Pierre Aelberts

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Pierre Aelberts, né le 19 avril 1899 à Anvers (Antwerpen) et mort le 23 mars 1983 à Liège, est un éditeur et bibliophile belge.

Pierre Aelberts

Biographie

Ouvrages des éditions À la lampe d’Aladdin
Ouvrages de Charles Maurras Pierre Aelberts.png
Ouvrages de Robert Brasillach Pierre Aelberts.png

Pierre Aelberts fonde, en 1926 à Liège, les éditions À la lampe d'Aladdin, devenues en 1938 éditions Dynamo, en 1962 éditions Pierre Aelberts, puis Éditions nationales jusqu'en 1982. Il a publié 411 livres à tirages restreints.

Texte à l'appui

Une belle demeure bourgeoise dans la campagne aux abords de Liège, un feu de cheminée, des livres, de beaux meubles coloniaux et de rares objets chinois constituent le décor de cet entretien avec le dernier témoin vivant ayant connu Pierre AELBERTS. Auguste FRANCOTTE, âgé de 90 ans, nous reçoit avec élégance et attention pour évoquer ses souvenirs du Liège de l’époque de l’éditeur.

Comment avez-vous connu Pierre Aelberts ?

Ayant toujours vécu à Liège, ma famille ainsi que celle de mon épouse faisaient partie de la bourgeoisie locale (Monsieur Francotte est l’héritier de la célèbre manufacture d’armes Francotte créée par ses aïeuls et fut, en parallèle d’une belle carrière dans la finance, un grand lecteur et un helléniste accompli, ce qui l’amena notamment à collaborer au volume d’œuvres d’Aristote dans la Pléiade). Mes parents m’ont vite donné le goût des belles choses et en particulier des livres et plus précisément des belles et rares reliures. Je fréquentais ainsi un relieur de Liège, Monsieur SIMON. C’est dans sa boutique que j’eus l’occasion de rencontrer Pierre Aelberts qui venait faire relier des livres (pour lui ou pour des clients, je n’ai jamais su). Le rencontrer mais pas le fréquenter, son caractère ombrageux et sa manie de toujours être pressé ne facilitait pas la conversation. Par la suite, par l’entremise de notre ami commun, l’écrivain Alexis CURVERS, je pus un peu plus le connaître sans jamais pouvoir le fréquenter plus amicalement et plus profondément ; c’est ainsi que je ne suis jamais allé chez lui.

Quels souvenirs sur le personnage ?

Ce qui me frappait surtout à chaque fois que je le rencontrais c’était cette impression d’homme toujours en mouvement. De petite taille il marchait toujours d’un pas pressé, la mine renfrognée et avec une grosse valise à la main. Je sus plus tard que cette valise contenait ses publications et autres productions qu’il présentait ainsi aux libraires de Liège et de Bruxelles. Car Pierre Aelberts, bourreau de travail, consacrait tout son temps à ses publications, assumant à lui seul toutes les phases de la chaîne éditoriale (discussions et négociations avec les auteurs, mise en page, fabrication des cahiers, publicité et colportage pour les ventes). Un travail harassant qui ne lui laissait aucun loisir pour faire autre chose et, j’ose le penser, pour s’intéresser à autrui.

Et sur son travail éditorial ?

Véritable artisan, éditeur à l’ancienne, convaincu du bien-fondé du système corporatiste, Pierre Aelberts était un perfectionniste dans toutes ses actions. Ne supportant pas la moindre faute de français ou de typographie il concevait ses publications comme un tout où l’intérêt du texte était mis en valeur par la beauté de la typographie et où l’objet qu’était le livre mettait en valeur la force du texte ; l’âge aidant malheureusement, c’est une exigence de forme qui s’atténua quelque peu à la fin de sa vie. Il mettait un point d’honneur à trouver de grands écrivains et de beaux textes. Avec une prédilection pour les auteurs mis au banc de la société littéraire après-guerre, lui qui fut déporté par les Allemands pour avoir refusé leur diktat et qui fut ulcéré de retrouver à la libération sa Belgique si haineuse et si manichéenne, lui ayant pillé sa maison et son atelier. Mais quelle était sa démarche ?

Je crois qu’il était un vrai lecteur, fasciné par la culture française et considérant que la France détenait de grands maîtres-imprimeurs, et les plus grands écrivains. Il cherchait toujours de nouveaux textes à faire connaître et des écrivains qu’il admirait à remettre au goût du jour. Sa démarche d’éditeur confidentiel était confortée par un tempérament d’anarchiste de droite refusant tout compromis et qui s’exacerba après la guerre, dès son retour de captivité dans un pays qu’il ne reconnaissait plus. Pierre Aelberts cherchait la perfection dans un mouvement brownien et refusait toutes remarques qui pouvaient lui barrer la route.

Et sa postérité ?

Par définition sa démarche éditoriale était élitiste et confidentielle. Tirées à 50 exemplaires, la plupart de ses plaquettes ne pouvaient que rencontrer un faible public. A fortiori, il lui arrivait souvent, je crois, de ne pas les vendre toutes, et ainsi il passa toute sa vie dans la pauvreté. Pourtant il réussit son pari et la qualité de ses productions tant pour le fond (il publiera tous les grands noms de la littérature du XXe siècle) que pour la forme (chacune de ses plaquettes est un bijou typographique) lui permet encore aujourd’hui d’être reconnu par les amateurs et d’être collectionné avec passion par un petit nombre de bibliophiles éclairés. Enfin le travail assidu de son fils, Alain, que je m’honore d’avoir comme ami, et de son collaborateur Jean-Jacques AUQUIER, a grandement contribué à ne pas faire tomber dans l’oubli cet éditeur atypique dont l’aventure est et restera un modèle. Et quand bien même son manque d’argent qui ne permit pas de publier sur une grande échelle, il reste que son travail aura permis une démarche éditoriale hors des sentiers battus, et faisant par la même toute son originalité.

(Préface à : Hommage à Pierre Aelberts. Une aventure éditoriale, catalogue, Librairie Fosse, Paris, 2018.)

Auteurs publiés en tant qu'éditeur

Parmi les nombreux auteurs publiés par Pierre Aelberts figurent :

Ouvrage

  • Premières éditions 1725-56 des « Lettres » de Madame de Sévigné, collection « Brimborions », Éditions Dynamo, Liège, 1971.

Sources

  • (avec un hommage par René Huyghe de l’Académie française et Im memoriam par Robert Poulet) Alain-Valery Aelberts, Pierre Aelberts (1890-1983) : éditeur d'art et bibliophile éclectique, avec le catalogue complet de son œuvre et de nombreuses illustrations, Dismas, 1990.
  • Pierre Aelberts. Éditeur et bibliophile éclectique, catalogue, Librairie Fosse, Paris, 2011.
  • Pierre Aelberts. 30 ans après, catalogue, Librairie Fosse, Paris, 2014. [1]
  • Une vie d'éditeur, catalogue, Librairie Fosse, Paris, 2018. [2]

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