Jean Fontenoy

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Jean Fontenoy
Jean Fontenoy (1899-1945) est un journaliste et écrivain nationaliste. Il fut l'époux de l'aviatrice Madeleine Charnaux (1902-1943) qui battit le record d'altitude féminin en 1934.


Biographie

Jean Fontenoy

Les débuts modestes d'un aventurier

Jean Fontenoy voit le jour à Charnay-lès-Chalon, prés de Lagny-sur-Marne, en Seine-et-Marne, le 21 mars 1899. Ses origines sont rurales et modestes. Son père est un petit agriculteur, dont les difficultés matérielles sont encore aggravées par l’alcoolisme. L’enfance de Jean sera donc triste. Cependant, le petit garçon se révèle vite doué d’une belle intelligence ; et il est bon élève. Aussi peut-il poursuivre, malgré son humble extraction, des études secondaires en collège. Il eût peut-être intégré l’Université si son patriotisme et son goût de l’aventure ne l’avaient écarté de la voie des études. À l’automne 1916, il décide de monter à Paris pour y construire sa vie. Arrivé dans la capitale, il subsiste grâce à de petits emplois temporaires. Il est employé à de modestes travaux d’écriture, parfois de secrétariat, à la Compagnie du Gaz, puis dans une fabrique d’obus. Il est également le secrétaire d’un écrivain que, dans son livre autobiographique intitulé L’École du renégat (1936), il n’appelle que par ses initiales. Son intérêt pour la politique s’éveille. Ses origines plébéiennes l’attirent vers le socialisme. Trois hommes vont le marquer et jouer un rôle important dans sa formation politique : Charles Rappoport, Georges Pioch et Pierre Brizon. Il est intéressant de noter que ces trois hommes, de beaucoup les aînés de Fontenoy, et qui suivirent des itinéraires différents, eurent en commun de rompre avec le parti communiste français et la IIIe Internationale, après y avoir adhéré. Jean devait lui aussi rompre avec le communisme moscoutaire après avoir vu en lui l’espoir du genre humain.

Du patriotisme combattant au bolchévisme

Malgré ses inclinations socialistes, il est ardemment patriote et brûle de se dévouer au service de son pays, en guerre depuis trois ans. Aussi, en mars 1918, âgé de 19 ans, il s’engage pour quatre ans dans la cavalerie. Il sert alors dans un corps d’artillerie de montagne avec une telle vaillance qu’il conquiert la croix de guerre et le grade de sous-lieutenant.

Son expérience militaire aurait pu faire de lui un nationaliste convaincu. Au contraire, la conquête du pouvoir par les bolcheviks russes lors de la Révolution d’Octobre 1917 le convertit au communisme. Son engouement pour la Russie fut alors tel qu’il apprit le russe au point de le maîtriser parfaitement et, plus tard, de traduire des œuvres de Tolstoï.

La découverte de la Russie, de la Chine et du Japon

À l’issue de sa période d’engagement militaire (mars 1922), il effectue un court séjour en Russie. Il se décide pour une carrière de journaliste, métier qui lui permettra de conjuguer son goût de l’écriture, son engagement politique et son attirance pour la Russie, où il pourra se rendre à titre professionnel. Il réussit à se faire embaucher par l’agence Havas, laquelle l’envoie à Moscou en 1924 pour la représenter et y créer ses bureaux.

En 1927, l’agence l’envoie en Chine, où il lance le Journal de Shangaï. Il suit le général Tchang Kaï Check dans ses campagnes contre les seigneurs de la guerre et les communistes, et le voit accumuler les victoires jusqu’à devenir le seul maître de la Chine, celle-ci subissant d’ailleurs l’agression nippone à partir de 1931. La Chine l’émerveille, le subjugue, l’envoûte, et il y contracte une addiction à l’opium et à l’alcool dont il ne se débarrassera jamais... pour autant qu’il ait cherché à s’en libérer. Il fait un court séjour au Japon en 1932.

Les tentations dadaïstes et surréalistes

La vie de Fontenoy ne tient pas tout entière dans le journalisme politique. Le jeune aventurier de la presse en Russie et en Extrême-Orient se montre également sensible au souffle étourdissant de toutes les révolutions littéraires qui secouent le vieux monde depuis le séisme de la Grande Guerre.

En 1918, alors qu’il a 19 ans, qu’il vient de s’enrôler dans l’armée et que la guerre entre dans sa phase décisive, il découvre la pièce de théâtre d’avant-garde de Guillaume Apollinaire, Les mamelles de Tirésias, qui est pour lui une révélation. Il se convertit alors au mouvement Dada, cette vaste révolte en forme de dérision, de satire, de déconstruction et de provocation de tous les fondements moraux et de toutes les valeurs consacrées de la civilisation européenne, tant dans la société que dans le domaine de la culture, de la littérature et de l’art en tout premier lieu. Un peu plus tard, il sera séduit par le surréalisme et découvrira le Manifeste surréaliste (1924) de Breton.

L'amitié indéfectible de Brice Parain

Il se lie d’amitié avec un jeune intellectuel, qui restera en marge de l’intelligentsia malgré une assez belle renommée et une influence appréciable sur maints de ses contemporains : Brice Parain.

Celui-ci est de deux ans l’aîné de Fontenoy. Et il est originaire du même département ; celui de la Seine-et-Marne. Il est né à Courcelles-sous-Jouarre le 10 mars 1897. Les deux hommes se connaissent depuis l’enfance ; ils se sont rencontrés au collège dont ils étaient les élèves. Mais, tandis que Jean abandonna ses études de bonne heure, Brice, lui, intégra l’École normale supérieure, fut reçu à l’agrégation de philosophie, et fut élève diplômé de l’École des Langues orientales. Puis, alors que Fontenoy menait sa vie aventureuse et chaotique de petit scribouillard, puis de journaliste, Parain devenait attaché culturel en Russie, avant de faire carrière aux éditions Gallimard et à la Nouvelle Revue française, aux côtés de Jean Paulhan.

Les deux hommes présentent à la fois des points communs et des divergences. Ils ont tous les deux subi la séduction du dadaïsme et du surréalisme. Et ils se sont montrés tous deux très sensibles aux révolutions politiques, morales et culturelles de leur temps. Enfin, ils ont tous les deux renoncé à leurs illusions communistes. Mais Brice Parain a simplement pris ses distances avec le communisme et les intellectuels s’en réclamant, sans véhémence ni déclaration de guerre. Jean Fontenoy, lui, a rompu bruyamment avec le communisme, et s’en est fait le contempteur. Il passera du communisme au fascisme, ce que ne fera pas Brice Parain. Ce dernier le désavouera, exprimera son désaccord avec lui, mais ne le condamnera pas, lui conservera sa compréhension et son amitié, et tentera même de le réhabiliter jusqu’à un certain point, dans ses écrits d’après guerre.

Jean Fontenoy a aussi une vie sentimentale. Il épouse une danseuse roumaine, Lizica Codreanu[1], qui lui donnera un fils.

La rupture avec le communisme et la collaboration avec la NRF

D’abord très favorable au communisme, Fontenoy s’en écarte dans la mesure où, à partir de 1927, il critique la dictature stalinienne. Moscou l’accuse d’espionnage. Les relations entre Havas et le pouvoir soviétique s’enveniment. Finalement, l’agence licencie Fontenoy, devenu importun. Brice Parain fait alors entrer son ami à la NRF, la revue de Jean Schlumberger, Jean Paulhan et André Gide, dont Gaston Gallimard est à la fois l’éditeur et le gérant. Jean Fontenoy y reçoit bon accueil, écrit divers articles politiques, et dénonce la montée du national-socialisme en Allemagne. Devenu anti-stalinien, il ne reste pas moins un homme de gauche, socialiste, pacifiste et internationaliste.

La rupture avec toute la gauche et avec l'intelligentsia

Mais, à partir de 1930 surtout, il va radicalement évoluer. Les déconvenues morales que lui a values son engagement révolutionnaire expliquent ce changement. Selon lui, en URSS, Staline a trahi la révolution et a instauré un pouvoir dictatorial implacable au profit des dirigeants du parti et de leurs affidés, qui ont constitué une caste et une nouvelle classe d’oppresseurs (la future nomenklatura), bien pire que la bourgeoisie capitaliste des pays développés d’Europe et d’Amérique du nord, et qui a réduit le prolétariat russe à la plus totale des servitudes et à un état de misère extrême. Il lui paraît évident que la Révolution d’Octobre a abouti à l’instauration d’une tyrannie bien plus effroyable, à tous points de vue, que celle des tsars. Et les communistes français, les uns timorés, les autres aveuglés par le fanatisme militant, n’ont ni le courage ni la volonté de dénoncer le totalitarisme stalinien ; pire, ils excluent et poursuivent de leur vindicte ceux qui osent le faire. Même la gauche non communiste, socialiste et radicale, se montre mesurée dans sa critique de la dictature soviétique et du communisme en général. Les intellectuels de gauche, que côtoie désormais Fontenoy, les Schlumberger, Paulhan, Gide, Martin du Gard et autres, prennent leurs distances du bout des lèvres d’avec le communisme, car ils craignent de paraître se renier et de se voir accusés de devenir réactionnaires.

Ils craignent aussi de « désespérer Billancourt », comme le dira plus tard Sartre, c’est-à-dire de démobiliser la classe ouvrière en lutte contre le capitalisme et pour un société socialiste. Fontenoy est d’ailleurs quelque peu excessif : Gide, dans Retour de l’URSS (1936), a dénoncé sans complaisance tous les aspects du totalitarisme stalinien et exprimé sa déception à l’égard de Moscou (« L’URSS a trahi tous nos espoirs », écrit-il notamment). En réalité, ce que ne supporte pas Fontenoy, c’est tout simplement l’existence d’une intelligentsia de gauche, composé d’écrivains de condition bourgeoise (lui-même est issu du pauvre peuple et a mené une existence agitée d’aventurier du journalisme politique) qui prétendent régenter les idées et la pensée, et jouer le rôle de guides spirituels et politiques. Désormais, il voit dans le parti communiste le fourrier de la tyrannie stalinienne, et dans les notables des partis de gauche et les représentants connus de l’intelligentsia, une bourgeoisie qui se love douillettement dans ses privilèges, ses habitudes de pensée et son confort intellectuel, n’a pas le courage de la lucidité et de la vérité, trahit ses idéaux affichés, et n’éprouve qu’indifférence à l’égard du peuple dont elle se proclame pourtant le défenseur au nom de la justice et du Droit. Il exprime ses déceptions dans un ouvrage, L’École du renégat, que Gallimard accepte néanmoins de publier en 1936 (juste avant le Retour de l’URSS de Gide), où on peut lire ces lignes inspirées par l’indignation et la révolte :

« J’avais confié mes économies intellectuelles aux Staviskys stalino-gidiens. On m’a volé. Je crie : “Au voleur”. C’est tout. Ah, et puis j’étais amoureux de la Révolution. Elle m’a fait cocu. Alors je ne suis pas content du tout. C’est bien fait, je me suis laissé empaumer. Comme une poire ? Justement. Je proteste au nom des poires. Au nom des imbéciles. ».

De cette déception, Fontenoy ne reviendra pas. La blessure, profonde, atteignant le tréfonds de l’âme, ne se refermera pas. Au milieu des années 1930, il dit un adieu définitif à la révolution, au communisme, à la gauche et à l’intelligentsia qui la soutient. Il honnit l’URSS stalinienne, le parti communiste français, la gauche bourgeoise et camphrée des Blum, Salengro, Daladier, Pierre Cot, Herriot, et les intellectuels de gauche à la Gide et à la Paulhan. À tous ces gens, il ne reproche pas seulement leur hypocrisie, leurs reniements tacites, leur manque de courage, il critique aussi leur absence de lucidité. À ses yeux, ils ne comprennent pas qu’ils sont les représentants d’un vieux monde, voué à la disparition, et que l’avenir va opposer le communisme aux forces qui auront le courage de s’opposer à lui, et qui auront des chances de le vaincre non en défendant une société et des institutions en voie de décomposition, mais en opérant une révolution apte à changer les hommes en tenant les promesses de la révolution et en les étayant sur une base historique et culturelle solide.

Fontenoy pense que la révolution de type marxiste est vouée à l’échec dans la mesure où elle procède d’une conception abstraite de la société, de la lutte des classes et du monde, qu’elle applique au mépris des réalités concrètes et de la force des héritages historiques des peuples. Le fascisme, que Fontenoy ne voue plus, désormais, aux gémonies, a cet avantage sur le communisme, qui explique son succès, de concilier l’idéal révolutionnaire avec ces héritages, et de proposer pour chaque peuple, un socialisme national adapté à son identité et à sa situation propre.

L'adhésion au fascisme - Le bref compagnonnage avec Doriot

Fontenoy voit en Jacques Doriot le chef politique français qui a compris cela et peut instaurer en France un régime nationaliste et socialiste, hostile tant au communisme qu’au libéralisme économique pur et à son corollaire politique, le régime parlementaire. Ancien dirigeant communiste, exclu du PC, Doriot fonde son Parti populaire français (PPF) le 27 juin 1934. Fontenoy n’y adhérera qu’en 1937, mais il est immédiatement séduit. Il devient un des amis et conseillers de Doriot, alors en vogue. Le PPF répond alors pleinement à ses aspirations politiques, se présentant comme un parti nationaliste en même temps que socialiste, préconisant l’encadrement du capitalisme par l’État au nom de l’intérêt supérieur de la nation et de la justice sociale, réconciliant l’héritage de la Révolution française et le glorieux passé de la France d’avant 1789. Fait nouveau chez Jean Fontenoy au milieu des années 1930 : rompant avec son romantisme révolutionnaire et sa vision marxiste du monde, celle de sa jeunesse, il renoue avec son patriotisme d’avant 1920 et découvre le nationalisme : il comprend, en effet, désormais, l’importance du poids de l’histoire et des origines de la nation en politique, et réalise la vanité de toute entreprise révolutionnaire prétendant faire table rase du passé et rebâtir à neuf tout l’édifice social. En cela, son itinéraire s’apparente à celui de Doriot, de Cousteau, de Clémenti, de Déat et de bon nombre de militants de la gauche révolutionnaire convertis au fascisme durant les années 1930. Comme eux, Fontenoy passe de la première au second sans transition ni compromis. Comme le leur, son nationalisme sera purement et ouvertement fasciste, et ne subira pas la moindre influence du nationalisme barrésien, du nationalisme néo-monarchiste de Maurras, du nationalisme cocardier et bonapartiste de Taittinger, du nationalisme chrétien, corporatisant et républicain du colonel de La Rocque ou de la version catholique, tricolore et ruralisante du fascisme d’un Bucard. Un temps, Fontenoy croit avoir trouvé dans le PPF le parti conforme à ses idées et en Doriot l’homme fort, le chef charismatique qui conquerra le pouvoir et les imposera.

Il déchante pourtant assez vite. En septembre 1938, Doriot approuve l’accord de Munich, conclu entre l’Allemagne nazie et les deux grandes démocraties européennes, la France et la Grande-Bretagne. Nationaliste, patriote, il n’admet pas cet alignement sur l’Allemagne, qui reste, à ses yeux, l’ennemi héréditaire de la France. Par ailleurs, son fascisme est plus proche de celui de Mussolini que du national-socialisme, dont il a dénoncé la montée quelque huit ans auparavant, et dont les tendances bellicistes et revanchardes l’inquiètent, cependant que son racisme avoué et son antisémitisme revendiqué le rebutent. Il quitte donc le PPF, imité en cela, pour les mêmes raisons, par de très nombreux membres de l’équipe dirigeante du parti, dont Henri Barbé, Paul Marion, Victor Arrighi, Alfred Fabre-Luce, Bertrand de Jouvenel, Pierre Drieu la Rochelle, Bertrand de Maud’huy, Pierre Pucheu, Yves Paringaux, Robert Loustau. Cette rupture de Fontenoy d’avec le PPF à propos des accords de Munich, au nom du patriotisme et par méfiance à l’égard de l’Allemagne nazie, surprend dans la mesure où notre héros ne manifeste pas, par ailleurs, de défiance excessive vis-à-vis de cette dernière. Il adhère au Comité France-Allemagne, animé par le très germanophile Fernand de Brinon, et subventionné par Otto Abetz, agent d’Hitler à Paris. En lui, la passion fasciste l’emporte vite sur le patriotisme et sur son vœu, pourtant ardent, de concilier révolution et héritage national, socialisme et nationalisme. Il rêve bientôt d’une France nouvelle et forte alliée d’une Italie fasciste à la fois impérialiste et socialiste et d’une Allemagne nationale-socialiste puissante et tenant lieu de modèle. Cette métamorphose politique bouleverse sa vie personnelle. Il rompt définitivement avec Paulhan et l’équipe de la NRF, résolument antifascistes et de gauche, et s’éloigne de son ami Brice Parain, qui lui reproche vertement ses choix, mais, nous l’avons dit, ne le rejette cependant pas et s’efforce de le comprendre.

L’alcool et la drogue n’aident pas Fontenoy, à moins dire, à essayer de faire sereinement le point sur son évolution et d’arriver à mettre plus de raison et moins de passion dans ses idées et ses prises de position ; au contraire, ils le poussent à radicaliser les unes et les autres. Ils ont raison de sa vie de couple. Instable et incommode en raison de ses addictions, Fontenoy se rend insupportable à son épouse, et est amené à divorcer d’avec Lizica Codreanu. En 1935, il trouve la vraie femme de sa vie en Madeleine Charnaux, sa cadette de trois ans, personnalité fort riche et aux dons multiples, à la fois dessinatrice, sculptrice (ancienne élève d’Antoine Bourdelle) et aviatrice (détentrice d’un record d’altitude). Cette femme partage avec lui le goût de l’aventure, l’attrait pour la modernité, une vive curiosité intellectuelle et des idées politiques en accord avec les siennes. Elle le suivra dans son engagement en faveur du fascisme et de la Collaboration, et lui apportera un soutien permanent, sachant le conseiller et l’encourager. Comme Fontenoy, elle était divorcée ; elle avait épousé en premières noces Pierre Frondaie, romancier at auteur dramatique alors célèbre. En Madeleine, Fontenoy trouve la compagne idéale, qui communiera avec lui dans un même idéal, lui offrira un appui permanent, lui redonnera la force dans ses moments d’abattement, et fera de lui un homme fort, capable de toutes les audaces.

La participation à la guerre entre la Finlande et l'URSS

La guerre tant redoutée entre la France et l’Allemagne éclate en septembre 1939. L’URSS profite des accords avantageux qu’elle a tirés du pacte de non-agression germano-soviétique du 23 août de la même année, pour annexer les pays baltes (Estonie, Lettonie Lituanie) et tenter d’envahir la Finlande. Fontenoy, plein d’admiration pour ce pays qui résiste vaillamment à son agresseur, s’engage dans l’armée finlandaise du maréchal Mannerheim et se bat courageusement contre l’armée rouge, aux côtés de ses frères d’armes finlandais. Blessé à la tête, victime d’engelures au visage, il est décoré par Mannerheim, qui lui remet un poignard d’honneur. Cependant, la Finlande ne peut vaincre l’URSS, et elle doit bientôt se résigner à solliciter un armistice et à conclure avec l’URSS le traité du 12 mars 1940, aux termes duquel elle cède à celle-ci la Carélie occidentale, une partie de la région de Salla, la petite presqu’île de Kalastajansaarento, sur la mer de Barents, et quatre îles du golfe de Finlande.

Un collaborateur actif mais déçu

De retour en France, en juillet 1940, Fontenoy se rallie au régime de Vichy et intègre les milieux collaborationnistes. Il joue un rôle d’intermédiaire entre Laval et Abetz, et adhère au Mouvement social révolutionnaire (MSR) d’Eugène Deloncle, le chef de l’ancienne “Cagoule” de 1937.

En février 1941, il se rallie au Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat. Simultanément, il fonde, en 1941, un hebdomadaire, La Révolution nationale, qui comptera, parmi ses collaborateurs, Pierre Drieu la Rochelle et Robert Brasillach. Un peu auparavant, il avait lancé La Vie nationale, également hebdomadaire. Il crée aussi un mensuel, La France au travail, en août 1940. Son activité journalistique trouvera son achèvement lorsqu’il sera nommé, en décembre 1943, directeur adjoint de l’Office français d’Information (OFI), l’organisme de contrôle de la presse française par le gouvernement de Vichy.

Mais Jean Fontenoy n’entend pas se can- tonner à une activité de plumitif, de propagandiste et de censeur. Il se veut aussi homme d’action. Lorsqu’est créée la Légion des Volontaires français contre le bolchevisme (8 juillet 1941), il s’engage et est envoyé sur le front russe en octobre de la même année. S’il se bat vaillamment, il ne brille pas par la discipline. Il se signale par son refus de se départir des insignes militaires britanniques qui lui avaient été remis en 1918, ce qui lui vaut un bref emprisonnement. Il écrira alors à un ami ces propos amers : « Ce fascisme pour lequel nous nous battons, eh bien il nous fout en taule ».

Car la guerre va lui apporter une succession de déconvenues, bien qu’il jouisse des faveurs de Laval. Il comprend, dès avant le débarquement allié en Afrique du nord et la victoire soviétique de Stalingrad, que l’Allemagne perdra la guerre et que la fascisme, auquel il a cru, s’effondrera et sera honni dans tous les pays. Son épouse, Madeleine Charnaux, son soutien moral, la compagne qui le stimulait, le relevait dans ses moments de désespoir et justifiait ses choix, meurt à Vichy, victime de la tuberculose, le 10 octobre 1943, âgée de 41 ans seulement. Privé de son appui, Fontenoy s’abandonnera toujours plus à la déréliction et au désespoir.

Réfugié à Berlin après la Libération, il s’y suicidera en avril 1945. La date précise de son suicide est imprécise : certains disent le 23 avril, d’autres le 27. Son mode de suicide est également controversé : d’aucuns penchent pour l’ingestion d’une capsule de cyanure, d’autres (tels Marc Augier, alias Saint-Loup) affirment que Fontenoy s’est tiré une balle dans la tête. Le doute subsiste, car son corps ne fut pas retrouvé.

En dehors de ses très nombreux articles, Jean Fontenoy écrivit plusieurs livres. Le plus intéressant est, sans conteste L’École du Renégat (1936), déjà cité, reconstitution et de son itinéraire et justification de ses choix. Il publia également Cloud ou le communiste à la page (1937), Shangaï secret (1938) et Songe du voyageur (1939). Rappelons qu’il traduisit aussi Tolstoï. Longtemps méconnu des historiens, il a fait l’objet de deux livres récents : Fontenoy ne reviendra plus (Stock, 2011) de Gérard Guégan, et surtout la biographie de Philippe Vilgier intitulée Jean Fontenoy, aventurier, journaliste et écrivain (Via Romana, 2012). Fontenoy fut un intellectuel sincère, passionné, engagé et tourmenté, à la vie brisée et à la destinée tragique[2]. .

Œuvres

  • L'École du renégat, Gallimard, 1936.
  • Shanghai secret, Grasset, 1938.
  • Songe du voyageur, Grasset, 1939.
  • Les trois titres ci-dessus ont été réunis en un seul volume chez Irminsul (Lyon, 2000).
  • Cloud ou le communiste à la page, Grasset, 1937.

Bibliographie

  • Gérard Guégan, Fontenoy ne reviendra plus, Stock, 2011.
  • Philippe Vilgier, Jean Fontenoy, aventurier, journaliste et écrivain, Via Romana, 2012.

Notes et références

  1. Homonyme, mais non parente de Corneliu Zelea Codreanu, fondateur et chef de la Garde de fer.
  2. Le texte de la partie Biographie de cette entrée est en grande partie repris de : Paul-André Delorme, « Jean Fontenoy, le fasciste maudit », in : Rivarol, N°3533, 21.9.2022, p. 10-11.