Jeune nation

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Jeune nation est une appellation ayant désigné d'abord un mouvement nationaliste français qui fut le plus important et influent des années 1950. Ce fut ensuite le titre d'un journal. Le nom est repris ensuite par un site d'information sur internet.

Réunion publique de Jeune nation en 1957. A la tribune : Jean Malardier (debout), Dominique Venner (à sa gauche) et Pierre Sidos (à sa droite).

Mouvement Jeune Nation (1949-1958)

Il y eut au départ une association appelée La Jeune nation, constituée le 22 décembre 1949 lors d'une rencontre réunissant Albert Heuclin, Jean Marot, Jacques Wagner et les trois frères François Sidos, Jacques Sidos (1928-2009) et Pierre Sidos (1927-2020), et déclarée comme association loi 1901 le 23 mars 1950.

D'abord relativement confidentiel, ce groupement va monter en puissance à partir de 1954 et se transformer en véritable mouvement militant, l'événement déclencheur étant l'humiliation de Dien Bien Phu au mois de mai suivie de la capitulation en juillet de la même année du gouvernement Mendès. Jeune nation, qui recrute alors de nombreux étudiants, tient en novembre 1955 à Paris un congrès au cours duquel la croix celtique est adoptée comme emblème. Deux leaders efficaces émergent bientôt à la direction du mouvement, Pierre Sidos et Dominique Venner, qui incarnent deux orientations et deux tempéraments assez différents. Leurs chemins se sépareront plus tard, mais en attendant leur synergie fait merveille.

Le 7 novembre 1956, en protestation contre la sanglante répression soviétique en Hongrie, Jeune nation prend la tête d'une manifestation violente qui se lance à l'attaque du siège central parisien du Parti communiste, alors situé carrefour de Châteaudun (actuelle place Kossuth). Les assaillants réussissent à occuper et incendier une partie de l'immeuble (l'émeute fera trois morts chez l'ennemi). Le mouvement devient, pour toute la gauche, l'ennemi public n°1, ce qui lui assure une imposante publicité.

Jeune nation s'implante aussi parmi les Français d'Afrique du Nord, devient la composante la mieux structurée du mouvement pour l'Algérie française, participe aux événements du 13 mai 1958 qui sonnent le glas de la IVe République, mais n'accorde pas la moindre confiance au général de Gaulle pour résoudre la crise algérienne dans le sens des intérêts nationaux. En réponse, le gouvernement ordonne sa dissolution le 15 mai 1958. Les dirigeants vont s'ingénier à ignorer le plus longtemps possible cette interdiction, profitant de la vacance de légalité à laquelle donne lieu la transition entre IVe et Ve République.

Bulletin d'adhésion du jeune comédien Richard Bohringer, signé postérieurement à la dissolution.

C'est à ce moment qu'un jeune acteur débutant de 17 ans prend une adhésion au mouvement : Richard Bohringer, qui deviendra célèbre plus tard.

Un bruit tenace a circulé depuis des décennies au sujet de l'appartenance à Jeune Nation, à la même époque, d'un certain Jean-Philippe Smet, alias Johnny Hallyday. Longtemps invérifiée, cette rumeur a été enfin confirmée sur le site de Terre et peuple le 21 décembre 2017[1] par Pierre Vial, qui témoigne avoir rencontré la future rock star au siège de Jeune Nation en 1958. Pierre Vial a attendu pour faire cette révélation que Johnny Hallyday soit mort, afin de ne pas gêner sa carrière.

Le temps de la répression (1959-1963)

Le mouvement se survit à travers le journal mensuel Jeune nation, qui milite pour la création du Parti nationaliste. Celui-ci est constitué à la date symbolique du 6 février 1959 avec Pierre Sidos pour président et Dominique Venner au poste de secrétaire général, lors d'un congrès où Pierre Sidos lance un appel resté célèbre à la « séparation de la Synagogue et de l'État ». Ce Parti nationaliste est dissous en conseil des ministres sept jours plus tard.

Inculpés pour reconstitution de ligue dissoute, Pierre Sidos et Dominique Venner plongent dans la clandestinité début 1960. Nombre de leurs partisans vont faire de même l'année suivante pour rejoindre l'OAS. Mais celle-ci est dominée par des militaires qui se méfient des militants et n'accordent leur confiance qu'à des politiciens modérés, des « nationaux » qui sont autant de planches pourries. Les ex-Jeune nation ne joueront de ce fait qu'un rôle secondaire dans cette aventure vouée à l'échec.

Le journal Jeune nation est obligé de cesser sa parution en janvier 1960. L'unique survivance organisée de Jeune nation sera bientôt la Fédération des étudiants nationalistes (FEN), fondée le 1er mai de la même année.

Dominique Venner est arrêté le 19 avril 1961, Pierre Sidos le 5 juillet 1962. Le premier, libéré en octobre 1962, s'assure le soutien de la FEN et lance Europe-Action. Pierre Sidos, libéré en juin 1963, prendra l'année suivante la présidence d'honneur du mouvement Occident, né d'une scission de la FEN, avant d'en être éloigné. Il lancera par la suite le journal Le Soleil en 1966 et l'association L'Œuvre française en 1968.

Le Jeune nation des années 1950 proposait une doctrine basée sur un nationalisme conciliateur, empruntant aussi bien à la sensibilité bonapartiste qu'à l'héritage monarchiste maurrassien, voire à la rhétorique de 1789 (le mouvement appelait de ses vœux une « seconde Révolution française »), le tout combiné avec une hostilité intransigeante aussi bien au parlementarisme bourgeois qu'au communisme.

Signification historique

Les effectifs de Jeune nation semblent n'avoir jamais dépassé les 1 500 à 2 000 adhérents, ce qui était au vrai fort modeste en une époque intensément politisée. Mais le mouvement tient une place mythique dans la mémoire du nationalisme français. D'une part parce qu'il a été le premier à brandir la croix celtique comme symbole de ralliement national-révolutionnaire. Et surtout parce qu'il est entré dans l'histoire comme la souche originelle de la totalité ou presque des organisations et partis nationalistes ou simplement droitistes apparus au cours du demi-siècle qui a suivi — par ordre chronologique d'apparition : la FEN, Europe-Action, Occident, le MNP, le REL, le groupe Militant, l'Œuvre française, le GUD, Pour une jeune Europe, le GRECE, Ordre nouveau, le GAJ, Europe-Jeunesse, le PFN, Troisième Voie, Terre et peuple... — sans oublier, indirectement, le Front national lui-même.

Le journal

Jeune nation fut une publication mensuelle imprimée lancée en juillet 1958 peu après la dissolution officielle du mouvement (auparavant, celui-ci n'éditait qu'un bulletin intérieur produit artisanalement à l'aide d'un duplicateur, le Courrier d'informations). Après une longue suite de poursuites et de saisies, il fit paraître son dernier numéro (immédiatement saisi) le 28 janvier 1960.

Placée sous la direction de Pierre Sidos assisté de Dominique Venner, la rédaction comprenait Luis Daney, Jean Malardier, Jacques Meyniel, Ferdinand Ferrand et Albert Malbrun. D'illustres plumes et personnalités représentatives des diverses sensibilités de la droite nationale lui ont apporté des chroniques, des tribunes ou des entretiens, parmi lesquelles Jacques Ploncard d'Assac, Henry Coston, Pierre Fontaine, Hubert Saint-Julien (Hubert Lambert), Pierre Hofstetter, Jean-André Faucher, les écrivains Saint-Paulien (Maurice-Yvan Sicard) et Stephen Hecquet, ainsi que Me Jean-Louis Tixier-Vignancour.

Le titre a été relancé dans les années 1990-2000 sous la direction d'Yvan Benedetti.

Le site d'information

Autocollant du site Jeune nation

Jeune nation est actuellement un site d'information nationaliste. Il a été proche de l'Œuvre française jusqu'à sa dissolution et en revendique l'héritage. Il est dirigé par Yvan Benedetti[2].

Contact

  • Jeune nation B.P. 1030 69201 Lyon cedex 01 - Courriel: contact@jeune-nation.com

Liens externes

Références

  1. Terre et peuple, Quand Johnny militait à Jeune Nation
  2. L'Œuvre française organisait chaque année le Forum de la nation, organisait un camp d'été et éditait un calendrier nationaliste. Suite à "l'affaire Clément Méric", qui a entraîné la dissolution de l'Œuvre française le 25 juillet 2013 par décret. Le site Jeune nation est devenu le point de ralliement de ses militants et de ceux des Jeunesses nationalistes refusant la dissolution.