Occident

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Affiche de l'époque 1966-1967

Occident est un mouvement nationaliste né en 1964 d'une scission « basiste » de la Fédération des étudiants nationalistes (FEN). Il s'est rendu célèbre par son activisme incessant et les innombrables rixes dans lesquelles ses militants se sont trouvés impliqués, mais aussi par le nombre anormalement élevé de parlementaires et futurs ministres qui y ont démarré leur carrière politique. Ses heurts de plus en plus violents avec les groupes gauchistes ont été l'élément déclencheur des événements de mai 1968. Dissous à l'automne 1968, il s'est essentiellement poursuivi dans le Groupe union défense (GUD).

La genèse

Le noyau originel est une équipe de jeunes lycéens, militants parisiens de la FEN (Fédération des étudiants nationalistes) entrés en dissidence à l'automne 1963 pour des raisons idéologiques et organisationnelles : ils jugent contre-productive l'orientation anti-chrétienne et exagérément racialiste de la mouvance Europe-Action, qui selon eux éloigne du mouvement nombre d'adhérents potentiels, et supportent mal son centralisme qui leur interdit de répliquer aux violences d'extrême-gauche par les mêmes moyens. En bref, ils aimeraient revenir au spontanéisme activiste et adogmatique qui avait fait le succès de Jeune nation dans les années 1955-1960).

Cette tendance se constitue en marge de la FEN initialement sous l'appellation « Front universitaire européen », en liaison avec Jean-Claude Jacquard (exclu le 2 novembre 1963 de la FEN) et Jean Thiriart, ce qui motive le 18 février 1964 l'exclusion collective pour activités fractionnelles d'un groupe comprenant Philippe Asselin, Pierre Barroux, Frédéric Brigaud, Patrick Devedjian, Gérard Longuet, Alain Madelin, Alain Robert. Après avoir hésité entre Thiriart et Pierre Sidos, cette équipe se range sous le patronage de ce dernier, afin de pouvoir se réclamer de la légitimité de Jeune nation, ce qui entraîne la départ des partisans de Thiriart qui créeront alors la Fédération générale des étudiants européens. Dans cet esprit, ils prennent pour emblème la croix celtique. P. Sidos leur suggère de prendre pour dénomination « Occident » ; les statuts sont déposés le 23 avril 1964, une réunion constitutive se tient le 1er mai suivant.

Le 8 mai 1964 a lieu la première sortie d'Occident, qui ravage un meeting anticolonialiste tenu par des étudiants africains à la salle de la Mutualité à Paris. Le 2 juin suivant, au cinéma Le Savoie (à Paris, boulevard Voltaire), la soirée-spectacle « Chansons pour la paix » que tiennent des organisations communistes (CGT, UNEF) est brutalement interrompue par une vingtaine de militants qui lancent des grenades d'exercice dans la salle, frappent quiconque ose s'y opposer, et se retirent en emportant le contenu de la caisse. Ce raid, prototype de nombreux autres à venir, procure une célébrité instantanée à Occident, qui en retiendra l'idée que des actions violentes revendiquées à demi-mot sont la meilleure et la plus économique des publicités pour se faire connaître.

Jalons historiques

  • Année scolaire 1964-1965 - Tout en se livrant à des affrontements contre les étudiants communistes, le mouvement entreprend de noyauter les Comités Tixier-Vignancour et s'émancipe peu à peu de la tutelle de Pierre Sidos. Occident devient le point de ralliement des éléments les plus remuants de la jeunesse nationaliste mais reste à ce stade un phénomène surtout parisien.
  • Automne 1965 - François Duprat rejoint Occident et prend en charge sa propagande ; sous son influence, le slogan « Défendre l'Occident partout où il se bat » deviendra « Tuer les communistes partout où ils se trouvent ! », proclamé sur des tracts dont les distributions vont être prétextes à des heurts de plus en plus violents.

1966

  • Début 1966 - Une nouvelle ère de radicalisation s'ouvre. L'implosion des Comités Tixier permet à Occident d'étoffer considérablement ses effectifs. Le mouvement est désormais en mesure de lancer au Quartier latin des mini-manifestations réunissant plus de 200 militants, rompt définitivement avec Pierre Sidos, surclasse la FEN, ouvre un local 8 rue Boyer-Barret à Paris 14e, développe des implantations en province et prend le contrôle de syndicats étudiants (l'opposition interne de l'UNEF et les Corpos-Droit affiliées à la fédération rivale FNEF). En face, les scissions se multiplient au Parti communiste et donnent naissance à des groupes trotskystes puis maoïstes de plus en plus nombreux et violents, qui font campagne sur la guerre du Vietnam mais aussi contre Occident, ce qui confère au mouvement une grande notoriété. Les conditions qui vont donner naissance à Mai 68 se mettent d'ores et déjà en place.
  • 15 mars 1966 - Manifestation anti-gauchiste et heurts avec la police près de la Sorbonne, où Occident assiège les troupes de l'UNEF. Les incidents, qui se répéteront les semaines suivantes, reçoivent une abondante couverture médiatique.
  • Printemps-été 1966 - Le mouvement commence à enregistrer des ralliements significatifs en provenance de la mouvance Europe-Action et FEN.
  • Octobre 1966 - Occident ouvre son nouveau siège au 20 rue Serpente, au coeur du Quartier latin.
  • 4 novembre 1966 - Pour le 10e anniversaire de la répression de l'insurrection anti-soviétique hongroise, de concert avec ce qui reste du MNP et des jeunes des Comités Tixier, Occident monte une manifestation interdite contre le siège du Parti communiste, marquée par de durs affrontements avec la police et de très nombreuses interpellations.
  • 17-18 novembre 1966 - Bagarres sur le campus de Nanterre, qui devient le pôle de la mobilisation anti-Occident.
  • 1er décembre 1966 - Plusieurs dizaines de militants d'Occident tentent une distribution pacifique de tracts à Nanterre, mais sont repoussés par des adversaires armés bien plus nombreux et agressifs que prévu. C'est un tournant : l'extrême-gauche, qui bénéficie d'un mouvement de mode, est en plein essor.
  • Décembre 1966 - Polémique publique entre la FEN (alors en butte à la répression policière) et Occident, qui se rejettent mutuellement la responsabilité des violences qui se multiplient en milieu étudiant.

1967

  • 12 janvier 1967 - Une quinzaine de militants débarque à Rouen pour distribuer des tracts devant le restaurant universitaire du campus de Mont-Saint-Aignan, et tombe sur des stands de propagande de la Jeunesse Communiste Révolutionnaire (trotskystes). Plusieurs blessés en face, dont une fracture du crâne.
  • Février-avril 1967 - Vague d'arrestations et de condamnations dans les rangs du mouvement. Quatre dirigeants (Philippe Asselin, Hugues Leclère, Gérard Longuet, Alain Robert) sont mis deux mois au secret à la prison de Rouen. Occident se met provisoirement en sommeil. Patrick Devedjian, furieux d'être inculpé dans l'affaire de Rouen à laquelle il n'a même pas pris part, claque la porte (il prétendra bien plus tard avoir été soumis au supplice de la baignoire par ses ex-camarades — parfait mensonge). Gérard Longuet se met en retrait du militantisme actif. François Duprat est expulsé, Jean-Gilles Malliarakis s'éloigne. Cette crise empêche Occident de tirer pleinement parti de l'écroulement de la mouvance Europe-Action qui intervient à cette époque.
  • Mai 1967 - Le mouvement reprend progressivement ses activités. Le 9 mai, la légation nord-vietnamienne est arrosée de cocktails Molotov et une manifestation improvisée se heurte violemment à la police qui protège une réunion tenue par l'extrême gauche à la Mutualité.
  • Juin 1967 - La guerre israélo-arabe soulève une intense ferveur sioniste dans toute l'opposition de droite, aux exceptions de Maurice Bardèche, de Pierre Sidos et d'Occident. Le mouvement, désormais unique structure militante nationaliste active, est très isolé, est vu par la droite nationale comme une infréquentable bande de voyous.
  • Juillet 1967 - Camp-école tenu au château de Réveillon (Marne), tenu alors par une famille de sympathisants.
  • Automne 1967 - Les restes de la FEN rejoignent Occident tandis que des sections locales se développent dans toute la France. Le mouvement reprend la série de ses exploits, avec des distributions de tracts qui ne manquent jamais de provoquer des affrontements dont il sort invariablement victorieux. Ces succès tactiques masquent toutefois un échec stratégique car le rapport de forces global face à l'extrême gauche est de plus en plus défavorable.

1968

  • Janvier 1968 - Occident, qui s'est doté d'une structure décentralisée en groupements autonomes, ouvre son nouveau siège parisien rue de la Roquette et s'allie à Roger Holeindre pour former le Front uni de soutien au Sud-Vietnam, auquel il apporte la presque totalité des effectifs militants.
  • Mars 1968 - Un climat de guerre civile larvée s'installe dans les universités. L'extrême gauche a pris le pouvoir dans celle de Nanterre.
  • Avril 1968 - Les incidents opposant Occident aux gauchistes deviennent quotidiens, et de plus en plus graves. Le point de non-retour est atteint le 29 avril avec l'attaque ultra-violente menée contre une exposition de soutien au Sud-Vietnam montée par R. Holeindre rue de Rennes, à Saint-Germain-des-Prés. Elle fait plusieurs blessés graves dans les rangs d'Occident. Le mouvement, qui prévoit de tenir de gré ou de force un meeting à Nanterre le 3 mai, réplique par un communiqué qui est une vraie déclaration de guerre.
  • 2 mai 1968 - A l'aube, un incendie criminel éclate dans un local gauchiste de la Sorbonne. L'attentat est attribué à Occident (une croix celtique a été tracée sur le mur), qui dément toute responsabilité.
  • 3 mai 1968 - Leur université étant fermée, les gauchistes de Nanterre se replient sur la Sorbonne. 200 à 300 militants et sympathisants d'Occident y tentent un raid. Ils doivent y renoncer in extremis, l'intention des autorités étant trop évidemment de les piéger dans une bagarre afin de réduire la crise universitaire à un banal affrontement entre extrémistes et de donner prétexte à la police de se poser en instance pacificatrice. Mais le plan policier continue sur sa lancée : les forces de l'ordre encerclent la Sorbonne, le rectorat fait appel à elles pour l'évacuer, provoquant ainsi l'explosion de mai 1968.
  • Mai 1968 - Occident voit se développer, entre le pouvoir et la jeunesse gauchisée, un conflit face auquel il n'est que quantité négligeable. Certains militants passent au gauchisme. Une minorité de dirigeants envisage de rallier le camp du pouvoir dans l'espoir de prendre le contrôle de la réaction populaire prévisible contre les émeutiers rouges. Des militants de base préfèrent rejoindre les cortèges de protestation anti-gauchiste organisés à partir du 13 mai par Roger Holeindre et les royalistes (ils en prendront bientôt le contrôle). Le gros du mouvement s'enferme dans le « ni-ni ».
  • 20 mai 1968 - Des militants, au nombre d'une cinquantaine, prennent d'assaut l'Institut d'études politiques de la rue Saint-Guillaume, dans l'intention d'en faire un bastion de résistance anti-marxiste. Vu l'impossibilité d'y soutenir un siège prolongé, ils doivent vite évacuer la position.
  • Fin mai 1968 - Occident investit, cette fois sans violence, le centre juridique Assas. A la faveur de l'ambiance de pourrissement qui marque la fin du mois, il y développe sur le mode satirique une propagande aussi bien anti-gouvernementale qu'anti-marxiste (c'est la maquette du futur GUD). Mais le 5 juin, le service d'ordre gauchiste de la Sorbonne envahit Assas pour en expulser les nationalistes.
  • Été 1968 - Le mouvement relève la tête au mois de juin, cherche sa revanche, dans des conditions chaotiques. Un peu partout en province se manifestent, souvent violemment, des groupes inconnus qui se réclament de lui. Le 21 août, l'intervention des chars soviétiques en Tchécoslovaquie prend à froid la gauche française : le « mouvement de mai » garde le silence et se discrédite d'un coup. Des manifestations spontanées ont lieu au nom d'Occident le 23 août à Paris (200 jeunes place de l'Étoile).
La toute dernière affiche d'Occident, imprimée à l'automne 1968
  • Septembre-octobre 1968 - Occident recrute beaucoup chez les jeunes anti-gauchistes (cette époque est la seule où son effectif a pu atteindre voire dépasser le millier). Le mouvement renouvelle peu ses méthodes, reprend dès la rentrée des distributions de tracts provocateurs qui débouchent sur de sanglantes mêlées devant les lycées parisiens. Alain Madelin, jugeant la voie révolutionnaire désormais sans issue, rompt sèchement pour passer chez les libéraux.
  • 10 octobre 1968 - La fraction la plus activiste du mouvement s'en va dévaster les locaux du Syndicat national de l'enseignement supérieur et de l'éphémère quotidien d'ultra-gauche Action. Les incidents se multiplient dans les établissements d'enseignement, l'atmosphère semble être revenue à avril 1968. Des voix s'élèvent dans tous les partis politiques pour exiger la mise hors-la-loi d'Occident.
  • 28 octobre 1968 - Un commando maoïste détruit les glaces de la brasserie Le Relais Odéon, boulevard Saint-Germain, y vide des bidons d'essence et y met le feu. L'établissement était connu depuis des années comme le principal rendez-vous des militants d'Occident, mais aucun ne s'y trouvait ce jour-là (informé depuis une semaine des préparatifs de l'agression, le mouvement avait averti ses militants de ne pas s'y rendre). Le soir même, une bombe attribuée à Occident fait sauter la devanture d'une librairie maoïste sise rue Git-le-Coeur non loin de là.
  • 31 octobre 1968 - Le conseil des ministres décrète la dissolution d'Occident.

Positionnement idéologique

Davantage adepte de la « propagande par le fait » que de la production idéologique écrite, Occident n'a laissé que de rares textes situant son positionnement doctrinal. Initialement, sous l'influence de P. Sidos, son discours exsude le post-vichysme. En 1966, Fr. Duprat réoriente la propagande sur des thèmes de politique étrangère dans un cadre inspiré de Maurice Bardèche, appelant les nationalistes de tous les pays à poursuivre « la croisade contre le bolchevisme ». Dans sa phase finale, le mouvement se borne à s'autodéfinir « nationaliste », « révolutionnaire », « anticapitaliste » et « antimarxiste » sans plus entrer dans les détails.