Richard Wagner

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Wilhelm Richard Wagner, né le 22 mai 1813 à Leipzig dans le royaume de Saxe et mort le 13 février 1883 à Venise en Italie, est un compositeur, directeur de théâtre, écrivain, chef d'orchestre et polémiste allemand, figure éminente du courant romantique.

Un mystique de la révolution

Fils de Carl Friedrich Wagner et de Johanna Rosine , un couple allemand de condition modeste, le petit Richard voit le jour à Leipzig en 1813, avant de perdre son père le 23 novembre de la même année, ainsi que son père adoptif , une fois sa mère remariée huit ans plus tard.

Touché très jeune par le décès d'êtres chers, le jeune Richard va donc intégrer tout au long de son oeuvre monumentale les questions fortes et les doutes de sa prime enfance, sublimant ainsi la Mort à travers le Mythe. En 1826, â l'âge de treize ans, il prend quelques cours de musique au Collège Saint-Nicolas, puis à Saint-Thomas , dans la ville médiévale de Dresde. C'est une période cruciale où Wagner, essentiellement autodidacte, épanouit un goût déjà prononcé pour les légendes et les héros. Certains ont cru voir dans ses références nostalgiques au passé héroïque du Heimat déifié une cristallisation du père absent ; mais ne s'agit-il pas tout simplement d'une volonté de puissance traduite en notes plutôt qu'en actes? Une chose est sûre : avec la musique , le jeune Richard se découvre très tôt une vocation de librettiste ...

En 1828, il se lance avec application dans l'écriture de Leubald, une tragédie dont on ne retiendra pas grand chose. Seulement quelques bribes de ses débuts sont passés sans gloire à la postérité. En témoignent ses Ouvertures de concerto inspirées de Beethoven ainsi qu'une Sonate piano publiée en 1831 chez Beitkopf et Hartel. Très attiré par le théâtre et sa gestuelle , il débute l'écriture d'un poème resté inachevé, Les Noces, puis entame celui des Fées en 1833. Cet opéra d'apprentissage est tiré de La Donna Serpente de Carlo Gozzi, et sa création posthume (1888) nous révèle une musique "verte" se cherchant encore , entre conformisme et spasme libertaire. En ce début des années 1830, l'influence grandissante de von Weber et son tonitruant Freischutz va canaliser la force musicale brute du jeune Wagner vers une partition solaire et puissante qui s'encombre de moins en moins d'académisme.

La rédemption par le sacrifice

Outre les difficultés techniques dues à son peu d'expérience , Richard Wagner laisse déjà transparaître le thème de la Rédemption par l'Amour, "l'Erlosung", dans le cas de son Die Feien, maintenant achevé. Frappée de malédiction par la faute d'Arindal , son mortel époux, la fée Ada est transformée en pierre. Surmontant ses craintes , dans un dernier élan désespéré , Arindal délivre son aimée par le sortilège de sa voix. Dés lors, tous deux auront accès au monde onirique des fées. Chez Wagner l'Amour appelle d'abord un purgatoire !

Féru de littérature, Richard Wagner compose lui même ses textes en prose avec le brio qui manque à d'autres auteurs, comme ce pauvre Otto Nicole dépourvu de tout talent stylistique et contraint d'organiser des concours pour la rédaction de ses livrets. L'année 1836 marque la création de La Défense d'Aimer, titre ô combien paradoxal l'année même de son mariage avec la jolie Minna Planer, à Konigsberg. Loin de se cantonner à la dramaturgie , nous l'avons vu, Wagner exploite aussi le genre comique, ce "travers" qu'il admire tant chez nous , les Français il signe en 1837 La joyeuse Famille des Ours, charmante fable en forme de conte moral que l'histoire musicale n'aura pas retenue. Mais c'est lors d'une traversée mouvementée entre Pillau et Londres le 19 juillet 1839 que Richard Wagner entrevoit une vision subliminale du Vaisseau Fantôme dans les flots déchaînés. Ce sera la révélation initiale qui entraînera la composition de l'opéra dudit nom deux ans plus tard .

Pour l'heure, il découvre la France pour la première fois et, définitivement conquis , y loue une maison de campagne. Demeurant ensuite sur Paris, il y présente l'ouverture de son Faust, vivement salué par la critique : " Une ouverture d'un jeune compositeur allemand d'un talent très remarquable, M. Wagner, vient d'être répétée par !'Orchestre du Conservatoire et a obtenu des applaudissements unanimes".

La consécration d'un OVNI musical : Le Leitmotive

A la grande joie du maître, le Vaisseau Fantôme est représenté à Berlin en 1844. Cette œuvre reprend la légende dramatique d'un capitaine hollandais parcourant la mer sans repos ni attaches, maudit pour avoir défié le Ciel en passant le cap interdit des Tempêtes . Il ne peut accoster que tous les sept ans. Brisant tout sortilège, l'amour de la belle Senta parviendra néanmoins à retenir à terre ce "hollandais volant" au péril de son existence. C'est aussi l'époque de la maîtrise des envolées lyriques, et d'un "discours" chromatique soutenu par un Leitmotive tempétueux. Entêtant comme un refrain, il donne à l'œuvre sa cohérence stylistique. Non content de son succès grandissant , Wagner achève douze mois plus tard son Tannhäuser à Dresde... Il lui faudra cependant attendre cinq ans encore pour entendre le grand Liszt proclamer : "Une fois pour toutes, comptez-moi désormais parmi vos admirateurs les plus zélés et les plus dévoués". Ses contemporains légitiment enfin son talent !

Cependant, le musicien éclectique Wagner touche aussi à la politique, et il participe au mouvement insurrectionnel anti-impérial de mai 1849, à la suite de quoi il doit s'enfuir vers la France avant de s'installer en Suisse jusqu'en 1859, hors d'atteinte des poursuites pénales engagées contre lui ...

Toujours sous la direction de l'aimable Liszt, Wagner crée Lohengrin. Parmi la foule captivée, l'on retrouve un Gérard de Nerval enthousiaste. Dans ce drame sublime, le compositeur suggère la présence éthérique d'un héros intervenant depuis l'Au-Delà magique. Nommé Lohengrin, ce chevalier a pour mission de sauver Elsa, princesse accusée à tort d'avoir fait disparaître son jeune frère Gottfried à son profit. Elsa qu'il avait alors promis d'épouser, révèlera les origines divines de son mystérieux ange gardien, sur les conseils d'Ortrud, son "ange noir". Entraînant de ce fait la perte de Lohengrin, la jeune femme se perd elle-même ...

En Août de la même année, le maître dévoile sa pensée visionnaire dans Le judaïsme dans la Musique, écrit ouvertement dirigé contre le musicien Meyerbeer. Il y dénonce de façon générique l'écrasante domination des Juifs dans les appareils de pouvoir. S'exposant à la critique des ventres mous de son temps , Wagner expose également son grand projet de Gesamtkunstwerk par la voie d'autres pamphlets. Cette vision nouvelle d'un Art Total marie musique , chant, ballet dans la fusion de la tragédie musicale parfaite, renvoyant dos à dos les pusillanimes querelles d'écoles. Peintre de l'âme, Wagner procède par touches de couleur et transcende la classique partition.

1854 : c'est la naissance de la Tétralogie pilier de l'œuvre wagnérienne -, avec la composition de son premier volet, L'Or du Rhin. Suivront ensuite la Walkyrie et enfin, Siegfried en 1856. Les galops chromatiques de Brünnhilde, fille des désirs de Wotan restent dans nos mémoires (La Chevauchée des Walkyries) mais ce n'est pas tout ; il faut rappeler que la Tétralogie repose sur une malédiction (l'Anneau du Nibelung) et qu'elle conduira à la perte de ses acteurs. Inspirée essentiellement de mythes préchrétiens, cette saga nous présente un monde divin vulnérable, menacé par les intrigues terrestres et sujet aux trahisons. A l'image des dieux grecs punissant l'Hybris des hommes, le Walhalla des Ases repose sur une certaine tension l'opposant à Midgard, un monde reflétant fidèlement l'autre.

Le message délivré par Richard Wagner est subtil : au-delà du vernis emprunté aux Romantiques, il faut comprendre la Tétralogie comme une volonté de renouer avec la mémoire des chênes sacrés abattus par Charlemagne. D'une passion adultérine à Zürich naîtront les Wesendonk Lieder, sur des poèmes de Mathilde Wesendonk, sa compagne d'alors. Il attaque dés lors son magistral Tristan et Iseult, hommage médiéval à l'amour destructeur (Liebestod). Tandis que Verdi et Gounod sont applaudis dans leurs contrées respectives , Richard Wagner dirige lui-même ses œuvres entre l'Allemagne , la Russie, la Roumanie - et Paris, ville dans laquelle un scandale éclate à propos de la première de Tannhäuser, jugé licencieux et mis en cause pour le caractère païen de son allégorie : le chanteur Tannhäuser divulgue le secret de son génie après avoir séjourné dans les grottes du Vénusberg entre les bras de la déesse.

Le Héros, vrai Dieu et vrai Homme

Parallèlement, Lohengrin est accueilli triomphalement à Vienne. Et comme aucun succès ne vient seul, il entame le poème des Maîtres-chanteurs de Nuremberg, dans lequel un concours de chant doit départager des concurrents pour les beaux yeux d'Eva, le prix du tournoi. Walther, son amoureux décide de s'initier à l'art des Maîtres de chant. La sincérité du jeune homme l'emportera finalement sur la virtuosité des autres. Lié à lui par un symbolisme volontiers hermétique, le poète Charles Baudelaire entame avec le musicien une relation épistolaire : " Il me semblait que cette musique était la mienne, et je la reconnaissais comme tout homme reconnaît les choses qu'il est destiné à aimer ". Quant à Tristan et Isolde, il est représenté pour la première fois à Munich. Là dessus, il dicte Ma Vie à sa maîtresse Cosima Von Bülow, fille de Franz Liszt.

Arrive 1866 et le décès de sa première femme, restée à Dresde. C'est pour Richard l'occasion de se rapprocher de Cosima, et de l'épouser. Avec l'appui de sa nouvelle muse, il reprend l'écriture de Siegfried l'année où lui naît un petit... Siegfried. Suivront alors les représentations de la Walkyrie et la composition du titanesque Crépuscule des Dieux qui clôt le Ring. Ce dernier épisode voit Loki le vengeur déchaîner ses flammes contre un Walhalla décati. Un genre musical est né dans une apothéose de couleurs mélodiques, un drame à la fois abyssal et lumineux qui rayonne déjà sur l'Occident, grisé par les cuivres et les poitrines héroïques ! Mais ne chante pas Wagner qui veut... Des rôles longs et éprouvants ont usé beaucoup d'artistes. L'on distingue volontiers le chanteur wagnérien de n'importe quel autre ; c'est une des raisons pour laquelle cette musique, honnie ou encensée reste un objet à part, divine et cependant très humaine.

Installant l'épicentre de son "cataclysme orchestral" à Bayreuth, Wagner, pérennise désormais sa singularité, en fait une tradition. Toute révolution a ses règles ! Ce n'est qu'en 1876, tard dans sa carrière, que Richard Wagner assiste à l'intégrale de l'Anneau. Mais déjà sonne le Crépuscule du dieu, qui nous livre Parsifal l'année d'avant sa mort. Travailleur infatigable, il réinvente le parcours initiatique de Perceval, et lui donne pour théâtre le Montsalvat cathare. Parsifal, le "pur si fol", est en quête de son identité. Insensible à l'attrait de la vénéneuse Kundry, il rapporte à Montsalvat la lance du Christ dérobée par Klingsor. Malgré lui, il ramène la paix à la Confrérie des Gardiens du Graal. " Ici, le temps se fait espace ", dit l'un des protagonistes. Voici résumée l'intensité cosmique de cette œuvre, où symétrie est abolie.

Au-delà de la récurrence d'un thème messianique bien peu germanique, Wagner devient l'étendard d'un renouveau politique nationaliste en Allemagne. Avec lui, une élite nouvelle de philosophes et d'écrivains ouvre la voie aux mouvements artistiques révolutionnaires du XXe siècle ... De ses nombreux voyages, Wagner l'Européen choisit la douceur du littoral vénitien pour échouer son vaisseau. Il meurt le 13 février 1883. " Les plus grands hommes naissent posthumes ", disait Nietzsche en son temps. Wagner, lui, n'a pas attendu[1].

Influence

Richard Wagner a influencé :

Citations à propos de Richard Wagner

Stefan George à propos de Nietzsche.jpg

(Source : Ego Non)

Bibliographie

Cité dans

  • Ulrike Voswinckel, Freie Liebe und Anarchie: Schwabing – Monte Verità. Entwürfe gegen das etablierte Leben, Allitera Verlag, Munich, 2009.

Notes et références

  1. Sigrid Helia, « Richard Wagner, une mystique de la révolution », in: Réfléchir et agir, no 16, hiver 2003, p. 59-61.