Trotskisme
Le trotskisme est un courant du marxisme.
Ses partisans se réclament de la pensée de Léon Trotski (1879-1940) et de la IVe Internationale, association transnationale de groupes communistes fondée en 1938 par ce dernier, en opposition avec la IIIe Internationale, dominée par l'URSS dirigée alors par Joseph Staline.
Sommaire
Caractéristiques
La stratégie de l'« entrisme »
Contrairement à Lénine (Que faire ?), pour qui la « conscience révolutionnaire » doit être apportée aux « masses » par une « avant-garde du prolétariat » constituée par un groupe d'intellectuels (« révolutionnaires professionnels »), les trotskistes estiment que la « conscience révolutionnaire » doit « naître dans l'expérience des masses ». Ils affirment néanmoins la nécessité d'un parti communiste qui impose la direction politique[1].
Cette conception est à l'origine de la principale caractéristique des mouvements trotskistes : l'« entrisme ». A l'inverse d'autres courants marxistes, comme les maoïstes qui se placent volontiers en rupture avec les Partis communistes officiels ou établis, les trotskistes pensent qu'ils doivent mobiliser « la classe ouvrière telle qu'elle existe ». Cela signifie pour eux qu'il s'agit d'entrer dans les partis communistes « révisionnistes » et dans les partis « réformistes », c'est-à-dire socialistes ou sociaux-démocrates, pour y prendre de l'influence, en attendant le jour où « les masses déborderont d'elles-mêmes leurs directions félonnes ».
La conception de la révolution permanente
Un autre principe du trotskisme est celui de la « révolution permanente ». Ce principe s'oppose à la théorie marxiste-léniniste de la « dictature démocratique du prolétariat et de la paysannerie », qui serait une étape nécessaire de transition avant l'instauration du socialisme, ou « dictature du prolétariat ». Pour les trotskistes, la paysannerie serait « arriérée » et donc inconsistante politiquement. La lutte révolutionnaire devrait donc passer par une « révolution permanente », continue, jusqu'à la dictature du prolétariat.
Ce raisonnement a deux conséquences importantes :
- 1) Sur le plan national, les trotskistes excluent toute alliance avec des forces patriotiques, nationalistes, anti-impérialistes ou oppositionnelles non marxistes. Les appels à la « lutte de libération nationale » (ou à la défense de l'indépendance ou de la souveraineté nationale), que l'on rencontre dans d'autres mouvements de gauche, n'ont jamais cours chez les mouvements trotskistes, pour qui toute référence à la patrie ou à la nation constitue déjà une « trahison ». C'est ce qui explique l'absence presque totale de groupes trotskistes dans le tiers-monde. L'opposition entre une perspective nationale, privilégiant la construction du « socialisme dans un seul pays », et une perspective internationale, privilégiant la lutte de classe mondiale: là était historiquement le fond de la querelle, politique, entre Trotski et Staline, théorique, entre Trotski et Boukharine. Dans ce dernier cas, et dans le contexte de la Russie des années 20, l'un met l'accent sur la nécessité de poursuivre la lutte des classes à l'intérieur même du pays (contre les koulaks et les partisans de la NEP[2], l'autre sur la nécessité d'un consensus pour permettre la reconstruction économique sans laquelle le foyer de la future révolution mondiale ne peut pas même espérer survivre.
- 2) Sur le plan international, cette révolution doit être permanente jusqu'à ce que le monde entier soit devenu socialiste. Dès lors que l'impérialisme a effectivement réalisé le marché mondial, il ne peut plus aller de l'avant, notamment du point de vue du développement de ses forces productives. Il faut prendre à la lettre l'expression de «stade suprême du capitalisme ». Ne pouvant plus avancer, il « pourrit sur place », il dégénère, ce qui risque d'aboutir à une destruction radicale des forces productives. et à une régression de la civilisation. La révolution mondiale n'est donc pas une utopie, mais une nécessité historique : l'alternative du xx. siècle est : « socialisme ou barbarie »[3].
Influence actuelle
Il existe aujourd'hui plusieurs branches de la IVe Internationale. En raison du principe stratégique de l'« entrisme », l'influence réelle du courant trotskiste est sans commune mesure avec l'importance numérique assez faible des militants se réclamant ouvertement du trotskisme ou de ses structures.
France
Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), fondé en 2009, est un produit de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), organisation ouvertement trotskiste fondée en 1969.
Suisse
Le parti SolidaritéS a été constitué en 1992 par les anciens cadres d'un Parti socialiste ouvrier (PSO), qui avait été lui-même une création à but électoral de la Ligue marxiste révolutionnaire (LMR), fondée en 1969.
Bibliographie
- Gabriele Adinolfi, Orchestre rouge, Avatar, 2013, 166 p.
- Georges Labica et Gérard Bensussan (dir.), Dictionnaire critique du marxisme, Paris, Presses universitaires de France, 1982 ; 3e éd., « Quadrige » 1999; 2001, p. 1181-1184.
- Nicolas Tandler, Trotski, collection Qui suis-je ?, Pardès, 2009.