Olivier Carré

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Olivier Carré, né le 27 Juillet 1954 et décédé le 31 août 1994 à Paris, était un peintre, musicien et sculpteur français, proche du GRECE.

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Biographie

Typha, devant le drapeau de la « Fédération, notre grande, notre immense patrie aux cent-treize provinces » (1983)

Olivier Carré est né le 27 Juillet 1954, fils de l'architecte Jean Carré et de l'avocate Evelyne Boyé-Carré.

Il entre en 1974 à l'Ecole des Beaux-arts de Paris, en section architecture. Il s'y découvre un intérêt croissant pour la peinture, sa première toile est signée en 1977.

À sa sortie de l’Ecole, il travaille quelques temps avec un cabinet d’architecture, puis rentre comme dessinateur et portraitiste dans les revues Éléments, Valeurs Actuelles et Spectacle du Monde en 1978. Il y fournira pendant ces quinze années, 4 dessins par mois pour la Comédie contemporaine, ainsi que des portraits de personnages historiques ou politiques, y créant un style unique de portraits à thème, et ce jusqu’à son accident.

Il est aussi, avec son ami Jack Marchal, l'un des principaux dessinateurs du mensuel satyrique Alternative - Journal différent (1973 à 1975).

En parallèle de ces dessins, il peint de nombreuses toiles, sur commande pour les portraits, et sa notoriété auprès de collectionneurs privés, lui évite de faire appel à des galeries ou à des expositions.

Dans les années 1980, il se tourne de plus en plus vers la sculpture, conçue, à l’inverse de la peinture, comme un art public et gratuit. Il pose ainsi de Paris à New-York ses « Têtes », dont les plus célèbres se trouvent sous le Louvre, sur les quais de Seine.

Science et violence

En 1979, avec Jack Marchal et Mario Ladich, le fondateur et batteur du groupe Janus[1], il lance un projet de rock psychédélique, Science et violence. Ils produiront un album l'année suivante.

Avant-guerre

Il participe au collectif Avant-guerre, créé par Guillaume Faye, destiné à développer différents projets artistiques. En 1984, le collectif enregistre une cassette, « Scène de chasse en ciel d'Europe ». Le scénario, inspiré de l'incident du Vol Korean Air Lines 007 en 1983, narre le prélude de l'affrontement entre l'« Occident décadent et cosmopolite » et la « Fédération, notre grande, notre immense patrie aux cent-treize provinces ». Les voix sont celles de Carré, de sa sœur Odile et de Faye. Le style, guerrier et nietzschéen, annonce déjà l'archéofuturisme.

La cassette sera diffusée dans un premier temps sur plusieurs radios libres. Elle donnera lieu, en 1985, à une bande dessinée, Avant-guerre, dont le scénario est écrit par Guillaume Faye et les planches réalisées par Eric et Jean-Marc Simon[2].

Olivier Carré décède tragiquement le 31 août 1994 vers minuit, victime d’un accident de moto sur le boulevard périphérique parisien ouest, au dessus de la Seine, alors qu'il partait en voyage avec son ami de longue date Jack Marchal. Ses cendres seront, suivant sa volonté, répandues par hélicoptère au-dessus de Château Gaillard.

Le tableau Manhattan, en couverture du numéro 34 de la revue Éléments

Aphorismes d'Olivier Carré

Le Travailleur
  • La pensée compresse - détend le temps
  • Les Tableaux sont des plongeoirs
  • La Vie se sert de l'individu, et pas l'inverse
  • Un vivant est quelqu'un qui prend la Vie
  • Culture = code de la manière de vivre
  • Les Tableaux = preuve sobre de Suranimalité
  • Il y aurait diverses généralités de solitude
  • Je travaille pour que nos petites vies aient un sens.

Œuvre

Par Jean-François Gautier (Novembre 1994):

« Peintre et sculpteur, Olivier Carré laisse une œuvre dont les critères d’élaboration furent exclusivement esthétiques. Il se refusait lui-même à toute doctrine, et il serait hors de propos de vouloir lui en attribuer une. Mais s’il n’y a pas de philosophie d’Olivier Carré, il existe bien une philosophie de son œuvre, de ses choix, de ses efforts vers une certaine forme de vérité picturale. Elle se confond pour partie avec la quête continue d’une compréhension lucide de ce monde, mais selon des critères extrêmement exigeants : ne jamais illustrer un savoir ou une vérité préalables, et tenter tout ce qui pourrait servir d’outil pour devenir, sans compromis avec l’hostilité de l’époque, et sans renier non plus les formes du passé.

L’une de ses premières toiles marquantes, « Le Travailleur », condense déjà les principales lignes de force de son œuvre : la thématique de la technique vient interroger une part des revendications de l’époque et les conditions qu’elles fixent à l’épanouissement de la liberté, et le tableau lui-même est compris comme une sorte de locution interjective sur le mode du Qui vive ? Autant dire qu’on chercherait en vain dans ses toiles un accomplissement serein. Ce que disait d’Héraclite le poète René Char s’applique à son art : « Il savait que la vérité est noble et que l’image qui la révèle, c’est la tragédie. » Son domaine était celui d’une espérance sans foi, d’une conscience débarrassée de toute réponse complice qui, entre l’homme et l’homme, interposerait une doctrine et aliénerait la liberté. Peu d’artistes en ce siècle se sont ainsi exercés à la contestation constructive des dogmatiques convenues, sinon quelques surréalistes libres, Dali qui inspira ses premiers essais, ou Chirico qu’il admirait.

Une philosophie exigeante et ardue sourd de son œuvre, qu’aucun concept ne peut réduire tant ses tableaux étaient des incitations et non de quelconques solutions données à des problèmes qu’il aurait nettement formulés. Son Athéna nucléaire tout autant que quelques portraits de commandes privées montrent une expression de l’humain perçu comme une liberté à conquérir, une liberté qui doit être refusée si elle n’est qu’une permission donnée par d’autres, par la société, par quelques individus députés à cette fonction, ou par le monarque même ; la liberté telle que la comprenait esthétiquement Carré n’est pas même envisagée comme soumise à une volonté consciente, ni dépendante de la réalisation d’un projet calculé ou d’ordre politique ; elle doit sourdre de l’action, sortir d’elle comme sa principale conquête, quel que soit l’objectif pratique qui est visé. Le rôle social des individus, pour lui, importait peu; seul l’attirait leur capacité à l’action novatrice et à la mise en œuvre d’une forme nouvelle et créatrice. Autant dire que, pour l’essentiel, Carré ne voyait autour de lui que des esclaves sans grande consistance, et s’amusait de leurs ballets. Il haïssait, pour les mêmes raisons, le circuit des galeristes et des critiques d’art.

Son étonnante faculté d’interrogation et de sollicitation apparaît aussi dans les Têtes qu’il fixa en différents endroits de la planète : face au siège de l’ONU à New York, sur une digue danoise, sur des blockhaus de la côte atlantique, sur une tour dominant les marais de Saintonge ou sur les quais de la Seine, notamment sept exemplaires aux pieds du palais du Louvre, apposés au cours d’une opération nocturne réglée comme une action de commando. Un visage cyclopéen, dépourvu de références anatomiques humaines, remugle darwinien tourné vers l’inconnu du devenir, incarne là une sommation à vivre debout qui vomit les conformismes.

Le personnage vivait de la même manière, interrogeant sans cesse, exigeant des réponses à ses questions, et les contestant aussitôt reçues, cherchant la matière de ses œuvres dans les interstices du savoir et de la volonté, dans les bizarreries de l’optique, dans le dénuement total de la conscience de soi confrontée au nocturne, aux rêves, à la lumières crue des projecteurs qui éclairaient son atelier.

Athéna nucléaire (1980) en couverture du numéro 36 de la revue Éléments, consacré à « La libération païenne »

Il y avait là, sous une forme esthétique incomparable, une volonté décidée de ne pas séparer l’homme de son monde. Loin d’être un objet pour la connaissance objective, le monde était pour lui, d’abord, le sujet de l’action. S’il acceptait toutes les contraintes de lumières, de peintures, de sujets, de matières, de techniques, c’était sous la réserve d’un apprentissage préalable de leur domination. Son œuvre laisse à ses spectateurs une interrogation toujours ouverte : le rêve moderne d’un homme dont la grandeur serait conditionnée par avance étant nul et non avenu pour cause de morale dévastatrice, il reste, pour chacun, à se placer dans l’exaltation de la liberté d’action et de jugement, dans l’absence de sécurité, dans la réclamation de la gloire ou le constat de l’échec ; mais de cela, précisément, qui est encore capable ?

De quelque bord qu’on la prenne, l’époque se pâme devant les revendications. Mais elles sont toutes d’essence technique et attendent les projets ou les entreprises qui les mettent en œuvre et tentent de les satisfaire. Carré, quant à lui, construisait sa peinture comme un événement capable de regarder son spectateur depuis l’avenir. La négation déréalisante du présent et l’affirmation péremptoire d’un autre monde possible avaient chez lui, quitte à prendre la forme d’une provocation, la même vocation à la disponibilité, la même ouverture vers l’exigence de devenir. Son art ne revendiquait rien d’objectivable. Il traduisait, poussée à ses limites extrêmes, la conscience strictement poétique et généreuse que l’artiste n’a pas à nommer la réalité des choses mais à désigner l’étrangeté qu’elles recèlent, l’inaccompli qu’elles révèlent. L’énoncé conceptuel relève de la raison, qui peut opposer des thèses et leurs contraires puisqu’elle les élabore elle-même ; les facultés propres à un créateur comme Carré ont une autre vocation : lever le voile des vérités juvéniles, ne jamais en compromettre le mystère, ni interrompre la complexité du monde, attiser le feu chaque fois que possible, montrer le geste et habiter la foudre. Sa demeure était l’éclair ».

Bibliographie

  • [Collectif], Olivier Carré, Peintre et Sculpteur 1954-1994, Quasar 54, 2020, 192 p.

En ligne

  • Site internet consacré à Olivier Carré et à ses œuvres : [1]

Notes et références

  1. Janus est, parmi les groupes de Musica alternativa di Destra italienne, le premier à délaisser le style folk pour le rock, variante psychédélique. Il devient rapidement l'un des plus populaire dans la jeunesse de Droite. Fondé à Rome en 1976, il produit 3 singles et un album. Le 7 janvier 1978, Stefano Recchioni, le guitariste du groupe, est abattu à l'arme automatique par un commando communiste devant le siège du Mouvement social italien d'Acca Larentia. En septembre 1980,les stocks du deuxième 45 tours du groupe, Pescatore di Sogni, sont détruits dans un attentat à la bombe à la librairie Europa de Rome. Le groupe se sépare en 1981.
  2. Philippe Baillet, Pour l'honneur d'un camarade : Guillaume Faye (1949-2019), par-delà censure et récupération, Budapest, Le Tocsin blanc, 2020, 72 p., p. 31-32