Cercles José Antonio

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Les Cercles José Antonio étaient un ensemble de groupes de réflexion espagnols. Ils désiraient renouer avec l'héritage de José Antonio Primo de Rivera. Ils évoluent assez rapidement vers l'idée que la Phalange des origines a été trahie par le général Franco lors de la fusion de 1937 qui a donné naissance à la Phalange Espagnole Traditionaliste et des Juntes d’Offensive Nationales-Syndicalistes. Par conséquent, les cercles évoluent vers des positions de plus en plus hostile au franquisme.

Histoire

L'origine

Les Cercles José Antonio (CJA) naissent en 1959. Des phalangistes, proches du pouvoir franquiste, mais très rigoureux quant aux critères doctrinaux, pensent alors qu'il serait bon de créer quelques cercles qui maintiendraient en vie, l'essence de la pensée de José An­tonio. Ils sont poussés à cela par la montée vertigineuse de l'Opus Dei, et par le sentiment quo le mouvement national commence à être impopulaire dans certaines couches de la population.

Ils estiment, non sans raison, que les masses populaires finiront par identifier la Phalange avec le Movimiento, et qu'en conséquence il faut organiser une force en dehors de celui­-ci. Ils veulent marquer des distances et établir des différences. Cependant ils ne se sen­tent rien de commun avec les petits groupes phalangistes et hédillistes qui agissent alors à Madrid et qui sont viscéralement opposés au franquisme. Les fondateurs des CJA veu­lent organiser quelque chose de plus sérieux et de plus ambitieux.

Se réunissent donc Miguel et Pilar Primo de Rivera, frère et sœur de José Antonio, un de ses neveux Miguel Primo de Rivera y Urquijo, de vieux phalangistes: Julian Pemartin, Jesus Fereyo, Patricio Gonzalez de Canales, Castro Villacanas, Francisco Eguiagarey; des femmes combattives: Lula de Lara, Carmen lsasi, Maruja Cuervo, Vicki Eiroa; quelques jeunes issus du Front de la jeunesse et du quasi défunt Syndicat étudiant universitaire ... Parmi ces derniers se trouve un étudiant qui termine son droit à Madrid: Diego Marquez Horrillo. Il est né à Penaroya en 1930, a porté la chemise bleue dès l'âge de six ans. Chef de la XXème centurie de la Garde de Franco composée d'étudiants, il a prouvé son efficacité et a eu des responsabilités à Première ligne. En 1957 il est devenu secrétaire général du SEU et chef national des Phalanges universitaires en 1958.

Si Marquez était resté dans les structures de l'Etat franquiste et avait persévéré en leur sein, il aurait eu sans doute une carrière similaire à celle de certains de ses camarades de promotion: responsabilité dans l'appareil d'Etat, voir un poste ministériel, puis recyclage à l'Union du centre démocratique. Mais Marquez était honnête et cohérent. La vie des CJA reflète son existence et ses vicissitudes personnelles. Nés du secteur phalangiste du Mo­vimiento, puis s'en étant éloignés, ils tentèrent toujours de sauvegarder le cordon ombi­lical qui existait avec celui-ci. Ce qui leur procura des moyens financiers et leur permit de tenir des meetings alors que ce genre de réunion était interdit, mais cela eut aussi comme conséquence de modérer leur ton vis à vis du régime et de les faire accuser par les hé­dillistes d'être manipulés par le secrétariat général du Movimiento.

Les fondateurs des CJA étaient des phalangistes, pas des movimientistes, mais cependant ils étaient incapables de concevoir une stratégie autonome au sein de l'Etat franquiste contrebalançant la pratique de l'Opus Dei. Ce ne fut pas celui-ci qui gagna la partie sur ceux-là, mais ce furent les phalangistes qui en se retirant de l'Etat créèrent un vide qu'occupa immédiatement l'Opus Dei.

Les CJA dans l'aridité du franquisme

Les fondateurs des CJA refusèrent de se faire enregistrer comme une association du Mo­vimiento afin d'être totalement indépendants de celui-ci. Ils obtinrent donc, non sans mal, leur enregistrement comme une association indépendante en 1960.

Presque simultanément des cercles se créèrent à Barcelone, Madrid, Séville et Jerez de la Frontera. L'année suivante apparurent ceux de Gijon, Valence, lbi, Jaen et Haro. A Madrid, Julian Penmartin démissionna de son poste peu avant de décéder et laissa la présidence à Luis Gonzalez Vicen. Celui-ci donna une grande expansion tant au cercle madrilène qu'à ceux de province. A cette période les hiérarques du Movimiento purent croire réellement que les CJA étaient l'embryon d'un mouvement d'opposition. Cela surtout lorsque Gon­zalez Vicen ouvrit, en 1962, un cycle de conférences « Les Tribunes libres », dans les­ quelles diverses personnalités phalangistes purent exposer leur point de vue critique vis à vis du régime avec une dureté et une clarté telle que seule l'opposition démocratique l'avait jusqu'alors faite.

Dans ces « Les Tribunes libres » prirent par exemple la parole Jesus Fuego Alvarez, Adolfo Munoz Alonso (auteur de Un Penseur pour un peuple), Patricio Gonzalez de Ca­nales (qui créa avec Manuel Hedilla le Front national d'alliance libre), Ceferino Maeztu (des Com­missions ouvrières; il passera au FSR par la suite et sera le fondateur de la Confédération syndicale Indépendante, et l'animateur de la revue Sindicalismo), et Manuel Cantarero del Castillo (dans les années 1970 il sera social-démocrate avec la Réforme sociale espagnole, puis deviendra un fan de Fraga lrribarne). Mais celui qui eut le plus grand impact fut l'éco­nomiste Juan Velarde Fuentes qui dénonça le capitalisme, les grandes banques et les la­tifundiaires, et démontra les liens qui unissaient ceux-ci au régime.

Le cycle des« Tribunes libres», et la parution de l'organe des CJA Es Asi furent finalement interrompus par une interdiction policière. Ils avaient cependant fait sortir de leur lé­thargie de nombreux courants phalangistes internes ou externes au Movimiento, et leur avaient donné une préoccupation: se rénover et aller de l'avant ou disparaître.

Les cercles face à la répression

Quand les mineurs des Asturies furent soumis à une très dure répression (tortures, assassinats, etc.) policière et patronale, les CJA adressèrent une lettre ouverte au secréta­riat général du Movimiento dans laquelle ils critiquèrent exclusivement la gestion éco­nomique du gouvernement. Ils écrivirent par exemple qu'il existait une équivoque dans la politique des importations, que l'inflation se réalisait sur « le dos des travailleurs », etc. Dans tout cela on pouvait relever deux orientations erronées : d'une part un écono­misme excessif qui réduisait de beaucoup le champs d'application des thèmes phalan­gistes, d'autre part la base n'était pas prête pour ces réflexions économiques - bien qu'arides et techniques - et on tomba immédiatement dans la démagogie sociale et l'ouvriérisme, thèmes alors réservés aux Commissions ouvrières, dont l'utilisation bloqua la perception du discours proprement phalangiste dans les masses populaires.

La seule réponse du secrétariat général du Movimiento fut la répression. Es Asi fut défi­nitivement interdit ainsi que les réunions publiques. Gonzalez Vicen démissionna et avec lui la majorité des « historiques ». Les activités jusque là débordantes se réduisirent d'un coup à très peu de choses.

Deux ans après la paralysie forcée due à la démission de Gonzalez Vicen, et au retrait des << historiques » les quelques membres survivants élurent comme président des cercles Diego Marquez. Celui-ci tenta de réorganiser ce qui restait des CJA malgré les difficultés financières. Mais suite à une réunion des chefs tenue à Cadix, durant laquelle fut critiquée la gestion du gouvernement, les CJA furent interdits pour trois mois. Il s'en suivit un nou­vel arrêt des activités.

La longue marche jusqu'à la FE de las JONS

En 1969 le régime franquiste entama une timide politique d'ouverture avec la promul­gation du « statut des associations politiques du Mouvement». Il s'agissait d'abandon­ner la notion de Movimiento-organisation, pour promouvoir un nouveau concept, celui de Movimiento-communion, au sein duquel pourraient agir différents groupes représentants des opinions différentes.

Un certain nombre de groupes se manifestèrent alors dans ce sens: Fuerza Nueva, d'an­ciens membres de la Garde de Franco, d'anciens membres du Front de la jeunesse de tendance libérale et sociale-démocrate. Les CJA profitèrent de cette ouverture pour annoncer à la presse qu'ils entendaient recréer la Phalange espagnole des JONS. La réaction du secrétariat général du Movimiento fut bien sûr négative. Comme, de plus, des Groupes d'action carlistes commettaient alors des attentats, celui-ci craignit que la création d'une nouvelle Phalange fut considérée comme un signe de sa fragmentation.

Mais avant de savoir si les CJA seraient autorisés à (re)fonder la FE de las JONS, il fallait réaliser l'unité phalangiste. En effet, en dehors des CJA, existaient une bonne douzaine de groupes et groupuscules locaux - ou provinciaux dans les meilleurs des cas-, qui n'alignaient que peu d'adhérents et ne disposaient pas d'une grande influence politique. Parmi ceux-ci on comptait le FES, le FNAL, le FENS, le FRENS, etc. sans parler des secteurs phalangistes du Movimiento, de la Hermandades de Ex-Combatientes (spécialement ceux de la Division Azul et des bandera de la Phalange), des membres de la Garde de Franco, d'anciens membres du Front de la jeunesse ou de l'Organisation des jeunesses es­pagnoles. Marquez pensait ingénument que tout ce magma inorganisé pourrait avoir un objectif commun: l'unité de la FE de las JONS. En cela il se trompait.

Diego Marquez lança la première opération unitaire en croyant que, son groupe étant le plus important et le plus cohérent, il réussirait logiquement à faire l'unité à son profit. Mais tous les« chefs» participants au processus pensaient la même chose, l'unité était donc compromise.

En janvier 1970 furent créées à Castelldefels les Juntes pour la recréation de la FE de las JONS, à l'occasion d'une réunion organisée par le CJA de Barcelone avec la participation d'autres organisations. Et durant la même année dans chaque province où un CJA exis­tait apparu une junte régionale. Une vingtaine furent fondées en un an.

L'histoire de ces juntes est marquée par la répression (interdictions, procès, fermetures de locaux). En 1970, elles commémorèrent à Alicante la mort de José Antonio. La police encercla la ville, et obligea 30.000 phalangistes à rebrousser chemin. 3.000 manifestants parvinrent toutefois à s'introduire dans la cité, des heurts eurent lieu avec la police, et de nombreux militants du FES et des CJA furent emprisonnés.

L'année suivante, dans le calme cette fois, 2.500 personnes se rassemblèrent pour la même raison à la Vallée de los Caidos, et dans le froid écoutèrent un discours de Carlos Ruiz Soto qui insista sur les différences entre vrais et faux phalangistes (Soto passera par la suite à la réaction: Parti conservateur et Alliance populaire).

En avril 1972, les juntes se donnèrent une structure organique stable: Diego Marquez pré­sident, Celeatino Chinchilla, de Barcelone, vice-président, Carlos Ruiz secrétaire national, Abelardo Azorin responsable de l'action ouvrière (il passa quelques années après à l'Alliance populaire), Rodrigo Royo responsable de la propagande. Cette même année la réunion de la Vallée de los Caïdos se nomma officiellement Concentration nationale de la FE. En 1973, l'autorisation fut donnée d'organiser une réunion pour le 20 novembre à Alicante. Là prit la parole Manuel Sospedra, chef national des sections jeunes des CJA. Celui-ci développa une vision exclusivement économiste et sociale de la Phalange: celle-ci était pour lui un mouvement social antifasciste et démocrate, plus ouvrier que le marxisme, plus syndical que la CNT, plus révolutionnaire que le trotskisme, ses modèles devaient être la Yougoslavie, l'Algérie, et la Tchécoslovaquie du printemps de Prague.

La IVème réunion nationale fut un désastre pour les CJA. Elle eut lieu à Tolède. Le secrétariat général du Movimiento avait accordé quelques subventions et imposé la présence à la tribune de Manuel Valdès Larranaga qui avait été un ami personnel de José-Antonio. Lorsque ce dernier dans son discours conta que José-Antonio avait souhaité la restaura1ion de la monarchie, il fut interrompu par des contradicteurs et des affrontements vio­lents commencèrent dans la salle entre phalangistes de gauche et de droite. Le résultat fut que le ministère de l'intérieur interdit toute activité aux cercles pour une durée de trois mois.

Quelques temps après cependant une réunion unitaire eut lieu à Madrid, qui aboutit à la création d'une Coordination nationale-syndicaliste qui devait convoquer un « Congrès de l'Unité »[1].

Notes et références

  1. Ernesto Milá, « La Phalange espagnole, 1937-1982, les années obscures », in : Revue d'histoire du nationalisme révolutionnaire, no 1, décembre 1988, p. 42-47.