Junges Forum

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Junges Forum est un magazine allemand de la Nouvelle Droite, de tendance nationale-révolutionnaire et « néo-nationaliste ».

Le numéro 9 de la nouvelle série du Junges Forum, paru en mars 2009, consacré à « L'autre Amérique, courants identitaires et mouvements révolutionnaires »

Il est paru de 1964 à 2009.

Le titre complet est : Das Junge Forum.

Historique

La revue est fondée en 1964 à Hambourg, sous l'impulsion, entre autres, de Hans-Dieter Hansen et de Lothar Penz. Elle envisage d'emblée de « jeter les bases théoriques d'une pensée nouvelle ». La volonté qui anime cette intention est de sortir du ghetto strictement politique, où se perçoit une nette stagnation quant au recrutement de militants nouveaux, et de suggérer aux citoyens allemands dépolitisés un message neuf, susceptible de les intéresser et de les sortir de leur torpeur.

La DESG

En 1972, le comité de rédaction de la revue publie un manifeste en 36 points, dont l'objectif est de poser les bases d'un socialisme populaire et organique, capable de constituer une alternative cohérente aux idéologies libérale et marxisante alors dominantes.

Elle donne naissance à la Deutsch-Europäischen Studiengesellschaft (DESG, Société d'études allemandes et européennes), dont elle devient la publication officielle.

D'une manière assez semblable à celle de Wir Selbst, le Junges Forum s'efforce de renouveler le nationalisme allemand (on parle alors beaucoup de « néo-nationalisme »), en prônant un nationalisme de libération (Befreiungsnationalismus), en s'intéressant de près aux thématiques écologistes, tiers-mondistes, neutralistes et régionalistes, de la réunification allemande et de l'unité européenne, au renouveau intellectuel, à la recherche d'une forme de démocratie authentique, à l'élaboration d'un socialisme organique, à l'ébauche d'un ordre international basé sur les principes de l'organicité, etc.

Toutefois, contrairement à Wir Selbst, le JF reste proche de certains milieux conservateurs et donne aussi plus d'importance à la redécouverte de la Révolution conservatrice.

Ses principaux collaborateurs ont été Heinz-Dieter Hansen, Lothar Penz (fondateur du Solidaristische Volksbewegung, abr. SVB), Klausdieter Ludwig, Uwe Michael Troppenz (pseud. Michael Meinrad), Günter Deckert et Peter Dehoust. La revue a aussi publié des textes d'Alain de Benoist, Carl Sarnau, Peter Bahn, Luc Pauwels, Robert Steuckers, Albrecht Jebens, Gerhard Opitz, Henning Eichberg, Rolf-Josef Eibicht, Karlheinz Weißmann ou Gerd-Klaus Kaltenbrunner.

Junge Kritik

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Parallèlement à la revue parait une collection de petits livres de poche, dénommée Junge Kritik. Davantage encore que les cahiers de Junges Forum, les textes de réflexions alignés dans les pages des trois premiers volumes de Junge Kritik constituent la base essentielle d'une rénovation totale de la pensée nationaliste à l'aube des années 70 (la parution des trois premiers fascicules s'étend de 1970 à 1973).

Dans le volume n°1 (Nationalismus Heute; Le Nationalisme aujourd'hui), les jeunes leaders Hartwig Singer (pseudonyme d'Henning Eichberg), Gert Waldmann et Michael Meinrad entonnent un plaidoyer pour une européanisation du nationalisme et, partant, pour une libération de l'ensemble du sous-continent des tutelles américaine et soviétique. Le nationalisme rénové serait dès lors "progressiste" puisqu'il implquerait, non la conservation de structures mortes (comme le suggère la vieille historiographie libéralo-marxiste), mais la libération des peuples d'une oppression politique et économique, fonctionnant à deux vitesses (l'occidentale et la soviétique).

Dans le second volume de Junge Kritik, intitulé Leistungsgemeinschaft (communauté de prestation), Meinrad, Joß et Bronner développent le programme économique du néo-nationalisme: solidarité des strates laborieuses de toutes les nations, propriété des moyens de production pour tout ceux qui y participent, limitation drastique des concentrations capitalistes. Hartwig Singer, pour sa part, y publie un Manifest Neue Rationalität (Manifeste pour une nouvelle rationalité), qui se veut le début d'une offensive contre l'essentialisme des idéologies dominantes de l'époque. Singer ajoute à ses références un apport de Marx, pour qui toute idéologie cache des intérêts, et celui de Max Weber, théoricien du processus de rationalisation en Occident. Singer, s'inscrivant dans un contexte allemand nettement plus révolutionnaire que le contexte franco-parisien où évolue à la même époque le GRECE, tente de mobiliser le Marx dur et réaliste contre le Marx abstrait et faux des néo-moralistes.

Dans le troisième volume, qui a pour titre Europäischer Nationalismus ist Fortschritt (Le Nationalisme Européen, c'est le progrès!). Il se réfère explicitement au travail de refondation entrepris par Europe-Action en France dans les années 1960. Meinrad, Waldmann et Joß reprennent et complètent leurs thèses, tandis que Singer, dans sa contribution (Logischer Empirismus), accentue encore le modernisme conceptuel de Junge Kritik. Singer cite abondamment Nouvelle École et incite ses lecteurs à lire Monod, Russell, Louis Rougier et Heisenberg, quatre auteurs étudiés par Nouvelle Ecole. Singer ajoute que, de cette quadruple lecture, il est possible de déduire un socialisme de type nouveau (Monod et Russell), un néo-nationalisme (Heisenberg) et une nouvelle "conscience européenne" (Rougier). Rougier, en effet, avait démontré que le génie européen était le seul génie ouvert sur le progrès, capable d'innovation et d'adaptation. La rationalité européenne, selon Rougier, de Benoist et Singer, transcende largement les idéaux orientaux contemplatifs que la vogue hippy, dans le sillage de 68 et de la contestation américaine contre la guerre du Vietnam, injectait alors dans l'opinion publique. Le néo-nationalisme apparait dès lors comme progressiste, car ouvert aux sciences modernes.

Mais les relations avec les Français du GRECE s'interrompent : quelques années plus tard, la revue Eléments, organe du GRECE, attaque la mouvance écologique, dans laquelle les néo-nationalistes allemands se sentent directement engagés. Sur le plan de la défense nationale, les Français appuient alors l'armement national atomique, démarche dans laquelle les Allemands ne se reconnaissent absolument pas. Ce n'est qu'à partir de 1982, quand Alain de Benoist tranche nettement en faveur du neutralisme allemand, que les positions respectives des Allemands et des Français se rejoignent à nouveau.

Nouvelle série

Numéro consacré à la vision eurasienne (2008)

En 2003, la publication de la revue est reprise par les éditions Regin-Verlag de Kiel, dirigées par Markus Fernbach et Dietmar Sokoll. Ceux-ci font alors évoluer le JF sur une ligne qui combine le nationalisme révolutionnaire avec Julius Evola et René Guénon. La revue est désormais sous-titrée Tradition und Revolution. L'aspect de la publication évolue elle aussi. Le bulletin photocopié devient une série de brochures de haute qualité, d'une centaine de pages, centrées autour d'une thématique particulière (Proche-Orient, Amérique latine, « L'Islam et la Droite », « Evola vu de gauche », eurasisme, Gabriele D’Annunzio, etc.), auxquelles collaborent des plumes comme celles d'Alexandre Douguine, Claudio Mutti, Charles Champetier, Karl Richter et Martin Schwarz.

Parallèlement à la revue, Regin-Verlag va republier des textes de Corneliu Zelea Codreanu, de Savitri Devi, d'Edgar Julius Jung et de Frithjof Schuon.

La revue cesse toutefois de paraître fin 2009. Les éditions mettent fin à leurs activités en 2013.