Propositions d’Uppsala

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Les Propositions d’Uppsala sont le titre d'un texte anonyme et diffusé de manière clandestine à partir de 1959.

Un manifeste racialiste biologique

Le texte se présente comme un manifeste, destiné à des « nationalistes d'un genre nouveau », pour lesquels la vraie patrie ou nation à défendre devrait être la race blanche. Il témoigne de l’apparition en France d’un courant racialiste jusque-là inconnu[1].

La première partie du texte consiste en un bilan des connaissances de la notion de race, opérant une séparation nette entre le « racisme utopique » et le « racisme scientifique ».

« Marqueurs » typiques

La nouveauté du texte, au sein de la production intellectuelle de la Droite radicale française de cette période historique, est marquée par :

  • un scientisme revendiqué ;
  • un antichristianisme clairement affiché ;
  • une hostilité de principe à un « Orient » jamais bien défini;
  • une relecture critique du phénomène national-socialiste ;
  • une sympathie marquée pour la Russie ;
  • une affirmation de la supériorité de la race blanche dans une perspective évolutionniste[2].

Le « déchet biologique » : l'écume et la lie

Une notion fondamentale, qui marque encore plus l'originalité du texte, est l'insistance, non pas seulement sur les dangers du métissage, mais aussi sur les effets endogènes dysgéniques, touchant donc les autochtones blancs, des régimes ploutocratiques. Ainsi , le processus de décadence de la race blanche est expliqué par la notion de « déchet biologique ».

Ce « déchet » est formé de deux composantes :

  • une composante haute : l’écume, constituée par « l’ensemble des éléments les plus habiles qui, armés d’antimorale et de dialectique, s’agglomèrent aux robinets de profit de l’économie des nations blanches »[3]. L’écume biologique est le « bouillon de culture » des parasites légaux et illégaux (escrocs, usuriers, chevaliers d’industrie, « caïmans de conseils d’administration », « requins de finance », spéculateurs, trafiquants). Mais elle englobe aussi les « exploiteurs directs ou indirects de l’opinion, en majorité au service des précédents : politiciens véreux, avocats-illusionnistes, juristes-prestidigitateurs, histrions de la presse pourrie, pontifes, démagogues et charlatans »[4].
  • une composante basse : la lie. Celle-ci est constituée des éléments « les plus primitifs », de tous ceux qui, « en raison de leur incapacité à manier l’arme de la dialectique confusionniste, sont rejetés dans les formes inférieures du parasitisme ». La lie englobe donc la pègre, formée des « pensionnaires plus ou moins intermittents des prisons », et le rebut, formé des « pensionnaires plus ou moins intermittents des asiles psychiatriques » 6 . Mais elle regroupe plus encore les parasites de la plèbe, « qui n’attendent qu’une émeute, ou, mieux encore, une situation permanente de carnage révolutionnaire pour assouvir légalement ou semi-légalement leurs instincts parasitaires »[5].

Cette plèbe, selon le texte, loin de se confondre avec le vrai peuple, en est l’antithèse.

Les auteurs présumés d'un texte anonyme

Dans le préambule du texte, les auteurs se présentent comme « un groupe de spécialistes internationaux, travaillant au sein d’un collège dit "Groupe d’Uppsala", en Suède »[6]. Dans une note de la réédition du texte, on lit que les Propositions d’Uppsala sont le fruit d’hommes de science: anthropologues, éthologues, etc[7]. Or, aucune autre précision n'est donnée. De nombreuses hypothèses ont circulé sur l'identité du ou des auteurs de ce manifeste publié de manière anonyme. On a même parfois insinué qu'il aurait pu être l'œuvre de Dominique Venner, de Jean Mabire, ou d'Olier Mordrel[8]. Ce qui est certain, c'est qu'il s'agit bien d'un texte français, car comme l'avait noté Gaston-Armand Amaudruz, « le style brillant exclut en fait la possibilité d’une traduction »[9].

Selon les recherches entreprises par Philippe Baillet, trois rédacteurs semblent pouvoir être suggérés. L'un pourrait être Pierre Chassard, auteur d'ouvrage de philosophie d'inspiration nietzschéenne, défenseur d'un immanentisme radical, d'une forme d’athéisme bien plus que d'un néopaganisme, et ayant montré une hostilité déclarée à tout ce qui est « oriental ». Chassard a collaboré au GRECE au début des années 1970, en y publiant notamment un ouvrage consacré à Nietzsche, puis semble s'être mis à l'écart de toute activité publique.

Un autre auteur potentiel, toujours selon Baillet, serait le mystérieux Gilles Fournier, signataire de nombreux articles dans Europe-Action d'abord, puis dans Nouvelle École, mais uniquement jusqu’au numéro 15. L'identité de cet auteur est restée une inconnue. Présenté, en tant que membres du comité de rédaction dans les premiers numéros de Nouvelle École, comme un ancien élève de l’ENA, il aurait été un préfet de la République. Son pseudonyme disparaît définitivement par la suite. Quoi qu'il en soit, ses articles montrent une parenté certaine avec le texte des Propositions : « techniques d’ahurissement », « déchet biologique » subdivisé en une « écume » et une « lie », etc.

Un troisième pourrait être Jean-Claude Rivière (1930-2017). Universitaire et linguiste spécialiste des langues d'oc, lui aussi ancien collaborateur d’Europe Action, fondateur de l’unité régionale du GRECE à Nantes, il se réclame, dans ses articles, d'un « réalisme biologique » très proche des Propositions[10].

Il existe encore une autre hypothèse. Selon certaines sources, qui s'opposeraient ainsi aux conclusions de Philippe Baillet, les Propositions d’Uppsala seraient l'œuvre d'un groupe de quatre anciens combattants de la Division Charlemagne. Ceux-ci se seraient réunis pour élaborer de nouvelles perspectives à donner à la jeunesse française, tout en faisant le choix de se maintenir en retrait.

Influence

Le texte commence à se répandre au sein du mouvement Jeune Nation. A partir de 1960, il semble avoir été beaucoup lu dans la Fédération des étudiants nationalistes (FEN), ou c'est du moins ce qui transparait dans les colonnes de sa revue Cahiers universitaires. L'influence du manifeste se retrouve logiquement chez Europe-Action, puisque cette revue est en quelque sorte une fille de la FEN.

Plus tard, l’influence des Propositions d’Uppsala est encore perceptible, mais sous des formes édulcorées et « euphémisées », dans bien des textes du GRECE et d’auteurs comme Dominique Venner et Alain de Benoist.[11].

Éditions

  • Groupe d’Uppsala, Propositions d’Uppsala, Uppsala, mai 1959.
  • Groupe d’Uppsala, Propositions d’Uppsala, 2e édition (?), Études aryennes, Lausanne (?), 2011, 81 p.

Le préambule du texte de termine en mentionnant que « les travaux du "Groupe d’Uppsala" font l’objet de deux séries de publications traduites en français, anglais, allemand et néerlandais ». Ces traductions dans ces trois dernières langues, si elles ont existé, ne semblent pas avoir laissé de traces.

Le « Message » de Taguieff

Dans plusieurs de ses publications, Pierre-André Taguieff fait mention du texte mais le nomme le « "Message d'Uppsala" (1958-60) », ce qui laisse entendre qu'il le cite probablement sans l'avoir consulté[12]. Taguieff semble en fait avoir eu recours à une facilité méthodologique, en reprenant directement un article de presse citant lui-même un autre article faisant référence au texte des Propositions[13]. Toujours selon Taguieff, Louis-Claude Vincent, qu'il cite, ne serait pas un hydrologue mais « un journaliste » (sic)[14].

Bibliographie

  • Philippe Baillet, Racialisme, esthétisme, « Nouvelle Droite » - Éléments d'information et de réflexion, Le Tocsin blanc, Budapest, 2024, 135 p.

Notes et références

  1. Philippe Baillet, Op. cit., p. 31-32.
  2. Ibidem, p. 32-35.
  3. Groupe d’Uppsala, Propositions d’Uppsala, 2e édition, Op. cit., p. 23.
  4. Ibidem
  5. Ibidem
  6. Ibidem, p. 1.
  7. Ibidem, p. 52.
  8. Pour connaître en détail les différentes hypothèses, voir : Philippe Baillet, Op. cit., p. 40-51.
  9. Gaston-Armand Amaudruz, Nous autres racistes, Éditions Celtiques, Montréal-Lausanne, 1971, pp. 104-105
  10. Philippe Baillet, Op. cit., p. 40-51.
  11. Ibidem, p. 31-32.
  12. Pierre-André Taguieff, « Les métamorphoses du racisme », in: Hommes et Migrations, n°1114, Juillet-août-septembre 1988, L'immigration dans l'histoire nationale, pp. 114-129.
  13. Pierre-André Taguieff, « Le néo-racisme différentialiste. Sur l'ambiguïté d'une évidence commune et ses effets pervers », in: Langage et société, n°34, 1985, Quelles différences ? Identité, exclusion, racisation, pp. 69-98., citant : « "Le Message d'Upsala", présenté par Louis-Claude Vincent », Psyché-Sôma, n°XIII, nov. 60-janv. 1961, pp. 16-31, cité lui-même par le Valentinois, 16 juillet-27 août 1960.
  14. Pierre-André Taguieff, La Couleur et le sang - Doctrines racistes à la française, Mille et Une Nuits éd., 2002, 352 p.