Friedrich Nietzsche

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Friedrich Wilhelm Nietzsche est un philosophe et philologue allemand né le 15 octobre 1844 à Röcken et mort le 25 août 1900 à Weimar.

Friedrich Nietzsche âgé de 30 ans environ.
Friedrich Nietzsche âgé de 30 ans environ.

L'œuvre de Nietzsche est une généalogie critique de la modernité et de l'ensemble de ses valeurs morales, politiques (la démocratie, l'égalitarisme), philosophiques (le platonisme et toutes les formes de dualisme métaphysique) et religieuses (le christianisme). Cette critique procède d'un projet de dévaluer ces valeurs et d'en instituer de nouvelles dépassant le ressentiment et la volonté de néant qui ont selon lui dominé l'histoire de l'Europe depuis l'avènement du christianisme et abouti à la modernité occidentale. Il est le visionnaire par excellence de l’avènement du nihilisme, entendu comme épuisement de toute créativité et de toute volonté de vivre et de durer à travers des institutions, comme perte de tout sens et mort des anciennes valeurs, mais aussi comme longue étape inéluctable censée devoir s’étendre sur deux siècles, avant la régénération de l’histoire par une nouvelle « race de maîtres ».

L'exposé de ses idées prend dans l'ensemble une forme aphoristique ou poétique.

Biographie

Friedrich Nietzsche naquit le 15 octobre 1844 en la ville de Röcken (une petite ville de la Prusse saxonne près de Leipzig, faisant aujourd'hui partie du Land de Saxe-Anhalt) ; son père Carl Ludwig Nietzsche était alors le pasteur luthérien de la ville.

De santé fragile, souffrant de violentes migraines, devenu presque aveugle, son père Carl Ludwig mourut en 1849.

Après la mort du père, Friedrich et sa sœur Elisabeth déménagèrent à Nambourg (en allemand Naumburg, une ville de la Prusse saxonne) pour y être confiés à la garde de leur grand-mère sous la tutelle de l'Etat.

En 1854, il fut admis au petit séminaire de la ville de Nambourg.

Comme il montrait des dons pour la musique et les langues, il fut admis à l'Académie royale de Pforta (un ancien séminaire cistercien converti en internat, destiné aux élèves les plus brillants d'Allemagne) où il étudia de 1858 jusqu'en 1864. Ses études lui permirent d'acquérir de solides connaissances linguistiques, notamment en français, en grec et en latin.

A partir 1865 Nietzsche entama des études de théologie et de philologie classique à l'Université de Bonn (l'Université rhénane Frédéric-Guillaume, aujourd'hui située dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie) ; mais ayant perdu la foi et au grand désespoir de sa famille, il abandonna la théologie à la fin du premier semestre. Il poursuivit toutefois ses études de philologie, notamment sous la conduite du grammairien et philologue Friedrich Ritschl qu'il accompagna à Leipzig lorsque ce dernier y fut muté.

Son essai en latin sur Diogène Laërce (De fontibus Laertii Diogenii) qu'il publia en 1867, lui permit d'obtenir son diplôme de Docteur de l'université de Leipzig sans avoir à soutenir de thèse. Il s'intéressa également, à la même époque, à l’œuvre de Schopenhauer.

C'est également en 1867 à Leipzig que Nietzsche rencontra Richard Wagner, qu'il compare alors à « l'Eschyle des temps modernes, le héraut d'une renaissance de la tragédie ».

En 1869, sur la recommandation de Ritschl, il fut nommé professeur extraordinaire de philologie classique à l'université de Bâle, sa leçon inaugurale porta sur Homère et la philologie classique ; puis en 1870, il fut nommé professeur ordinaire en cette université.

Vers 1873, les céphalées et les troubles oculaires, qui devaient l'accompagner jusqu'à sa mort, commencent à contrarier sa créativité.

En 1879, différents problèmes de santé lui firent demander, et obtenir, sa mise en disponibilité de son alma mater bâloise. Il voyagea alors (en Suisse, en Italie et dans le Midi de la France,) tout en rédigeant ses œuvres majeures.

Après 1879, sa santé physique et psychique se détériorèrent. Sa mère le prit alors chez elle et le soigna avec dévouement jusqu'à sa mort, en 1900.

Idées

De manière générale, malgré toutes les tentatives de récupération, de distorsion ou de manipulation dont il a été l'objet post mortem, Nietzsche a été et demeure, à l'époque moderne, le représentant le plus important et le plus profond d'une vision-du-monde radicalement antichrétienne, antihumaniste, anti-égalitaire, antidémocratique[1].

L'œuvre de Nietzsche s'articule autour de plusieurs thèmes centraux : la mort de dieu et la critique du nihilisme ; la volonté de puissance ; l'attente du Surhomme.

Son aphorisme le plus célèbre « Dieu est mort » est ainsi une profession de foi à travers laquelle il appelle l'humain à se redéfinir non plus à partir de Dieu - qui selon lui ne peut plus être la source des codes moraux - mais à partir de lui-même. Il présente alors la mort de Dieu comme l'une des conditions préalables à l'évolution de l'Homme.

Il compare ensuite le christianisme à une sorte de nihilisme étouffant l'Homme, ayant institué une morale d'esclave, se proposant de lui offrir comme ultime récompense un au-delà probablement chimérique.

Toujours selon Nietzsche, ce n'est pas l'amour de la vérité qui guide les humains mais les passions et le combat. Les institutions, notamment la religion institutionnalisée, étouffent les inclinaisons profondes de l'humain vers ce combat.

La société humaine libérée de ses fardeaux tendrait naturellement à l'accroissement continu des forces vitales à sa disposition. L'Homme souhaitant pleinement se réaliser doit alors tendre vers son dépassement, c.-à-d. doit tendre vers le Surhomme.

Influences

Friedrich Nietzsche a influencé :

Œuvres

  • 1872 - Naissance de la tragédie à partir de l'esprit de la Musique (Die Geburt der Tragödie aus dem Geiste der Musik) : Nietzsche y étudie la tragédie grecque par l'intermédiaire de deux figures mythiques qu'il oppose: Dionysos, dieu de l'ivresse et des débordements de la vie, et Apollon, représentant la beauté, la sérénité, l'apaisement.
  • 1883~1885 - Ainsi parlait Zarathoustra (Also sprach Zarathustra) : son œuvre-maîtresse dans laquelle il met en œuvre le philosophe Zarathoustra venu parler aux hommes pour essayer de les sauver. Mais les hommes que le philosophe rencontre sont des hommes de peu d'envergure ne comprenant pas "ce que Zarathoustra leur veut".
  • 1886 - Par-delà bien et mal : son autre œuvre-maîtresse est surtout une critique du Christianisme, dont la morale est (selon Nietzsche) une négation de la vie.

Bibliographie

Monographies

  • coll., Nietzsche, La critique la plus radicale des valeurs et de la morale occidentale, Apprendre à philosopher, RBA, Barcelone, 2019.
  • coll., Pourquoi nous ne sommes pas nietzschéens, Grasset, 1991, 308 p.[2]
  • Giorgio Locchi, Wagner, Nietzsche et le mythe surhumaniste, éd. La Nouvelle Libraire, Collection Agora de l’Institut Iliade, 2022, 386 p.
  • Olivier Meyer, Nietzsche hyperboréen, Diffusion du Lore, 2011,
  • Olivier Meyer, Nietzsche — Guide des citations, Pardès, 128 p.
  • Julien Rochedy, Nietzsche l'actuel - introduction à la philosophie nietzschéenne, suivi de Nietzsche et l'Europe, Paris, 2020, 224 p.
  • Friedrich Nietzsche, L’avenir des Européens, textes présentés par Pierre-Marie Durand, postface de Rémi Soulié, La Nouvelle Librairie éditions, Paris, 2020.
  • Rémi Soulié, Nietzsche ou La Sagesse dionysiaque, Paris, Points, 2014, 144 p.
  • Pierre-André Taguieff, Les nietzschéens et leurs ennemis, Editions du Cerf, 2021, 496 p.

Articles

  • Philippe Baillet, « Origine des valeurs, valeur de l'origine et vision païenne du monde. Sémiologie des instincts et codes chiffrés des conditions d'existence : la généalogie selon Nietzsche et la construction du « parti de la vie », Sparta, vol. 1, novembre 2020, p. 27-52.
  • Tomislav Sunic, « Nietzsche (1900-2020) et le signalement moral ostentatoire (virtue signalling) du Système face au "grand remplacement" », Sparta, vol. 2, novembre 2021, p. 207-220.

Citations

La Naissance de la tragédie

« Ce n’est pas seulement l’alliance de l’homme avec l’homme qui est scellée de nouveau sous le charme de l’enchantement dionysien : la nature aliénée, ennemie ou asservie, célèbre elle aussi sa réconciliation avec son enfant prodigue, l’homme. Spontanément, la terre offre ses dons, et les fauves des rochers et du désert s’approchent pacifiques. Le char de Dionysos disparaît sous les fleurs et les couronnes : des panthères et des tigres s’avancent sous son joug. Que l’on métamorphose en tableau l’hymne à la « joie » de Beethoven, et, donnant carrière à son imagination, que l’on contemple les millions d’êtres prosternés frémissants dans la poussière : à ce moment l’ivresse dionysienne sera proche. Alors l’esclave est libre, alors se brisent toutes les barrières rigides et hostiles que la misère, l’arbitraire ou la « mode insolente » ont établies entre les hommes Maintenant, par l’évangile de l’harmonie universelle, chacun se sent, avec son prochain, non seulement réuni, réconcilié, fondu, mais encore identique en soi, comme si s’était déchiré le voile de Maya, et comme s’il n’en flottait plus que des lambeaux devant le mystérieux Un-primordial. Chantant et dansant, l’homme se manifeste comme membre d’une communauté supérieure : il a désappris de marcher et de parler, et est sur le point de s’envoler à travers les airs, en dansant. Ses gestes décèlent une enchanteresse béatitude. De même que maintenant les animaux parlent, et que la terre produit du lait et du miel, la voix de l’homme, elle aussi, résonne comme quelque chose de surnaturel : il se sent Dieu ; maintenant son allure est aussi noble et pleine d’extase que celle des dieux qu’il a vus dans ses rêves. L’homme n’est plus artiste, il est devenu œuvre d’art : la puissance esthétique de la nature entière, pour la plus haute béatitude et la plus noble satisfaction de l’Un-primordial, se révèle ici sous le frémissement de l’ivresse. La plus noble argile, le marbre le plus précieux, l’homme, est ici pétri et façonné ; et, aux coups du ciseau de l’artiste des mondes dionysiens, répond le cri des Mystères d’Éleusis : « Vous tombez prosternés à genoux, millions d’êtres ? Monde, pressens-tu le Créateur ? »

Le Gai Savoir

« Sentence de l'homme fort : Ne demande jamais ! À quoi bon gémir ! Prends, je t’en prie, prends toujours ! »

« Nous sommes en un mot - et que ce soit notre parole d'honneur ! - de bons Européens, les héritiers de l'Europe, les héritiers riches et comblés - mais riches aussi en obligations, héritiers de plusieurs milliers d'années d'esprit européen (...) » §377

« Que dit ta conscience ? – « Tu dois devenir celui que tu es. » §270

Ecce Homo

« Je révolte par ma seule présence tout ce qui a du sang corrompu dans les veines »

« C'est du chaos consécutif à la chute des faux dieux (et des fausses valeurs) que va naître l'unité et la régénérescence de l'Europe. »

Ainsi parlait Zarathoustra

« De tout ce qui est écrit, je n’aime que ce que l’on écrit avec son propre sang. Écris avec du sang et tu apprendras que le sang est esprit. » Lire et écrire

« Tu ne dois pas seulement propager ta race plus loin, mais aussi plus haut. » De l'enfant et du mariage

La Généalogie de la morale

« Le latin malus (que je mets en regard de μέλας, noir) pourrait avoir désigné l’homme du commun d’après sa couleur foncée, et surtout d’après ses cheveux noirs (hic niger est), l’autochtone pré-aryen du sol italique se distinguant le plus clairement par sa couleur sombre de la race dominante, de la race des conquérants aryens aux cheveux blonds. Du moins le gaëlique m’a fourni une indication absolument similaire : — c’est le mot fin (par exemple dans Fin-Gal), le terme distinctif de la noblesse, en dernière analyse le bon, le noble, le pur, signifiait à l’origine : la tête blonde, en opposition à l’autochtone foncé aux cheveux noirs. Les Celtes, soit dit en passant, étaient une race absolument blonde ; quant à ces zones de populations aux cheveux essentiellement foncés que l’on remarque sur les cartes ethnographiques de l’Allemagne faites avec quelque soin, on a tort de les attribuer à une origine celtique et à un mélange de sang celte, comme fait encore Virchow : c’est plutôt la population pré-aryenne de l’Allemagne qui perce dans ces régions. (La même observation s’applique à presque toute l’Europe : en fait, la race soumise a fini par y reprendre la prépondérance, avec sa couleur, la forme raccourcie du crâne et peut-être même les instincts intellectuels et sociaux : — qui nous garantit que la démocratie moderne, l’anarchisme encore plus moderne et surtout cette tendance à la Commune, à la forme sociale la plus primitive, chère aujourd’hui à tous les socialistes d’Europe, ne soient pas, dans l’essence, un monstrueux effet d’atavisme — et que la race des conquérants et des maîtres, celle des aryens, ne soit pas en train de succomber même physiologiquement ? » Première dissertation §5

« Platon contre Homère : voilà l’antagonisme complet, réel : — d’un côté le fanatique de l’au-delà, le grand calomniateur de la vie ; de l’autre, son apologiste involontaire, la nature toute d’or. » Troisième dissertation §25

Le Crépuscule des idoles

« Le christianisme, né de racines judaïques, intelligible seulement comme une plante de ce sol, représente le mouvement d’opposition contre toute morale d’élevage, de la race et du privilège : — il est la religion anti-aryenne par excellence : le christianisme, la transmutation de toutes les valeurs aryennes, la victoire des évaluations des Tchândâla, l’évangile des pauvres et des humbles proclamé, l’insurrection générale de tous les opprimés, des misérables, des ratés, des déshérités, leur insurrection contre la « race », — l’immortelle vengeance des Tchândâla devenue religion de l’amour. » Ceux qui veulent rendre l'humanité "meilleure" §4

« L’homme devenu libre foule aux pieds cette sorte de bien-être méprisable dont rêvent les épiciers, les chrétiens, les vaches, les femmes, les Anglais et autres démocrates. L’homme libre est guerrier. »

Humain, trop humain

« Aussi longtemps qu'on te louera, crois bien toujours que tu n'es pas encore sur ta voie, mais sur celle d'un autre » - II, 1, 340.

« Les Grecs ne voyaient pas les dieux homériques au-dessus d’eux comme des maîtres, et eux-mêmes au-dessous des dieux comme des valets, ainsi que les Juifs. Ils ne voyaient en eux que le mirage des exemplaires les plus réussis de leur propre caste, partant un idéal, et non le contraire de leur propre être.» § 114

Par delà bien et mal

« La maladie de la volonté s’est propagée à travers l’Europe d’une façon inégale ; elle sévit avec le plus de force et sous les aspects les plus variés partout où la civilisation est depuis le plus longtemps acclimatée ; elle tend à disparaître dans la mesure où le « barbare » réussit à maintenir — ou à revendiquer — ses droits sous les vêtements lâches de la civilisation occidentale. En conséquence, c’est dans la France contemporaine, comme il est facile de le montrer et de le démontrer, que la volonté est le plus malade ; et la France qui a toujours possédé une habileté souveraine à présenter, sous une forme charmante et séduisante, jusqu’aux tournures les plus néfastes de son esprit, apparaît aujourd’hui à l’Europe, dans l’excès de son génie national, comme la véritable école et le théâtre du scepticisme dans ce qu’il a de plus attrayant. La force du vouloir, la force de vouloir longtemps dans un même sens, est déjà un peu plus accentuée en Allemagne, davantage dans l’Allemagne du Nord, moins dans l’Allemagne centrale ; beaucoup plus forte en Angleterre, en Espagne et en Corse, là grâce au flegme, ici grâce à la dureté des crânes — sans parler de l’Italie qui est trop jeune pour savoir encore ce qu’elle veut, et qui devra d’ailleurs montrer d’abord ce qu’elle peut vouloir. — Mais la volonté est la plus forte et la plus étonnante dans ce prodigieux empire du milieu, où l’Europe reflue pour ainsi dire vers l’Asie — en Russie. C’est là que la volonté latente est depuis longtemps comprimée et accumulée, là que la volonté — on ne sait si elle sera affirmative ou négative — attend d’une façon menaçante le moment où elle sera déclenchée, pour emprunter leur mot favori aux physiciens d’aujourd’hui. Ce n’est pas à la guerre avec l’Inde, ni aux complications en Asie que l’Europe devrait demander de la protéger contre le danger le plus sérieux qui la menace, mais à un bouleversement intérieur, à une explosion émiettant l’empire et surtout à l’importation de l’absurdité parlementaire, avec l’obligation pour chacun de lire le journal à son déjeuner. Ceci ne sont pas des désirs, le contraire me tient plus à cœur, c’est-à-dire que je voudrais voir l’Europe, en face de l’attitude de plus en plus menaçante de la Russie, se décider à devenir menaçante à son tour, à se créer, au moyen d’une nouvelle caste qui la régirait, une volonté unique, formidable, capable de poursuivre un but pendant des milliers d’années, afin de mettre un terme à la trop longue comédie de sa petite politique et à ses mesquines et innombrables volontés dynastiques ou démocratiques. Le temps de la petite politique est passé ; déjà le siècle qui s’annonce fait prévoir la lutte pour la souveraineté du monde — et l’irrésistible poussée vers la grande politique. »

L'Antéchrist

« Qu’est-ce qui est bon ? — Tout ce qui exalte en l’homme le sentiment de puissance, la volonté de puissance, la puissance elle-même. » § 2

« Le « progrès » n’est qu’une idée moderne, c’est-à-dire une idée fausse. » §3

« Regardons-nous en face. Nous sommes des Hyperboréens, (...) »

« Le christianisme, je veux dire la perversion des âmes par les notions de faute, de châtiment et d'immortalité. » § 58

La Volonté de Puissance

« Ce qui distingue la rude école entre toutes les bonnes écoles, c'est que les exigences y sont grandes, qu'elles y sont sévères ; que le bien, l'exceptionnel même, y sont exigés comme normaux ; que la louange y est rare, l'indulgence inconnue ; que le blâme y est cinglant, précis, ne tient compte ni de l'origine, ni du talent. Une telle école est absolument nécessaire, pour le corps comme pour l'âme, il serait néfaste de vouloir ici distinguer. Une même discipline trempe le militaire et le savant ; et, à voir les choses de près, il n'y a pas de savant qui ne porte en lui les instincts d'un bon militaire. Savoir commander, puis obéir avec fierté ; rester dans le rang, mais être à tout moment capable de prendre le commandement ; préférer le danger à l'aise ; ne pas peser minutieusement le licite et l'illicite ; haïr les hommes mesquins et rusés, les parasites plus que les méchants. Qu'apprend-on, dans une rude école ? A obéir et à commander ».

fragments posthumes

« Avec quelle vilenie le christianisme ne s’est-il pas comporté à l’égard de l’Antiquité en la diabolisant dans sa totalité ! » (fragment posthume, printemps-automne 1881, 11[175].

« Le triomphe du christianisme fut le signal de l’entière décadence, et des sciences, et de la philosophie. » (Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, Cinquième époque).

Textes à l'appui

« Combattre l’égalitarisme : tel est le but essentiel que s’est fixé Nietzsche (...) Nietzsche appelle une aristocratie qui puisse tirer son droit de diriger la masse de ses qualités naturelles, de sa valeur. Une aristocratie qui représente un type d’homme supérieur ». Giorgio Locchi

Le nietzschéisme est-il de droite ou de gauche ?

« Les imbéciles et les penseurs d’occasion (surtout à droite) ont toujours prétendu que les notions de Droite et de gauche n’avaient aucun sens. Quelle sinistre erreur. Même si les positions pratiques de la droite et de la gauche peuvent varier, les valeurs de droite et de gauche existent bel et bien. Le nietzschéisme est à droite évidemment. Nietzsche vomissait la mentalité socialiste, la morale du troupeau. Mais ce qui ne veut pas dire que les gens d’extrême-droite soient nietzschéens, loin s’en faut. Par exemple, ils sont globalement anti-juifs, une position que Nietzsche a fustigée et jugée stupide dans nombre de ses textes et dans sa correspondance, où il se démarquait d’admirateurs antisémites qui ne l’avaient absolument pas compris. Le nietzschéisme est de droite, évidemment, et la gauche, toujours en position de prostitution intellectuelle, a tenté de neutraliser Nietzsche parce qu’elle ne pouvait pas le censurer. Pour faire bref, je dirais qu’une interprétation honnête de Nietzsche se situe du côté de la droite révolutionnaire en Europe, en prenant ce concept de droite faute de mieux (comme tout mot, il décrit imparfaitement la chose). Nietzsche, tout comme Aristote (et d’ailleurs aussi comme Platon, Kant, Hegel et bien entendu Marx – mais pas du tout Spinoza) intégrait profondément le politique dans sa pensée. Il était par exemple, par une fantastique prémonition, pour une union des nations européennes, tout comme Kant, mais dans une perspective très différente. Kant, pacifiste et universaliste, incorrigible moralisateur utopiste, voulait l’union européenne telle qu’elle existe aujourd’hui : un grand corps mou sans tête souveraine avec les droits de l’Homme pour principe supérieur. Nietzsche au contraire parlait de Grande Politique, de grand dessein pour une Europe unie. Pour l’instant, c’est la vision kantienne qui s’impose, pour notre malheur. D’autre part, le moins qu’on puisse dire, c’est que Nietzsche n’était pas un pangermaniste, un nationaliste allemand, mais plutôt un nationaliste – et patriote – européen. Ce qui était remarquable pour un homme qui vivait à une époque, la deuxième partie du XIXe siècle (« Ce stupide XIXe siècle » disait Léon Daudet) où s’exacerbaient comme un poison fatal les petits nationalismes minables intra-européens fratricides qui allaient déboucher sur cette abominable tragédie que fut 14-18 où de jeunes Européens, de 18 à 25 ans, se massacrèrent entre eux, sans savoir exactement pourquoi. Nietzsche, l’Européen, voulait tout, sauf un tel scénario. C’est pourquoi ceux qui instrumentalisèrent Nietzsche (dans les années 30) comme un idéologue du germanisme sont autant dans l’erreur que ceux qui, aujourd’hui, le présentent comme un gauchiste avant l’heure. Nietzsche était un patriote européen et il mettait le génie propre de l’âme allemande au service de cette puissance européenne dont il sentait déjà, en visionnaire, le déclin ». Guillaume Faye[3]

Sources

Cité dans

  • Dossier Johann J. Bachofen , « Le mythologue du romantisme », in: Sparta, vol. I, novembre 2020, p. 97-210.
  • Jean-Numa Ducange, Quand la gauche pensait la nation. Nationalités et socialismes à la Belle époque, Fayard, Paris, 2021.
  • DURAND Pascal et HABRAND Tanguy, Histoire de l’édition en Belgique. XVème - XXIème siècle, Postface d’Yves Winkin, Les impressions nouvelles, Bruxelles, 2018.
  • Giovanni Monastra et Philippe Baillet, Piété pour le cosmos : Les précurseurs antimodernes de l'écologie profonde, Akribeia, Saint-Genis-Laval, 2017, 170 p. (ISBN 978-2-913612-66-2)
  • RIEDEL Manfred, Geheimes Deutschland. Stefan George und die Brüder Stauffenberg, Kulurverlag Kadmos, Berlin.

Notes et références

  1. Philippe Baillet, « Origine des valeurs, valeur de l'origine et vision païenne du monde », in : Sparta, vol. I, 2020, p. 27-52.
  2. Les participants en sont : Alain Boyer, André Comte-Sponville, Vincent Descombes, Robert Legros, Philippe Raynaud, Pierre-André Taguieff, ainsi qu'Alain Renaut et Luc Ferry.
  3. Réponses données par Guillaume Faye au questionnaire du blog Nietzsche académie en juin 2012.