Männerbund

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La notion de Männerbund est un terme germanique qui désigne une forme d'organisation d'un groupe d'hommes, dont le lien est assuré par un rituel d'initiation ou un serment de loyauté entre ses membres ou entre ses membres et leur chef.

Nombreux sont ceux qui, comme Julius Evola, Hans Blüher, Alfred Baeumler ou Alfred Rosenberg estiment que les Männerbünde des sociétés indo-européennes sont à l'origine de toute unité politique et par conséquent de l'idée de l'État.

Origine du concept

L'auteur qui a attiré pour la première fois l'attention sur la signification politique des « sociétés d'hommes » est Heinrich Schurtz, dans son ouvrage Altersklassen und Männerbünde (Berlin, 1902), où il décrit notamment les rites d'initiation en Afrique de l'Est. Le concept est repris avec certaines réserves par Arnold Van Gennep dans Les rites de passage (Paris, 1909).

Dans l'Allemagne wilhelmienne, le concept est repris par les animateurs du Jugendbewegung, notamment Hans Blüher.

En 1938, l'indo-européaniste suédois Stig Wikander (1908-1983) applique dans sa thèse ce terme aux groupes de jeunes guerriers indo-européens, comme les Maruts dans le monde mythique du Rig-Véda ou les Maryannu du Mitanni.

Georges Dumézil adopte le concept, et fait du « Männerbund » un trait typique des cultures indo-européennes.

Le Männerbund dans les sociétés indo-européennes

Selon Jean Haudry, le jeune garçon des premières sociétés indo-européennes quitte très tôt sa famille pour s'intégrer à un groupe de jeunes hommes de son âge qui, sous la direction d'aînés chargés de leur initiation, partent dans la nature sauvage où on leur apprend à survivre par eux-mêmes, à la manière des animaux. A l'issue de cette épreuve, l'enfant est censé mourir pour renaître dans la classe d'âge des jeunes hommes. C'est la raison pour laquelle il existe une assimilation fréquente de ces jeunes hommes à des morts, dont ils prennent l'apparence, par exemple par le port de vêtements noirs. L'initiation comporte une formation médicale. Les dieux et les héros du Männerbund sont pour la plupart médecins[1].

La pratique a persisté quand la société archaïque a laissé la place à la société des trois fonctions, où les Jumeaux divins deviennent les dieux de la troisième fonction. Dans cette société fondamentalement lignagère, le jeune garçon rejoignait sa famille à l'issue de la période d'initiation en marge de la communauté ; c'est le cas pour l'éphébie athénienne et la cryptie lacédémonienne, qui conservent l'une et l'autre des vestiges de ces pratiques anciennes[2].

Il est probable également, selon Jean Haudry, que dans ces sociétés hiérarchisées l'initiation l'était aussi, et que l'initiation des jeunes nobles comportait aussi une formation intellectuelle, une transmission de la tradition et de son expression poétique : les membres des fianna irlandaises ne se recrutent pas seulement sur leurs aptitudes physiques, mais sur leur connaissance du savoir traditionnel[3].

Le Männerbund est également présent chez les Slaves dans la troupe princière appelée Droujina. Elle est évoqué chez les Germains dans l'épopée de Beowulf. Kris Kershaw dans son étude sur le dieu Odin dans la continuité des essais d'Otto Höfler montre les liens de ce dieu souverain avec la tradition de la « chasse sauvage » et des compagnonnages guerriers[4]. On retrouve des traces de Männerbund chez les Hittites, les Perses sassanides, les Achéménides, les Chorasmiens, les Sogdiens.

Il a été rapproché de l'union fraternelle de plusieurs guerriers autour de leur seigneur, jurant de ne pas quitter le champ de bataille. Cette pratique a été décrite entre autres par Tacite, qui la décrit selon le vocabulaire militaire romain comme un « comitatus ».

Du Männerbund à l'État

Selon Julius Evola, « c'est à travers la vie nouvelle qui s'éveille par l'initiation, conformément à un schéma rituel et magique de mort et de renaissance, vie à laquelle correspondent un nouveau nom, un nouveau langage et de nouvelles attributions, et qui est « comme oublieuse de l'ancienne  », qu'on fait partie du groupe des hommes proprement dits qui ont en charge la communauté, pratiquement sous la forme d'une participation à un « mystère  » et d'un rattachement à un Ordre. C'est avec raison que des auteurs comme H. Schurtz ont précisément voulu voir en cela le germe de toute unité proprement politique [...] Ces « sociétés d'hommes » — Männerbünde — auxquelles on est admis grâce à une régénération qui « rend vraiment homme » et qui différencie de tous les autres membres de la communauté, possèdent le pouvoir, l'imperium, et jouissent d'un prestige incontesté. »[5]

Bibliographie

  • Alfred Baeumler, Männerbund und Wissenschaft, 1934.
  • Otto Höfler, Kultische Geheimbünde der Germanen, Diesterweg, Frankfurt 1934
  • Stig Wikander, Der arische Männerbund : Studien zur indo-iranischen Sprach- und Religionsgeschichte, Lund, Ohlsson, 1938.
  • Mircea Eliade, Initiation, rites, sociétés secrètes. Naissances mystiques, Gallimard, coll. "Idées", 1959.
  • Georges Dumézil, Mythe et épopée, Gallimard, 2 t., 1968-1971.
  • Kris Kershaw, The One-eyed God: Odin and the (Indo-)Germanic Männerbünde, JIES Monograph No. 36, Washington D.C., 2000.
  • Bernard Sergent, « Les troupes de jeunes hommes et l'expansion indo-européenne », in: Dialogues d'histoire ancienne, 2003, n° 29, p. 9-27.
  • Karlheinz Weissmann, Männerbund, Edition Antaios, Schnellroda 2004.
  • Jean Haudry, « Mars et les Maruts », Revue des études latines, 91, 2014, 47-66, 2014.

Notes et références

  1. Jean Haudry, « Mars et les Maruts », Revue des études latines, 91, 2014, 47-66, 2014
  2. ibidem
  3. ibidem
  4. Kris Kershaw, « The One-eyed God: Odin and the (Indo-)Germanic Männerbünde », Mankind Quarterly, Vol. 41, No. 2, Hiver 2000
  5. Julius Evola, Révolte contre le monde moderne, trad. et préf. Philippe Baillet, L'Âge d'Homme 1991 (rééd. 2009), 460 p. , p. 78-79.