Les chevaliers teutoniques

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Les chevaliers teutoniques de 1189 à la fin du Moyen Âge

Carte maximum pour le 800e anniversaire de l'Ordre teutonique.

Leur nom en latin est:Ordo fratrum domus Sanctae Mariae Theutonicorum Ierosolimitanorum et en allemand: Orden der Brüder vom Deutschen Haus Sankt Mariens in Jerusalem. De nos jours on parle dans les pays germanophones de Deutscher Orden et en France parfois d'Ordre Teutonique. C'est un ordre religieux militaire de l'Eglise latine. Il trouve ses origines dans une fondation caritative, plus précisément un hôpital de Jérusalem, Sainte-Marie-des-Allemands, créé en 1128, qui est censé s'occuper des pèlerins de langue allemande. L'hôpital de campagne, fondé en 1189/1190, durant le siège d'Acre, par plusieurs gentilshommes allemands et riches marchands en est la continuation. Puis, la communauté hospitalière devient définitivement un ordre de chevaliers en 1198. Il est fondé par des princes de l'Empire et des évêques de Terre Sainte. A partir de cette date ils combattent aux côtés des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem et l'OT devient le troisième grand ordre de chevaliers de l'époque de la croisade à partir de siège de Damiette de 1219 à 1221, pendant lequel leur rôle tant au niveau militaire qu'hospitalier devient important.

Combattant jusqu'à la fin des croisades en Orient, l'Ordre prend une part très importante à la Deutsche Ostsiedlung, ou colonisation allemande à l'est de l'Europe. Dans les pays baltes et en Prusse, l'Ordre crée son propre Etat, den Deutschordensstaat. Il s'étend à la fin du XIVe siècle sur une superficie de 200.000 kilomètres carrés. L'Ordre régit l'Etat et guide les masses.

Du fait de la défaite de Tannenberg, contre les Polonais, les Tartars, les Russes et les Lituaniens, la puissance de l'Ordre va diminuer.

Le Deutscher Orden continue à exister au cours des siècles et même de nos jours, mais cet article traite uniquement de la période 1190-1492, celle de l'épopée de ces chevaliers conquérants, colonisateurs et administrateurs, devenus de véritables princes bâtisseurs avec la fondation d'un Etat et de nombreuses cités. Il nous permet de les retrouver au Moyen Âge en de multiples lieux, pas seulement du Levant jusqu'au Baltikum, mais aussi en Hongrie et de la Sicile à la Bourgogne, et privilégie les pans oubliés de l'histoire des Chevaliers. Si cet article fait le récit des combats, il traite aussi de la place politique de l'Ordre dans la chrétienté médiévale. Il montre aussi ses liens profonds avec l'Eglise et l'Empire et le fait que son développement et son déclin ont des conséquences sur la chevalerie de langue allemande, mais aussi européenne (Flamands, Anglais, Français...).

Concernant l'Ordre au moyen-âge, François-René de Chateaubriand est l'un des rares auteurs qui comprend le rôle historique des chevaliers teutoniques :

... dans le Nord , l'ordre Teutonique, en subjugant les peuples errants sur les bords de la Baltique, a éteint le foyer de ces terribles éruptions qui ont tant de fois désolé l'Europe : il a donné le temps à la civilisation de faire des progrès, et de perfectionner ces nouvelles armes qui nous mettent pour jamais à l'abri des Alaric et des Attila.

Ceci ne paroîtra point une vaine conjecture, si l'on observe que les courses des Normands n'ont cessé que vers le dixième siècle, et que les chevaliers Teutoniques, à leur arrivée dans le Nord, trouvèrent une population formée d'innombrables Barbares, qui s'étoient déja débordés autour d'eux, les Turcs descendant de l'Orient, les Livoniens, les Prussiens, les Poméraniens, arrivant de l'Occident et du Septentrion, auroient renouvelé dans l'Europe, à peine reposée, les scènes des Huns et des Goths.

Les chevaliers Teutoniques rendirent même un double service à l'humanité; car en domptant des Sauvages, ils les contraignirent de s'attacher à la culture, et d'embrasser la vie sociale. Chrisbourg, Bartenstein, Wissembourg, Wesel, Brumberg, Thorn, la plupart des villes de la Prusse, de la Courlande et de la Sémigalie, furent fondées par cet ordre militaire religieux ; et tandis qu'il peut se vanter d'avoir assuré l'existence des peuples de la France et de l'Angleterre, il peut aussi se glorifier d'avoir civilisé le nord de la Germanie.

Les armes de l’ordre sont constituées d'une croix de sable, chargée d’une croix potencée au champ d’argent. Saint Louis leur permet d’y adjoindre quatre fleurs de lys d’or.

Histoire

Fondation de l'Ordre de chevalerie en Terre Sainte (1128-1198)

Gustave Doré (1832-1883), La mort de Frédéric Barberousse.

L’ordre Teutonique a pour racine l'hôpital Sainte-Marie-des-Teutoniques, à Jérusalem, fondé en 1128 pour soigner leurs compatriotes par un couple d'Allemands. Le mari en fait un ordre hospitalier et religieux voué au soulagement des Croisés malades ou blessés. Iperius, dans sa Chronique de St. Bertin, rapporte que la femme de ce charitable Allemand établit un autre hôpital séparé, à côté du premier, dans lequel elle sert avec le même soin les femmes de sa nation. Selon le même auteur, cet établissement doit avoir lieu peu de temps après la prise de Jérusalem. L'existence de cet hôpital est également confirmée par Jacques de Vitry, historien des croisades et de l'évêque d'Acre, dans le premier volume de son Historia Orientalis seu Hierosolymitana.

Les premiers membres portent le titre de chevaliers de l’ordre de la Maison de Sainte-Marie des Teutoniques (Ordo Domus Sanctæ Mariæ Teutonicorum). A partir de 1143, l'Ordre se développant, les Hospitaliers de Saint-Jean veulent l'annexer au leur. Deux Papes doivent prévenir ses jalousies et leur permettre de conserver leur autonomie et la particularité d'avoir un Prieur et des frères de la nation germanique. Pour l'heure les empereurs ne protègent pas officiellement l'Ordre. Il faut attendre 1221 pour trouver un diplôme de Frédéric précisant que cette protection date de ses prédécesseurs.

Après la prise de Jérusalem les Hospitaliers Teutoniques continuent d'administrer leur hôpital de Jérusalem, de même que ceux de St. Jean. Mais, comme l'écrit le baron Guillaume Eugène Joseph de Wal, dans son Histoire de l'Ordre teutonique, il est vraisemblable que Saladin n'y laisse que les personnes nécessaires pour le soulagement des malades, et non ceux qui font profession des armes.

Siège de Saint Jean d'Acre 1191.

Pendant le siège de Saint-Jean d'Acre, en 1190, quelques habitants de Brême et de Lubeck, qui prennent part à la croisade, touchés des souffrances de leurs compatriotes, établissent au milieu du camp une sorte d'ambulance couverte des voiles de leurs vaisseaux. Les Allemands sont, plus que d'autres, exposés, en Orient, aux maladies et aux privations de tout genre. En effet, les Templiers réservent leurs soins aux pèlerins de France, et les Hospitaliers à ceux d'Italie. L'hôpital va recevoir des dons importants, en particulier de Henri de Champagne(1166-1197), roi de Jérusalem, et des seigneurs de l'Empire.

Une profonde modification intervient à l'arrivée de plusieurs nobles, chevaliers et seigneurs après la disparition tragique de l’armée de Frédéric Barberousse, en juin 1190. L’Ordre opte pour une vocation davantage militaire. Henri (1165-1235), duc de Brabant, devient le protecteur des nouveaux Hospitaliers, et conçoit le projet d'en former un ordre de chevalerie. Le nom de Teutonique désigne à l'époque leur patrie et cet Ordre est uniquement concentré dans la nation germanique. Le roi de Jérusalem, Guy de Lusignan, accorde le privilège aux croisés allemands, en cas de prise de la ville, d'y construire un hôpital.

Le duc Frédéric de Souabe, extrait d’une miniature de la Welfenchronik (Kloster Weingarten, 1179-1191).

Le duc de Souabe assemble la plupart des seigneurs et des prélats tant de la Palestine que de l'Allemagne, qui se trouvent à l'armée, pour les consulter sur la formation du nouvel Ordre. Sont présents: Henri, roi de Jérusalem ; le Patriarche ; les Archevêques de Nazareth, de Tyr et de Césarée; les évêques de Bethléem et d'Acre ; les Grands Maîtres de l'Hôpital de St Jean et du Temple ; Radulphe, Seigneur de Tibériade, et Hugues son frère ; Renaud, seigneur de Sidon ; Cymar, seigneur de Césarée, et Jean d'Ybelin. Parmi les Allemands on compte: Conrad, archevêque de Mayence, qui laisse éclater son plus grand zèle, ainsi que Conrad, évêque de Wirtzbourg, Chancelier de l'Empire ; Wolgere, Evêque de Passau & Gandolph Evêque de Halberftadt; Henri, duc de Brabant, Henri de Saxe qui fut depuis comte palatin du Rhin ; Frédéric, duc d'Autriche ; Herman, comte palatin de Saxe ; le Landgrave de Thuringe ; Albert, margrave de Brandebourg ; Henri de Kalender, maréchal de l'Empire ; Conrad, marquis de Landsberg et Théodore, marquis de Misnie. L'auteur de la chronique qui nous relate cette cérémonie ajoute à la liste des seigneurs allemands Philippe, duc de Souabe, qui va être empereur ; Guillaume, comte d'Ostfrise, futur comte de Hollande, après la mort de Thieri VII, son frère ; et les comtes de Gueldre, de Clèves, de Juliers, de Nassau, de Henneberg et de Spangen, ou plutôt de Spanheim, sans oublier Adolphe, comte de Holstein.

Le duc Frédéric de Souabe (1167-1191) en fait lui aussi un ordre militaire. Toutefois, si le nouvel Empereur Henri VI obtient le 6 février 1191 la reconnaissance officielle de l'hôpital par le Pape Clément III, c’est en tant qu’ordre hospitalier.

L'Empereur députe le roi de Jérusalem et Frédéric, duc de Souabe, pour confirmer cet Ordre en son nom et pour armer les premiers chevaliers, et pour leur donner le pouvoir d'en armer eux-mêmes d'autres. Toutefois l'une des règles principales est que les adoubés soient des nobles d'ancienne race. Le Patriarche et le duc de Souabe, ayant assemblé les princes, quarante gentilshommes d'ancienne noblesse, paraissent dans cette assemblée et se mettent à genoux pour demander d'être reçus dans le nouvel Ordre. Leur demande ayant été accordée, le roi de Jérusalem arme le premier chevalier, Frédéric de Souabe le second, et les autres le sont successivement par d'autres princes. Au vœu de servir les malades, ils doivent joindre celui de défendre la terre sainte et la chrétienté contre les infidèles. Leur costume est composé d'une tunique noire et d'un manteau blanc, sur lequel se dessine une croix noire entourée d'une broderie d'argent. Heinrich Walpot de Bassenheim, moine bernardin qui avait prêché l'Évangile chez les Prussiens et qu'Innocent III a nommé évêque de Culm, est le premier grand maître de l'ordre des chevaliers teutoniques de la maison de Sainte-Marie de Jérusalem ; car tel est le titre que porte cette confrérie. Cependant elle ne réside jamais dans la ville sainte, mais à Saint-Jean d'Acre.

Le pape Célestin III accorde des terres et des privilèges aux chevaliers de l'Ordre teutonique en 1199.

En 1192, le Pape place l'ordre sous la seule autorité du Saint-Siège. Lors de la Croisade allemande en 1197/1198, les princes de l’Empire décident alors d'en faire un véritable ordre de chevalerie. Il obtient la reconnaissance officielle du pape Innocent III la même année. Une autre cérémonie a lieu en présence des Templiers et des Hospitaliers de saint-Jean. En l’an 1198, les teutoniques, réunis en conseil, valident la mesure qui stipule que l’aspect hospitalier de l’Ordre suivra, pour tout ce qui se rapporte aux pauvres et aux malades, la règle de Saint Jean, alors que son versant clérical adopte la règle du Temple.

A partir de la croisade de Henri VI, qui est un échec, la noblesse allemande pense que la conquête des régions païennes au-delà de l’Elbe, en Prusse et dans les pays baltes est une plus grande priorité. Ils pensent aussi que jusque-là, la possession du trône vacant d’Empereur a trop divisé les princes allemands en fonction des intérêts de certaines familles puissantes ou de querelles religieuses. Les intérêts allemands, dans le sens national, sont, avant la naissance de l’Ordre, inconnus dans l'Empire. Le Pape Innocent III pense avoir acquis un contre-poids face à l’hégémonie des Templiers et des Hospitaliers et un moyen de diviser le Saint Empire germanique.

A l'instar des deux premiers ordres militaires, c'est une institution semi-monastique, où des frères chevaliers mènent une vie commune qui se partage entre activités militaires et obligations de nature religieuse (chasteté, pauvreté, obéissance). Un maître et une règle, celle de saint Augustin, dirigent leurs gestes. Ils font vœu de lutter contre les ennemis de la foi chrétienne.Dès le Moyen Âge, ces frères sont appelés chevaliers allemands ou de l'Ordre allemand. La tradition en France va retenir l'appellation de chevaliers teutoniques. La plupart des chevaliers sont d'origine germanique, de familles nobles et sont des laïcs.

Les chevaliers teutoniques.

Les chevaliers teutoniques du temps de Heinrich Walpot (1198-1200)

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Les chevaliers teutoniques du temps de Otton von Kerpen (1200-1209)

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Les chevaliers teutoniques du temps de Heinrich von Tunna (1209-1209)

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A partir du siège de Damiette (1219-1221) l'Ordre teutonique devient vraiment le troisième ordre militaire (Cornelis Claesz van Wieringen, Frans Halsmuseum, Haarlem, PD-Old).

Les chevaliers teutoniques du temps de Hermann von Salza (1210-1239)

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Les chevaliers teutoniques du temps de Konrad von Thüringen (1239-1240)

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Les chevaliers teutoniques du temps de Gerhard von Malberg (1240-1244)

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Timbre russe rendant hommage au prince Alexandre Nevski. La bataille du lac Peïpous (1242) marque une limite à l'expansion germanique à l'est. (This work is not an object of copyright, See Russian Legislation 2006).

Les chevaliers teutoniques du temps de Heinrich von Hohenlohe (1244-1249)

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Les chevaliers teutoniques du temps de Gunther von Wüllersleben (1249-1252)

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Les chevaliers teutoniques du temps de Poppo von Osterna (1252-1256)

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Les chevaliers teutoniques du temps de Anno von Sangershausen (1256-1273)

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Les chevaliers teutoniques du temps de Hartmann von Heldrungen (1273-1282)

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Les chevaliers teutoniques du temps de Burchard von Schwanden (1282-1290)

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Après de siège d'Acre (1291) le quartier général de l'Ordre est à Venise.

Les chevaliers teutoniques du temps de Konrad von Feuchtwangen (1290-1296)

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Les chevaliers teutoniques du temps de Gottfried von Hohenlohe (1296-1303)

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Les chevaliers teutoniques du temps de Siegfried von Feuchtwangen (1303-1311)

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Les chevaliers teutoniques du temps de Karl von Trier (1311-1324)

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Extension maximum du territoire de l'Deutschordensstaat (Etat des chevaliers teutoniques) en 1410.

L'Ordre en images

Bibliographie

  • Histoire de l'Ordre teutonique, Volume 1, Wilhelm Eugen Joseph Wal (Baron von), Veuve Valade, 1784.
  • Sylvain Gouguenheim, Les Chevaliers teutoniques, Tallandier, Paris, 200
  • Henry Bogdan, Les Chevaliers teutoniques, Perrin, 1995
  • Alain Demurger, Chevaliers du Christ : Les ordres religieux-militaires au Moyen Âge, XIe-XVIe siècle, Seuil, 2002.
  • Kristjan Toomaspoeg, Les Chevaliers teutoniques, Flammarion, 2001.
  • Danielle Buschinger, Les Chevaliers teutoniques, Ellipses Marketing 04/06/2007.