Croyance aux miracles
Préjugé général hérité des utopies égalitaires et humanitaires, comme de la philosophie du Progrès, selon lequel « on peut tout avoir en même temps » et que le réel n'apporte jamais de sanctions.
On croit qu'on pourra avoir le beurre et l'argent du beurre. On s'imagine, selon la croyance libérale, qu'une « main invisible » rétablira spontanément un équilibre harmonieux. Quelques exemples de croyances aux miracles:
- S'imaginer que le dogme du développement économique illimité de tous les pays est possible sans pollutions massives et catastrophes écologiques qui vont détruire ce développement lui-même. C'est l'illusion du développement indéfini.
- Croire qu'une société permissive ne débouchera pas sur une jungle sociale. Et qu'on obtiendra à la fois émancipation libertaire et harmonie auto-disciplinée. C'est le drame actuel du naufrage de l'école, où violence, insécurité, ignorance, analphabétisme, se développent du fait de l’application de l'illusion du pédagogisme, méthode éducative qui bannit toute sanction.
- Croire qu'on pourra préserver les systèmes de retraites et les budgets d'aides socio-médicales en restant fidèle, en période de déclin démographique, au système de la "solidarité de répartition". C'est l'illusion de la conception communiste de la solidarité.
- Croire qu'une immigration allogène massive est compatible avec les « valeurs de la République française » et la préservation civilisationnelle des nations et des peuples européens; et que l'islam pourra se laïciser et se fondre dans les valeurs républicaines. Croire aussi qu'on régénérera la population active en important de nouveaux immigrés alors que ces derniers sont allocataires, à charge et non qualifiés. S'imaginer aussi qu'en régularisant les masses de clandestins, on les intégrera et qu'on évitera l'arrivée de nouvelles colonnes, alors que c'est l'inverse qui est observé. C'est l’illusion de l'immigration comme bienfait.
- Prôner l'assimilation et l'intégration des allogènes tout en voulant défendre et maintenir leurs spécificités, leurs cultures originelles, leur mémoire et leurs mœurs d'origine. C'est l'illusion communautariste, une des plus nocives de toutes, particulièrement chérie par les intellectuels « ethnopluralistes ».
- S'imaginer qu'on pourra, en annulant la dette du tiers monde, favoriser le décollage économique de ce dernier et qu'on empêchera à l'avenir un nouvel endettement. C'est l'illusion tiers-mondiste.
- Demander à la fois l'abandon des programmes électronucléaires et leur remplacement par des centrales à gaz, au charbon ou au fuel, tout en prônant la réduction des gaz polluants. C'est l'illusion écologiste.
- Penser qu'une économie mondiale fondée sur la spéculation à court terme, l'indexation généralisée sur les Bourses informatisées et le remplacement des politiques monétaires par le hasard des marchés financiers garantira une « nouvelle croissance » durable. C'est l'illusion de la nouvelle économie.
- Croire que le renforcement de la démocratie et des « valeurs républicaines » résultera de l'éradication du « populisme », c'est-à-dire de l'expression directe de la volonté du peuple.
On pourrait allonger la liste. En toutes ces matières, la croyance aux miracles s'explique par l'indécrottable optimisme de la religion laïque du progressisme égalitaire; mais aussi par le fait, qu'étant dans l'impasse, l'idéologie dominante n'ose pas renier ses dogmes, opérer des révisions déchirantes et s'accroche à l'idée qu'« il n'y aura pas d'orage », le tout expliqué par des sophismes de faux experts, dont la conclusion est toujours; tout va bien et tout ira mieux, nous avons la situation en main. Un peu comme un conducteur qui brûlerait les feux rouges à 100 km/h et qui expliquerait: « plus je vais vite, moins je passe de temps au milieu du carrefour et moins je risque une collision ».
