GRECE

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Selon l'introduction au Manifeste pour une renaissance européenne, le Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne (GRECE) (né en 1968) est une association engagée dans la société de son temps. Le GRECE poursuit depuis ses origines trois objectifs majeurs. Ceux-ci sont d'ordre intellectuel, métapolitique et communautaire.

Un Manifeste pour une renaissance européenne

Un « gramscisme de droite »

Affiche du GRECE

Le Groupement de Recherche et d’Etudes pour la Civilisation Européenne (G.R.E.C.E.) est une association intellectuelle née en 1968, bien avant que n'apparaisse le terme de « nouvelle droite », créé par des journalistes hostiles au GRECE en 1979[1].

Le GRECE se donnait pour tâche de réactualiser une pensée éclipsée depuis les années trente en la modernisant et en la rendant assimilable par une intelligentsia française, celle-là même que le GRECE entendait influencer et finalement conquérir. Cette subjugation des élites, accompagnée de la volonté d’incarner le monopole du ressourcement doctrinal de la droite, devait s’organiser selon une stratégie dite « métapolitique » de conquête du pouvoir culturel – par le biais d’une contre-culture de droite – en vue de s’emparer, à terme, du pouvoir politique. Le combat culturel du GRECE consiste à progressivement pénétrer les milieux médiatiques et universitaires, à mener une offensive de séduction dans les lieux de production de savoir en s'appuyant sur les réseaux du mouvement, distillant une pensée qui vise à réformer intellectuellement et de l’intérieur les partis de droite[2].

Les trois grandes idées-forces qui structurent le discours des intellectuels du GRECE sont alors :

  • le rejet des valeurs « judéo-chrétiennes », dont les plus subversives demeurent les deux idées monothéiste et égalitaire. Cet antichristianisme représente le passage obligé vers une réorganisation organique de la société, liant le peuple et l’élite, et basée sur l’authenticité fondamentale du modèle tripartite indo-européen.
  • le renouement avec une Europe préchrétienne et un paganisme réactualisé. Ces retrouvailles avec un passé pagano-européen doivent favoriser la résurgence d’un nouveau cycle historique qui verra l’extinction des valeurs subversives au profit d’une nouvelle européanité.
  • la valeur suprême de la « différence », qui se décline diversement depuis la pluralité essentielle des valeurs et des hommes jusqu’à l’irréductible singularité des cultures et des « mentalités »[3].

Les trois fonctions du GRECE

Le XIIIe colloque du GRECE en 1978. A la tribune : Guillaume Faye

Selon ses propres termes le GRECE a trois fonctions :

  • La fonction intellectuelle et culturelle du GRECE concerne la représentation du monde. Elle vise à raviver l'esprit critique face à l'anesthésie cérébrale organisée par l'idéologie dominante et à maintenir en permanence la mémoire de nos origines dans une époque marquée par l'oubli, l'obsolescence et le superficiel. Nous sommes, producteurs de savoirs et gardiens de l'histoire. En tant que centre de réflexion et de transmission, le GRECE vise l'édification collective d'une vision du monde et la projection de celle-ci dans l'avenir. Cette vocation se traduit notamment par la publication de livres et de revues, ainsi que par l'organisation de colloques, de séminaires, de conférences et d'universités d'été.
  • La fonction métapolitique du GRECE est quant à elle orientée vers l'action. Les idées ne sont pas seulement des notions abstraites : au contact des hommes et des situations, elles se transforment en énergies actives ou réactives. La vocation de notre association est d'identifier les points de fracture des sociétés libérales-marchandes pour y faire peser une pression maximale, et cela en employant des moyens différents de ceux de la politique politicienne ou du pur activisme : pétitions et communiqués, actions symboliques de terrain, forums de discussion, interventions auprès de personnalités politiques et médiatiques, mise en relation des forces transversales de contestation, etc.
  • La fonction communautaire du GRECE s'inscrit dans la convivialité et la solidarité, deux valeurs d'autant plus nécessaires que les sociétés modernes deviennent oppressantes, froides et impersonnelles. Du fait de leur engagement commun, les membres du GRECE ne forment pas une collection d'individus isolés, mais une chaîne vivante de fidélité, d'amitié et d'entraide. Tout au long de trente années d'existence s'est ainsi formé un vaste tissu français et européen composé de milliers d'hommes et de femmes partageant des convictions, des valeurs et des expériences communes.

Apprendre à penser, à agir et à partager dans un monde vide, passif et égoïste : tel est notre défi. Loin d'être un handicap, l'âge du GRECE - déjà plus que trentenaire ! - traduit notre volonté d'inscrire notre action sur le long terme. Si nous savons apprécier l'intensité des engagements, nous accordons une valeur au moins égale à leur durée. Ce choix découle d'une volonté : nous inscrire dans un héritage européen, qui dure lui-même depuis dix mille ans et qui offre à chaque nouvelle génération la possibilité d'inventer de nouvelles formes d'accomplissement et de dépassement.

Par ailleurs, contrairement à la plupart des courants de pensée qui l'ont précédé, le GRECE ne se conçoit pas comme le porte-parole d'une doctrine figée ou dogmatique. Nous considérons au contraire l'élaboration et la diffusion des idées comme un processus ouvert, au fond analogue à la vie elle-même, c'est-à-dire soumis en permanence aux défis d'un environnement changeant et aux mutations qu'ils imposent. Si la plupart des fondateurs du GRECE ont aujourd'hui entre 50 et 60 ans, l'âge moyen des cadres actifs de l'association est de 30 ans."

Pourquoi s'engager maintenant ?

Former des cadres : la promotion Themistoklès Savas de l'Ecole des Cadres du GRECE, à Roquefavour en Provence, en été 1980 (au centre : Robert Steuckers).

Selon les animateurs du GRECE : "Une conviction fondamentale anime les membres du GRECE : nous vivons une période de transition majeure, un interrègne, c'est-à-dire un de ces moments rares où l'histoire a épuisé l'une de ses formes et s'apprête à basculer dans une autre. Au déclin succèdera la renaissance, comme au crépuscule l'aurore loi du retour éternel.

La modernité occidentale paraît aujourd'hui au sommet de sa force dans la mesure où, à travers la "mondialisation", elle est parvenue à étendre au monde entier son système de production, de consommation et de représentation : partout règnent le culte de la marchandise, la morale des droits de l'homme, la pensée froide des technocrates, la logique mortifère du capital, le système des objets, le vide de l'agitation médiatique.

Cette même modernité est pourtant en passe d'atteindre le seuil de son déclin. Les grands récits idéologiques et religieux qui l'animaient sont déjà morts, et la mise en application de leurs dogmes se heurte de plus en plus aux limites du réel comme à la résistance des peuples. Le XXIe siècle sera un terrain permanent de combat entre la mondialisation technomarchande guidée par une Nouvelle Classe planétaire et l'ensemble des rebelles visant à affirmer des modes de vie et de pensée différenciés. "Mondialisateurs" contre "différenciateurs" l'affirmation d identités collectives face à l'individualisme et a massification sera l'un des grands enjeux des décennies à venir.

Pour pallier ses faiblesses, le système dominant favorise la dilution de l'esprit critique, la perte des repères historiques et culturels, la propagation d'une pensée unique et obligatoire. Prenant le contrepied de ce discours totalitaire, le GRECE apporte des analyses et des propositions radicalement novatrices, selon une inspiration "révolutionnaire-conservatrice". Révolutionnaire parce que nous entendons contribuer à jeter les bases d'un nouveau commencement historique, d'une métamorphose complète de la civilisation européenne. Conservatrice parce que nous puisons notre inspiration dans un héritage plurimillénaire de pensée et de culture, dans une origine qui donne un sens à notre destin. L'attitude métapolitique qui est la nôtre ne consiste pas à fuir l'actualité pour se réfugier dans des abstractions. En refusant les idées préconçues, nous allons au fond de choses, nous donnons aux évènements de notre époque ce qui leur manque le plus : de la profondeur et de la perspective.

Cette vision à long terme explique que dans son histoire, le GRECE a souvent eu raison avant les autres. Ainsi, beaucoup étaient incrédules lorsque nous annoncions dès les années soixante-dix que les États-Unis deviendraient rapidement l'ennemi principal de l'Europe, que l'illusion de la paix mondiale par le doux commerce serait balayée par le retour en force de la question identitaire, que l'Allemagne serait bientôt réunifiée, que l'unité européenne parviendrait à se construire malgré la logique des blocs et la résistances des États-nations, que les provinces et régions n'étaient pas seulement des résidus folkloriques, mais des cadres ethnoculturels et politiques appelés à se renforcer, que le "vide intellectuel" était le destin des sociétés de consommation, que la dimension biologique des comportements et des aptitudes prendraient un poids croissant dans la recherche scientifique... Sur tous ces points - et sur bien d'autres -, l'histoire nous a donné raison. Ceux qui nous critiquaient ont fini par se rendre à l'évidence. Avec vingt ans de retard.

Si l'on peut ainsi discerner quelques tendances fortes qui surplombent l'actualité et orientent notre devenir, l'exercice rencontre toutefois ses limites. Car, et c'est la seconde raison de notre engagement, l'histoire est fondamentalement ouverte : le présent est la rencontre d'un passé immuable et d'une pluralité d'avenirs possibles. On connaît la célèbre théorie scientifique selon laquelle une infime modification des conditions initiales bouleverse la totalité d'un système - en termes imagés, un battement d'ailes de papillon à Tokyo peut être considéré comme la condition nécessaire du déclenchement d'un ouragan à New York. Pour le GRECE, tous les moments dé notre existence doivent être considérés comme des "conditions initiales" d'un vaste déploiement à venir. Agir en permanence sur ces conditions socio-historiques revient à multiplier les chances de réalisation de notre projet de civilisation. Au fatalisme et à l'esprit de résignation, le GRECE oppose la volonté permanente de modifier le cours des évènements, de changer les mentalités, de transformer les valeurs dominantes. Comme on pouvait le lire sur les murs, en 1968 : nous semons le vent et récolterons la tempête..."

Le sens de ce Manifeste

Pour ses rédacteurs la publication de ce manifeste "répond au désir exprimé par un nombre croissant de personnes de connaître les grandes orientations doctrinales du GRECE. En trente années d'existence, notre courant de pensée n'avait en effet jamais rédigé de véritable synthèse de l'ensemble de ses travaux. C'est désormais chose faite avec le texte dont vous allez prendre connaissance. Reflet momentané d'une réflexion permanente, ce Manifeste doit être lu comme un bilan d'étape, un jalon dans une aventure métapolitique appelée à durer. Il ne s'agit nullement d'un catéchisme dont chaque article formerait une affirmation définitive, ni d'un programme offrant des solutions de court terme à tous les problèmes. Vous trouverez dans ces pages denses et précises une mise en situation de notre époque et des orientations pour l'avenir. Ces dernières ont notamment pour vocation d'éveiller l'intelligence et la sensibilité, de provoquer le débat. Ce sont autant de pistes et d'ouvertures pour la réflexion.

Le GRECE ne s'inscrit pas dans une filiation idéologique ou philosophique exclusive. De Héradite à Heidegger en passant par Althusius, Herder ou Nietzsche, nous considérons bien sûr nombre d'auteurs comme des précurseurs et des fondateurs. Nous n'en faisons cependant pas mention dans le texte de ce Manifeste, dont l'objectif spécifique est de dégager les fondements et les perspectives de notre vision du monde. La pensée du GRECE excède par nature chacun des héritages sur lesquels elle s'est constituée, et il y aurait une grande part d'arbitraire à sélectionner telle ou telle référence au détriment des autres. Notre travail intellectuel et culturel n'a d'ailleurs rien de comparable avec celui de ces innombrables chapelles qui se reconnaissent une fois pour toutes dans un Maître et se contentent d'en répéter avec plus ou moins de bonheur les enseignements. Les pensées ainsi recroquevillées meurent sans postérité ni éclat. La tâche que nous nous sommes assignée exige au contraire une curiosité tous azimuts : une pensée vivante doit se déployer et se dépasser en permanence, se confronter au réel, s'enrichir d'horizons toujours plus vastes.

Hostile à tous les réductionnismes, notre démarche intellectuelle est enfin de nature transdisciplinaire : à la dissémination et à la spécialisation des connaissances, nous opposons l'exigence d'une conception globale de l'homme et le monde, dans une approche ouverte qui s'abreuve aux sources de l'histoire comme de la philosophie, des arts comme des sciences. Un tel travail de synthèse dépasse les capacités d'un seul : c'est une des raisons pour lesquelles notre école de pensée est ouverte à tous ceux qui veulent bénéficier de ses enseignements ou participer de manière active à leur mise au point."

Ce que le GRECE n'est pas

Selon ses propres termes le GRECE n'est pas.

  • Un parti politique.

"Notre courant de pense ne croit guère à l'efficacité de l'action politicienne, dont la marge de manœuvre et l'influence réelle sur la société ne cessent de diminuer depuis 40 ans. Le GRECE est indépendant de tous les partis politiques et n'a pas vocation à s'inscrire dans le jeu électoral. Mais il n'a jamais condamné par principe ceux qui éprouvent le besoin de s'engager dans cette voie. La double appartenance à notre association et à un parti politique est donc autorisée, sauf pour les postes de responsabilité."

  • Un mouvement religieux

"Si bon nombre de ses adhérents et de ses dirigeants éprouvent des affinités philosophiques ou esthétiques avec le paganisme européen, celui-ci ne forme pas pour autant une condition nécessaire d'adhésion au GRECE. Notre association est attachée à une conception ouverte de la laïcité, permettant à toutes les convictions religieuses de s'exprimer, dans la limite des lois communes à tous."

  • Un cercle d'intellectuels

"Notre association rassemble des individus qui s'intéressent aux idées - sans en être nécessairement producteurs eux-mêmes -, qui souhaitent recevoir une formation à la fois théorique et pratique ou encore qui éprouvent le besoin de faire partager leurs convictions en trouvant les meilleurs moyens de les diffuser dans la société. Il n'est donc nul besoin d'être un universitaire bardé de diplômes pour adhérer au GRECE !"

  • Un groupe activiste

"Notre association offre un large choix d'activités intellectuelles, culturelles, métapolitiques et communautaires. Pour autant, elle ne peut se définir comme " activiste " au sens où son but n'est pas l'action pour elle-même, mais l'engagement dans la durée. Le GRECE vise à penser globalement et à agir localement: l'un ne va pas sans l'autre."

GRECE et Nouvelle droite

Le GRECE précise que : "En France et dans plusieurs pays européens, notre courant de pensée est connu sous l'appellation de Nouvelle droite. Cette étiquette nous a été accolée par les médias en 1979 : lors d'une campagne de presse internationale qui a fait connaître notre association et ses activités au grand public. Elle a été reprise depuis par la plupart des observateurs et des journalistes qui ont commenté nos travaux dans plusieurs milliers d'articles, de livres et de thèses universitaires.

Utile pour être identifiée sans grand risque d'erreur dans le champ médiatique français, la qualification de Nouvelle droite ne nous convient cependant pas, et cela pour plusieurs raisons. Elle a d'abord une résonance politique, alors que nous nous situons résolument dans une perspective métapolitique : nous ne sommes pas un "laboratoire d'idées" destiné à produire des slogans efficaces pour des politiciens en mal d'imagination. Par ailleurs, la Nouvelle droite désigne dans certains pays des courants de pensée dont nous sommes très éloignés : c'est le cas aux États-Unis et en Angleterre, par exemple, où la "New Right" désigne des groupes inspirés du fondamentalisme chrétien et de l'ultralibéralisme économique, ou encore en Italie, où le terme "Nuova Destra" est souvent utilisé pour identifier les politiciens et intellectuels du centre-droit conservateur-libéral.

Le terme de "droite", tout comme celui de "gauche", s'avère aujourd'hui impropre à circonscrire un champ doctrinal clairement défini. La plupart des lignes de fracture et des nouveaux enjeux idéologiques se situent désormais en dehors de la dichotomie droite-gauche, comme en témoignent les convergences et divergences inédites provoquées par tous les débats de société récents (parité, partage ci travail, immigration, construction européenne, guerre du Kosovo, etc.). Notre propre réflexion a souvent été nourrie par des auteurs habituellement classés "à gauche", tandis que nous nous situons sur bien des points aux antipodes des penseurs dits " de droite ". Notre corpus doctrinal sera donc jugé "à droite" sur certains points, "à gauche" sur d'autres. En vain : il est tout simplement ailleurs, bien loin de ces étiquettes réductrices en voie de péremption rapide, dont la seule fonction est de bloquer les débats qu'elles prétendent éclairer."

Presse

Périodiques

Le GRECE a publié un nombre important de revues de réflexion ou de débats:


Le GRECE publie également les Actes de ses colloques sous forme de brochures.

Maisons d'édition

Le GRECE a créé ou contribué à créer plusieurs maisons d'édition:

Bibliographie

  • Alain de Benoist, Vu de Droite - Anthologie critique des idées contemporaines, Paris, Copernic, 1977.
  • Pierre-André Taguieff, Sur la Nouvelle droite. Jalons d'une analyse critique, Paris, Descartes & Cie, 1994.
  • coll., La Nouvelle Droite au XXIe siècle - Orientations face aux années décisives, avant-propos d'Alain de Benoist, collection « Dans l’arène », éditions de la Nouvelle librairie, Paris, 2023, 96 p.
  • Anaïs Voy-Gillis, L’Union européenne à l’épreuve des nationalismes, coll. Lignes de repères, Éditions du Rocher, Monaco, 2020, p. 180 et 181.

Articles connexes

Notes et références

  1. Olivier Moos, Les intellectuels de la Nouvelle Droite et la religion - Histoire et idéologie d'un antichristianisme de droite (1968-2001), Mémoire présenté à l'Université de Fribourg (Suisse) en 2003; revu en 2005.
  2. Pierre-André Taguieff, Sur la Nouvelle Droite. Jalons d'une analyse critique, Paris, Éditions Descartes et Cie, 1994, p. 10.
  3. A.-M. Duranton-Crabol, « Les néo-païens de la Nouvelle Droite », in Les collections de L’Histoire, n°14, p.94.