Alain Robert

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Alain Robert, né le 9 octobre 1945, est un militant et un homme politique français.

Il a été l'un des principaux dirigeants d'Ordre nouveau.

Biographie

Alain Robert est né en 1945, au sein d’une famille modeste, en milieu ouvrier.

De la FEN à ON

Étudiant à la faculté de droit de Paris, il adhère, en 1963, à la Fédération des étudiants nationalistes (FEN), dont il devient vite le responsable de la section parisienne, avec deux autres jeunes gens qui resteront ses amis, Gérard Longuet et Patrick Devedjian. Créée le 1er mai 1960 par de tout jeunes militants nationalistes (dont François d’Orcival et Alain de Benoist), cette organisation entend lutter contre la mainmise de la gauche marxiste sur les lycéens et les étudiants, opérée par cette courroie de transmission communiste qu’est l’UNEF. Elle défend aussi avec acharnement la cause de l’Algérie française, et finira bientôt par s’opposer à la politique gaulliste d’acceptation de l’autodétermination de la population algérienne[1], au point de frayer avec l’OAS. Elle est menée par des chefs offensifs, tels François Duprat, Jean-Claude Valla, Jean-Claude Jacquard, François d’Orcival et Pierre Vial. Alain Robert sera bientôt du nombre. Elle fait cause commune avec le mouvement et la revue mensuelle Europe Action, et trouve en Dominique Venner un jeune et brillant maître à penser. Avec lui, elle partage son nationalisme élargi au continent européen et ses tendances fascistes et néopaïennes. Dès 1960, elle s’affirme comme une formation politique à part entière en publiant son texte fondateur, Manifeste de la classe 60, qui fait à l’évidence écho à l’écrit de Brasillach, Lettre à un soldat de la classe 60[2].

Mais la FEN est minée depuis 1963 par un conflit qui fait apparaître deux tendances : la «  question militaire ». François d’Orcival et son équipe, la tête de la FEN, se lancent dans une virulente critique de l’armée, dont De Gaulle, au terme d’une forte épuration rendue possible par la guerre d’Algérie, a fait un instrument à sa dévotion. Ils entendent mener une opposition sans concession à la politique gaulliste, une opposition fondée sur une rupture totale d’avec les institutions, y compris l’armée. Or, nombre de militants de la FEN refusent ce radicalisme et entendent ménager l’armée, où le nationalisme a des adeptes, et qu’ils considèrent comme encore loin d’être totalement soumise à l’autorité morale du général de Gaulle. Ces dissidents se réclament d’un nationalisme plus classique que celui de l’équipe de François d’Orcival. Ce dernier réagit. En novembre 1963, il exclut de la FEN Jean-Claude Jacquard et François Duprat. Puis, en février 1964, il exclut un bon nombre d’autres réfractaires. Alain Robert est dans la charrette, en compagnie de Gérard Longuet, Alain Madelin, Patrick Devedjian, Pierre Barroux, Frédéric Brigaud et beaucoup d’autres. Au total, c’est toute la section parisienne de la FEN qui prend la porte.

Tous ces exclus vont alors fonder une nouvelle formation, Occident, en avril 1964, qui élira Pierre Sidos comme porte-parole. Alain Robert devient l’un des chefs du nouveau mouvement, aux côtés de François Brigneau (de plus de vingt ans l’aîné de ses compagnons), Gérard Longuet, Patrick Devedjian et Alain Madelin[3].

À partir de juin 1966, après avoir soutenu la candidature de Jean-Louis Tixier-Vignancour à la présidentielle de 1965, il fait partie des dix membres du nouveau « secrétariat central » du mouvement. Début 1967, il passe deux mois en détention, comme la moitié des membres de la direction d'Occident, en raison d'une équipée mouvementée sur le campus de l'université de Rouen le 12 janvier. Après sa mise en liberté provisoire, il est à nouveau jugé et condamné à 10 mois de prison avec sursis.

Alain Robert est le dernier leader en exercice du mouvement Occident à sa dissolution le 31 octobre 1968. Il lance alors l'idée de créer un syndicat étudiant qui se baserait d'abord sur un bastion, qui serait la faculté de droit d'Assas. Avec une équipe de proches, surnommée « la Bande à Robert » (dont Robert Allo, Marie-Françoise David, Gérard Ecorcheville, Bernard Houdin, Hugues Leclère, Jack Marchal, Jean-Noël Prade), crée le syndicat « Union Droit », dont le positionnement initial tel qu'exprimé dans une charte rédigée par Gérard Longuet n'est qu'allusivement nationaliste. « Union Droit » deviendra Groupe union défense. Alain Robert assume la fonction de secrétaire général.

La rapide ascension du GUD convainc Robert, une année plus tard, de lancer un nouveau mouvement nationaliste. Ce sera Ordre nouveau.

Le fondateur déçu du Front national

Contrairement à nombre de ses anciens camarades qui se sont persuadés qu’ils défendront leurs idées avec plus de chances de succès s’ils tentent de les faire prévaloir au sein de la droite de gouvernement, Alain Robert estime qu'il est nécessaire de dépasser l'action groupusculaire en créant un grand parti, qui regrouperait toutes les composantes de la droite nationaliste. Se considérant comme trop jeune, à 27 ans, Alain Robert sollicite Jean-Marie Le Pen, qui connaît une sorte de traversée du désert depuis sa rupture d’avec Tixier-Vignancour en 1966, pour prendre la tête de la grande formation de droite nationale qu’il ambitionne de fonder. À cette formation, il donne le nom de Front national pour l’Unité française (FNUF), qui sera très vite appelé Front national, tout simplement. Il en assure le lancement lors d’une grande réunion tenue à Paris, rue de Grenelle, dans la Salle des Horticulteurs, qui regroupe les délégués et dirigeants d’Ordre nouveau (de loin les plus nombreux), les rescapés de divers groupes nationalistes disparus ou devenus marginaux, et des représentants du « Mouvement pour la Justice et la Liberté ». Ce mouvement n’appartient pas à la droite nationale, mais occupe, sur l’éventail politique, une position intermédiaire entre celle-ci et la droite modérée. Alain Robert aimerait faire de lui une composante du Front national en raison du prestige et de la respectabilité de son chef, Georges Bidault, successeur de Jean Moulin à la tête du Conseil national de la Résistance (CNR)[4]. Cette espérance sera déçue : l’ancien chef de la résistance intérieure, l’ancien chef de gouvernement d’une IVe République démocratique, refuse, dès le 12 septembre 1972, de poursuivre plus avant les discussions relatives à l’intégra- tion de son mouvement au Front national en gestation. Il va même jusqu’à déclarer ne pas vouloir frayer avec « les petites frappes fascistes d’Alain Robert ».

Le Front national ne se constitue pas moins, et ses statuts et sa charte sont déposés à la préfecture de Paris le 27 octobre 1972 par Pierre Bousquet, ancien officier de la division Waffen SS Charlemagne, et Jean-Marie Le Pen. Alain Robert laisse la présidence du nouveau parti à Le Pen, se contentant, quant à lui, du poste de secrétaire général.

Le Front national compte également, parmi ses fondateurs, François Brigneau, Roger Holeindre, Alain Jamet et Pierre Durand. Il prétend unir toutes les composantes de la droite nationaliste, mais Ordre nouveau y occupe une place écrasante, à tel point que le nouveau parti fait plus figure d’extension de cette formation que de rassemblement de divers mouvements. Il convient d’ailleurs de signaler en passant que le Front national laisse en dehors de lui la mouvance monarchiste (maurrassienne et autre) qui n’est tout de même pas négligeable au sein de la droite nationaliste française.

Le Front national des débuts ne diffère d’ailleurs pas d’Ordre nouveau. Sous la direction d’Alain Robert, il en assouplit le projet politique. C’est surtout au niveau du programme économique, rédigé par Gérard Longuet, que se fait sentir cette inflexion. Alors que ce dernier se présentait comme dirigiste en économie, et partisan d’un système corporatiste rigoureusement encadré par l’État, le Front national des premiers temps, lui, prône un corporatisme souple, l’État n’intervenant qu’à titre de conciliateur dans les négociations entre syndicats de salariés et syndicats d’employeurs. D’autre part, il demande une stricte réduction du secteur public et nationalisé. Ces propositions visent à séduire les conservateurs libéraux, électeurs traditionnels des partis de droite, des Républicains indépendants (RI) en particulier. Ainsi, sous la houlette d’Alain Robert, le Front national louvoie entre le maintien des préoccupations sociales traditionnelles de l’extrême droite (il conserve le projet d’instauration d’un système corporatiste) et un discret mais très réel libéralisme économique. Alain Robert veut bien résoudre le problème social par l’institution du corporatisme, mais il ne souhaite pas instaurer un système socialiste au sein du régime nationaliste qu’il entend instituer, et qui ne sera, du point de vue économique, qu’un capitalisme amendé, bien qu’il affirme rester fidèle à la recherche d’une troisième voie entre libéralisme et socialisme.

Mais il a du mal à faire prévaloir cette ligne nouvelle, bien des militants d’Ordre nouveau campant sur les positions radicales traditionnelles de leur parti. Il se heurte, en particulier, à François Duprat, le nationaliste révolutionnaire. Jean-Marie Le Pen le soutient, mais prend ombrage de sa prééminence de fait, et de celle d’Ordre nouveau sur le mouvement. Il se sent un peu la simple caution, voire l’otage d’Alain Robert et d’Ordre Nouveau. Ambitieux, il souhaiterait se débarrasser d’eux pour devenir le seul maître du Front national, et transformer celui-ci en un vrai parti, monolithique, alors qu’il n’est encore qu’une fédération de mouvements divers dominés par Ordre nouveau. Mais, dans un premier temps, trop démuni de troupes, il doit composer avec Alain Robert. La rupture entre les deux hommes va découler des législatives des 4 et 11 mars 1973. Jean-Marie Le Pen, tout à son ambition (excessive eu égard à ses possibilités d’alors) espérait pouvoir y présenter 400 candidats Front national dans le pays. Et il comptait voir le FN obtenir un score national d’au moins 3 % des voix. Or, à la fois par manque de militants dévoués et de moyens financiers, le FN ne peut présenter, dans toute la France, que 105 candidats ; et il récolte seulement 1,3 % des suffrages exprimés. Parmi les candidats, seul Jean-Marie Le Pen, qui se pré- sente à Paris, dépasse 5 % des voix. Tous les autres ne dépassent pas 2,3 %. Autant dire qu’à l’issue de ces élections, le Front national est en- core inexistant. La presse, la radio et la télévi- sion le mentionnent à peine, en coup de vent, et nul ne croit en son avenir.

Le Pen, qui ne nourrit aucun doute sur ses aptitudes politiques, se convainc qu’il réussira à faire du FN une force politique s’il se débarrasse d’Ordre nouveau, qui le bride et l’utilise à ses propres fins. Il voudrait éliminer aussi bien les nationalistes révolutionnaires de Duprat, les fascistes “classiques” d’Ordre nouveau et ceux qui, comme Alain Robert, optent pour le rapprochement de la droite nationale et de la droite libérale, alors au pouvoir. Lui aussi incline à ce rapprochement, mais il pense qu’il restera im- possible tant qu’Alain Robert co-dirigera le FN et qu’Ordre nouveau, assimilé à une formation fasciste dans l’esprit du public, en sera l’élément prépondérant.

Alain Robert a bien du mal à louvoyer entre les diverses tendances du FN. Au congrès d’Ordre nouveau, d’avril 1973, qui suit de très près l’échec des législatives de cette même année, il ne trouve rien de mieux que de se prononcer en faveur du projet politique de ce mouvement tout en acceptant le jeu démocratique et la stratégie du FN de fédération de toutes les tendances du nationalisme et de rapprochement avec la droite républicaine. La quadrature du cercle. Le Pen considère, quant à lui, que le FN ne pourra se développer et grandir dans les voies de la léga- lité républicaine, et ne pourra conclure des alliances avec la droite modérée qu’à condition de répudier le fascisme d’Ordre nouveau, qu’il soit ou non nationaliste révolutionnaire. La position d’Alain Robert (tiraillé entre la fidélité à un projet fascisant et une stratégie républicaine de rapprochement avec la droite modérée, et, au sein d’Ordre nouveau, entre l’option révolutionnaire de Duprat et le fascisme traditionnel) est intenable car irréaliste et, par là, vouée à l’échec.

La suite des événements va lui être fatale. Le 28 juin 1973, Ordre nouveau est dissous à la suite de violents affrontements avec la Ligue communiste, au cours de la nuit du 21. Pour Le Pen, cette dissolution est une bénédiction, puisqu’elle fait théoriquement disparaître un obstacle à son ambition et à sa stratégie. Mais Alain Robert ne se tient pas pour battu. Considérant que, désormais, les militants d’Ordre nouveau n’appartiennent plus qu’au Front national (leur adhésion à cette formation était jusqu’alors secondaire par rapport à l’autre), il exige pour eux la moitié des sièges du secrétariat de ce dernier. Par ailleurs, en octobre 1973, il lance un mensuel, Faire Front, qu’il présente comme le « journal du Front national ». Il pense que le nombre de militants d’ex-Ordre nouveau et le soutien de Duprat vont jouer en sa faveur. Mais, en réalité, la dissolution qui vient de frapper Ordre nouveau le met, lui et ses fidèles, en position de faiblesse. Elle frappe d’illégalité son mouvement, ce qui n’est pas du plus heureux effet pour une stratégie de légalité républicaine et de rapprochement avec la droite modérée.

À la fin de 1973, il y a en fait deux FN :

  • l’un est présidé par Le Pen,
  • l’autre est dirigé par Robert qui représente l'aile jeune et nationaliste.

L’affaire est portée devant les tribunaux et Jean-Marie Le Pen gagne sa cause, ce qui l’autorise à revendiquer l’étiquette FN.

Le Pen balaie d’un revers de main les prétentions d’Alain Robert, proprement insoutenables, compte tenu des circonstances. Dès septembre 1973, Le Pen démet Robert de ses fonctions de secrétaire général du FN, et le remplace par Dominique Chaboche, un national de sensibilité poujadiste hostile à Ordre nouveau. Il s’emploie, d’autre part, à épurer le secrétariat et les postes de responsabilité du FN des militants d’Ordre nouveau. Et il obtient des tribunaux l’interdiction pour Faire Front de se réclamer du Front national.

Le deuxième essai : le PFN

Alain Robert fonde alors une nouvelle structure politique, informelle, destinée à rassembler ses fidèles et le gros des troupes d’ex-Ordre nouveau : il s’agit des Comités Faire Front, groupés autour du mensuel Faire Front. Il est secondé par de vieux routiers du nationalisme, tels François Brigneau, ancien vice-président du FN, lui aussi démis par Le Pen, Roland Gaucher, autre vétéran, et Jean-Claude Jacquard, un brillant scientifique.

Avec eux, Alain Robert met sur pied un « Comité d’initiative pour la constitution d’un parti nationaliste » (CICPN). Il a le soutien enthousiaste du GUD et du Front de la Jeunesse, parmi d’autres mouvements. Cette nouvelle formation nationaliste verra le jour à Paris le 9 novembre 1974. Elle prendra la dénomination de Parti des Forces nouvelles (PFN). Son équipe fondatrice comprend Alain Robert, bien entendu, François Brigneau, Roland Gaucher, et de jeunes militants, tels Pascal Gauchon, âgé alors de 24 ans, ancien normalien et professeur agrégé d’histoire, et Anne Méaux, 20 ans, qui fera bientôt carrière dans le monde des affaires et au sein de la droite giscardienne. Pascal Gauchon est élu secrétaire général du parti, Alain Robert, José Duneau de La Salle et Gabriel Jeantet, secrétaires nationaux.

Le PFN reprend l’essentiel du programme politique d’Ordre nouveau et du Front national des débuts. Il veut incarner une nouvelle droite nationale, ambition rendue possible, selon Pascal Gauchon, par l’effondrement de l’UDR gaulliste, dont le candidat a été éliminé lors du premier tour de la présidentielle de 1974, et qui s’est rallié à la majorité giscardienne, plus centriste que droitière, dans la mesure où elle inclut en son sein le Centre démocrate et le parti radical (jusqu’alors dans l’opposition) et où elle se réclame d’un projet de « société libérale avancée », moderniste et progressiste. Face à cette droite « new look », le PFN se présente comme le représentant de la conservation, de la tradition, de l’ordre. Il ne cherche pas à s’opposer résolument à la droite giscardienne. Il croit possible la discussion et la conclusion d’alliances avec les éléments les plus droitiers des Républicains indépendants (giscardiens) et de l’UDR (gaulliste), réticents à la « société libérale avancée » de Giscard d’Estaing. Il espère devenir ainsi « un aiguillon de la vie politique », suivant une expression de Pascal Gauchon. De prime abord, cet espoir ne semble pas vain. Il existe, à l’époque, des passerelles entre la droite libérale et la droite nationale. La plus connue est le Club de l’Horloge, fondé par Yvan Blot, Jean-Yves Le Gallou et Henry de Lesquen, club de réflexion politique regroupant des hauts fonctionnaires (énarques et polytechniciens) de sensibilité nationaliste en même temps qu’économiquement libérale, qui s’efforcent d’opérer un rapprochement idéologique et politique entre la droite républicaine, alors au pouvoir, et la droite nationale, partisane d’un régime fort, voire autoritaire. Des hommes comme Gérard Longuet et Alain Madelin, qui passent, en ces années, de la droite nationale à la droite de gouvernement, jouent un rôle important dans ce rapproche- ment. Ce dernier est d’ailleurs bien perçu par l’aile droite des Républicains indépendants et de l’UDR, rétive à l’orientation par trop centriste, libérale et moderniste du pouvoir giscardien. Des mesures comme l’abaissement à 18 ans de la majorité civile (juillet 1974) et surtout la dépénalisation de l’avortement (janvier 1975[5]) les révulsent.

Pourtant, l’osmose espérée entre droite républicaine et droite nationaliste ne se produira pas, malgré le Club de l’Horloge et autres voies de communication entre ces deux mouvances. Le rapprochement restera marginal, et des transfuges, comme Gérard Longuet, ne gagneront pas les RI et l’UDR aux idées propres du PFN. Les RI privilégieront leur alliance avec les centristes et les radicaux, formant ainsi, en 1978, l’Union pour la Démocratie française (UDF) ; Surtout, dès 1976, Jacques Chirac, échaudé par l’échec de son premier passage à Matignon, en désaccord total avec la politique « libérale avancée », prend la tête de la fraction anti-giscardienne de la majorité, et reprend en main l’UDR, dont il fait le RPR (Rassemblement pour la République), lequel se présente comme le tenant d’une droite résolument conservatrice et volontiers autoritaire, mais aussi inconditionnellement républicaine et excluant toute entente avec la droite nationaliste, même repeinte aux couleurs du PFN.

Celui-ci n’a, dès lors, d’autre choix que de se réconcilier avec le Front national, qu’il croyait bien avoir supplanté. Mais le rapprochement se révèlera laborieux et superficiel en raison de la rancune tenace de Le Pen à l’égard du PFN. Et l’échec de la liste de l’Eurodroite, lors des élections européennes du 10 juin 1979, soutenue par le PFN (et non par le FN) l’enterrera. Le PFN entrera alors dans une période de déclin continu[6], tandis qu’à partir de 1984, le FN ne fera que croître. Alain Robert ne joue qu’un rôle de second plan à la direction du PFN, bien qu’il en soit un des fondateurs. Les initiatives sont plutôt le fait de Pascal Gauchon ou de Roland Gaucher.

Evolution vers la droite libérale

L’échec du PFN, en 1981, incite Robert à quitter celui-ci, comme le font d’ailleurs Brigneau, Gaucher, Tixier et la plupart des membres fon- dateurs. Persuadé, désormais, de l’inutilité de chercher à reconstruire une droite nationaliste de poids en France, il décide d’intégrer les rangs du Centre national des Indépendants et Paysans (CNIP), le parti d’Antoine Pinay et de René Coty, qui connut son heure de gloire sous la IVe République, avant d’être, à partir de 1962, supplanté par sa dissidence, les Républicains indépendants (RI) de Valéry Giscard d’Estaing. Ainsi, Robert opte en faveur d’une droite de notables, conservatrice et traditionaliste sans être nationaliste, fidèle à la démocratie parlementaire, à la remorque de la majorité présidentielle, qu’elle soutient, quoique la jugeant trop moderniste. Le choix de cette droite vieillotte et dépassée peut étonner de la part d’un homme jeune qui a milité au sein d’Occident et d’Ordre nouveau et a fait le coup de poing et de barre de fer contre la gauche. Mais on sait que le CNIP a servi de sas de transition et d’instrument de blanchiment aux “fascistes” désireux d’intégrer la droite républicaine. Au reste, Alain Robert voit dans le CNIP le meilleur moyen de défendre ce qui reste de tradition et de patriotisme dans une France dont les institutions sont gangrenées par le gauchisme et où même la droite a fait siennes les valeurs de la gauche. Grâce à Philippe Malaud, président du CNIP, il devient secrétaire général adjoint de ce parti. Il se présente alors comme candidat aux législatives de 1981 dans la circonscription du Blanc-Mesnil, puis est élu conseiller municipal du Blanc-Mesnil en mars 1983. Il se lie d’amitié avec Charles Pasqua, devient un de ses collaborateurs, et intègre le cabinet de Robert Pandraud, ministre délégué à la Sécurité (sous la tutelle de Pasqua, ministre de l’Intérieur), de 1986 à 1988. Il adhère alors au RPR. Il y deviendra secrétaire national à la formation en 1987. L’année suivante, il participera activement à la campagne présidentielle de Jacques Chirac. En 1989, il devient secrétaire national du Mouvement national des Élus locaux (MNEL). En 1994, il est nommé membre du Conseil économique et social(5). Il sera un des membres fondateurs du Rassemblement pour la France (RPF), en 1999, dont il dirigera la section parisienne, puis il ralliera l’Union pour un Mouvement populaire (UMP). Il sera conseiller régional d’Ile-de-France (1986-1998), et fera partie du cabinet de Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur (1993-1995).En 1981, Alain Robert s'éloigne de la droite nationale pour rejoindre le Centre national des indépendants et paysans (CNIP, droite libérale) dirigé par Philippe Malaud, Raymond Bourgine et Michel Junot. Il en devient le secrétaire général adjoint.

À la différence de Gérard Longuet, Alain Madelin ou Hervé Novelli, qui, en ralliant la droite républicaine, se sont convertis au libéralisme extrême en matière économique, Alain Robert, lui, a conservé une forte fibre nationaliste, qui l’a amené à préférer le RPR, puis le RPF, formations politiques post-gaullistes, à l’UDF centriste et giscardienne, Chirac à Giscard, et Pasqua et de Villiers à Chirac. Ajoutons que, en tant que président, puis délégué général du Mouvement national des Élus locaux (MNEL), il s’est entouré d’une équipe d’anciens militants, comme lui, d’Ordre nouveau[7].

Notes et références

  1. Acceptation entérinée par les Français lors du référendum du 8 janvier 1961.
  2. Paul-André Delorme, « Alain Robert : de l’espoir déçu d’un grand parti nationaliste fascisant à une reconversion incomplète au sein de la droite républicaine », Rivarol, N°3606, 20 mars 2024.
  3. ibidem
  4. Georges Bidault, successeur de Jean Moulin à la tête du Conseil national de la Résistance (CNR) sous l’Occupation (pedigree qui contrebalance le passé collaborationniste de bien des nationalistes et l’orientation anti-démocratique et fasciste de beaucoup d’entre eux), président du Gouvernement provisoire de la République Française de juin à décembre 1946, ministre des Affaires étrangères (de septembre 1944 à octobre 1948, puis de janvier 1953 à juillet 1954), et président du Conseil d’octobre 1949 à juin 1950. Voilà de quoi jeter le trouble chez ceux qui considéreraient comme fasciste le nouveau parti. Enfin, Bidault a été un défenseur inconditionnel de l’Algérie française, ce qui a entraîné la levée de son immunité parlementaire en 1962, et son exil jusqu’en 1968.
  5. Cette loi du 17 janvier 1975 ne fut adoptée par l’Assemblée nationale que “grâce” aux députés de gauche, ceux de chacun des groupes favorables au gouvernement ayant, en majorité, voté contre elle.
  6. Jusqu’à son auto-dissolution, le 3 février 1998.
  7. Delorme, art. cit.