Roger Scruton

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Sir Roger Vernon Scruton, dit Roger Scruton, né le 27 février 1944 à Buslingthorpe (à 50 kilomètres à l'ouest de Londres) et mort le 12 janvier 2020, est un musicologue et un philosophe britannique.

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S'inscrivant dans la filiation de Burke, Scruton est la plus grande figure intellectuelle du conservatisme britannique contemporain. Son influence s'est étendue dans tout le monde anglo-saxon mais il reste peu connu dans la sphère francophone.

Biographie

Roger Scruton naît dans une famille plutôt modeste. Son père est instituteur, fils d'ouvrier, membre de l'aile gauche du Labour Party.

Il entre à l'université en 1962. Il admire alors Jean-Paul Sartre.

Après avoir obtenu une licence es Lettres à l'université de Cambridge, il part pour la France, où il accepte un poste de lecteur au Collège universitaire de Pau. Il y rencontre celle qui sera sa première épouse.

C'est en 1968 que Scruton s'oriente vers le conservatisme. A l'époque, il vit à Paris dans le quartier latin de Paris. Il dira plus tard : « Je me rendais compte soudain que j’étais de l’autre côté. Ce que je voyais, c’était une foule incontrôlable de voyous complaisants de la classe moyenne. Quand je demandais à mes amis ce qu’ils voulaient, ce qu’ils essayaient d’obtenir, tout ce que je recevais comme réponse était un charabia ridicule, délibérément obscur et alambiqué, typique du marxisme. J’en étais dégoûté, et en suis venu à penser qu’il devait y avoir un moyen de revenir à la défense de la civilisation occidentale contre ces assauts. C’est à ce moment que je suis devenu conservateur. Je savais que je voulais conserver les choses plutôt que de les détruire ».

Rentré en Angleterre, il passe son doctorat de philosophie à l'université de Cambridge en 1972, en soutenant une thèse sur l' esthétique.

Il publie son premier ouvrage politique en 1980, Meaning of Conservatism. En opposition avec Margaret Tatcher et Hayek, il prône un conservatisme qui a peu à voir avec le libéralisme. Il défend l'idée d'une société où prédominent les institutions indépendantes de l'État et l'initiative privée, mais où le sens de la communauté et des traditions est sans cesse renforcé par des actions partant de la base au niveau local. Pour lui, les lois doivent d'abord protéger ceux qui partagent les valeurs héritées de la communauté, et non satisfaire les « droits » de ceux qui veulent vivre en marge de celle-ci[1].

En 1982, Scruton est le principal membre fondateur de la Salisbury Review, une revue qui devient rapidement un important laboratoire d'idées du conservatisme traditionnel[2]. La Salisbury Review ne fait aucun compromis avec les tenants du « Politiquement correct » et critique sévèrement le pacifisme béat, le mouvement anti-nucleaire, le multiculturalisme, l'égalitarisme de manière générale. Scruton devient la bête noire de toute la presse de gauche britannique.

En 1990, il passe un an en Tchécoslovaquie, pour contribuer bénévolement à la reconstruction du système éducatif après la chute du régime communiste.

De 2010 à 2012, il effectue un long séjour aux Etats-Unis, qu'il met à profit pour rédiger son livre de « philosophie verte », Green philosophy. How to Think Seriously About the Planet.

Principales thèses

Roger Scruton a été influencé par Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Edmund Burke, John Ruskin, Emmanuel Kant.

Les « obligations de piété »

Scruton distingue deux types d'obligations chez les êtres humains adultes : des obligations contractuelles et d'autres, de nature différente. Les premières sont le fait d'agents censés être rationnels, capables d'honorer des promesses et d'entrer dans des transactions, commerciales ou non, entre adultes. Les secondes, que Scruton estime proprement vitales, ne sont pas des obligations de justice, telles qu'elles découlent des transactions libres entre adultes. Les Romains les connaissaient sous le nom d'obligation ds de piété (pietas), voulant dire par là qu'elles découlent de la gratitude naturelle envers ce qui est donné, gratitude que nous adressons spontanément aux dieux[3].

Ces obligations réputées vitales et prérationnelles sont notamment celles envers les parents, la famille, la lignée, le terroir, le pays natal, la communauté à laquelle on appartient, la culture dans laquelle on est né, etc. Tandis que le progressiste considère spontanément les « obligations de piété » comme étant d'abord des entraves à sa liberté d'adopter une « identité sans frontières », construite, « souple », et même ectoplasmique, le conservateur regarde spontanément les « obligations de piété » comme constitutives de son identité propre et comme des soutiens, des liens positifs qui, à travers des cercles d'appartenance « donnés » en simultanéité, le rattachent à beaucoup plus grand que lui, et, en toute dernière analyse, à la nature et au cosmos, précisément, dans une suite harmonieuse sans solution de continuité, sous réserve qu'il soit suffisamment mûr et fort pour accepter la part de souffrance inhérente, sauf cas exceptionnels, à des appartenances non choisies et pour dire « oui » à la vie[4].

Les chocs culturels

Il tente d'attirer l'attention sur les chocs culturels. Dans son ouvrage The West and the Rest. Globalization and the Terrorist Threat (2002), il écrit que les musulmans n'ont pas vraiment intériorisé des patries autres que la petite patrie de la tribu et du clan, fondée sur une consanguinité élargie, ou la patrie de la communauté qui relie entre eux les croyants, à l'exclusion des non-musulmans[5].

L' « Oikophobie »

Roger Scruton utilise le terme oikophobie afin de désigner de manière critique des idéologies politiques qui répudient leur propre culture et en louent d'autres. Il en a fait la première utilisation de ce type dans un livre paru en 2004 England and the Need for Nations (L'Angleterre et le besoin des nations).

Influences

Ouvrages et publications

Essais et travaux politiques et philosophiques

  • Art and Imagination (1974)
  • The Aesthetics of Architecture (1979)
  • The Meaning of Conservatism, Barnes & Noble Books, Totowa, 1980 (2e éd. 1984, 3e éd. 2000)
  • The Politics of Culture and Other Essays (1981)
  • A Short History of Modern Philosophy (1982, 2e éd. 1995, 3e éd. 2001)
  • A Dictionary of Political Thought (1982, 2e éd. 1996, 3e éd. 2007)
  • The Aesthetic Understanding (1983, nouvelle éd. 1997)
  • Kant (1983, nouvelle éd. 2001)
  • Untimely Tracts (1985)
  • Thinkers of the New Left (1986)
  • Sexual Desire (1986)
  • The Aesthetics of Music (1997)
  • Spinoza (1987, nouvelle ed. 2002)
  • A Land Held Hostage (Lebanon and the West) (1987)
  • The Philosopher on Dover Beach and other essays (1989)
  • Modern Philosophy (1994)
  • The Classical Vernacular: architectural principles in an age of nihilism (1995)
  • Animal Rights and Wrongs (1996, 3e éd. 2000)
  • An Intelligent Person's Guide to Philosophy (1996)
  • The Aesthetics of Music (1997)
  • On Hunting (1998)
  • An Intelligent Person's Guide to Modern Culture (1998, nouvelle éd. 2000)
  • Spinoza (1998)
  • England: an Elegy (2001)
  • The West and the Rest. Globalization and the Terrorist Threat, Intercollegiate Studies Institute, Wilmington, 2002.
  • Death-Devoted Heart: Sex and the Sacred in Wagner's Tristan und Isolde (2004)
  • News from Somewhere: On Settling (2004)
  • England and the Need for Nations (2004)
  • Gentle Regrets, Continuum International Publishing Group, 2006, 256 p.
  • Arguments for Conservatism. A Political Philosophy (2006)
  • Culture Counts: Faith and Feeling in a World Besieged (2007)
  • Understanding Music (2009)
  • I Drink Therefore I am (2009)
  • Beauty (2010)
  • The Uses of Pessimism (2010)
  • Green Philosophy. How to Think Seriously About the Planet, Atlantic Books, Londres, 2012.
  • The Face of God (2012)
  • Our Church: A Personal History of the Church of England (2012)
  • The Soul of the World (2014)
  • How to Be a Conservative, Bloomsbury, Londres, 2014.
  • Fools, Frauds and Firebrands: Thinkers of the New Left (2015)

traductions françaises

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  • Spinoza, Seuil, 2000, 91 p.
  • Je bois donc je suis, Paris, Stock, 2011, 300 p.
  • De l'urgence d'être conservateur - Territoire, coutumes, esthétique : un héritage pour l'avenir, Paris, Éditions du Toucan/L'Artilleur, coll. « TOUC.ESSAIS », 2016, 280 p.
  • Conservatisme, Paris, Albin Michel, 2018, 234 p.
  • L'erreur et l'orgueil : Penseurs de la gauche moderne, Paris, Éditions du Toucan - L'artilleur, 2019, 504 p. [1]

Romans

  • Fortnight's Anger (1981)
  • Francesca (1991)
  • A Dove Descending and other stories (1991)
  • Xanthippic Dialogues (1993)
  • Perictione in Colophon (2000)
  • Notes from Underground (2014)

Opéras

  • The Minister (1994)
  • Violet (2005)

Télévision

  • Why Beauty Matters (BBC 2009)
  • Beauty and Consolation

Citations

  • « Prenez n'importe quel aspect de l'héritage occidental dont nos ancêtres étaient fiers, et vous trouverez des cours à l'université consacrés à sa déconstruction. »

Bibliographie

  • « Nécrologies : Roger Scruton (1944-2020), Sparta, no 2, 2021, p. 227-231.

Cité dans

  • Thierry Baudet, Indispensables frontières. Pourquoi le supranationalisme et le multiculturalisme détruisent la démocratie, préface de Pascal Bruckner, Éditions du Toucan, Paris, 2015. (Traduction de : De Aanval op de Natiestaat)
  • Giovanni Monastra et Philippe Baillet, Piété pour le cosmos : Les précurseurs antimodernes de l'écologie profonde, Akribeia, Saint-Genis-Laval, 2017, 170 p. (ISBN 978-2-913612-66-2)

Notes et références

  1. « Nécrologies : Roger Scruton (1944-2020), Sparta, no 2, 2021, p. 227-231.
  2. Philippe Baillet, L'Autre tiers-mondisme : Des origines à l'islamisme radical - Fascistes, nationaux-socialistes, nationalistes-révolutionnaires entre « défense de la race » et « solidarité anti-impérialiste », Saint-Genis-Laval, Akribeia, 2016, 475 p., p. 301, 336-337, 398.
  3. Roger Scruton, Green Philosophy. How to Think Seriously About the Planet, Atlantic Books, Londres, 2012, p. 224.
  4. Philippe Baillet et Giovanni Monastra, Piété pour le cosmos : Les précurseurs antimodernes de l'écologie profonde, Akribeia, Saint-Genis-Laval, 2017, 170 p., p. 87-163.
  5. ibidem