Henri Lagrange

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Henri Lagrange (21 novembre 1893-30 octobre 1914), journaliste et militant monarchiste français.

Un homme d'action

Il publie son premier article dès 1910, à l’âge de 16 ans, dans la Revue critique des idées et des livres, ce qui lui vaut d’être remarqué par Maurice Barrès et Romain Rolland.

Mais ce jeune et bouillant Camelot du roi s’est surtout rendu célèbre pour avoir giflé et insulté publiquement le président Armand Fallières en juin 1911, lors des festivités qui se déroulèrent à Rouen pour célébrer le millénaire du rattachement de la Normandie à la France. Cela lui valut six mois de prison, qu’il effectua au régime de droit commun, malgré les efforts déployés en sa faveur par plus de cent cinquante écrivains et artistes (dont Guillaume Apollinaire, Frédéric Mistral, Francis Carco, Paul Fort, Pierre Loti, Francis Jammes, Emile Faguet, Paul Bourget, etc.).

Ce geste lui valut une grande popularité auprès des étudiants d'Action française, dont il va devenir l’année suivante le secrétaire général. Il prend une part active à la campagne pour la loi des trois ans de service militaire en 1913, conseillant à ses troupes d’avoir toujours « dans la main une bonne canne, dans la poche un bon livre ». « Sa figure n’était ni belle, ni gracieuse, elle ne respirait que l’énergie », dira de lui Louis Dimier. Il n’en sera pas moins exclu de l'Action française pour « activisme » en 1913 : on lui reprochera d’avoir voulu organiser un coup de force contre la République.

Se liant d'amitié avec Georges Valois, il travaille au rapprochement des nationalistes monarchistes et des syndicalistes révolutionnaires en se fondant sur l'héritage politique de Georges Sorel et en participant à la création du Cercle Proudhon.

Lagrange, malgré son jeune âge, multiplie les collaborations à des journaux et des revues royalistes. Dès 1910, il apporte son concours à la Revue critique des idées et des livres, de Jean Rivain, Pierre Gilbert et Henri Clouard. Dès 1911, il fait de même à L'Action française de Charles Maurras, Jacques Bainville et Léon Daudet. En 1912 et 1913, il anime, avec Maxime Brienne (le compositeur des paroles de La Royale) et André Blot, le brûlot Leurs Figures, dans lequel il s’en prend violemment au personnel politique républicain (Poincaré, Briand et même Barrès). En 1913, trois de ses camarades royalistes, Pierre Dumoulin, André d'Harmenon et Alain Mellet, animent durant quelques mois une revue littéraire, Le Mail. Il y collaborera, tout comme Georges Bernanos qui y publie l’une de ses premières nouvelles.

Sur le plan littéraire, Lagrange se signale par des articles enthousiastes et fouillés consacrés à Gérard de Nerval, son compatriote valoisien, au romancier Hugues Rebell, compagnon de route - prématurément disparu en 1905 - de l'Action française et au Jean-Christophe de Romain Rolland.

En 1912, il réédite à la Nouvelle librairie nationale, un livre de Proudhon, Les Femmelins, consacré à la critique de la littérature et des figures romantiques (Rousseau, Béranger, Lamartine, Mme Roland, Mme de Staël, Mme Necker de Saussure, George Sandavec).

Deux livres qu’il envisageait d’écrire ne verront jamais le jour : un essai politique, La Ploutocratie internationale, et un roman psychologique et politique, Vingt ans en 1914, qu’il avait commencé à rédiger sous le double patronage de Stendhal et de Barrès.

En août 1914, il se porte volontaire et déclare: « C'est aux intellectuels qu'il appartient de donner l'exemple ». Blessé le 6 octobre lors de l’attaque d'Auberive, il décède de ses blessures à l'hôpital de Montereau.

Ils se souvinrent de lui

Charles Maurras, avec qui il avait sans succès tenté de se réconcilier lors de sa mobilisation, lui décernera le titre de « prince de la jeunesse » dans la préface qu’il rédigera pour un recueil de ses textes, Vingt ans en 1914. Etudes politiques et littéraires, portraits et polémiques, lettres de guerre, édité en 1920 par la Nouvelle librairie nationale (pp. VII-XV) et le saluera par ces mots : « Peu d’âmes auront su en aussi peu de temps, à cette vitesse, le fort, le faible, le fugace ou le durable des engouements, des liaisons courantes et des liens immortels. » Léon Daudet, dans ses souvenirs, évoquera un « jeune homme d’une intelligence surprenante, en qui s’annonçait une carrière littéraire et philosophique de premier plan ». En 1917, l'écrivain Maurice Barrès consacrera lui-même plusieurs pages de ses Familles spirituelles de la France à cet « oiseau des tempêtes », cette « pierre du torrent, pleine d’étincelles ». En 1924, Georges Valois citera Henri Lagrange parmi les dédicataires de son essai sur La Révolution nationale : « La nouvelle génération fut manifestement marquée du signe de son sacrifice. J’ai vu tout frémissant d’une impatience sacrée le jeune Lagrange pareil à un pressentiment vivant », fera dire Georges Bernanos à l’un des personnages de son livre Sous le soleil de Satan (1926).

Publications

  • Gérard de Nerval, éd. de la Revue critique, Paris, 1911.
  • « Introduction » à Pierre-Joseph Proudhon, Les Femmelins, Nouvelle librairie nationale, Paris, 1912.
  • Vingt ans en 1914. Études politiques et littéraires, portraits et polémiques, lettres de guerre, préface de Charles Maurras, Nouvelle librairie nationale, Paris, 1920.