Siegfried von Feuchtwangen
Siegfried von Feuchtwangen est né en Franconie et décédé à Marienburg, en mars de l'an 1311, et est inhumé dans l'église cathédrale de l'évêché de Kulmsee.
Siegfried von Feuchtwangen succède à Gottfried von Hohenlohe, comme quinzième Grand Maître de l'Ordre teutonique et le reste de 1303 à 1311. De son temps, le siège de l'Ordre est transféré de Venise à Marienburg et en 1309 la Pomérélie est conquise. pour affermir encore davantage la conquête, et concentrer les forces de l'Ordre, le Grand Maître Siegfried von Feuchtwangen s'installe en Prusse. A cette époque, à Paris, Philippe le Bel élimine les Templiers. Siegfried von Feuchtwangen fixe le règlement définitif de tout l'Ordre en Prusse.
Sommaire
Biographie
Feuchtwangen fait partie d'une famille de ministériaux au service des comtes de Oettinge. Il est parent avec Konrad von Feuchtwangen. Il n'existe pas de généalogie de cette famille. Beaucoup de ministériaux ne sont pas dans un état proche du servage, sans être non plus de grands seigneurs.
Le choix de Marienburg
Elu du vivant de Gottfried von Hohenlohe par une partie des chevaliers, Siegfried regarde cette élection comme nulle. Une lettre de Siegfried de Feuchtwangen à Conrad Sack (datée du 20 juin 1304) révèle d'ailleurs les malversations de son prédécesseur : Le frère Gottfried de Hohenlohe, poursuivant avec ténacité ses troubles au sein de notre ordre.... Il ne prend les rênes du gouvernement qu'après avoir été élu de nouveau à l'unanimité.
Siegfried von Feuchtwange abolit la maîtrise provinciale de Prusse, et transfère, en grande pompe, le siège de l'Ordre et sa résidence de Venise à Marienburg, qui devient la capitale de la Prusse. Désormais, toutes les forces de l'Ordre s'appliqueront à l'est de l'Europe écrit Dominique Venner, dans Les corps d'élite du passé.
Marienburg est un château-fort fondé, en 1280, par le grand maître Hartmann von Hedrungen. Rien ne peut mieux donner une idée de la puissance et de la richesse des chevaliers teutoniques à cette époque que la vue de cette forteresse, qui va pendant cent cinquante ans être leur capitale. Ses épaisses murailles vont braver quelques siècles plus tard les efforts de l'artillerie; ses voûtes hardies, son énorme pilier central, ses vastes salles pleines d'ornements historiques excitent encore aujourd'hui l'admiration des voyageurs. L'aile sud du château supérieur doit être achevée dès le commencement du XIVe siècle, après l'entrée du Grand Maître Siegfried von Feuchtwangen (21 septembre 1309). L'église, par contre, ne reçoit sa décoration intérieure et son magnifique portail, la Porte Dorée, que de 1324 à 1330 par les soins du Grand Maître Werner von Orseln.
Conquête de la Poméranie
Mestwin, le dernier duc de la Poméranie de Dantzig, étant mort sans laisser d'enfants légitimes, les Polonais s'emparent de sa succession sous divers prétextes. Les margraves de Brandebourg, établis depuis longtemps par les empereurs pour seigneurs suzerains des ducs de Poméranie, revendiquent cette succession comme un fief dévolu, et vendent une grande partie de la Poméranie à l'Ordre teutonique, avec l'agrément de l'empereur Henri VII. Les voies de conciliation ayant été inutiles, les Teutoniques prennent les armes et font la conquête de la Poméranie qu'ils viennent d'acheter. Cette invasion est la source des longues guerres entre l'ordre et la Pologne. En 1309 la Pomérélie est conquise. L'empereur Henri VII confirme cette possession en 1311 et inféode la Pomérélie à l'Ordre.
Sous le magistère de Siegfried von Feuchtwangen, l'Ordre prend possession de la ville de Dantzig en 1308 et y fait bâtir une ville neuve. Elle devient, sous leur domination, un des principaux entrepôts du commerce de la mer Baltique.
Le sort des vaincus
En Prusse les conditions de vie pour les vaincus sont dures, même si, dans son Histoire de l'Ordre teutonique, le baron Wilhelm Eugen Joseph Wal trouve que les articles de loi sont bien sages :
Il étoit défendu de donner asyle aux Juifs, nécromanciens, sorciers, charlatans, vagabonds & fainéans qui dévoient être chassés des terres de Prusse.
Les maîtres qui avoient pour esclaves, ou domestiques, des Prussiens pris à la guerre, dévoient les envoyer tous les dimanches auprès de leur Curé pour les faire instruire, & les obliger d'assister aux offices de l'Eglise : ils dévoient aussi leur faire apprendre l'Allemand, défendant fous peine d'amende, de jamais parler l'ancienne langue du pays : c'étoit apparemment pour empêcher les complots, & le retour du peuple à l'idolâtrie.
Dans les villes & villages peuplés d'Allemands, il étoit défendu aux Prussiens, pris à la guerre, d'avoir des boutiques, de tenir cabaret, & de verser à boire dans les auberges; & personne de cette nation ne pouvoit exercer la profession d'accoucheur ou d'accoucheuse. Cette ordonnance paroîtroit fort dure, si toutes lei précautions qu'on prenoit contre les empoisonnemens ne prouvoient qu'ils étoient très-familiers aux anciens Prussiens.
Il est vrai que les païens prussiens en cas de victoire massacrent les colons allemands. Les chevaliers teutoniques, obéissant strictement à leurs supérieurs, consacrant leurs biens au soulagement des pauvres, et méprisant les avantages du monde au milieu de leurs richesses, jouissent de la considération générale, malgré les caricatures dont ils vont être l'objet des historiens polonais jusqu'à une période très récente.
Les Grands Maîtres
Le Grand-Maître meurt dans sa résidence de Marienburg, en mars de l'an 1311, et est inhumé dans l'église cathédrale de l'évêché de Kulmsee.
Karl von Trier succède à Siegfried von Feuchtwangen, comme seizième Grand Maître de l'Ordre teutonique et le reste de 1311 à 1324. Charles Beffart de Trêves, trouvé trop sévère, va être contraint d'abdiquer. Le successeur de ce dernier, Werner von Orselen, est assassiné par un chevalier qu'il a puni pour mauvaises mœurs. Parmi les hommes vertueux et de grand talent qui sont à la tête de l'ordre Teutonique, au moyen-âge, on remarque principalement Hermann von Salza, Siegfried de Feuchtwangen, Vinrich von Kniprode, qui va gouverner de 1351 à 1382, et sous le règne duquel l'ordre est plus puissant encore ; enfin, Henri von Plauen qui mérite aussi une mention historique très honorable.
Bibliographie
- Histoire de l'Ordre teutonique, Volume 1, Wilhelm Eugen Joseph Wal (Baron von), Veuve Valade, 1784.
- Henry Bogdan, Les Chevaliers teutoniques, Perrin, 1995.
- Kristjan Toomaspoeg, Les Chevaliers teutoniques, Flammarion, 2001.
- Alain Demurger, Chevaliers du Christ : Les ordres religieux-militaires au Moyen Âge, XIe-XVIe siècle, Seuil, 2002.
- Sylvain Gouguenheim, Les Chevaliers teutoniques, Tallandier, Paris, 2007.
- Danielle Buschinger, Les Chevaliers teutoniques, Ellipses Marketing 04/06/2007.