Rock identitaire

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Le Rock identitaire est un courant musical, animé par des musiciens de sensibilité nationale, nationaliste, patriote ou identitaire.

Le deuxième volume de la compilation Sur les terres du RIF, sorti en 2001.

Apparu au début des années 1990, il montre une grande variété de genres (folk, rock, rap, industriel, etc). Contrairement au « Rock anticommuniste » (RAC), le rock identitaire n'est pas rattaché à un mouvement subculturel particulier. Les groupes sont en revanche souvent proches de partis ou d'organisations politiques de la mouvance nationale.

Le Rock identitaire français (RIF)

Les précurseurs

Pendant longtemps, le rock est considéré à droite comme un composant de la décadence. Jusqu'au début de années 1970, le rock faisait partie du domaine réservé des chantres de la société multiraciale et de la drogue. Par réaction, les nationalistes se sont longtemps enfermés dans une sorte de ghetto culturel suranné, « considérant la guitare électrique comme un instrument effroyable et Elvis Presley comme un envoyé de ... Satan ! [1]»

La france ne fait alors pas exception : dans les organisations comme Europe-Action ou la Fédération des étudiants nationalistes, le rock est conspué. Pourtant, dans la mouvance du GUD, où le dogmatisme n'a aucune place et où l'on est volontiers « anarcho-fasciste », on commence à s'intéresser au rock et aux nouveaux courants musicaux. La revue satyrique Alternative, journal différent (1973-1978), lancée par Jack Marchal, militant du GUD et créateur du personnage du « Rat noir », est la première publication de droite à comporter une rubrique Rock. Celle-ci publie des articles élogieux sur les Rolling Stones et les Who, ce qui alors plus qu'exceptionnel dans la Droite radicale française. Les deux dessinateurs d'Alternative, Jack Marchal, qui jouait de la guitare, et le peintre Olivier Carré, qui jouait de la batterie, tous deux passionnés de rock, ont l'idée de créer un groupe, à l'aide d'autres militants du GUD. C'est le premier groupe de rock nationaliste français, qui donne son premier concert en 1975. Ayant fait la connaissance de Mario Ladich, le batteur du groupe de rock psychédélique romain Janus, les Français transformenet leur groupe en un groupe de rock électrique, qui enregistre à Rome en 1979 l'album Science & Violence, qu’on peut considérer comme l’ancêtre du Rock identitaire français[2].

Un autre groupe de rock nationaliste naît en 1980 à Orléans, Force de Frappe, qui sort deux 45 tours en 1982, dans un style cold-wave proche de Taxi-Girl.

Cette première vague de rock de droite, nationaliste ou « pré-identitaire », s'éteint alors, au moment où éclot le « rock anticommuniste (RAC) », accompagnant le mouvement subculturel skinhead.

L'émergence d'un nouveau courant subculturel

Le Rock identitaire français, souvent abrégé RIF, émerge à partir des années 1992-1993.

La nécessité d'élaborer de nouveaux courants musicaux se développe à la fois au sein de la mouvance nationaliste-révolutionnaire, au Front national de la jeunesse et au Renouveau étudiant, le syndicat étudiant proche du FN, puis au Mouvement national républicain (MNR). Nombre de militants comprennent que la musique peut être l'un des principaux vecteurs du combat culturel, contribuant à l’élaboration d’une véritable contre-culture populaire opposée au mondialisme dominant. Au-delà de l’expression d’un combat culturel, la musique peut aussi être un outil militant, qui permet d’entrer en contact avec des jeunes peu sensibles aux débats politiques mais intéressés par la découverte de nouveaux groupes ou styles musicaux[3].

« Le RIF, moyen d’expression privilégié de la révolte de notre jeunesse européenne, doit être un vecteur efficace de recrutement et de sensibilisation de jeunes encore extérieurs à la famille d’idées ou pas encore encadrés. Chacun de nos groupes de base un peu conséquent doit participer à la création d’un groupe de RIF local. […] Un concert de RIF avec dix jeunes Européens encore isolés deux heures auparavant, cela vaut cinq mille tracts boîtés. »[4]

Que le RIF se réclame du rock ne doit pas induire en erreur. L’appellation, en réalité, ne désigne pas un genre musical précis mais regroupe un ensemble de styles différents : les styles « hard », « métal » ou « hardcore » (prisés par Fraction, Insurrection ou Ile-de France), la musique électronique (Aion, Kaiserbund), le pop-rock (Brixia, Elendil, La Firme), ou encore des formes influencées par le ska (In Memoriam), la musique régionale (Vae Victis, Aquilonia, Traboule Gone) ou même le rap (Basic Celtos). D'ailleurs, le sigle « RIF » n'apparaît que fin 1997.

Labels

Les deux principaux labels de rock identitaire français étaient Memorial Records et Bleu blanc rock, tous deux disparus fin 2002. D'autres maisons sont encore en activité, comme Patriote Productions et Alternative-S.

Le déclin et ses causes

La presque totalité des groupes de RIF disparaissent au début des années 2000.

Ce déclin peut être imputable en bonne partie aux conditions dans lesquelles les groupes devaient jouer. Ceux-ci étaient confrontés à une répression délirante qui se traduisait par une quasi impossibilité de trouver des salles de concert, à l'exception de grands événements liés au Front national, comme les fêtes des BBR en 1996 ou en 1998. Les rares fois que des salles pouvaient être louées, les concerts devaient se dérouler dans une espèce de clandestinité, dans un lieu que le public devait découvrir lors d'un jeu de piste à travers la campagne. Cela limitait certes l'accès du public mais attirait aussi un autre public, celui du rock anticommuniste, habitué à de telles conditions. Or les relations entre ce public très underground et le jeune public du RIF, ou celui visé par le RIF, se révélaient tendues. Cette cohabitation constituait donc une nouvelle difficulté pour les organisateurs de concerts.

Les groupes n'avaient ainsi d'autre choix que de profiter des possibilités offertes par le Front national. Cela présentait des avantages, comme celui d'avoir parfois accès à des salles et d’être assuré de rentabiliser un certain tirage de CD. Mais ces avantages avaient en contrepartie des inconvénients: les groupes devaient veiller à ce que les thèmes abordés dans les textes et les formulations employées soient toujours en phase avec la ligne du FN. Une forme d'autocensure ne pouvait que brider la créativité, allant à l’encontre de l’esprit du rock qui fait appel à l’onirique, jusqu’à la transgression incluse. La qualité des productions en a ainsi souffert, le public captif ne faisant guère de différence entre un bon et un mauvais groupe, ce qui décourageait en parallèle les groupes les plus innovants[5].

De plus, lors de la scission du Front national en 1998-1999, la plus grande partie des groupes se rangent ouvertement dans le camp du Mouvement national républicain, pensant pouvoir y trouver plus de place pour le combat culturel et artistique. Mais le même phénomène d'autocensure se reproduit. Surtout, le rapide déclin du MNR entraîne avec lui les groupes qui l'avaient rejoint.

Un autre phénomène, de type technique, a sans conteste joué aussi un rôle: le remplacement du CD par les moyens numériques. Alors que les groupes de musique conformistes ont pu traverser la crise du CD en participant aux festivals et en multipliant leurs concerts, les groupes identitaires se retrouvaient privés des deux moyens qui leur auraient permis de se financer[6].

Le Rock identitaire italien

voir : Musica alternativa di Destra

Principaux groupes

Allemagne

  • Daniel Eggers (1996-2001[7])
  • Sacha Korn

Espagne

  • Celtica (1997)
  • Axis Mundi (1999-?)

France

Italie

  • Hyperborea (1993-2000)
  • Hobbit (1994-actif)
  • 270 Bis (1994-2007)
  • Malabestia (1995-1998)
  • Sotto Fascia Semplice (1996-?)
  • Zetazeroalfa (1998-actif)
  • DDT (Dodicesima Dispozione Trasitoria) (1998-actif)
  • Skoll (1999-actif)
  • Tabula rasa (2000-actif)
  • Insedia (2000-actif)
  • Terza Via (2004-?)
  • Scorretti dentro (2005-2006)
  • Camera 302 (2006)
  • Bronson (2012-actif)

Canada (Québec)

  • Trouble Makers

Bibliographie

  • Thierry Bouzard, Le rock identitaire français, Paris, Éditions Diffusia, coll. « Les ABC de la musique », 2018, 78 p.
  • Fabrice Robert, « La diffusion de l’idéal identitaire européen à travers la musique contemporaine », mémoire de maîtrise de science politique soutenu en 1996 à l’Université de Nice.
  • Stéphane François, La Musique europaïenne. Ethnographie politique d’une subculture de droite, préface de Jean-Yves Camus, Paris, L’Harmattan, 2006. En appendice : textes de trois entretiens de Stéphane François avec Thierry Jolif, Alain de Benoist et Christian Bouchet.

Articles connexes

Notes et références

  1. Cédric Martin, « L'internationale noire du rock blanc », Le Choc du mois, no 28,‎ mars 1990, p. 19-20
  2. Pierre Gillieth, « Jack Marchal, nous voilà ! - Entretien avec Jack Marchal », in: Réfléchir et agir, no 24, automne 2006, p. 38-45.
  3. Lilian Mathieu, « Une musique groupusculaire : le rock identitaire français », in : Art et contestation, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006, pp. 121-136.
  4. Eddy Marsan, in : Christian Bouchet, Les Nouveaux Nationalistes, préf. Roland Gaucher, Paris, Déterna, coll. « Politiquement incorrect », 2001, 320 p., p. 97.
  5. Pierre Gillieth, art. cit.
  6. Radio Méridien Zéro, Émission n°92 avec Jack Marchal : « Le rock et nous… » : [1]
  7. Le matin du 6 août 2001, le chanteur est déclaré suicidé, dans des conditions mystérieuses