Roquefavour

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Roquefavour est le nom d’une revue créée et dirigée par Pierre-Émile Blairon en 1994. Sous-titrée jusqu’au n°5 Centre de spiritualité de tradition européenne, elle se qualifie à partir du n° 6 Revue de spiritualité de tradition européenne. Elle a accueilli tout au long de ses 18 numéros de grandes signatures de la mouvance identitaire. Son dernier numéro est paru en novembre 2003. Roquefavour a été remplacée en 2006 par une publication de forme plus ambitieuse et plus ciblée sur la Tradition primordiale, la revue Hyperborée[1], toujours à l’initiative et sous la direction de Pierre-Émile Blairon.

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Nom de la revue et circonstances de sa création

A l’origine, Pierre-Émile Blairon, le créateur de la revue, avait imaginé constituer un « Centre de spiritualité de tradition européenne », organisation dont les sessions se seraient tenues dans une grande maison dénommée la Domus[2], implantée dans le hameau de Roquefavour situé sur la commune de Ventabren près d’Aix-en-Provence ; hameau qui serait totalement inconnu s’il n’avait donné son nom à l’aqueduc de Roquefavour, le plus grand aqueduc en pierre du monde[3], qui fut construit au XIXe siècle sur son territoire.

Pierre-Emile Blairon avait rédigé un texte de présentation de son projet initial qui consistait à organiser au sein de la Domus des ateliers sur des thèmes ésotériques (par exemple, l’atelier Permanences devait se consacrer à l’architecture sacrée, les cathédrales et les mégalithes, la géographie sacrée...). La Domus est connue dans la mouvance identitaire parce qu’elle a servi à cette dernière, dans ses diverses composantes, de lieu de rencontre depuis le début des années 1970[4].

Rapidement, des réticences devant l’ampleur du projet et son orientation spirituelle se sont manifestées au sein du groupe des responsables d’alors de l’association Domus qui gère la maison éponyme[5].

Pierre-Emile Blairon, tirant les conclusions de cette réserve, a donc choisi de développer les différents thèmes, envisagés à l’origine dans ce cadre qui se voulait communautaire, par l’édition d’une revue qui garderait la même dénomination et les mêmes options spirituelles. Ce qui explique donc que cette revue a porté le nom d’un lieu-dit. Il s’en explique dans le n° 4 de Roquefavour : « Comme il en est de la plupart des projets, le bébé qui a grandi ne ressemble pas tout à fait à ce que nous voulions qu’il soit. Roquefavour devait être à l’origine une plate-forme de réflexion géographiquement locale et c’est la raison pour laquelle j’avais choisi cette dénomination, lieu tellurique, sorte de nemeton à ambition modeste qui permettrait à des ateliers de réflexion de tenter de répondre à des quêtes, à des besoins que nous sentions de plus en plus pressants, en matière de spiritualité et, plus précisément, de spiritualité européenne. » Lieu tellurique, cercle magique, nemeton : Pierre-Emile Blairon a développé ces qualificatifs concernant le lieu-dit Roquefavour dans son premier livre, paru en 2006, La Dame en signe blanc, sous-titré La prophétie du Grand Monarque (Editions Crusoe, puis Editions Hyperborée-Amazon[6].

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Le n°1 de la revue Roquefavour est paru en décembre 1994. Le dernier numéro, le n° 18, en novembre 2003. Elle aura donc vécu 9 ans.

« S’emparer du pouvoir spirituel » : raison fondamentale à l’origine de la création de la revue

Pierre-Emile Blairon a donné les motifs qui l’ont conduit à cette démarche et à la création de la revue Roquefavour dans son ouvrage Qu’est-ce que la Tradition primordiale paru en mai 2022 aux Editions du Lore. Il développe dans ce livret didactique de 60 pages la thèse selon laquelle le système mondialiste antitraditionnel a constamment gagné depuis la fin de la seconde guerre mondiale en occupant tous les postes de la politique, de la culture, de l’éducation, de l’économie, etc. en France, et en Europe plus généralement ; seul un domaine lui était inaccessible par le fait même que le Système n’a pas de fondation autre que des bases matérielles, donc superficielles : ce domaine est celui du pouvoir spirituel.

Pierre-Emile Blairon écrit : « Le seul pouvoir qui ne pouvait pas être à leur portée [i.e. des tenants de l’Ordre mondial] était, et reste toujours, le pouvoir spirituel car leur conformation mentale et même corporelle basée sur un fondement uniquement matérialiste ne leur en permet pas l’accès. C’était évidemment dans cette brèche que les partisans de l’enracinement devaient s’engouffrer pour s’emparer du pouvoir suprême dont tous les autres sont dépendants ; ce qu’ils n’ont jamais fait[7]; Il faut dire qu’il m’a fallu quand même 25 ans avant de comprendre l’existence de cette anomalie ; c’est alors que j’ai créé, afin de combler cette lacune, la revue Roquefavour en 1994 qui allait devenir la mère de la revue Hyperborée qui verra le jour en 2006, revue à laquelle allait collaborer Paul-Georges Sansonetti et d’autres amis Traditionalistes. »

Et il poursuit : « On se demande pourquoi cette option [i.e. : s’emparer du pouvoir spirituel] n’a pas été envisagée ; ces forces traditionnelles[8] se seraient-elles laissées manœuvrer culturellement par leurs ennemis ? Auraient-elles donc considéré les tentatives [i.e. notamment la création des revues Roquefavour et Hyperborée] qui ont été faites ensuite dans le but de donner un corpus spirituel à notre mouvance comme des billevesées ? Auraient-elles considéré les groupes ou les individualités qui en faisaient la promotion comme des olibrius ou de doux dingues parce qu’ils ne respectaient pas les codes conformistes, « sérieux », cartésiens, institués par les pouvoirs en place ? »

L’évolution de la revue et les contributeurs

P.-E. Blairon avec Robert Dun à l'arrivée du chemin de Nietzsche à Eze dans les années 80.

Le n° 1 comprenait 8 pages et le dernier 44. La revue a publié de grands noms de la mouvance identitaire : Robert Dun, Christophe Levalois, Guillaume Faye, Georges Feltin-Tracol, Rodolphe Badinand, Paul-Georges Sansonetti (sous le pseudonyme de Georges Delhelme).

L’éditorial était rédigé par le fondateur et rédacteur en chef, Pierre-Emile Blairon, le secrétaire de rédaction était Rodolphe Badinand, le directeur de la publication était le président en exercice de l’association Domus. Le financement était assuré par les abonnements.

Notes et références

  1. Stéphane François, Au-delà des vents du Nord : l’extrême-droite française, le pôle Nord et les Indo-Européens, page 216.
  2. Stéphane François, spécialiste des « droites radicales européennes » indique dans son ouvrage, Les paganismes de la Nouvelle Droite, page 8 : « Une commission "traditions" fut même créée pour aider les grécistes à célébrer différentes grandes fêtes païennes comme les solstices et les mariages. Les travaux de cette commission furent d’ailleurs publiés dans le recueil Les traditions d’Europe. Malgré les dénégations des principaux intéressés de vouloir réactiver le paganisme, celui-ci devint une référence majeure de la Nouvelle Droite à compter de la seconde moitié des années soixante-dix. Certains néo-droitiers pratiquèrent alors des cérémonies païennes au domaine de Roquefavour, la "Domus Europa", animé par Maurice Rollet. » La Domus fut acquise en 1973 par un groupe d’anciens militants de l’Algérie française, Pieds-Noirs et métropolitains, en lien avec les structures du GRECE (autrement dit la Nouvelle Droite) créé en 1969, dans la continuité des écrits d’Alain de Benoist (alias Fabrice Laroche) et de ses amis de la revue Europe-Action.
  3. L’Express n° 3301 du 8 octobre 2014, interview de P.-E. Blairon : L’aqueduc de tous les extrêmes. Pierre-Emile Blairon a écrit un article sur l’aqueduc de Roquefavour dans son livre Guide secret d’Aix-en-Provence et de ses environs, paru aux éditions Ouest-France en 2013, le traitant sous son aspect symbolique.
  4. Pierre-Emile Blairon a commencé à fréquenter la Domus peu de temps après son acquisition, en 1973, en compagnie de certains de ses amis, anciens militants comme lui du mouvement Ordre nouveau à Aix-en-Provence, mouvement qui venait d’être dissous. Cette maison sera son adresse de résidence entre 2000 et 2022. Il faisait partie du bureau de l’association Domus, qui gère la maison, comme responsable des publications, en poursuivant notamment l’édition du petit bulletin de liaison de l’association Domus, L’Âtre, créé par Maurice Rollet, qui avait été interrompue après la disparition de ce dernier en 2014.
  5. Dans la présentation de son projet, Pierre-Emile Blairon ne semblait pas ignorer ses écueils : « Mais un jour, le miracle se produit et ces gestes qu’on refait avec cette superbe constance (se réunir autour du Soleil de Pierre), ces mots qu’on redit ou qu’on chante, toujours les mêmes, ces « Oies sauvages » qui n’en finissent plus de partir vers le Nord, oui, un jour, ces gestes et ces paroles donnent naissance à des prodiges. Tout comme l’alchimiste qui recommence son opération, inlassablement, et qui, un jour, crée. De nos mains coule un fluide qui nous entraîne dans une autre dimension. Voilà notre avenir. Encore faut-il que nous soyons prêts, mentalement, et, peut-être, physiquement, à l’accueillir. C’est à cela que je vous propose de travailler. Il est temps désormais d’arrêter de tourner autour du pot, fût-il chaudron, de parler la langue de bois, fût-il frêne, de dire des mots qui sont du pur domaine de l’esthétique, ou de l’intellect. »
  6. Interview de P.-E. Blairon dans le quotidien La Provence du 14 mars 2021 : La Provence n’a pas de secret pour Pierre-Emile Blairon. Voir article en iconographie.
  7. Dans son dernier ouvrage Qu’est-ce que la Tradition primordiale, Pierre-Emile Blairon salue l’initiative du GRECE et notamment de certains de ses membres fondateurs (comme Pierre Vial qui créera ensuite le mouvement Terre et Peuple) d’avoir fait « découvrir les fêtes et les rites se rapportant aux mythes primordiaux » (page 18) mais il déplore que ce néo-paganisme, simple réaction antichrétienne à l’origine, ne soit pas allé au-delà de la connaissance profane et se soit limité à une vision prométhéenne, surhumaniste, qui ne lui a pas permis d’accéder à une transcendance spirituelle.
  8. Pierre-Emile Blairon regroupe sous cette appellation toutes les tendances identitaires qu’il appelle traditionalistes (avec un petit t), par opposition au système mondialiste antitraditionnel, les Traditonalistes (avec un T majuscule) étant les partisans de la Tradition primordiale.