Phalange espagnole des JONS

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La Phalange espagnole des JONS est une organisation politique nationale-révolutionnaire espagnole.

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La Phalange espagnole des JONS est le résultat de la fusion, opérée le 13 février 1934, de deux organisations distinctes : d'une part les Juntas de Ofensiva Nacional-Sindicalista, un mouvement créé en 1931 par Ramiro Ledesma Ramos et Onésimo Redondo Ortega, et d'autre part la Phalange espagnole (FE), fondée le 29 octobre 1933 par José Antonio Primo de Rivera. Le nom adopté par la nouvelle organisation est choisi pour souligner l'esprit de synthèse qui a décidé de la fusion des deux mouvements.

Sommaire

Histoire

Origines et création

La Phalange espagnole des JONS prend ses racines en 1931, quand le philosophe de Zamora, Ramiro Ledesma Ramos et l’avocat de Valladolid, Onésimo Redondo Ortega, fondent les JONS en s’unissant au groupe que formait le journal « La conquête de l’Etat », fondé par Ledesma avec les Assemblées castillanes d’action hispaniques que dirigeait Redondo. Ces JONS, assemblées d’offensives national-syndicalistes, étaient des groupes formés par des travailleurs, des étudiants, des paysans, des intellectuels conjuguant un syndicalisme révolutionnaire, un grand amour pour l’Espagne et un grand respect envers la religion.

Deux ans après la création des JONS, le 29 octobre 1933, on célèbre dans le Théâtre de la comédie de Madrid un « acte d’affirmation espagnole » qui sans qu’on le lui propose devient en réalité l’acte fondateur de la Phalange espagnole, organisation dirigée par l’avocat José Antonio Primo de Rivera.

Les neuf points fondamentaux de la Phalange

Dans le premier numéro du journal phalangiste FE paraissent, le 7 décembre 1933, neuf principes politiques rédigés par José Antonio[1]:

• La Phalange espagnole croit fermement en l’Espagne. L’Espagne n’est pas un territoire, ni un agrégat d’hommes et de femmes. L’Espagne est avant tout une unité de destin qui existe comme quelque chose de supérieur à chacun des groupes sociaux qui la composent – même s’ils sont tous réunis. Les fins de l’Espagne sont la durée de son unité, la renaissance de sa vitalité et sa participation aux grandes entreprises spirituelles du monde.

• Pour atteindre ces fins, l’Espagne doit vaincre les séparatismes locaux, les divisions politiques et la lutte des classes. Les séparatismes oublient la réalité vivante de l’Espagne. L’Espagne n’est ni une langue ni une race. Rien ne peut justifier que soit rompue sa magnifique unité dans l’universel. Les partis politiques considèrent la patrie d’un point de vue partiel. Les uns sont à droite, les autres à gauche. Se situer ainsi devant l’Espagne, c’est déjà défigurer sa vérité. La lutte des classes est un fléau. Aux époques de crises, les patrons abusent des ouvriers qui eux-mêmes ne songent qu’à la défense de leurs intérêts. Ni les ouvriers ni les patrons ne se rendent compte qu’ils coopèrent à une œuvre d’ensemble.

• L’idée de l’Espagne s’est temporairement perdue. Il faut la restaurer. Cette idée est supérieure aux différences entre Catalans, Castillans, Galiciens, Basques, Asturiens, Andalous… Elle est supérieure à la lutte des partis comme à la lutte des classes.

• Certains conçoivent l’État comme un simple gardien de l’ordre. D’autres aspirent à s’en emparer pour le plier à leurs intérêts de groupe ou de classe. La Phalange espagnole souhaite un État appartenant à tous et qui assigne à chacun ses devoirs, ses droits, ses sacrifices.

• Le nouvel État sera basé sur les réalités vitales: la famille dont l’intégrité devra être respectée, la commune qui sera autonome, et le syndicat qui sera à la base de la vie nationale. Les partis politiques disparaîtront.

• Le nouvel État se situera bien au-delà de la lutte des classes. Parce qu’il appartiendra à tous, il considérera comme ses fins propres les fins de chacun des groupes qui le composent. Rien ne mérite plus l’attention de l’État que la dignité et le bien-être des travailleurs.

• Les profits du capital seront subordonnés aux intérêts supérieurs de la production nationale.

• La Phalange considère l’homme comme un ensemble formé d’un corps et d’une âme, capable d’un destin éternel et porteur de valeurs immuables. Elle accorde donc le plus grand respect à la dignité humaine, à l’intégrité de l’homme et à sa liberté.

• La Phalange refuse l’interprétation matérialiste de l’Histoire. Elle ne peut considérer la vie comme un simple jeu de facteurs économiques. Le spirituel est le ressort de la vie des individus et des peuples. L’un des aspects majeurs du spirituel est la religion. Toute reconstruction de l’Espagne doit prendre un sens catholique sincère. Cela ne signifie pas que les persécutions contre les non-catholiques vont renaître, ou que l’État assumera des fonctions religieuses. L’État nouveau s’inspirera de l’esprit catholique traditionnel espagnol, mais ne tolérera aucune immixtion de l’Église susceptible de porter atteinte à sa dignité propre ou à son intégralité. Voilà ce que veut la Phalange espagnole… Pour y parvenir, elle appelle à une croisade. Ceux qui y participeront devront considérer la vie comme un service et un sacrifice: discipline et danger, abnégation et rejet de toute vanité. Ni paresse, ni médisance. La justice et la patrie seront défendues par la violence si elles sont attaquées par la violence ou par la ruse, mais jamais la Phalange n’emploiera la violence comme instrument d’oppression. Tout ce qui est faisceau ou phalange est union, coopération enthousiaste et fraternelle, amour.

La fusion avec les JONS

Le triumvirat de la FE y las JONS : José Antonio Primo de Rivera, Ramiro Ledesma Ramos et Julio Ruiz de Alda.

Au vu de l’affinité politique qui existait entre les membres des Jons et les falangistes, le 15 février 1934, fut signé l’accord de fusion entre les Jons d’Onesimo Redondo et Ramiro Ledesma Ramos et la Falange espagnole de José Antonio Primo de Rivera donnant lieu à la naissance de la Falange espagnole des Jons.

Cet accord fit son entrée quelques jours plus tard, le 4 mars, dans le Théâtre Calderón de Valladolid, lors d’une réunion que le PSOE tenta de boycotter, le député socialiste Remigio Cabello dirigeant une féroce attaque armée à la sortie et qui se termina par l’assassinat de l’étudiant en médecine Angel Abella de la main de plusieurs militants du PSOE.

La nouvelle organisation politique, Falange de las Jons, se caractérisera vite par la défense des intérêts des travailleurs au travers des CONS (Confédération ouvrière nationale-syndicaliste) avec une importance spéciale dans le secteur de l’hôtellerie, du taxi et du spectacle.

Comme petit frère, le puissant SEU, Syndicat Espagnol Universitaire devint le principal organe de défense étudiante devant les exactions du Front populaire à l’université, et donna au national-syndicalisme quelques uns de ses premiers martyrs, comme l’étudiant Matias Montero assassiné le 9 février 1935 par le militant du PSOE Tello Cortajada.

Dans la tourmente

Tandis que s’affine la doctrine et la vision du monde phalangistes, le mouvement s’organise. Le recrutement s’intensifie. Les premières publications (FE, Libertad, Arriba) sont vendues à la criée, ce qui provoque la rage des adversaires marxistes. Des vendeurs sont attaqués. Le 27 janvier, Vicente Perez, gérant de kiosque ayant accepté de vendre FE est retrouvé sans vie[2]. Le 8 mars, à Madrid, un ouvrier phalangiste est assassiné. Le 27, c’est un adolescent de 15 ans qui tombe sous les coups des Rouges. Le 9 février, Matias Montero Rodriguez, responsable du syndicat phalangiste universitaire (SEU), est abattu de cinq balles de revolver dans une rue de Madrid. D’autres militants tomberont encore. En avril, sous le nom de Première Ligne, des groupes nationaux-syndicalistes d’autodéfense se forment dans toute l’Espagne. Leurs miliciens rendront coup pour coup. En mai, une circulaire adressée aux provinces reconnaissait deux types de membres : militants et adhérents (Arnaud Imatz[3] estime à cette époque les effectifs du mouvement à 10000 membres).

Le 12 juillet, Pilar, sœur de José Antonio, crée un groupe de femmes phalangistes qui sera bientôt appelé à jouer un rôle social important. Meetings, concentrations de militants et actions de propagande se succèdent à un rythme effréné. Le 6 octobre, le Conseil national adopte la chemise bleue comme signe distinctif du mouvement. Le lendemain, un millier de phalangistes défilent dans Madrid. À la Puerta del Sol, José Antonio harangue ses fidèles: depuis quarante-huit heures, anarchistes et socialistes contrôlent les Asturies. Ils entendent ainsi s’opposer à l’entrée du leader de la CEDA dans le cabinet que forme le radical Lerroux. Mineurs de la CNT et de l’UGT occupent Oviedo. 30000 ouvriers ont formé une Armée rouge qui exige l’abolition de la République et la constitution d’un gouvernement authentiquement socialiste. Face au danger, la Phalange offre sa collaboration au gouvernement pour écraser l’insurrection et, dans toute la province, participe sous ses propres couleurs à la défense des cités et des hameaux. Malgré ce geste, le gouvernement s’entêtera à persécuter les nationaux-syndicalistes, à suspendre leurs journaux, à fermer leurs permanences.

1935, l'année des crises gouvernementales

En janvier, en désaccord avec José Antonio qu’il accuse de « suivre une ligne bourgeoise », Ramiro Ledesma Ramos quitte la Phalange. Il sera suivi par quelques dizaines de militants. Heurts inévitables dans un parti révolutionnaire[4] José Antonio ne désarme pas. À quelques semaines du départ des dissidents, il organise un grand meeting à Salamanque – auquel assiste Miguel de Unamuno. Il prend ensuite la parole à Madrid, à Villagarcia, à Corralès de Zamora… Il est sans cesse sur la brèche. Aux premiers jours d’avril se produit une crise ministérielle: la CEDA abandonne le gouvernement… qu’elle réintégrera en mai : « Noces stériles des radicaux et des démocrates-chrétiens » écrira José Antonio dans Arriba. La démocratie républicaine marque ses limites: l’Espagne compte 600 000 chômeurs, la violence est quotidienne. Le régime parlementaire est discrédité et le chef du gouvernement impliqué dans une série de scandales financiers (Straperlo, affaire Nombela). Extrême gauche et patriotes intransigeants montent en puissance: la Phalange accentue son influence parmi les ouvriers et les étudiants, mais il apparaît clairement que ce sont les marxistes qui s’apprêtent à recueillir la succession du gouvernement failli. Le 20 octobre, à Madrid, Manuel Azaña, figure de proue de la gauche républicaine, prononce un discours devant 250000 personnes. Les poings se lèvent, l’Internationale gonfle les poitrines et enflamme les cœurs. Le Front populaire espagnol est né. Le 16 novembre, lors du second Conseil national, Raimundo Fernandez Cuesta est élu Secrétaire général du mouvement. Le lendemain, José Antonio réunit les membres du Conseil dans la grande salle du cinéma Madrid. Il affirme que « la prochaine lutte ne se fera pas autour des notions caduques de droite et de gauche, mais bien entre – d’une part – le front asiatique de la révolution soviétique dans sa version espagnole et – d’autre part – le front national de la jeune génération en ligne de combat ».

Se pose donc la question de la création d’un « front national », seul capable de battre la gauche. Mais avec quels partis s’unir? Et comment conserver identité et programme au sein d’un regroupement électoral dominé par des conservateurs? Le jeune chef phalangiste expose ses exigences minimales à un journaliste de Blanco y Negro : « Nous acceptons d’adhérer à un Front national. Mais nous demandons impérativement que ce front donne au peuple espagnol une foi nouvelle dans son unité de destin et une volonté réelle de résurrection. Nous demandons d’élever la vie matérielle des travailleurs, ce qui exige la liquidation du capitalisme par une nationalisation du crédit. Une réforme agraire – qui donnera les bonnes terres aux familles paysannes – est tout aussi indispensable. Pour cela, il faudra sacrifier un certain nombre de rentiers qui, sans risque ni effort, tirent des sommes énormes de l’affermage de leurs terres aux paysans. Peu importe. Le peuple doit vivre, et il n’a pas d’argent pour acheter toutes les terres dont il a besoin. Il faut faire la réforme agraire de façon révolutionnaire, c’est-à-dire en imposant à ceux qui ont de grands domaines le sacrifice de donner aux paysans la part qui leur manque ». Il termine par une mise en garde aux partis de droite: « Tout ce qui ne sera pas l’acceptation sincère d’un tel programme n’aura rien d’une véritable hostilité au bolchevisme – qui s’appuie sur une conception matérialiste du monde –, mais ne sera qu’une conception – également matérialiste – pour conserver un ordre économique et historique blessé à mort. »

Lorsque se termine l’année 1935, sept crises gouvernementales ont ébranlé le pays. Nul ne doute que l’année nouvelle sera grosse de haines et d’interrogations.

Les prémices de la guerre civile

Le 6 janvier 1936, José Antonio fait connaître aux responsables phalangistes chargés de l’organisation du Front national les points essentiels à maintenir lors des négociations avec la CEDA et les monarchistes: antimarxisme et antiséparatisme. Il précise que la Phalange devra se réserver de 25 à 30 candidatures éligibles. La semaine suivante, il lance son manifeste électoral. Les diverses formations de gauche se présentent unies aux élections législatives prévues pour le 16 février. Pour satisfaire à la stratégie du Komintern, ont accepté de se regrouper: le Parti communiste, le Parti socialiste ouvrier espagnol, le Parti ouvrier d’unification marxiste, la Gauche républicaine et l’Union républicaine. Cette alliance est soutenue par les nationalistes galiciens de l’ORGA, par l’Esquerra republicana de Catalunya et, pour la toute première fois, par les anarchistes. La droite réactionnaire s’est elle aussi unifiée. Quant à la Phalange, elle se présente seule, chrétiens-démocrates et monarchistes ayant rejeté le programme proposé par José Antonio. À la veille des élections, le mouvement compte plus ou moins 15000 membres (dont une moitié d’étudiants). Ils mèneront campagne avec courage, mais lors du décompte final la Phalange, totalisant 45000 voix, n’obtiendra aucun élu. Le Frente popular triomphe. Pourtant, sa victoire n’est en partie qu’un leurre. Si les partis de gauche dominent bien les nouvelles Cortes, s’ils possèdent une confortable majorité d’élus… ils ne le doivent qu’aux règlements électoraux en vigueur. Car les droites les précèdent de 400000 voix. L’Espagne, irrémédiablement, est divisée en deux blocs antagonistes d’égale puissance. Afin de revivifier l’ardeur de ses cadres, José Antonio envoie le 21 février la circulaire suivante: « Le résultat de la lutte ne doit pas nous décourager. Vu la loi électorale, la Phalange ne pouvait espérer aucun siège, mais il était urgent de signaler par une attitude d’indépendance l’absence de compromis et de ressemblance avec les partis de droite. Nous avons pu ainsi affirmer la ligne nationale-syndicaliste, anticapitaliste et révolutionnaire de notre Mouvement. La gauche aujourd’hui réinstallée au pouvoir est capable de réaliser d’audacieuses réformes. Le tout est de savoir si elle saura affirmer son caractère national et éviter les dérives séparatistes. Si elle y réussit, si au brio révolutionnaire dans le domaine social, elle joint un haut degré de spiritualité espagnole, le gouvernement de la gauche sera peut-être bénéfique pour notre patrie. Tant que les forces gouvernementales ne trompent pas la marge de confiance qu’on peut leur accorder, il n’y a aucune raison pour que la Phalange se laisse gagner par le mécontentement. Par conséquent, les responsables veilleront à ce que personne n’adopte d’attitude hostile envers le nouveau gouvernement, ni de solidarité avec les forces de droite vaincues. Nos militants refuseront d’écouter toute invitation à des conspirations ou projets de coups d’État. Ils s’abstiendront de toute manifestation agressive – sauf en cas d’attaque de nos camarades. »

La victoire du Front populaire entraîne le retour d’Azaña. Le 27 février, le gouvernement décide la fermeture de tous les locaux de la Phalange et la suspension de ses journaux. Voici venu le temps des catacombes. Le 5 mars paraît le dernier numéro d’Arriba. Le 14 mars, José Antonio est incarcéré à la Prison Modèle[5]. En quelques heures, 2000 personnes – soit la quasi-totalité des cadres et des militants chevronnés de la Première Ligne – sont emprisonnées. Dans la cour, José Antonio impose à ses camarades des séances quotidiennes d’études doctrinales et de sport. Il ira même jusqu’à organiser des matches de football acharnés entre détenus phalangistes et anarchistes! Début mai, de nouvelles élections ont lieu dans la province de Cuenca (Nouvelle-Castille). À l’instigation de Serrano Suñer, les droites présentent la candidature de José Antonio. S’il est élu, il quittera la prison et bénéficiera de l’immunité parlementaire. Mais le gouverneur civil décide alors de ne comptabiliser que les voix se reportant sur l’un des candidats présents au premier tour. Irrégularités et falsifications rendent impossible la connaissance exacte des résultats. Serrano Suñer – alors député de la CEDA – démontrera au Parlement que le leader phalangiste avait bien été élu. Mais officiellement, c’est le Front populaire qui remporte l’élection. José Antonio demeure prisonnier. Un afflux massif d’ex-membres de la CEDA et de groupes monarchistes gonfle soudain les rangs de la Phalange – seul force d’opposition structurée. Le nombre des affiliés a quadruplé. S’ils ne manquent pas d’enthousiasme, ces nouveaux phalangistes ne risquent-ils pas de déborder le mouvement par la droite? José Antonio le craint et multiplie les mises en garde aux cadres des chemises bleues. Contre le gouvernement, il envisage depuis peu le recours à la force et, dans ce but, se rapproche de cercles militaires eux aussi convaincus de l’imminence de la révolution marxiste. Des feuilles clandestines (No importa, Aquí estamos) diffusent consignes et mots d’ordre.

La guerre civile

Le 17 juillet 1936 commence le soulèvement nationaliste contre le gouvernement de Frente popular - Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Unión General de Trabajadores (UGT), Parti communiste d'Espagne (PCE), Confédération Nationale du Travail (CNT), Parti ouvrier d'unification marxiste (POUM) - et la multiplication des exactions, grèves, incendies d'églises.

Soutenue par la Phalange et les organisations carlistes, l'armée d'Espagne prend ses responsabilités.

La guerre va mobiliser toutes les énergies. Les militants des milices phalangistes vont être partout à l'avant-garde.

Mais après la mort des principaux dirigeants de la Phalange, un Décret d'Unification sera proclamé par le général Franco et Serrano Suner le 19 avril 1937. Ce décret fait fusionner toutes les organisations politico-militaires engagées dans le camp nationaliste, aboutissant à la création d'une Phalange Espagnole Traditionaliste et des Juntes d’Offensive Nationales-Syndicalistes. Sa devise sera « pour Dieu, l'Espagne et sa Révolution Nationale-Syndicaliste ».

La Phalange après José Antonio

Au centre, Manuel Hedilla et José Antonio Primo de Rivera. Après la guerre civile, Hedilla s'opposera au régime de Franco, et tentera d'orienter la Phalange vers une forme de « gauche révolutionnaire ».

Après la guerre civile, certains phalangistes s'opposeront à l'intégration de l'organisation au régime de Franco. Certains estiment qu'il s'était agi d'un moindre mal, justifié par la guerre civile, mais que le moment est venu de revenir à l'esprit phalangiste originel. Mais même avant la fin de la guerre avaient commencé à surgir des groupes phalangistes dissidents. Déjà fin 1937, on signale l'existence d'une FEA (Falange Espanola Autentica) clandestine.

En 1940, un Comité clandestin phalangiste siège à Madrid. Il compte sur l’appui du Général Yagüe, ardent phalangiste, pour écarter Franco du pouvoir et instaurer un régime national-syndicaliste. Découvert en mars 1941, le réseau est immédiatement dissous. Les conspirateurs se regroupent alors au sein de l’ORNS (Ofensiva de Recordo Nacional-Sindicalista) sous la direction d’Eduardo Ezquer. Ce dernier sera emprisonné six fois et comparaîtra cinq fois devant les tribunaux, sans que cela n’entame jamais sa résolution.

L'hédillisme

L'opposition phalangiste à Franco n'a rien d'un phénomène marginal. En effet, sa principale figure de proue est un chef historique du mouvement, Manuel Hedilla, qui est même le successeur officiel de José Antonio. Celui-ci refuse d'emblée le décret d'unification. À plusieurs reprises, tentant de le séduire, des représentants de l’état-major lui proposent le Secrétariat général de la « Phalange traditionaliste ». Devant son refus, ils finissent par le placer devant l’alternative : le Secrétariat ou la prison. Le 25 avril 1937, la menace est mise à exécution. Accusé de « conspiration », Manuel Hedilla comparaît, les 5 et 7 juin, devant deux conseils de guerre, en même temps qu’une vingtaine de phalangistes. Cinq accusés – dont Hedilla – seront condamnés à mort, les autres à des peines allant de deux ans de prison correctionnelle jusqu’à la réclusion à perpétuité. Sa peine est commuée en détention, qu'il purge aux Canaries jusqu’en juillet 1941. Il est ensuite confiné à Palma de Majorque. Il est libéré en avril 1946. Ses antécédents pénaux sont radiés le 14 mai 1953.

Surveillé et tenu à l'écart de la vie politique officielle, il va représenter pour les phalangistes dissidents, dont de nombreux jeunes, la légitimité contre la « récupération franquiste », qui va s'incarner dans un large courant protestataire que l'on va dénommer l'hédillisme.

Les Cercles José Antonio

Les Círculos Doctrinales José Antonio (CJA) naissent en 1959. A l'origine, il ne s'agit en aucun cas d'un mouvement d'opposition au régime de Franco. Les fondateurs ne sont pas des « hédillistes » mais des phalangistes proches du pouvoir franquiste. En revanche, ils sont inquiets de la montée des technocrates de l'Opus Dei qui commencent à supplanter non seulement les phalangistes mais aussi les autres composants du Movimiento dans les institutions de l'Etat. Leur inquiétude est renforcée par le sentiment que dans la population la Phalange est de plus en plus identifiée avec le régime et le Movimiento. Ils désirent alors créer des cercles de lecture et de réflexion qui maintiendraient en vie l'essence de la pensée de José An­tonio.

Parmi les fondateurs de CJA, on trouve de nombreux « phalangistes historiques », comme Miguel et Pilar Primo de Rivera, Miguel Primo de Rivera y Urquijo, Julian Pemartin, Jesus Fereyo, Patricio Gonzalez de Canales, Castro Villacanas, Francisco Eguiagarey. On trouve aussi beaucoup d'étudiants en quête d'une doctrine rigoureuse et d'un esprit capable de s'opposer à la montée des mouvements marxistes dans les universités.

Peu à peu, les CJA vont se montrer critiques envers le régime tout en tentant de le ménager. Ils continueront de se développer, mais seront elles. Cette position leur permet de trouver des moyens financiers et de tenir des meetings alors que ce genre de réunion était interdit, mais cela eut aussi comme conséquence de modérer leur ton vis à vis du régime et de les faire accuser par les hé­dillistes d'être manipulés par le secrétariat général du Movimiento.

Quoi qu'il en soit, ils se retrouveront incapables de concevoir une stratégie autonome au sein de l'Etat franquiste contrebalançant la pratique de l'Opus Dei[6].

Tentatives unitaires entre phalangistes oppositionnels et « historiques », et la naissance d'un Frente español

Un homme va jouer un rôle essentiel dans les tentatives de refonder l'esprit phalangiste, c'est Raimundo Fernandez Cuesta. C'est un phalangiste de la première heure, ami de José Antonio, désigné par celui-ci pour lui succéder. li fut membre de la junte politique de la Phalange et nommé par José Antonio pour occuper le poste de secrétaire général de la Phalange. Emprisonné en 1935, dès avant la déclaration de la guerre, il fut échangé contre des prisonniers républicains en 1937. De cette date à 1939 il occupa le poste de secrétaire général de la FET-JONS (la structure franquiste). Il fut ensuite ambassadeur d'Espagne à Rio et à Rome, puis en 1945 présida le Conseil de l'Etat et fut ministre de la Justice. Par la suite, il fut de nouveau secrétaire général du Movimiento, puis conseiller national de la FET-JONS et membre du Conseil du royaume. Les hédillistes lui reprochèrent d'avoir participé à la rédaction de la loi sur les sociétés anonymes, loi d'essence capitaliste.

Cuesta appartenait à la catégorie des phalangistes qui collaborèrent avec Franco au sein du Mo­vimiento, convaincus que ce dernier représentait les légitimes idéaux de la Phalange et la prolongation de celle-ci dans le temps. Durant le franquisme Cuesta ne chercha jamais à recréer la Phalange, et c'est uniquement quand il fut évident, dans les années 1970, que le régime se démocratisait qu'il quitta le Movimiento.

En 1973, Manuel Garate Murillo et Sigfredo Hillers du FES firent une tentative unitaire qui donna naissance au Club Don Hilarion. En 1974, après la loi sur les associations politiques ils tentèrent de faire légaliser un Frente español (reprenant ainsi les initiales FE de la Pha­lange espagnole). Mais les hédillistes de la FNAL rompirent rapidement avec le Club Don Hilarion. Les CJA dans un premier ten1ps acceptèrent de participer à l'opération Frente español, mais an­noncèrent soudain, lors d'une réunion nationale à Alicante, leur projet de demander la légalisation d'une association du nom de Falange espanola qui succèderait aux cercles. Cela entraîna leur rupture avec le CDH où ne se retrouvèrent plus que le FES, le Cercle Ruiz de Alda et un groupe de phalangistes « historiques » membres du Movimiento (Valdés, Giron de Velasco, Cuesta). Et les problèmes continuèrent.

La grande différence entre les phalangistes oppositionnels et les historiques était leur at­titude vis à vis du franquisme. Alors que les uns avaient été emprisonnés, ou au moins in­quiétés, pour leurs activités par la justice franquiste, les autres étaient d'anciens ministres de Franco qui n'avaient subi que la répression des républicains. Si les oppositionnels se voulaient républicains, les historiques acceptaient la monarchie instaurée par Franco.

Après des débuts unitaires les réunion du CDH devinrent des débats passionnés où l'on s'affronta donc sur le franquisme et sur la n1onarchie. Toutefois les positions du FES n'étaient pas intransigeantes. Lors d'une discussion sur le manifeste qui devaient ac­compagner le lancement du Frente español se posa le problème du franquisme. Cuesta prétendit inclure un paragraphe louangeur pour le Caudillo. Le FES ne s'y opposa pas, mais demanda qu'il soit suivi d'un paragraphe critiquant les imperfections du franquisme. Cuesta refusa et la discussion se prolongea jusqu'à ce que quelqu'un ait le manque de dé­licatesse de rappeler à Cuesta son rôle dans l'adoption de la loi sur les sociétés anonymes el sa participation à de nombreux conseils d'administration de grandes sociétés ... Ainsi se termina l'existence du CDH, Cuesta quitta la salle où éclata une violente rixe entre op­positionnels et historiques.

Finalement les statuts du Frente español furent déposés uniquement par des partisans de Cuesta, et la bureaucratie n'autorisa sa création que sous le nom de Frente nacional español afin que son sigle ne puisse pas être confondu avec celui de la Phalange[7].

Du FNE à la FE de las JONS

Malgré tout, les conversations inter-phalangistes continuèrent afin de réaliser l'unité et de revendiquer le nom de FE de las JONS. Car la croyance était générale dans cette mou­vance qu'aucun travail politique efficace ne pourrait être effectué sans arborer ce sigle. Les hédillistes en 1976, en marge des discussion unitaires, réussirent à susciter une scis­sion au CJA, et, unifiant celle-ci avec des petit groupes de jeunes phalangistes, ils lancèrent la Falange espanola de las JONS (autentica), afin d'obtenir la légalisation ministérielle. Si les militants et sympathisants attirés par les authentiques n'avaient absolument rien à voir avec ceux de la tendance Cuesta et du FNE, par contre ils étaient sensiblement les mêmes que ceux des CJA. Ceux-ci durent donc reprendre l'offensive en convoquant un Congrès national-syndicaliste qui ne fit qu'appeler à la tenue d'un congrès unitaire ...

Toute cette période fut très intense et mérite d'être résumée. Au début de l'année 1976, eurent lieu des contacts entre les CJA et le FNAL qui regroupait les hédillistes, il fut décidé de constituer une organisation politique portant le nom FE-JONS. Diego Marquez qui re­présentait les CJA fut élu président national et Patricio Conzalez de Canales qui repré­sentait le FNAL vice-président. Mais ce dernier, qui était le seul à pouvoir contenir les hé­dillistes les plus radicaux, décéda quelques semaines après. En avril 1976 lors d'une réunion de la junte nationale provisoire de la FE-JONS les militants des CJA présentèrent un projet unitaire, il s'agissait d'organiser un congrès ouvert à toutes les tendances pha­langistes d'où sortirait la nouvelle Phalange. Les hédillistes rejetèrent ce projet, refusant d'envisager de travailler avec les historiques. De cette polémique naquit la FE de las JONS (autentica) qui tint son premier congrès en mai 1976. Congrès auquel assistèrent une fraction des CJA, le FNAL, les CONS, le FSU et des éléments indépendants. La riposte des CJA ne se fit pas attendre: en juin de la même année se constitua un comité pour prépa­rer le premier Congrès national syndicaliste de la Phalange espagnole. Celui-ci se tint à Madrid sans grand résultats sinon de rédiger les statuts d'un parti politique dénommé FE­ JONS et de créer une Junte de coordination nationale syndicaliste.

La FE-JONS légalisée

Ce fut après ce congrès que fut conclu, par tous les groupes phalangistes à l'exception des hédillistes, le « Pacte de la calle Matute »: celui qui obtiendrait le premier du ministère de l'intérieur l'autorisation d'utiliser le nom de FE-JONS convoquerait un congrès auquel seraient conviés tous les autres groupes. En septembre 1976, c'est la tendance Cuesta qui obtint cette autorisation. Aussitôt les membres de la Junte de coordination nationale syndicaliste se réunirent pour demander à Cuesta de respecter le pacte. Celui-ci savait qu'il n'y avait pas pour lui péril en la demeure. En effet les CJA s'affaiblissaient de jour en jour au profit des hédillistes qui connaissaient alors une expansion extraordinaire, particu­lièrement à Madrid. li se contenta donc de convoquer un grand meeting unitaire le 29 octobre au palais des congrès de Madrid. Et ce fut la débâcle ...

Le meeting débuta dans une ambiance tendue, les deux mille participants appartenaient à tous les courants, non seulement phalangistes, mais aussi ultras en général. Etaient présents les dirigeants de Fuerza Nueva et de l'Union nationale espagnole (Blas Piñar et Fernandez de la Mora) et leurs gardes du corps, les militants et dirigeants de la tendance Cuesta, ceux du FES, des groupuscules étudiants phalangistes, des CJA, des phalangistes historiques, des hédillistes. Il n'est pas étonnant que ce cocktail explosif entra en combustion dès que Sigfredo Hillers chef du FES et de la Phalange indépendante prit la parole.

Avant la réunion Cuesta avait demandé aux orateurs de ne pas aborder les sujets brûlants et périlleux qu'étaient le franquisme et la monarchie. Hillers qui devait être le premier ora­teur avait accepté. Dix minute après le début de son discours il fit une référence à « la mort du fondateur du régime antérieur », il ne put continuer sa voix étant couverte par des cris de « Vive Franco! ». A partir de ce moment régna la plus totale confusion. Les membres du FN, de l'UNE et les partisans de Cuesta s'affrontèrent avec les militants du FES. Après une heure de pugilat Cuesta put rétablir l'ordre, mais plusieurs orateurs ne purent pas prendre la parole.

La fusion FE-JONS/CJA

A la suite de ces incidents, les CJA reprirent leur totale indépendance et créèrent le Parti national syndicaliste-CJA. En janvier 1978, Ricardo de Zulueta y Pobès, important dirigeant des CJA passa chez les hédillistes. Le PSN-CJA arriva ainsi aux élections de 1979 dans un état d'extrême fai­blesse, ayant perdu des militants sur sa droite au profit de la FE-JONS de Cuesta et de Fuerza Nueva, et sur sa gauche au profit des hédillistes. Il dut accepter de former une liste d'union avec Fuerza nueva, ce qui entraina des dissensions parmi ses membres. Diego Marquez obtint une troisième place sur la liste d'Union nationale à Madrid après Blaz Pinar et Raimundo Fernandez Cuesta. A partir de cette date débuta un processus d'unification qui se termina peu de mois après lors de la IVe assemblée nationale de la Pha­lange, par la fusion des deux groupes, et la nomination de Diego Marquez à la vice-présidence de la FE-JONS.

La nouvelle FE-JONS se calqua sur la Phalange historique, ainsi son organe central se nomma FE puis Arriba (nom des deux premiers hebdomadaires de la Phalange), ainsi fut récréé un Syndicat espagnol universitaire, etc[8].

La Phalange espagnole (indépendante), un groupe incompris

Le FES ou la continuité en milieu étudiant

« Il y a dix-sept ans - en 1963 - est né le Front des étudiants syndicalistes, avec pour but de continuer la lutte des premiers phalangistes. Celui-ci fut la seule organisation qui du­rant dix-sept ans maintint avec rigueur, indépendance et authenticité les thèses de la Pha­lange espagnole de José Antonio ». C'est en ces termes que la FE(i) présente sa propre gé­néalogie dans un de ses manifestes.

Il est un fait qu'aucun autre groupe phalangiste n'a été présent aussi longtemps dans les universités que le FES. Lui seul a mené sur le front universitaire une lutte incessante de 1963 jusqu'en 1975 « contre les rouges et la réaction », ce que ne surent faire ni les CJA, ni les hédillistes.

Le FES fut fondé par Silfredo Hillers et Ceferino Maeztu (celui-ci fut ensuite membre des Commissions ouvrières et fonda la revue Syndicalisme et la Confédération des travailleurs indépendants). A l'origine, le FES fut un groupe hédilliste qui soutint le second chef de la Phalange jusqu'à son décès. S'il ne fut pas un mouvement confessionnel comme Fuerza Nueva, le FES était habité par une mystique de type religieuse qui poussait ses militants à « sacraliser » toutes les actions de leur vie, actions qui devaient être réalisées avec « le style et l'éthique phalangiste» car selon les termes même de José Antonio « le style de la FE est si substantiel que s'il se perdait notre mouvement perdrait sa raison d'être ».

Le FES fut l'ennemi juré de l'Opus Dei dans lequel il voyait l'avant garde confessionnelle du capitalisme, un moyen pour les technocrates et les banquiers de faire oublier les injustices sociales de l'Espagne franquiste. Sans conteste le livre Ethique et style phalangiste de Sigfredo Hillers peut être considéré comme une réponse au Camino de Escriba de Ba­laguer, bréviaire de l'Opus Dei. De même le Livre bleu d'Hillers fut une réplique au Livre rouge de Mao.

Afin de se donner une couverture légale, le FES travailla à l'origine sous le nom Cercle Ruiz de Alda, plus tard pour accroître son audience il fonda l'Association juvénile octobre. Le FES participa et joua un certain rôle dans les conversations unitaires inter-phalangistes où il se caractérisa par son attitude pointilleuse sur les problèmes de doctrine.

En 1966 se constitua la branche ouvrière du FES, l'Union des travailleurs syndicalistes et peu de temps après une branche jeune, les Jeunesses phalangistes.

Du FES à la FE(i)

Au début de la période dite de transition, le FES se reconvertit en Front espagnol syndi­caliste. li participa sous ce sigle aux rencontres unitaires. Peu de temps après la rupture entre le FES et les partisans de Cuesta en octobre 1976, les différentes organisations liées au FES fusionnèrent et donnèrent naissance à la Phalange espagnole (indépendante). Un journal national fut publié, il prit le nom de No Importa, nom qu'avait déjà porté plu­sieurs organes de la Phalange clandestine et oppositionnelle.

Cette Phalange ne fut jamais très importante, et vivota assez médiocrement.

Une Phalange ambiguë: l'authentique

Origines

Un des textes les plus curieux des authentiques est le Manifeste de la légitimité dans le­quel la FE-JONS {a) tente de prouver une filiation politique continue jusqu'à la Phalange de José-Antonio. La thèse centrale de ce manifeste est le refus du décret d'unification de 1937, et l'existence dès cette date d'une Phalange oppositionnelle et clandestine à l'exté­rieur du Movimiento sous le nom dès 1938 de Phalange espagnole authentique. Un an plus tard, après la libération de Madrid, la FEA constitua clandestinement une junte poli­tique de la Phalange. Celle-ci envisagea de faire assassiner Serrano Suner qu'elle consi­dérait comme le principal responsable de la mort de la Phalange.

En 1942, au monastère de Begona, un commando phalangiste interrompit une réunion mo­narchiste en y lançant une grenade. Deux partisans d'Hedilla furent fusillés pour avoir par­ticipé à cette action.

Hedilla emprisonné depuis 1937 fut libéré en 1947.

En 1952, de jeunes militants fondèrent les Juntes d'action nationale syndicaliste, tous fu­rent emprisonnés. En 1954 furent créée les Juntes d'offensive nationales syndicalistes.

Dans les années soixante le Groupe cinq roses de Carabanchel, peut-être infiltré par des membres du Parti communiste, se revendiqua d'Hedilla. En 1967 Narciso Perales fonda le Front syndicaliste révolutionnaire à partir d'un groupe scissionniste du FES qui avait transité par les CJA. En 1968 on murmura qu'Hedilla avait adhéré au nouveau mouvement. Celui-ci démentit mais participa à des réunions, et au lancement du Front national d'al­liance libre qui devait regrouper le FSA et le FES[9].

Quelle Phalange pour le XXIe siècle ?

Il y eut de nombreuses tentatives, dans les années 1970, après la « transition » (1975-1986) de recréer une « Phalange authentique ». Mais ces tentatives sont restées marginales ou locales : dans les années 2000, on ne dénombre pas moins de 13 Phalanges... Certains militants espagnols expliquent cette situation d'abord par la mort prématurée de la Phalange : ses trois grands théoriciens (José Antonio, Ramiro Ledesma, Onésimo Redondo) ont été assassinés très jeunes. La pensée phalangiste n’a donc plus évolué d’un iota, contrairement à la plupart des autres fascismes européens. De plus, elle n’a jamais tenu compte de la civilisation européenne (prônant comme un Maurras un nationalisme étroit) et n’a jamais compris non plus l’importance du facteur biologique et racial comme marqueur et comme identité des peuples et des pays[10].

Documents

Discours fondateur de la Falange de las JONS, prononcé au Teatro de la Comedia, à Madrid, le 29 octobre 1933, par José Antonio Primo de Rivera

Raison et volonté

Pas de préambule de remerciements; simplement « merci » comme il convient à la concision militaire de notre style.

Quand en mars 1762, un homme funeste, J-J Rousseau, fit paraître Le Contrat social, la vérité Politique cessa d’être une vérité permanente. Avant, en des temps plus reculés, les Etats étaient des exécuteurs de missions historiques dont la devise était « Justice et vérité ». J-J Rousseau vint nous dire que la Justice et la Vérité n’étaient pas des axiomes de la pensée mais des décisions provisoires de la volonté.

J-J Rousseau supposait que l’ensemble des individus formant un peuple, créait une personnalité supérieure d’une essence différente de celle de chacun des individus, personnalité infaillible, capable de définir en chaque instant le juste et l’injuste, le bien et le mal. Et comme cette volonté collective, cette volonté souveraine, s’exprime seulement par un suffrage – opinion du plus grand nombre qui triomphe d’une minorité dans la recherche d’une autorité supérieure – il en résultait que le suffrage, cette farce qui consiste à jeter des bulletins dans une urne de verre, avait le pouvoir de décider à tout instant si Dieu existait ou n’existait pas, si la Vérité était la Vérité ou ne l’était pas, si la Patrie devait demeurer ou se désagréger.

L’Etat libéral

Du fait que l’Etat libéral était esclave de cette doctrine, il s’organisa non en exécuteur des destins de la Patrie, mais en spectateur de luttes électorales. Pour l’Etat libéral, il importait seulement qu’il y eût un nombre déterminé de citoyens autour des tables de vote, que les élections fussent commencées a huit heures exactement et terminées à quatre heures, que les urnes ne fussent pas brisées, alors que le bris d’une urne est le plus noble destin que l’on puisse lui réserver. Ensuite, il ne songeait plus qu’à respecter tranquillement la décision du vote, comme si pour lui, Etat, la nature de cette décision n’avait aucune importance. C’est-à-dire que les gouvernants libéraux ne croyaient même pas en leur propre mission. Ils ne croyaient pas qu’ils eussent un devoir important à remplir, ils étaient persuadés que tout citoyen, de pensée politique contraire à la leur, pouvait attaquer l’Etat à tort ou à raison et que ce citoyen avait des droits égaux à ceux qu’avaient les gardiens de l’Etat pour le défendre.

De là naquit le régime démocratique qui est avant tout le système le plus onéreux du fait de la dispersion des énergies. Un homme doué pour l’art de gouverner, qui peut être la plus noble des fonctions humaines, devait consacrer les 80, 90, 95 % de son énergie à répondre à des dossiers de réclamations, à faire de la propagande électorale, à somnoler dans les Assemblées, à flatter ses électeurs, car c’est d’eux-mêmes qu’il allait recevoir le pouvoir, à subir les humiliations et les vexations de ceux qui étaient appelés précisément à se soumettre à cette fonction quasi divine de gouvernement; et, si après tout ce temps perdu, il restait à l’homme public quelques heures matinales ou quelques instants dérobés à un repos agité, c’est alors seulement qu’il pouvait s’adonner aux questions substantielles de Gouvernement.

Vint ensuite la disparition d’un idéal unique parmi le peuple, parce que le système fonctionnant sur la loi du plus grand nombre, celui qui aspirait au pouvoir devait obtenir la majorité des suffrages. Il devait arracher coûte que coûte les voix aux autres partis, et dans ce but, il n’hésitait pas à calomnier ses adversaires, à les accabler sous les pires injures, à dissimuler sciemment la vérité à employer toutes sortes de moyens déloyaux. Bien que «Fratenité» soit un des postulats inscrit au frontispice de la Charte libérale, jamais il n’y eut de collectivités où les hommes s’injuriant, ennemis les uns des autres, se sentirent moins frères que dans la vie turbulente et pénible de l’Etat libéral.

Enfin, l’Etat libéral nous apporta l’esclavage économique, car il dit aux ouvriers avec une tragique ironie : « Vous êtes libres de travailler comme vous l’entendez; personne ne peut vous contraindre à accepter telle condition plus qu’une autre… mais, comprenons-nous bien, comme nous sommes les riches, nous vous offrons les conditions qui nous conviennent ; vous autres, citoyens libres. si elles ne vous plaisent pas, vous n’êtes pas obligés de les accepter; mais, citoyens pauvres, si vous n’acceptez pas les conditions que nous vous imposons, vous êtes condamnés à mourir de faim avec toute la dignité libérale». Ainsi il vous a été donné de remarquer dans les pays dotés des Parlements les plus brillants, des institutions démocratiques les plus achevées, que, dès que vous vous éloignez de quelques centaines de mètres des quartiers luxueux vous rencontriez aussitôt des masures infectes, où vivent entassés les ouvriers et leur famille, dans des conditions presque inhumaines. Vous rencontriez également des ouvriers agricoles qui, toute la journée sous un soleil de feu, ployaient l’échine vers la terre et ne gagnaient, grâce au libre jeu de l’économie libérale, que soixante à soixante-dix journées de trois pesetas par an.

Le socialisme

C’est pourquoi naquit le socialisme; il fut une chose juste (nous ne reculons pas devant la vérité). Les ouvriers durent se défendre contre un régime, qui tout en leur donnant des droits, ne se préoccupait pas de leur accorder une vie normale.

Mais ce socialisme, qui était une réaction légitime contre l’esclavage libéral, va s’égarer premièrement dans une conception purement matérielle de la vie et de l’histoire, secondement dans un sentiment de représailles et enfin dans la proclamation du dogme de la lutte des classes.

Le socialisme, surtout celui élaboré par ses premiers apôtres, qui impassibles dans le silence de leur cabinet, ont conquis la foi des pauvres ouvriers, a été démasqué par Alphonso Garcia Valdecasas. Le socialisme ainsi compris ne voit dans la vie des peuples, qu’un jeu de ressorts économiques; la spiritualité est supprimée, la Religion est l’opium du peuple, la Patrie est un mythe pour exploiter les malheureux. Voilà le socialisme. Il n’y a plus que production et organisation économique. Aussi l’ouvrier doit-il pressurer son âme pour y faire disparaître toute trace de spiritualité.

Le socialisme n’aspire pas à rétablir une justice sociale abolie par le régime libéral, il cherche à user de représailles, il aspire à fonder une injustice dépassant dans le sens opposé l’injustice créée par le régime libéral.

Enfin le socialisme proclame le dogme monstrueux de la lutte des classes; il proclame que les luttes de classes sont indispensables, qu’elles sont naturelles et que rien ne peut les apaiser. Et. le socialisme, juste critique de l’économie libérale, nous apporte par une autre voie, la même désagrégation, la même haine, le même oubli de tout lien de fraternité et de solidarité entre les hommes.

« Dieu ! Quel bon vassal s’il avait un bon seigneur »

Aussi, il en résulte que nous, les hommes de notre génération, quand nous ouvrons les yeux, nous ne voyons qu’un monde ruiné moralement, un monde divisé en tout; et pour ce qui nous touche de plus près, nous voyons une Espagne ruinée moralement, une Espagne divisée par la haine. Voilà pourquoi nous pleurions dans le fond de notre coeur, quand nous voyions le peuple de cette merveilleuse Espagne, où nous découvrions sous l’habit le plus humble, des êtres d’une élégance rustique, incapables de gestes excessifs comme de discours oiseux, qui vivent sur une terre aride, de sécheresse apparente, mais qui nous étonne par la fécondité avec laquelle elle produit ses céréales et élance ses pampres triomphants. Quand nous parcourions ces terres et prenions contact avec ces hommes, nous savions qu’ils étaient torturés par des tyrans locaux, oubliés de tous les groupes politiques, divisés et empoisonnés par des discours retors, il nous revenait à l’esprit que nous étions devant les mêmes hommes qui disaient du Cid, errant dans les champs de Castille, exilé de Burgos : « Dieu, quel bon vassal, s’il avait un bon Seigneur. »

C’est le but que nous recherchons; ce seigneur légitime de l’Espagne; un maître comme celui de Saint François de Borja, qui ne meure pas pour nous. C’est pourquoi nous choisirons un chef qui ne soit pas l’esclave des intérêts d’un groupe ou d’une classe sociale.

Ni droite, ni gauche

Ce mouvement présent n’est pas un parti, mais plutôt un anti-parti, un mouvement, nous le proclamons, qui n’est ni de droite, ni de gauche. La droite, au fond, aspire à maintenir une organisation économique qui s’est montrée incapable et la gauche a anéantir une organisation économique, détruisant dans ce bouleversement les réalisations bonnes qui auraient pu être maintenues. D’un côté comme de l’autre, ces idées sont appuyées par des considérations spirituelles. Tous ceux qui nous écoutent de bonne foi savent que ces considérations spirituelles ont leur place dans notre mouvement, mais que pour rien au monde, nous ne lierons notre destinée à un groupe politique ou une classe sociale se rangeant sous la dénomination arbitraire de droite ou de gauche.

La Patrie est un tout comprenant tous les individus de quelque classe sociale que ce soit. La patrie est une synthèse transcendantale, une synthèse indissoluble devant atteindre des buts qui lui sont propres. Nous, que cherchons-nous ? Que le mouvement présent et le Gouvernement qu’il créera soit un instrument ayant une autorité agissante au service de cette unité constante, de cette unité irrévocable qui s’appelle «La Patrie».

Notre programme : du jugement

Par ce mot, nous définissons entièrement le mobile de nos actes futurs et de notre action présente, car nous ne formerions qu’un parti de plus si nous apportions un programme de solutions concrètes. Les programmes ont l’avantage de ne jamais être réalisés. Par contre, si notre jugement est constamment libre, face aux événements et à la vie, il nous suggérera des solutions aux cas concrets, comme l’amour nous indique quand nous devons montrer de la fermeté ou de la tendresse sans que le véritable amour ait besoin de posséder un programme dosant les disputes et les effusions.

Voilà ce qu’exige notre conception de la Patrie et de l’Etat qui la sert.

Que toutes les contrées d’Espagne, aussi diverses soient-elles, se sentent liées en une destinée irrémédiablement unique.

Que les partis politiques disparaissent, personne en naissant n’est inscrit à un parti politique, par contre, nous naissons tous membres d’une même famille, nous sommes tous habitants d’une commune, nous déployons tous notre activité dans un travail déterminé. Si notre famille notre commune et notre corporation sont les sphères naturelles dans lesquelles nous vivons, quelle nécessité y a-t-il à créer cet organisme intermédiaire et malsain, le parti politique, si ce n’est de nous unir en groupements artificiels qui nous arrachent à nos authentiques réalités.

Nous voulons moins de verbiage libéral et plus de respect de la liberté individuelle, car on ne respecte réellement la liberté de l’homme que lorsqu’elle est estimée comme nous l’estimons, c’est-à-dire la détentrice de biens éternels, l’enveloppe corporelle d’une âme capable de se sauver ou de se damner. C’est seulement lorsque l’on envisage l’homme sous cet aspect que l’on peut affirmer que l’on respecte vraiment la liberté, surtout si cette liberté marche de pair, comme nous le prétendons, avec un régime autoritaire de hiérarchie et d’ordre.

Nous voulons que tout le monde se sente membre d’une société sincère et entière, où les fonctions sont nombreuses : soit dans le travail manuel, soit dans le travail intellectuel, soit dans l’enseignement des usages et des subtilités de la vie. Mais dans la société comme nous la comprenons, disons-le dès maintenant, il ne peut y avoir de parasites ni de paresseux.

Nous ne voulons pas que dans une maison d’affamés l’on accorde des droits individuels qui ne pourront jamais se réaliser, mais que l’on donne à tout homme, à tout membre de la communauté politique par le seul fait qu’il en fasse parti le moyen de gagner par son travail, une vie humaine, juste et digne.

Nous voulons que le sentiment religieux, base des plus belles pages de notre histoire, soit respecté et protégé comme il le mérite, sans que pour cela l’Etat s’immiscie dans une fonction qui n’entre pas dans ses attributions, ni – comme il le faisait souvent en vue d’autres intérêts que ceux de la véritable religion — qu’il partage des fonctions qui lui sont propres.

Nous voulons que l’Espagne recouvre résolument le sentiment général de sa culture et de son histoire.

Et nous voulons pour terminer, si nous ne pouvons obtenir autrement que par la violence ce que nous demandons, que nous ne nous arrêtions pas devant la violence. Car, qui a dit, – en parlant de « tout plutôt que la violence », – que la suprême manifestation de la valeur morale est la douceur et que lorsque l’on outrage nos sentiments, avant de réagir, nous devons nous obliger à être aimable, aurait très bien dit, si le plus puissant argument était en paroles.

Voilà notre conception de l’Etat futur et nous devons travailler avec ardeur à son édification.

Manière de vivre

Notre mouvement ne serait pas entièrement compris si l’on croyait qu’il n’est seulement qu’une façon de penser; ce n’est pas une manière de penser, mais une façon de vivre. Nous ne devons pas seulement nous proposer l’édification d’une politique, nous devons adopter dans toutes les manifestations de notre existence, dans chacun de nos gestes, une attitude profondément et entièrement humaine. Cette attitude, c’est l’esprit de sacrifice et, de service, le sentiment spirituel et militaire de la vie. Ainsi donc que personne ne croît que nous venons faire des recrues afin de nous permettre d’offrir des prébendes; que personne ne croît que nous nous groupons pour défendre des privilèges, Je voudrais que ce microphone devant moi porta mes paroles jusqu’au dernier coin des foyers ouvriers pour leur dire : oui nous portons des cravates; oui, vous pouvez dire de nous que nous sommes des señoritos. Mais justement nous apportons un esprit de lutte précisément, pour ce qui ne nous intéresse pas en tant que señoritos; nous entrons dans la lutte pour que beaucoup de notre classe s’imposent des sacrifices durs et pénibles, et, nous entrons dans la lutte pour qu’un Etat totalitaire puisse répandre ses bienfaits aussi bien sur les puissants que sur les humbles. Tels, nous sommes, ainsi que furent toujours les señoritos, d’Espagne. Ils parvinrent à la hiérarchie des seigneurs véritables parce que dans les terres lointaines comme sur le sol de notre Patrie, ils surent faire face à la mort, s’adonner aux tâches les plus rudes pour ce qui, du seul fait qu’ils étaient señoritos, aurait pu ne pas leur importer.

L’arme au bras, sous les étoiles

Je crois que le drapeau est brandi. Nous allons le défendre joyeusement, poétiquement. Certains estiment que pour s’opposer à la marche d’une révolution, il faut, pour grouper les volontés contraires, proposer des solutions mitigées et dissimuler dans sa propagande, tout ce qui pourrait éveiller un enthousiasme, éviter toute position énergique et absolue. Quelle erreur ! Les peuples n’ont jamais été plus remués que par les poètes et malheur à celui qui ne saura opposer une poésie créatrice à une poésie dévastatrice.

Pour notre idéal, soulevons ces aspirations de l’Espagne, sacrifions-nous, renonçons-nous, et nous triompherons, le triomphe (en toute franchise) nous ne pourrons l’obtenir aux prochaines élections. Aux prochaines élections votez pour celui qui vous paraîtra le moins mauvais. Notre Espagne ne sortira pas de ces élections. Notre place n’est pas là dans cette atmosphère trouble, lourde, comme celle d’un bordel, d’une taverne après une nuit crapuleuse Je crois que je suis candidat, mais sans foi, ni respect; je l’affirme dès maintenant, au risque de détourner de moi les électeurs. Cela m’est égal. Nous n’allons pas disputer aux familiers les restes de ces banquets pourris; notre place est au dehors, bien que provisoirement nous puissions y assister. Notre place est à l’air libre, sous la nuit claire, l’arme au bras, sous les étoiles. Que les autres continuent leur festin. Nous resterons dehors, sentinelles fermes et vigilantes, pressentant l’aurore dans l’allégresse de nos cœurs.

Analyses

Mythe et réalités de la Phalange, par Jean de Calatrava

Cet article a été publié dans le numéro 13 de la revue Totalité.

Tenter de répondre à la question : « Qu’est-ce que la Phalange Espagnole ? », après une lecture attentive de la majorité des écrits qui lui sont consacrés, s’avère une entreprise fort décevante. Selon les sympathies ou les intentions de ses exégètes et de ses critiques, on déduira des interprétations différentes sinon opposées. La Phalange est une chose ou son contraire, en fonction de la personne qui prononce le mot. Il y a ceux qui prétendent que la Phalange et le Movimiento de Franco sont une seule et même chose et ceux qui, au contraire, soutiennent que la Phalange n’a rien à voir avec le Movimiento. Il y a ceux qui estiment que la Phalange n’a jamais occupé le pouvoir et ceux qui, au contraire, maintiennent qu’elle l’a toujours monopolisé. Il y a ceux qui affirment que le régime de Franco n’a rien mis en pratique de la théorie révolutionnaire nationale-syndicaliste et ceux qui déclarent qu’il l’a fait en partie. Il y a ceux qui pensent que la Phalange est autoritaire et ceux qui proclament qu’elle est démocratique. Il y a ceux qui voient dans la doctrine de la Phalange la synthèse classique du socialisme national, qui l’apparente au fascisme, et ceux qui, à l’inverse, soulignent l’incompatibilité des composants doctrinaux du national-syndicalisme (philosophia perennis d’essence chrétienne) avec ceux du fascisme (vitalisme, hégélianisme, etc.).

À cela, des phalangistes ne manquent pas d’objecter que la lecture des prétendues ambiguïtés et contradictions de la Phalange, relevées par une pléiade d’exégètes, le plus souvent mal intentionnés, n’a guère d’intérêt. Néanmoins, nous lui reconnaîtrons un mérite incontestable. Celui de révéler une incompréhension radicale de la réalité nationale-syndicaliste qui a toujours pour origine une ignorance ou une occultation délibérée.

Répondre honnêtement à la question « Qu’est-ce que la Phalange ? » implique que l’on distingue immédiatement :

1°) « La Phalange de José Antonio », Phalange originelle et révolutionnaire qui va du 29 octobre 1933 au 20 novembre 1936.

2°) « La Phalange traditionaliste » ou « Phalange officialisée » qui est celle de la bureaucratie, des fonctionnaires et des contradictions, qui s’étale du décret d’Unification – 17 avril 1937 – à la disparition légale par la loi organique de l’État – 14 décembre 1966 –, enfin,

3°) « La Phalange proscrite », Phalange clandestine, dissidente ou mentale, née dès la mort de José Antonio et qui devient une réalité tangible après la condamnation à mort, le 5 juin 1937, de Manuel Hedilla.

Faute de pouvoir analyser chacune de ces trois dimensions[11] dans le cadre restreint d’un article, rappelons brièvement l’évolution historique de la Phalange afin de mieux comprendre la nature et l’ampleur exacte de ses relations avec l’Espagne née du 18 juillet 1936.

La Phalange de José Antonio

Le 29 octobre 1933, le héros national de l’aviation, Julio Ruiz de Aida, le professeur de droit Alfonso Garcia Valdecasas et le jeune avocat madrilène José Antonio Primo de Rivera organisent un meeting au Théâtre de la Comédie de Madrid. Cet acte, qualifié vaguement « d’affirmation nationale », sera retenu par l’histoire comme date de fondation de la Phalange.

Au cours de son discours, José Antonio critique l’échec du libéralisme et déplore l’égarement du socialisme, désormais prisonnier du matérialisme marxiste. Son mouvement – dit-il – se présente comme un « anti-parti », ni de droite, ni de gauche, au-dessus des intérêts de groupes et de classes. Quant à ses moyens et à ses fins, ils seront avant tout :

– l’irrévocable unité de destin de l’Espagne,

– la disparition des partis politiques,

– le respect des valeurs éternelles de la personne humaine,

– la participation du peuple au pouvoir au travers des entités naturelles que sont la Famille, la Commune et le Syndicat,

– la défense du travail de tous et pour tous,

– le respect de l’esprit religieux « clef de voûte de l’histoire de l’Espagne », mais en distinguant l’Église de l’État,

– la restitution à l’Espagne du sens universel de sa culture et de son histoire,

– la violence, si nécessaire, mais, seulement après avoir épuisé tous les autres moyens : « Il n’y a pas d’autre dialectique admissible que celle des poings et des revolvers quand on porte atteinte à la Justice et à la Patrie »,

– enfin, une nouvelle manière d’être : « Il faut adopter devant la vie entière l’esprit de service et de sacrifice, le sens ascétique et militaire de la vie ».

À peine née, la Phalange se lance dans une première campagne électorale. Le 19 novembre, elle se retrouve pourvue de deux sièges aux Cortès : Primo de Rivera et Moreno Herrera. Parallèlement, des pourparlers sont engagés avec divers représentants des JONS.

Les JONS (Juntas de Ofensiva Nacional-Sindicalista) sont un groupement constitué deux ans plus tôt, le 30 novembre 1931, à l’instigation d’un jeune intellectuel de 26 ans, Ramiro Ledesma Ramos. Parmi les fondateurs des JONS, on retrouve, outre Ramiro Ledesma Ramos, la majorité des rédacteurs de l’hebdomadaire La Conquista del Estado (mars-octobre 1931) et, à Valladolid, le fondateur de la Junta Castellana de Actuacion Hispanica : Onesimo Redondo.

Les membres des JONS viennent de positions idéologiques diverses, en général de la gauche révolutionnaire anarchiste ou marxiste. Une déception commune en face des différentes attitudes des partis révolutionnaires et une volonté identique de « resituer l’Espagne dans l’Histoire » les réunissent. Ils se trouvent en outre rapprochés par un même rejet du système capitaliste et des défauts du parlementarisme. Tous enfin sentent la nécessité d’un changement total des structures sociales à partir d’un principe directeur.

Les voies parallèles, l’enthousiasme juvénile des militants, la projection révolutionnaire tant de la Phalange que des JONS conduisent les deux mouvements à se rapprocher. Le 13 février 1934, les négociations aboutissent. Elles donnent naissance à un nouveau mouvement : FE de las JONS. Devises et symboles des JONS sont adoptés par la nouvelle entité : les slogans « Arriba Espana ! Espana Una Grande y Libre ! », « Por la Patria, el Pan y la Justicia ! » et le drapeau rouge et noir des anarchistes avec au centre l’emblème : le faisceau de cinq flèches (blason d’Isabelle Ire de Castille) croisé par un joug (blason de Ferdinand V d’Aragon). L’appellation « camarade » et le tutoiement sont de rigueur. La chemise bleue, « couleur nette, sérieuse et prolétaire », sera choisie personnellement par José Antonio. Enfin, la fusion est parachevée par la désignation de triumvirats exécutifs dans toutes les provinces et d’un exécutif national à Madrid, formé par José Antonio, Ramiro Ledesma Ramos et Julio Ruiz de Aida.

Huit mois plus tard, début octobre 1934, le premier Conseil national de la Phalange élit José Antonio Chef national à la majorité des voix. Élu pour trois ans, conformément aux statuts, il a alors 31 ans. Les séances du Conseil seront écourtées. Dehors la révolution socialiste a éclaté dans toute l’Espagne et la Généralité de Catalogne s’est soulevée. Dans la nuit du 6 octobre, les conseillers retournent précipitamment dans leurs provinces respectives. Ils doivent contrôler la participation et l’organisation à la lutte contre l’insurrection.

En novembre, les membres du Comité exécutif rédigent un projet de programme du Mouvement pour répondre au vœu du Conseil national. Ledesma Ramos articule l’ensemble et le transmet à José Antonio, qui se charge de la rédaction définitive. Les fameux 27 points sont bientôt publiés dans toute l’Espagne.

À cette époque, la police perquisitionne les locaux phalangistes sous le moindre prétexte. La révolution socialiste d’octobre vaincue, la Phalange apparaît comme un redoutable compétiteur aux yeux de la droite conservatrice et libérale. Celle-ci, qui est alors au pouvoir, va s’employer à l’affaiblir. Tout au long de l’année 1935, une série interminable de fermetures de locaux, d’interdictions de réunions, de refus de légaliser les sections provinciales, de suspensions et de censures de presse frappera la Phalange. En réponse, les organes nationaux-syndicalistes réserveront leurs polémiques les plus dures à l’usage de la coalition gouvernementale Cedo-radicale.

En janvier 1935, la Phalange doit faire face à de sérieuses difficultés. Ledesma Ramos et une minorité de jonsistes quittent le parti. À l’origine des griefs de Ledesma, il y a l’insurrection socialiste et séparatiste d’octobre 1934. Il reproche à José Antonio de n’avoir pas été capable de lancer ses troupes à l’assaut du pouvoir. D’accord sur les fins, les deux hommes s’opposent sur les moyens. Pour l’un, « il faut se lancer dans la lutte quel que soit le résultat », pour l’autre, « il faut d’abord convaincre ». José Antonio se méfie de la démagogie révolutionnaire de Ledesma et ce dernier lui reproche ses doutes, ses scrupules, ses hésitations, son manque d’allant révolutionnaire. Le conflit d’abord latent, puis ouvert, se solde, le 15 janvier, par l’exclusion de Ramiro Ledesma et d’un petit groupe de ses fidèles. Une réconciliation entre les deux hommes suivie d’une nouvelle collaboration n’interviendront qu’en mai 1936.

José Antonio sort indemne et renforcé de la scission. Tirant les leçons de l’expérience, il accentue les préoccupations sociales et révolutionnaires de son mouvement. « Primo de Rivera – constate Ramiro Ledesma – sut avec intelligence tirer les enseignements de ce révulsif. Ce qui lui permit […] de reprendre à son compte les propositions des éléments scissionnistes. » « Il insista avec plus de force que jamais sur les consignes du jonsisme, se faisant leur meilleur propagandiste. Dans ses discours, il accentua son caractère anti-réactionnaire et juvénile […]. Il épura son mouvement des phalangistes les plus ineptes de la première heure, et accentua la consigne d’un syndicalisme national. »

Dans le même temps, l’enthousiasme de José Antonio pour le fascisme italien semble diminuer. Dans ses discours, il met régulièrement en cause la valeur de l’un des piliers du système fasciste : les corporations. À l’inverse, il développe l’idée d’un syndicalisme total fonctionnant organiquement sans comités paritaires. Cette aspiration repose essentiellement sur « l’assignation de la plus-value, non au capitaliste, ni à l’État, mais au producteur encadré dans ses syndicats ». « Contre le critère capitaliste qui assigne la plus-value au capital, dit-il, nous défendons le critère syndicaliste de la plus-value pour la communauté organique des producteurs. » Il faut donc « substituer au capitalisme la propriété familiale, communale et syndicale ». Enfin, deux réformes sont nécessaires : « celle du crédit par la nationalisation des services de la Banque et une réforme agraire installant révolutionnairement – c’est-à-dire avec ou sans indemnisation – la population paysanne espagnole en unités familiales et syndicales selon la nature des terres ».

En décembre 1935, le cabinet Portela Valladares ne peut éviter la septième crise ministérielle de l’année. Il doit se résoudre à la dissolution des Cortès. À la veille des élections, José Antonio tente vainement de rompre l’isolement de la Phalange dû à l’hostilité conjointe de la gauche et de la droite. À trois reprises, durant la campagne, il visite le chef de la CEDA : Gil Robles. Ce dernier expliquera l’échec des négociations par le caractère excessif des demandes phalangistes (25 à 30 candidatures). En réalité, il est heureux d’écarter de la vie politique le chef de la Phalange. Il ne lui pardonne pas ses critiques féroces contre son action au pouvoir.

L’échec des pourparlers laisse la Phalange en dehors du « Bloc national », coalition anti-révolutionnaire comprenant la CEDA (démocratie chrétienne présidée par Gil Robles), Rénovation espagnole (monarchiste de Calvo Sotelo), la Communion traditionaliste (carlistes de Fal Condé), les Agrariens, les Radicaux (de Lerroux) et les Républicains conservateurs (de Miguel Maura). Notons bien la composition de ce « Bloc national » ! Cinq mois plus tard, il constituera l’essentiel des forces civiles qui soutiendront le soulèvement du 18 juillet 1936.

Les phalangistes, sans illusions sur leurs possibilités électorales, présentent une vingtaine de candidats. Ils obtiendront un peu moins de 45 000 voix. Sans doute la majorité des militants, qui a moins de vingt ans, n’a pu voter, mais ce chiffre donne une idée du caractère marginal de la Phalange. Dès le début, la trajectoire historique de la Phalange est conditionnée par l’absence d’une base importante. À sa naissance elle compte 2 000 à 3 000 membres. Trois ans plus tard, à la veille des élections, l’effectif total n’excède guère 15 000. Surgissant dans l’arène politique alors que les fronts idéologiques sont clairement délimités, la Phalange apparaît condamnée à demeurer une minorité activiste ou à intégrer un bloc plus représentatif. La fidélité à son programme idéologique exige nécessairement son isolement. Inversement, le développement de sa base implique la renonciation ou la modification de ses objectifs doctrinaux. Poursuivre à la fois la fidélité au programme et l’audience populaire est quasiment irréalisable en 1935 et 1936. Or, si l’on ne tient pas compte de ce dilemme, on se condamne à ne rien comprendre à l’histoire du mouvement phalangiste.

Cependant, on aurait tort de chercher la raison de la faiblesse des effectifs de la Phalange dans l’absence de toute attraction de ses idéaux sur les secteurs prolétariens. Le ralliement d’une série de leaders d’extrême gauche témoigne bien du contraire. Alvarez de Sotomayor, Guillen Salaya, Olalla, Llorente sont tous d’anciens leaders et membres de la Centrale anarchiste ; Guitarte, Quesada, Garcia Vara, Rivas Villar, Montera Diaz sont d’anciens responsables des jeunesses communistes. Le leader de la CONS (Central Obrera Nacional-Sindicalista, Centrale ouvrière nationale-syndicaliste), Manuel Mateo, était membre du Comité central du Parti communiste espagnol en 1931-1932[12]. L’écrivain phalangiste Maximiano Garcia Venero souligne non sans raison : « Dialectiquement, il n’est pas acceptable que le seul angle d’observation d’un mouvement politique et social soit celui de l’importance numérique. L’Histoire contemporaine est féconde en mouvements qui commencèrent avec une base numérique dérisoire ». La première Internationale fut constituée par cinquante hommes… En février 1917, après plus de cinq ans d’existence, le Parti bolchevik avait une base numérique insignifiante : elle ne dépassait guère les 20 à 25 000 membres. En 1905, après dix-sept ans d’existence, aux élections, les voix obtenues par le parti socialiste espagnol s’élevaient à peine à 26 000. Or, au début de l’année 1936, la Phalange venait juste de célébrer son troisième anniversaire…

Dès son entrée en fonction, le gouvernement Azana, du Front populaire, décide la clôture de tous les centres de la Phalange et la suspension de ses publications. Le 14 mars, José Antonio est incarcéré. Il ne recouvrera plus jamais la liberté. Sous la pression du gouvernement, il subira une interminable série de procès dont le seul but est de le maintenir en prison. Incarcéré quatre mois avant le soulèvement, il n’en sera pas moins condamné à mort par un « tribunal populaire », aux ordres du gouvernement, pour conspiration et rébellion militaire.

Le 14 mars, en quelques heures, la quasi-totalité des membres du Comité exécutif de la Phalange est emprisonnée. La répression s’étend ensuite à toute la province. Elle touchera près de 2 000 militants. Le jour même de sa détention, José Antonio vainc ses derniers scrupules et déclare une guerre totale au Front populaire : « La lutte n’est plus entre droite et gauche alternant au pouvoir […] – écrit-il dans un manifeste remis à son frère –. Aujourd’hui deux conceptions totales du monde s’affrontent ; celle qui vaincra, interrompra définitivement l’alternance accoutumée : ou la conception spirituelle, occidentale, chrétienne, espagnole, avec ce qu’elle suppose de sacrifice, mais aussi de dignité individuelle et politique, vaincra, ou vaincra la conception matérialiste, russe, de l’existence […]. »

Début mai, le Congrès ayant annulé les élections de plusieurs députés, de nouvelles élections sont organisées dans quelques circonscriptions. Des amis de José Antonio décident de présenter sa candidature à Cuenca. Vu la tournure des événements, son prestige s’est considérablement accru et il a désormais toutes les chances de polariser l’ensemble des voix de la droite. Aussitôt, sans le moindre scrupule, le gouvernement réagit et ordonne de ne pas comptabiliser les voix des candidats qui ne se sont pas présentés au soi-disant « premier tour ». La dernière chance de sortir José Antonio de prison s’évanouit.

En dépit de multiples mesures répressives du Front populaire, le nombre des affiliés de la Phalange ne cesse d’augmenter. Les jeunes des JAP (démocrates-chrétiens) rejoignent en masse les rangs de la Phalange. En peu de temps le nombre des militants passe de 15 000 à 50 000 début juin. Ils seront 150 000 fin juillet et 500 000 en octobre de la même année.

Le débordement par la droite devient l’obsession de José Antonio. Il multiplie les mises en garde à l’usage des cadres : « La Phalange n’est pas une force conservatrice – écrit-il le 20 juin – […] À gauche, on nous assassine […] Le gouvernement du Front populaire nous asphyxie. Mais attention, camarades, tout le danger n’est pas à gauche. Il y a encore des gens à droite […] ne suscitant en nous que colère et dégoût, qui croient encore que la mission de la Phalange est de mettre à leurs ordres de naïfs combattants […] Nous ne serons l’avant-garde, ni la force de choc, ni l’auxiliaire d’aucun mouvement confusément réactionnaire. Nous préférons même la claire lutte d’aujourd’hui à l’apathie d’un conservatisme vulgaire qui renaîtrait au profit de réactionnaires ambitieux ». Dans une circulaire du 24 juin il insiste : « […] Que tous nos camarades sachent combien il est offensant pour la Phalange d’être invitée à prendre part comme comparse à un mouvement qui ne mènerait pas à l’État national-syndicaliste […], mais restaurerait une médiocrité bourgeoise conservatrice (comme l’Espagne en a trop connu) embellie, pour plus de dérision, par l’accompagnement chorégraphique de nos chemises bleues ».

Fermement décidés à se soulever avec l’Armée, José Antonio et les principaux leaders de la Phalange s’inquiètent de l’influence grandissante des autres secteurs du complot. Un membre du Comité exécutif, Manuel Valdès Larranaga, témoignera des années plus tard : « […] à mesure que des groupes étrangers à la Phalange prenaient part à ce que l’on peut appeler le “Mouvement”, il y eut un secteur de la direction qui pensait que nous devions nous abstenir de participer »… La méfiance et le doute ne quittent plus José Antonio, qui écrit le 12 juillet : « Une des choses redoutables serait “la dictature nationale républicaine” […] qui chercherait à feindre une prospérité économique sans rien construire sur des bases profondes. À la fin du cycle de bien-être fébrile, une grande crise surviendra, trouvant un peuple, spirituellement démantelé, incapable de résister au dernier assaut décisif communiste […] Une autre expérience trompeuse que je redoute est l’implantation violente d’un faux fascisme conservateur, sans volonté révolutionnaire, ni sang jeune ».

L’accord définitif de la Phalange avec les militaires intervient les derniers jours du mois de juin. Celle-ci pactise exclusivement avec les militaires et compte sur eux pour éviter d’être débordée par les autres forces du complot. Enfin, l’action est envisagée comme un coup de force, en aucun cas comme une guerre civile sanglante et prolongée. Or, l’Espagne de 1936 est un pays où la guerre civile est devenue inévitable. La vie de la communauté nationale est désormais impossible. Un long processus de détérioration des rapports sociaux débouche inexorablement sur une lutte implacable entre le peuple et l’armée contre une autre partie du peuple et de l’armée, entre l’Espagne catholique, traditionnelle et spirituelle contre l’Espagne laïque, anarcho-communiste et matérialiste[13].

La Phalange se voit donc emportée malgré elle dans une lutte qui la détourne de sa vocation initiale. Ce qui la convertit en un mouvement anti-révolutionnaire, ce n’est pas son programme, mais le fait d’accepter de se soumettre aux directives globales de la droite. À partir de cet engagement historique, le phalangisme est redéfini. Jusque-là, la Phalange de José Antonio se caractérisait par une doctrine antithétique se mouvant entre la droite et la gauche, entre nationalisme et socialisme. Tout le futur de la Phalange sera ensuite conditionné par son rôle nécessaire dans le 18 juillet 1936.

La Phalange et l’Espagne du 18 juillet 1936

Déjouant les espoirs de toute une partie de l’Espagne, le soulèvement est un semi-échec. Les forces nationales ne peuvent compter que sur la moitié des effectifs de l’armée (83 000 hommes sur 170 000) dont, à l’échelon des officiers, 50 % des généraux, 30 % des colonels et lieutenants-colonels et 80 % des jeunes officiers capitaines et lieutenants[14]. Dès le lendemain du soulèvement, la Phalange connaît des heures particulièrement difficiles. L’historien Hugh Thomas constate : « Il n’y avait pas un seul parti, chez les vaincus de la guerre civile, qui eut subi une hécatombe comparable à celle de la Phalange ». À Madrid, la majorité du Comité politique, prisonnière des républicains, ne tarde pas à périr. En quelques mois tous les principaux leaders trouvent la mort. Onesimo Redondo tombe dans une embuscade le 24 juillet, Julio Ruiz de Aida est assassiné en prison le 23 août, Manuel Mateo est « liquidé » par un commando communiste en septembre, Ledesma est abattu d’une balle dans la tête le 29 octobre, José Antonio est fusillé le 20 novembre après une parodie de procès… Environ 60 % des « vieilles chemises » périssent au cours du conflit.

Le 21 novembre, le IIIe Congrès national de la Phalange se réunit à Salamanque. Informé de la mort récente de José Antonio, il n’en décide pas moins de confirmer les pouvoirs d’un Comité exécutif provisoire de cinq membres, présidé par Manuel Hedilla. La difficulté essentielle à laquelle ne tarde pas à se heurter le Comité naît de sa volonté naturelle de s’affirmer en tant que direction indépendante des forces militaires. Les militaires veulent que les volontaires des milices nationales soient de simples soldats disciplinés, état excluant toute expression politique. De graves frictions ne manquent pas de se produire. D’autant plus que certains s’emploient à envenimer ces relations, développant une campagne de discrédit contre l’action de la Phalange. Les phalangistes sont appelés par les partis de droite « FAIO-langistas » en jouant sur le sigle de la Fédération anarchiste ibérique ou encore « nos rouges ». On leur reproche de nourrir leurs effectifs de tous les gens de gauche, anarchistes, socialo-communistes désireux d’échapper aux poursuites. Les journaux phalangistes ne proclament-ils pas inlassablement : « Notre parti est ouvert à tous les camarades désireux de sauver la Patrie » ? Toutes ces accusations ne manquent pas d’alarmer les autorités militaires qui ne veulent voir dans la Phalange qu’une force auxiliaire…

Au printemps, le Conseil national, soucieux de bien marquer son indépendance, décide, enfin ! d’élire un second Chef national. Le 18 avril 1937, dès le début de la session, Manuel Hedilla informe les conseillers qu’il a de bonnes raisons de croire que le général Franco s’apprête à assumer la direction de la Phalange. L’élection risque d’être perçue comme une provocation par l’état-major. Néanmoins, après délibération et mûre réflexion, la majorité des conseillers élit Manuel Hedilla second Chef national de la Phalange.

Hedilla conservera sa charge fort peu de temps. Le lendemain, 19 avril, un courrier du Quartier général lui remet une volumineuse enveloppe contenant le texte du discours que prononcera le chef de l’État à Radio nationale. Il s’agit du décret d’« Unification » déclarant la fusion de la Phalange espagnole des JONS et de la Communion traditionaliste. Moins d’un mois plus tard, les monarchistes d’Action espagnole et de Rénovation espagnole sont inclus dans l’Unification par disposition spéciale. Enfin, en avril, Gil Robles remet l’organisation et les milices des JAP et de la CEDA (démocratie chrétienne) dans les mains du Caudillo.

Les milieux phalangistes n’estiment pas suffisantes les garanties accordées par l’Unification ; ils ne peuvent pour autant réagir avec profit. Seul Franco inspire confiance à ceux qui soutiennent économiquement les armées nationales. Aux yeux des conservateurs, Hedilla et ses « vieilles chemises » ne sont que de « dangereux démagogues » tolérés dans la mesure où leur action reste limitée.

Deux voies s’ouvrent alors aux phalangistes : refuser tout compromis par fidélité à l’idéal – ce qui ne gênerait en rien l’entreprise de captation de la Phalange, l’immense majorité des néo-phalangistes étant plus franquiste que nationale-syndicaliste – ou accepter le fait accompli comme irréversible et choisir la voie de la participation afin de sauver du programme ce qui peut l’être.

Hedilla adoptera la première solution. À trois reprises, tentant de le séduire, des représentants de l’état-major lui proposent le Secrétariat général de la « Phalange traditionaliste ». Devant son refus, ils finissent par le placer devant l’alternative : le Secrétariat ou la prison. Le 25 avril 1937, la menace est mise à exécution. Accusé de rébellion, Manuel Hedilla comparaît, les 5 et 7 juin, devant deux conseils de guerre, en même temps qu’une vingtaine de phalangistes. Cinq accusés – dont Hedilla – seront condamnés à mort, les autres à des peines allant de deux ans de prison correctionnelle jusqu’à la réclusion à perpétuité[15].

Dans l’ensemble, l’Unification est accueillie avec joie dans le camp nationaliste. Parmi les phalangistes qui l’admettent, bon gré mal gré, certains, comme le Dr Perales Herrero, s’en expliquent : « Beaucoup, parmi nous, pensaient que nous n’avions pas le droit de mettre en péril le sort de la guerre, ni la vie et la liberté de nos camarades […] Nous démontrâmes par là notre patriotisme et notre ingénuité […] ».

Cette compromission phalangiste avec le régime de Franco, qu’incarnent Pilar Primo de Rivera, José Antonio Giron et Raimundo Fernandez Cuesta, ce dernier la défend, lorsqu’il juge l’action des phalangistes dissidents : « Selon moi, cette attitude, respectable et si l’on veut esthétique, est politiquement inefficace, stérile, parce qu’elle ne sert qu’à abandonner des positions que d’autres se chargent vite d’occuper. En politique, il faut être présent ou se résigner à l’oubli. »

Après la condamnation de Manuel Hedilla, des foyers phalangistes plus ou moins en désaccord avec la Phalange officielle de Franco, ne cessent jamais d’exister. Tous les deux à trois ans, de petites révoltes éclatent, mais avortent toujours de la même façon. Dans l’Espagne de l’après-guerre civile, il ne saurait en être autrement. Le Caudillo et son régime ont, par la force d’attraction des causes triomphantes, un crédit d’opinion comme il en a très rarement existé. La nouvelle Phalange traditionaliste comptera jusqu’à 2 millions d’affiliés, dont 600 000 femmes.

À la fin de 1937, des éléments non identifiés se réclament de la FEA (Falange Espanola Autentica) clandestine. L’éphémère FEA ne réunit qu’une poignée d’hommes. Plus sérieusement, en 1940, un Comité clandestin phalangiste fonctionne à Madrid. Il compte sur l’appui du Général Yagüe, ardent phalangiste, pour écarter Franco du pouvoir et instaurer un régime national-syndicaliste. Découvert en mars 1941, le réseau est immédiatement dissous. Les conspirateurs se regroupent alors au sein de l’ORNS (Ofensiva de Recordo Nacional-Sindicalista) sous la direction d’Eduardo Ezquer. Ce dernier sera emprisonné six fois et comparaîtra cinq fois devant les tribunaux, sans que cela n’entame jamais sa résolution.

Il faut ensuite attendre les années cinquante pour assister à de nouvelles tentatives d’organisation de la Phalange proscrite. Naissent alors successivement l’Associacion 18 de Julio, les Juntas de Accion Hispanica, les Juntas de Accion Nacional-Sindicalistas et les Juntas de Ofensiva Nacional-Sindicalistas. Une agitation quasi permanente est également entretenue dans plusieurs centuries de la Guardia de Franco. Enfin, des foyers d’idéalisme phalangiste renaissent dans les Falanges Universitarias. Ces dernières seront à l’origine des Cercles Marzo dont les autorités ne tarderont pas à suspendre les publications et à fermer les locaux.

En 1959, après l’avènement au pouvoir des technocrates de l’Opus Dei, 1 500 phalangistes de Madrid créent les Cercles José Antonio. De 10 à 12 cercles au départ, on en compte bientôt 82 réunissant plus de 50 000 membres. Luttant contre la « falsification du national-syndicalisme par l’appareil officiel », les Cercles José Antonio sont tolérés par le gouvernement, mais leur revue Es Asi, extrêmement critique, est rapidement interdite.

En novembre 1961, afin de redonner vie au courant phalangiste ouvrier, le cercle Manuel Mateo est constitué. Il organise des conférences et participe activement à la création des premières Commissions ouvrières. Ses activités, jugées subversives, lui valent d’être définitivement fermé en 1966.

Enfin, en 1975, la mort de Franco sonnera le glas du Mouvement national. Une minorité de « phalangistes officiels », fidèle à l’idéal national-syndicaliste, rejoindra dans la dissidence ses adversaires d’hier[16]. Quant à l’immense majorité des cadres militants, elle se ralliera très vite au nouveau régime et soutiendra sans condition l’action de démantèlement du franquisme de l’ex-secrétaire général du Movimiento, devenu premier ministre par décision du Roi : Adolfo Suarez.

À l’heure du bilan, on retiendra que le destin de la Phalange fut d’être confronté – lors de circonstances exceptionnelles – au problème de la ligne de partage entre son projet révolutionnaire et son projet possibiliste. À partir de 1937, la FET ou Mouvement national, alliance des droites en vue de maintenir un ordre conservateur, utilise le langage, les symboles, la rhétorique phalangiste, mais n’a plus rien à voir avec le mouvement jeune et dynamique de José Antonio. Certains phalangistes de la première heure parviennent – à titre individuel – au pouvoir, mais alors ils le partagent, dans des proportions variant selon les moments, avec les représentants d’autres tendances ayant participé au soulèvement national. À l’échelon gouvernemental, sur 114 ministres du Caudillo, 7 seront phalangistes[17]. Leur action consistera à maintenir, avec plus ou moins de succès, une demande à caractère social et à freiner les appétits de l’oligarchie capitaliste. La quasi-totalité de l’œuvre sociale du régime de Franco sera d’ailleurs le produit de leur action politique[18].

Mais les phalangistes seront toujours le même secteur du gouvernement : le secteur « social » ; celui qui tient compte des demandes, et jamais celui qui recueille ou administre l’argent, celui qui définit les lignes de la politique économique et budgétaire. À part le Secrétariat général du « Movimiento » et des Syndicats, les phalangistes s’occuperont seulement, avec une certaine exclusivité, des portefeuilles du Travail, du Logement et en partie de l’Agriculture, qui sont des ministères pauvres dans l’échelle de la stratification bureaucratique.

En 1975, à la veille de la mort du Caudillo, l’Espagne n’est en rien comparable à celle de 1936. L’Espagne franquiste a réalisé avec succès, pendant près de 40 ans, une série de réformes de structures qui ont arraché le pays au sous-développement économique et l’ont hissé au neuvième rang des nations industrialisées. Cela, seul l’aveuglement passionnel conduit à le nier ! Mais un simple regard sur la réalité socio-politique permet de constater qu’il n’y a pas eu de révolution nationale-syndicaliste. Celle-ci supposait non le perfectionnement d’un ordre existant, le libéralisme capitaliste, mais son remplacement par un autre ordre fondé sur des principes distincts. Comment nier que les idées essentielles du national-syndicalisme soient restées inédites : la désarticulation du système capitaliste par l’assignation de la plus-value du travail au syndicat, la nationalisation du crédit et la création de formes communautaires de propriété tant syndicales que communales ; la profonde réforme agraire afin d’abolir latifundia et minifundia ; l’essai de synthèse de la dichotomie politique… ?

Enfin et surtout, dans la dialectique nationale-syndicaliste, la société du bien-être matériel, désirable et recherchée, ne peut être une fin en-soi, mais seulement un moyen pour parvenir à la société du bien-être moral, seul but véritable. « Nous voulons implanter une justice sociale profonde – répétait José Antonio – pour que sur cette base les peuples retournent à la suprématie du spirituel. » On ne saurait mieux mesurer l’écart qui sépare l’Espagne rêvée par le jeune leader de la Phalange de celle d’aujourd’hui.

Bibliographie

Sources primaires

Monographies

  • Arnaud Imatz, José Antonio et la Phalange espagnole, Éditions Albatros, Paris, 1981
  • Arnaud Imatz (sous la dir.), La guerre d'Espagne revisitée, Préface de Pierre Chaunu, Economica, Paris, 1993
  • Olivier Grimaldi (sous la dir.), Présence de José Antonio, Synthèse éditions, Paris, 2013
  • * « Ramiro Ledesma Ramos - Le national-syndicalisme », Cahiers d'Histoire du Nationalisme, no 13, Paris, Synthèse nationale, décembre 2017, 174 p.

Articles

  • Daniel Leskens, « José Antonio un être d’exception, un idéal mutilé », in: Réfléchir et agir, HS 2, 2015, p. 49-58.
  • Jean de Calatrava, « Mythe et réalités de la Phalange ? », Totalité, no 13, 1982.
  • Antonio Medrano, « Le fondateur de la Phalange », Totalité, no 13, 1982.
  • Hélène Grimaldi, « Franco, José Antonio et la droite espagnole », in Réfléchir et agir, HS no 3, 2018, pp. 45-54.

Citée dans

Notes et références

  1. Le texte complet des 9 points est reproduit dans La Réponse de l’Espagne – Textes choisis de José Antonio Primo de Rivera (Editions du Movimiento, 1964, pp.57-70). Ces principes politiques seront rapidement complétés pour devenir les fameux « 27 points » programmatiques.
  2. Vicente Perez n’est pas le premier phalangiste assassiné. Dès novembre 1933, l’extrême gauche se lance dans une série d’attentats, tuant le militant jonsiste José Ruiz de la Hermosa. En décembre, c’est le boulanger Juan Jara qui est tué. Tombent encore sous les balles Paula Sampol et Tomas Polo. Soulignons le fait que José Antonio fut, pour des raisons religieuses, longtemps hostile à toute mesure de représailles contre les agresseurs marxistes.
  3. Arnaud Imatz est le meilleur connaisseur de la Phalange espagnole. Son ouvrage José Antonio, la Phalange espagnole et le national-syndicalisme, Godefroy de Bouillon, 2000, 600 p., est le travail le plus complet consacré à la Phalange.
  4. Ledesma Ramos tentera de relancer les JONS. Il rectifiera ensuite son jugement sur José Antonio mais, arrêté quelques jours avant le soulèvement franquiste, il sera abattu sans jugement par des miliciens communistes le 29 octobre 1936. Son corps sera ensuite jeté dans une fosse commune. Ses livres et articles seront mis à l’index par l’Église catholique dès 1939.
  5. Le dirigeant phalangiste est emprisonné parce que la police a trouvé des armes à son domicile. En 2013, l’historien Francisco Torres, auteur d’un ouvrage intitulé El último José Antonio (non traduit en français) affirmera que ces armes avaient été introduites dans la demeure par la police elle-même.
  6. Ernesto Milá, « La Phalange espagnole, 1937-1982, les années obscures », in : Revue d'histoire du nationalisme révolutionnaire, no 1, décembre 1988, p. 42-47.
  7. Ernesto Milá, « La Phalange espagnole, 1937-1982, les années obscures », in : Revue d'histoire du nationalisme révolutionnaire, no 2, mars 1990, p. 78-83.
  8. ibidem
  9. ibidem
  10. Enrique Ravello, « L’Espagne, 30 ans de changements sans cap… », in: Réfléchir et agir, no 23, été 2006, p. 20-23.
  11. Pour une étude approfondie et documentée on se reportera à l’ouvrage d’Arnaud Imatz, José Antonio et la Phalange Espagnole, Paris, 1981, éd. Albatros.
  12. Notons au passage les rapports de José Antonio avec le célèbre leader anarcho-syndicaliste Angel Pestana, et ses contacts avec l’un des principaux représentants de la fraction non marxiste du Parti socialiste, Juan Negrin.
  13. À l’usage des victimes de la désinformation qui douteraient de cette interprétation « trop simpliste », nous rappellerons quelques témoignages édifiants : M. Sanchez Albornoz (chef du gouvernement en exil à Paris de 1962 à 1971) : « Si nous avions gagné la guerre, le communisme se serait installé en Espagne. On s’étonnera de lire que je ne désirais pas gagner la guerre civile, mais Azana ne le souhaitait certainement pas non plus, car nous aurions dû quitter l’Espagne ». (Arriba, 4 avril 1975). W. Churchill : « Franco a entièrement raison, parce qu’il aime sa Patrie. En outre, Franco défend l’Europe du péril communiste » (La Nacion, Buenos Aires, 14 août 1938). Dr Gregorio Maranon (co-fondateur de l’Association des intellectuels au service de la République)… « “Je défends les rouges parce que je suis communiste” ou “je sympathise avec les nationaux parce que je suis ennemi du communisme”. Voilà le nœud du problème » (Libéralisme et Communisme, Paris, 1961, NEL, p. 16). Nous ne pouvons – faute d’espace – reproduire les témoignages dans le même sens des plus prestigieux intellectuels espagnols de l’époque : Ortega y Gasset, Perez de Ayala, Unamuno, Pio Baroja, Manuel de Falla, José Maria Sert, Azorin, Andrés Segovia, Gutierrez Solano, Garcia Morente, Menendez Pidal, Ignacio Zuloaga, Manuel Machado, Jacinto Benavente, Peman, Dali, etc. N’en déplaise aux « écrivains d’histoire » qui prétendent que tous les intellectuels soutenaient le Front populaire, à l’heure de citer des noms, seuls Antonio Machado, Alberti, Pablo Casais, Duperier et Picasso reviennent inévitablement sous leurs plumes !
  14. En 1939, l’armée nationale comptera 550 000 hommes dont 100 000 dans les « milices nationales » (phalangistes : 75 000, carlistes-requetés : 25 000).
  15. Gracié 40 jours plus tard, Hedilla est emprisonné jusqu’en juillet 1941. Il sera ensuite confiné à Palma de Majorque. Libéré en avril 1946, ses antécédents pénaux seront radiés le 14 mai 1953.
  16. Rappelons au passage qu’il convient aujourd’hui de distinguer nettement : FE de las Jons de R. Fernandez Cuesta et D. Marquez Horrillo (qui revendique l’orthodoxie nationale-syndicaliste) de Fuerza Nueva de Blas Piñar qui incarne, non sans succès, l’esprit de la Phalange traditionaliste née du décret d’Unification.
  17. Raimundo Fernandez Cuesta, Juan Yagüe, Rafaël Sanchez Mazas, Miguel Primo de Rivera, José Antonio Giron, José Luis de Arrese et Fermin Sanz Orrio.
  18. Citons plus particulièrement : la création de Centres de formation professionnelle, la politique des salaires, la sécurité sociale, l’hygiène du travail, la participation aux bénéfices de l’entreprise, la stabilité de l’emploi, les logements, l’Université du travail, les comités d’entreprises, la juridiction du travail, les congés payés, les coopératives, le crédit populaire.