Fédération des étudiants nationalistes

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La Fédération des étudiants nationalistes (FEN) était une organisation nationaliste française, active de 1960 à 1967.

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Genèse

La FEN se constitue le 1er mai 1960, à l'initiative d'une équipe d'étudiants et de lycéens (menée par François d'Orcival, Pierre Poichet et Georges Schmelz) scandalisés par le vote au congrès de l'UNEF d'une motion engageant le gouvernement français à négocier avec les terroristes algériens. En fait, les jeunes fondateurs de la FEN entendent reprendre le flambeau après l'interdiction du mouvement activiste Jeune nation, dont les cadres adultes sont entrés dans la clandestinité et dont beaucoup ont été emprisonnés. La FEN tout en se tenant soigneusement à l'écart de toute activité illégale soutiendra l'action de l'OAS (François d'Orcival, par exemple étant interné en 1962 pour faits d'Algérie française et écrivant en l'honneur de l'OAS Le Courage est leur patrie en 1965).

Quelques mois après sa fondation, la FEN publie son texte fondateur, le Manifeste de la Classe 60, probablement rédigé par Dominique Venner en personne. D'un côté, ce document rattache la FEN au passé et aux vaincus de la 2e Guerre mondiale en faisant écho par son titre à la Lettre à un soldat de la Classe 60 de Robert Brasillach. Mais il s'ouvre sur l'avenir en inaugurant un changement radical de perspective dans la lutte pour l'Algérie française. Il ne s'agit plus pour la FEN de défendre la gloire bleu-blanc-rouge de la France coloniale et l'intégration des Musulmans, le combat devient racial, il s'inscrit dans l'antagonisme entre « la souveraineté ordonnatrice et impériale de la civilisation blanche » et l'agressivité montante des peuples de couleur. Ce n'est plus « la France de Dunkerque à Tamanrasset », c'est déjà « le monde blanc de San Francisco à Vladivostock ».

L’« école FEN »

La FEN se propose comme l'école d'une élite révolutionnaire ayant vocation à prendre en mains l'avenir du pays, porteuse d'une éthique supérieure animée par une philosophie proprement nationaliste et une opposition intransigeante à toutes les formes d'égalitarisme, que ce soit la démocratie bourgeoise ou le marxisme.

Elle se préoccupe particulièrement de formation tant doctrinale que physique. D'un côté, elle organise l'été des camps-écoles au caractère ouvertement paramilitaire ; de l'autre, elle a publié de 1962 à 1967 une petite revue d'une remarquable tenue, les Cahiers universitaires, dont le tirage aurait dépassé les 10.000 exemplaires, et attire de jeunes intellectuels destinés à ne pas se faire oublier, comme Alain de Benoist, Guy Conrad, François Duprat, Jean-Claude Jacquard, Jean-Claude Valla ou Pierre Vial.

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Le wagon FEN s'accroche tout naturellement à la locomotive Europe-Action, mouvement lancé début 1963 par Dominique Venner enfin sorti de prison. Les textes dont il est l'auteur ou l'inspirateur principal réactualisent de fond en comble la théorie et la stratégie d'un nationalisme révolutionnaire qui tourne la page de l'époque coloniale et s'élargit à l'Europe : « Pour une critique positive », rédigé en prison, et « Qu'est-ce que le nationalisme » ?, publié en mai 1963, qui restera jusque dans les années 70 une référence indépassable pour tout un courant[1].

Le symbole choisi par la FEN est le casque d'hoplite. Moins facile à tracer que la croix celtique, il n'est pas conçu pour être bombé sur les murs. Il symbolise la fidélité aux plus anciennes sources de la civilisation occidentale en même temps que l'exaltation des valeurs militaires spartiates, et correspond bien à l'esprit de cette FEN qui se méfie de l'activisme brouillon et se préoccupe de formation intellectuelle et physique. Mais elle ne dédaigne pas de montrer sa force quand l'occasion s'en présente. Les distributions de tracts menées autour de la Sorbonne se concluent parfois par d'homériques bagarres, où les communistes apprennent que s'attaquer aux nationalistes à cinq contre un ne constitue nullement une garantie de succès. Éthique de l'honneur et du dépassement de soi, célébration des racines et du sang, camps-écoles, feux de solstice, toute une culture se met en place dès cette époque. Elle s'exprime dans le mensuel Europe Action et dans les Cahiers Universitaires, la remarquable revue bimestrielle de la FEN[2].

Cette culture typiquement FEN et Europe-Action ne va pas parfois sans outrances ni sans sectarisme. En particulier lorsqu'elle théorise la distinction entre « nationaux » et nationalistes, les premiers étant décrits comme des patriotards sentimentaux, conservateurs velléitaires et crédules, tandis que les seconds se doivent d'être des soldats politiques disciplinés, purs et durs, et ont vocation à devenir le fer de lance qui guidera les nationaux vers la révolution nationaliste. On est en présence de quelque chose qui ressemble à un léninisme de droite, et qui va durablement imprégner un large courant d'idées.

Les limites de la FEN

A l'automne 1963, la FEN tente de lancer une campagne contre le service militaire, basée sur le slogan : « pas un soldat pour le régime ». Il s'agissait alors de ne pas cautionner cette armée épurée que le général De Gaulle ravalait au rôle d'instrument au service de ses intérêts personnels. Une manifestation est organisée sur ce thème au mois de novembre 1963. Les plus jeunes militants sont assez d'accord sur le fond, mais font valoir que cette campagne, qui ne manquera pas de passer pour antimilitariste, va les ridiculiser auprès de leurs adversaires rouges, et risque de les couper du milieu des nationaux traditionnels, chez qui la chose militaire conserve tout son prestige, et qui sont le premier vivier de recrutement de la FEN.

Pierre Sidos tend alors l'oreille. Très en froid avec Dominique Venner, qu'il accuse d'avoir détourné à son profit l'héritage de Jeune Nation, il est resté à une vision très classique du nationalisme français et tient les thèses d'Europe-Action pour de la pure hérésie. En particulier, il défend le point de vue selon lequel l'institution militaire, quels que soient ceux qui la contrôlent, demeure fondamentalement saine.

Désespérant de se faire entendre de la direction d'Europe- Action, un groupe de lycéens quitte la FEN, un mois plus tard. Ils ne sont pas bien nombreux, la plupart n'ont pas 18 ans, mais ont de l'énergie à revendre, et des ambitions. Ce sous-groupuscule prend d'abord le nom de « Section des Étudiants Nationalistes de Paris ». Ils prennent contact avec Patrick Lemerre et Georges Maillet, des proches de Pierre Sidos, qui pense trouver là l'occasion de prendre sa revanche sur Dominique Venner. Ils tentent de fusionner avec le mouvement transnational Jeune Europe de Jean Thiriart. Mais ces tentatives échouent. En fon de cmpte, le groupe scissionniste se constitue au mois d'avril 1964 en mouvement Occident.

Repères historiques

  • 1962-1964 : la FEN recrute massivement parmi les jeunes rapatriés d'Algérie qui débarquent dans les villes du Midi (Toulouse, Montpellier, Aix, Toulon, Nice), où elle dispose de cadres de valeur (Maurice Rollet, Jean-Marcel Zagamé). Elle arrive à apparaître localement comme une véritable alternative à l'UNEF.
  • Janvier 1963 : lancement de la revue Europe-Action et apparition autour d'elle du mouvement politique homonyme. La FEN en devient tout naturellement le relais dans la jeunesse étudiante.
  • Juillet 1963 : premier camp-école, dans la Drôme, où se dévoile le style particulier de scoutisme politisé et militarisé propre à la FEN.
  • Octobre 1963 : la direction du mouvement annonce une campagne contre le service militaire, ce qui suscite de l'incompréhension dans la base, qui commence à mettre en doute l'infaillibilité de ses dirigeants.
  • 1965 : lancement précoce de la campagne présidentielle de Jean-Louis Tixier-Vignancour, dans laquelle la FEN comme sa maison-mère Europe-Action s'investissent fortement.
  • Juillet 1965 : le camp-école de la FEN, en Vendée, voit l'intervention de la gendarmerie, alertée par des voisins qui y ont entendu des explosions et des bruits d'armes automatiques. En fait, il s'agissait d'enregistrements diffusés par hauts-parleurs afin d'ajouter au climat guerrier de l'entraînement physique...
  • Janvier 1966 : Europe-Action se retire des Comités Tixier-Vignancour pour se transformer en parti sous le nom de Mouvement nationaliste du progrès (MNP) ; la FEN suit le mouvement.
  • 3 décembre 1966 : lors d'une bagarre avec la FEN, devant le lycée Voltaire à Paris, le militant troskiste Pierre Rousset a le crâne fracturé. L'incident est très médiatisé, la victime étant fils du célèbre écrivain et député gaulliste de gauche David Rousset. Coup dur pour la FEN, qui y perd sa légitimité de mouvement rigoureux et discipliné. Ses locaux et ceux du REL sont perquisitionnés. Au même moment, la revue Europe-Action, financièrement exsangue, cesse sa parution, tandis que la base militante est de plus en plus siphonnée par Occident.
  • Juillet 1967 : l'hémorragie militante et financière, ajoutée à l'échec électoral du REL, entraîne la désintégration de la mouvance Europe-Action. Toutefois, certains groupes de militants étudiants dans le sud du pays continueront à se réclamer de la FEN jusqu'à la veille de mai 68.

Varia

A ses débuts, la FEN a eu à Annecy parmi ses militants un certain Pierre Antoine Muraccioli, qui se fera plus tard connaître comme chanteur sous le seul prénom Antoine et se posera dans les années 1965-1967 comme figure de proue du mouvement beatnik et de la mode hippie en France.

Le futur producteur de télévision Charles Villeneuve a fréquenté la FEN à la même époque, mais n'aurait pas laissé le souvenir d'un élément de grande valeur.

Après la disparition de la FEN, ses principaux cadres intellectuels ont fourni l'ossature initiale du GRECE.

Publications

  • FEN-Presse, 1962-1966, 19 numéros allant de janvier 1962 à février 1966,
  • Les Cahiers universitaires, 26 numéros allant de mars 1961 à mai 1966,
  • La Voix de l'Occident, 9 numéros de 1961 à 1963,
  • France université, au moins 5 numéros avant mars 1963,
  • Flamme (Basses et Hautes Pyrénées), au moins 5 numéros de février à juillet 1963.
  • L'Alcazar (étudiants de Bordeaux), au moins 6 numéros de décembre 1962 à janvier 1965.
  • Fer de Lance (Toulouse), au moins 6 numéros de décembre 1961 à mai 1963.
  • Combat nationaliste (Toulouse), au moins 3 numéros annuels en 1961, 1962 et 1963.
  • Brest-nationaliste, au moins 4 numéros avant février 1964.
  • Rennes-nationaliste, au moins 12 numéros avant mai 1964.
  • Nantes-nationaliste, au moins 4 numéros avant mars 1963.
  • Lyon-nationaliste, au moins 8 numéros avant mai 1963.
  • FEN-université (Marseille-Aix), au moins 3 numéros avant octobre 1962.
  • Dijon-université, au moins 4 numéros de février 1963 à janvier 1965.
  • Le pied-noir étudiant, au moins 1 numéros en 1963.
  • Positions nationalistes (IEP de Paris), au moins 3 numéros avant février 1963.
  • Sorbonne-nationaliste, au moins 1 numéro le 18 novembre 1963.
  • Médecine-Dentaire-Pharmacie-nationaliste, au moins 1 numéro en 1963.
  • Paris médecine, au moins 2 numéros en 1964.
  • Paris-droit nationaliste, au moins 9 numéros avant décembre 1962.
  • Perspectives des grandes écoles, au moins 2 numéros en 1963.
  • Sang nationaliste (lycéens de Lyon), au moins 2 numéros avant février 1963.
  • Révolution nationaliste (lycéens d'Aix-en-Provence), au moins 1 numéro en décembre 1963.
  • Veille nationaliste, quotidien du camp-école des 21-29 juillet 1964.
  • Flamme, quotidien du camp-école des 17-24 juillet 1966.

Notes et références

  1. Jack Marchal, Frédéric Chatillon et Thomas Lagane, Les Rats maudits. Histoire des étudiants nationalistes 1965-1995, Paris, Les Éditions des Monts d'Arrée, 1995, 147 p., p. 7-8.
  2. ibidem