonde des Kultur-Clubs, qui ont pour mission d'éduquer les jeunes « à la révolution et au socialisme ». Cette orientation non déguisée vers le communisme marxiste provoque des scissions : la d.j.1.11 se scinde en 4 groupes. Quand les nationaux-socialistes prennent le pouvoir en 1933, Tusk est arrêté par la Gestapo. En juin 1934, il émigre en Suède puis en Angleterre. Il mourra à Berlin-Est en 1955.

• Autre évolution intéressante après la mort de Buske et toujours de le cadre de la jeunesse “idéaliste” (selon la classification de von Hellfeld) : les Nerother, surtout originaires de Rhénanie. Ceux-ci inaugurent des expéditions lointaines, plus lointaines encore que celles organisées par Tusk. Ainsi, on a vu des Nerother escalader les parois des Andes et revenir avec des films extraordinaires, présentées dans les salles de cinéma de toute l'Allemagne, pour financer le mouvement, qui ne comptera jamais plus de 1.000 membres. Fondateurs du mouvement étaient les frères Oelbermann. Robert sera arrêté par la Gestapo et mourra à Dachau en 1941. Karl partira en Afrique pendant la guerre et ne reviendra que 19 ans plus tard dans une Allemagne complètement transformée.

L'aile völkisch

Plus nationaliste, moins liée à la tradition idéaliste et hégélienne, l'aile völkisch comprenait des mouvements comme les Adler und Falken (Aigles et Faucons), les Geusen (Gueux), les Artamanen et la Freischar Schill. Les Artamanen fusionneront avec les services agricoles du IIIe Reich (leur activité principale avait été d'organiser des colonies agricoles dans les zones rurales de l'Allemagne et en Transylvanie roumaine, où vit une forte minorité allemande). Les ministres nationaux-socialistes Himmler (police) et Darré (agriculture) en firent partie. La Freischar Schill évolua vers le nationalisme révolutionnaire et seront proches des frères Strasser. Dirigée par Werner Lass, elle a pu bénéficier de la collaboration d'Ernst Jünger.

Les groupes nationaux-révolutionnaires

Ils sont surtout animés par le Rhénan Hans Ebeling (Jungnationaler Bund - Deutsche Jungenschaft) et par le socialiste révolutionnaire Karl Otto Paetel, qui fondera le Gruppe Sozialrevolutionärer Nationalisten (GSNR, en fr. : Groupe des Nationalistes Sociaux-Révolutionnaires). Paetel évoluera vers l'anti-fascisme, s'engagera côté républicain pendant la guerre civile espagnole, connaîtra un exil new-yorkais où il contribuera à lancer le mouvement contestataire de la Beat Generation dans les années 50. Il reviendra en Allemagne pour y mourir en 1969.

Citons encore la Schwarze Jungmannschaft de Heinz Gruber et la Bündische Reichsschaft de Kleo Pleyer.

À partir de 1933 vient la mise au pas progressive des ligues de jeunesse jugées trop indépendantes. Les jeunesses hitlériennes absorbent petit à petit les militants jeunes, marginalisant les chefs (Koebel, Paetel, Ebeling) et les contraignant à l'émigration[2].

Époque

Le Lebensreform (réforme de la vie), le Wandervogel et le Jugenstil (Art nouveau) (basé sur le naturalisme : feuilles, fleurs, courbes de la nature) se développent à la même époque et entrent en interaction.

Articles connexes

Bibliographie

  • Karl Höffkes (traduction de Robert Steuckers), Wandervogel - La jeunesse allemande contre l'esprit bourgeois 1896-1933, Pardès, Puiseaux, 1986, 92 p. (ISBN 978-2-86714-007-5) [1]
  • Georg Eitze, Atlas Wandervogel, Les Amis de la Culture Européenne, Charmes-sur-Rhône, 2020. [2]
  • Gilbert Krebs, Les avatars du juvénilisme allemand, 1896-1945, Paris, Presses de la Sorbonne nouvelle, 2015, 366 p.

Voir aussi : [3]

Articles

  • Arnvald du Bessin, « À la source du naturisme » in Magazine des Amis de Jean Mabire, n°56, printemps 2021, p. 19 à 28.
  • Gauthier, « Le XXe siècle et la jeunesse en plein air » in Magazine des Amis de Jean Mabire, n°56, printemps 2021, p. 29 à 35.
  • Benoît Decelle et Fabrice Lesage, « L’esprit Wandervogel chez Jean Mabire », in : Magazine des amis de Jean Mabire, n° 60, Printemps 2022, p. 34 à 37.

Liens externes

  • Site sur le Wandervogel : [4]
  • Site du Wandervogel de Nerotherburg : [5]
  • Articles consacrés à l'histoire du mouvement des Wandervögel paru dans Vouloir : [6]

Notes et références

  1. Gilbert Krebs, Les avatars du juvénilisme allemand, 1896-1945, Paris, Presses de la Sorbonne nouvelle, 2015, 366 p., p. 17-47.
  2. Robert Steuckers, « Petite histoire des Wandervögel », in : Nouvelles de Synergies Européennes n°34, 1998.