Jean Bassompierre
Biographie
Étudiant à la Faculté de Droit de Paris, il est membre des Jeunesses Patriotes de Pierre Taittinger et de la « Cagoule » d'Eugène Deloncle. C'est à l'issue de son service militaire qu'il choisit le métier des armes en tant que sous-lieutenant.
Au cours de la guerre de 1940, il combat les Italiens dans les Alpes (il était lieutenant au 74e bataillon d’alpins de forteresse). C'est à lui que l'on doit la destruction du fort de Conchetas, à 2.000 m d'altitude, au dessus du village de Saint-Martin-Vésubie, qu'il fit exploser avec tous ses obus et les 200.000 cartouches de mitrailleuses qui y étaient entreposés, avant de se replier avec ses hommes sur Digne-les-Bains devant l'avancée des troupes italiennes.
Membre du Parti populaire français, il devient Secrétaire général de la Légion française des combattants à Nice [1]où il a été démobilisé, puis du SOL de Joseph Darnand qu'il a rencontré en 1938 (alors que ce dernier était emprisonné à la Santé pour son action dans la Cagoule). Avec Noël de Tissot et Jean Durandy, Bassompierre en codifie le programme.
À la dissolution du Service d'ordre légionnaire, Bassompierre rejoint la LVF. Capitaine, il commande une compagnie du 1er bataillon (temporairement tout le 1er bataillon). Décoré de la Croix de Fer de deuxième classe, il est nommé en décembre 1943, chef d'état-major d'Edgar Puaud. Dès février 1944, il est rappelé par Darnand pour réorganiser, en tant qu'inspecteur général, la Milice dans la zone Nord.
Le 14 juillet 1944, il réduit la mutinerie de la Prison de la Santé. Un mois plus tard, le 16 août, il doit prendre le chemin de l'exil. Le 24 octobre 1944, Bassompierre préside la dernière manifestation officielle de la Milice française en organisant une prise d'armes et un défilé à Ulm en Allemagne. Puis, comme la majorité des franc-gardes (2.000 hommes), il intègre la Division Charlemagne en tant que SS-Hauptsturmführer (équivalent de capitaine).
Au cours de sa retraite poméranienne, le général Gustav Krukenberg réorganise la Charlemagne en un régiment de réserve et deux régiments de marche. Le commandement du second échoit à Jean Bassompierre. Chargée de défendre la ville de Körlin (aujourd'hui Karlino, en Pologne), cette unité (II/RM) tente, le 6 mars 1945, le décrochage dans l'espoir de rejoindre Kolberg. Le bataillon (dont faisait partie Christian de La Mazière) se désintègre progressivement du fait du pilonnage incessant des mortiers soviétiques et du nombre de soldats en face en moyenne dix fois supérieur à ceux de la division Charlemagne, qui oblige Bassompierre à se replier dans la plaine de Belgard. Le 17 mars, Bassompierre, à bout de forces, se rend aux cavaliers polonais (intégrés à l'Armée Rouge) qui encerclent la ferme lui servant de refuge. Il est interné au camp de Choszczno (anciennement Arnswalde) pour être rapatrié et jugé en France.
Il réussit cependant à s'échapper lors de son transfert et se rend à Naples, pensant de là pouvoir rejoindre l'Amérique du Sud. Il y est arrêté le 28 octobre 1945 et incarcéré à la Santé pour y être inculpé, devant la Cour de Justice de la Seine. Son rôle dans la répression de la mutinerie de la prison de la Santé lui vaut une condamnation à mort prononcée le 17 janvier 1948. Il est fusillé le 20 avril 1948 au Fort de Montrouge (Hauts-de-Seine).
Il a écrit Frères ennemis publié chez Amiot-Dumont 1948. Michel Mohrt, écrivain et ami, a évoqué sa figure en 1988 dans Vers l'Ouest chez Olivier Orban.
Par une terrible ironie de l'histoire, son frère cadet, qui se battait dans les rangs gaullistes, se fit tuer au cours de la libération de l'Alsace.
Texte à l'appui
Témoignage de R. L. Bruckberger, religieux engagé dans les rangs de la résistance, et défenseur des miliciens... (extrait de Bruckberger, Nous n'irons plus au bois, Amiot-Dumont, 1958)
J'ai donc vu mourir Darnand. L'exécution capitale est horrible. Mais celle-ci avait une majesté sacrificielle qui la marquait d'une espèce de légitimité. J'ai vu mourir Bassompierre. Cela ressemblait à un mauvais coup. Quand au tout petit jour, nous sommes entrés dans cette cellule, le procureur n'a rien dit. Bassompierre avait compris. Il était debout et habillé. Il attendait. Il eut un rire d'une insolence féroce.
-Vous êtes bien matinaux, messieurs. Vous arrivez comme des voleurs, ah oui, comme des voleurs. Comme des voleurs...
Il fallait faire vite, vite. Comme des voleurs. Pas de messe, vite, vite. Bassompierre va à la fenêtre et d'une voix basse et distincte :
-Pierre, Jean, Marcel, François, ici Bassom ! Au revoir les amis ! Bon courage !
Les policiers se précipitent :
-Chut ! Chut ! Taisez-vous !
-N'ayez pas peur, dit Bassompierre.
Vite, vite ! On s'en va, on entraîne Bassompierre à travers les immenses corridors. Toutes les cellules superposées sont fermées à clefs. Les interminables galeries sont vides. Alors derrière chaque porte de cachot, cinq ou six paires de poings rageusement à cogner. Des centaines de voix crient :
-Assassins !
-Salauds !
-Bassompierre, on te vengera !
Vite, vite ! Tout le monde courbe le dos. La petite troupe s'enfuit, entraînant sa victime enchaînée. Vite, vite ! Le fourgon, le poteau, la salve, le cimetière. Ah, oui ! Comme des voleurs !
C'est ça votre justice ? Elle n'ose même plus regarder ses victimes en face. Quel est celui de ces bons papas républicains qui aura l'estomac de dire et de faire comme Charles IX :
-Tuez-le ! Mais tuez-les tous ! Qu'il n'en reste pas un qui puisse venir me le reprocher.
Notes
- ↑ En 1941, la fédération des Alpes-Maritimes de la Légion française des combattants est si importante qu'elle est capable de faire défiler à Nice, place Masséna, 50.000 de ses membres.
Lien externe
- Étude sur Jean Bassompierre comme idéologue du SOL En cas de rupture du lien, archivé ici : La prestation du serment du service d’ordre légionnaire (SOL) aux arènes de Cimiez le 22 février 1942