Othmar Spann

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Othmar Spann (1878 à Altmannsdorf – 1950 à Neustift bei Schlaining) est un économiste autrichien, sociologue et philosophe. En tant que théoricien de l'État corporatif, il est considéré comme ayant préparé la voie à l’Austrofascisme. Proche du courant jung-konservativ de la Révolution conservatrice allemande, il est l'un des principaux théoriciens du « conservatisme organiciste ».

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Biographie

Formé aux universités de Vienne, Zürich et Tübingen, il a enseigné à Brünn de 1909 à 1919 ; ensuite, il a repris une chaire d’économie et de sociologie à Vienne et l’a gardée jusqu’en 1938.

Othmar Spann, dans les années 1920-1930, exerce une grande influence, tant en Allemagne qu'en Autriche. Il est alors connu dans tous les milieux conservateurs européens comme universitaire et théoricien de « l’État vrai ». À Vienne, il anime un cercle, connu sous le nom de Spannkreis. Ernst von Salomon, par exemple, se rend régulièrement à Vienne pour pouvoir suivre les cours de Spann, tout comme Franz von Papen. Edgar Julius Jung le cite fréquemment et exprime son admiration pour lui.

Le nom de Spann est bien connu également en Italie, car il donne de nombreux articles à la revue Lo Stato de Carlo Costamagna dès 1930. Il rencontre plusieurs fois Julius Evola à Vienne.

Il développe des idées antilibérales et antisocialistes, fondées sur l’idéalisme ontologique de Platon, sur Fichte et Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling, sur la mystique chrétienne de Maître Eckhart, ainsi que sur la sociologie romantique de Novalis, Franz von Baader et Adam Müller.

Après l'annexion de l'Autriche, il est emprisonné par les nationaux-socialistes, puis renvoyé du corps enseignant de l'université de Vienne. Il n'arrive pas à récupérer cette fonction après la Seconde Guerre mondiale.

Thèses

Une conception de « l’État vrai »

À rebours de la plupart des sociologues contemporains, Spann classe d'une part les tendances théoriques “individualistes” (propres à l'humanisme de la Renaissance et au jusnaturalisme) et, d'autre part, les tendances organiques (dont l’ancêtre philosophique demeure l'État platonicien). Rousseau [ou plutôt le rousseauisme] nous a accoutumé à la vision d'un “homme naturel” libre de tout lien et à une conception contractuelle des échanges sociaux. Reprise et complétée par Kant (qui y ajoute l’éthique) et par Hegel (qui lui ôte son schématisme simpliste), cette vision [ou plutôt cette démarche hypothético-déductive] détermine toute la sociologie [ou plutôt la philosophie sociale] du XIXe siècle. L’unique objet de l’État, c'est alors d’assurer un équilibre entre tous les hommes-atomes et toutes les associations contractuelles provisoires. Sans conscience historique, cet État gestionnaire ne comprend aucune communauté de destin, aucune nécessité politique ou géopolitique. Sur le plan de la théorie, c'est Hans Kelsen qui a le mieux illustré et défendu ce formalisme gestionnaire.

Spann part de prémisses radicalement différentes. Pour lui, l’État (la chose politique) est une réalité primaire et essentielle. L'homme n'est jamais seul, isolé comme le “bon sauvage” de Rousseau [ou plutôt du rousseauisme car il n'y a pas de théorie du “bon sauvage” chez Rousseau : l’état de nature est une fiction théorique]. Dans une communauté organique, l’homme ne commet pas de contrat mais vit implicitement des liens organiques. Pour Spann, l'individualisme est dès lors dégénérescence. Face à la dissolution individualiste, Spann propose d’articuler la société en Stände (les “états” du Moyen Âge et de l'Ancien Régime), représentés par une Ständehaus (“maison des états”) qui remplacerait les parlements des démocraties libérales. L’homme n’est lui-même que dans des rapports tribaux, communautaires, professionnels : seul, il est aliéné et devient facteur de dissolution du tissu communautaire. On est d’autant plus qu'on participe [1]. Isoler les individus les uns par rapport aux autres, c’est dissoudre la forme sociale organique et déterminée où ils s'inscrivent nécessairement, pour déboucher sur un simulacre indéterminé et mécanique, sort de nos sociétés occidentales actuelles. Mais cette attention aux liens organiques ne s’adresse-t-elle pas, finalement, qu’aux micro-ensembles, aux micro­-communautés ? Pourquoi parler alors de l’État vrai ? D'une macro-communauté où les liens ne peuvent plus se baser sur les affinités, familiales ou professionnelles ?

À l'instar de son maître à penser, Platon, Spann estime que ce sont les philosophoi, les souverains-philosophes, qui doivent présider à l'harmonisation du “tout”, en coordonner les multiples facettes et assurer le passage ordonné de la micro-entité villageoise ou professionnelle à la macro-structure politique. Cette vision implique deux choses : d'abord, un élitisme conscient, contraire aux affirmations de nos idéologies dominantes même s’il ne trouve pas sa justification dans l’argent et se différencie radicalement de toute ploutocratie. Ensuite, si les souverains, les organisateurs du politique sont des philosophoi, les facteurs culturels et métapolitiques, au sens large, priment les facteurs strictement structurels. On en déduira que toute action politique prend son élan à partir d'une conception-du-monde, d'un sens de l’histoire, d’une vision de l’homme qui échappent aux critères d'analyse purement rationnels. Il importe donc de savoir quel sens on donne à l’homme et à l'histoire avant d’élaborer des structures pour la routine quotidienne[1].

Un universalisme sociologique

Othmar Spann théorise un universalisme sociologique, qui pose comme thèse fondamentale la dualité spirituelle de l'homme (Gezweiung) : l'homme ne peut naître, vivre et penser qu'au sein d'un groupement dont il est membre. La spiritualité individuelle (geistige Wirklichkeit) ainsi que la réalité totale de l'homme sont le produit de la société qui les fait passer (erwecken) d'un état potentiel à l'actualité concrète. La société est donc plus que la somme des parties, des individus dont elle se compose. Tout concret, elle est la première réalité spirituelle qui cause, régit et domine la vie de ses membres. L'homme n'est homme que dans, par et pour la société. Pareille conception est la plus radicale négation de l'individualisme (das selbstgenugsame, autarke Individuum) sous toutes ses formes : de la démocratie en politique, du capitalisme et du marxisme en économie. Spann oppose et substitue à l'individualisme la thèse de la structure organique de la société, c'est-à-dire de l'état corporatif (Ständestaat) et de l'économie corporative (korporative Wirtschaft).

S'élevant au-dessus de la sociologie et généralisant sans limite, Spann se rallie à la fameuse formule d'Aristote : totum ante partes. Il la commente dans sa « théorie des catégories » : Le tout précède les parties, mais il ne se réalise que dans les parties et les parties n'existent que par le tout. Cette logique universaliste devient une métaphysique du moment que Spann la transpose du plan social au plan de l'univers entier et qu'il lui attribue une valeur ontologique. Le cosmos (spirituel, matériel et social) est un tout organique. Spann récuse donc tout système d'interprétation de l'univers construit sur le schème de la causalité mécanique. Le « tout » se traduit et s'explicite dans ses parties sans y disparaître. Il y subsiste caché. Il est leur centre et leur principe d'action. L'univers, étant un tout organisé, est centré (rückverbunden) sur son principe d'action (die ausgliedernde Urmitte), Dieu créateur, spirituel, personnel, à la fois transcendant et immanent au monde.

Œuvre

(Gesamtausgabe. ADEVA, Graz 1974 ff)

  • Frühe Schriften in Auswahl, 1974, (ISBN 3-201-00133-3)
  • Die Haupttheorien in der Volkswirtschaftslehre, 1969
  • Fundament der Volkswirtschaftslehre, 1967
  • Gesellschaftslehre, 1969
  • Der wahre Staat. Vorlesungen über Abbruch und Neubau des Staates, 1972
  • Tote und lebendige Wissenschaft. Kleines Lehrbuch der Volkswirtschaft in 5 Abhandlungen, 1967
  • Kämpfende Wissenschaft, 1969
  • Kleine Schriften zur Wirtschafts- und Gesellschaftslehre, 1975 (ISBN 3-201-00135-X)
  • Kategorienlehre, 1969
  • Der Schöpfungsgang des Geistes, 1969
  • Gesellschaftsphilosophie 1, 1968
  • Gesellschaftsphilosophie 2, 1970
  • Philosophenspiegel. Die Hauptlehre der Philosophie begrifflich und geschichtlich dargestellt, 1970
  • Erkenne dich selbst. Eine Geistesphilosophie als Lehre vom Menschen und seiner Weltstellung, 1968
  • Naturphilosophie, 1963
  • Gespräche über die Unsterblichkeit. Betrachtungen zweier Krieger im Felde, 1965
  • Religionsphilosophie auf geschichtlicher Grundlage, 1970
  • Ganzheitliche Logik, 1971
  • Meister Eckeharts mystische Philosophie, im Zusammenhang ihrer Lehrbegriffe dargestellt, 1974 (ISBN 3-201-00134-1)
  • Kunstphilosophie, 1973 (ISBN 3-201-00132-5)

Liens externes

  • article de Vouloir « Othmar Spann et l'État vrai » : [1]

Notes et références

  1. Luc Nannens (pseud. RS), Othmar Spann et l'État vrai, Vouloir, n°7, 1984.