Ernst von Salomon

De Metapedia
Aller à : navigation, rechercher

Ernst Friedrich Karl von Salomon, dit Ernst von Salomon, est un écrivain et militant politique allemand né le 25 septembre 1902 à Kiel et décédé le 9 août 1972 à Winsen en Basse-Saxe, près de Hambourg.

Engagé très jeune dans les Corps-francs et dans le Baltikum, il participe à tous les événements de la guerre civile allemande qui suit la Première guerre mondiale. Il est l'un des principaux activistes de l'Organisation clandestine Consul.

VonSalomon1.jpg

Il est considéré comme une figure-type du soldat politique. Son récit Les Réprouvés, écrit en prison, est connu pour être un des livres de base des militants politiques de la Droite radicale.

Biographie

Ernst von Salomon naît le 25 septembre 1902 à Kiel. Il est le fils d'un père haut fonctionnaire de police, d'origine huguenote et lorraine, et d'une mère d'origine germano-russe. Sa famille, originaire de Venise pour partie, a obtenu en 1827 la nationalité et un titre de noblesse.

Il écrira, dans Le Questionnaire : « Je sais que si je n'étais pas prussien, je le serais devenu par élection ».

Combattants des Freikorps en 1919, pendant la guerre civile allemande

Le cadet et les corps francs

Il est profondément marqué par sa formation à l'Institut du corps royal des cadets de Karlsruhe, dans lequel il est entré à douze ans pour préparer son intégration dans le corps des Cadets de l'empereur.

Il se rapproche des milieux nationalistes dès la défaite de 1918. Il est l'un des premiers élèves officiers à répondre à l'appel de Gustav Noske pour former des associations volontaires dites Freikorps en janvier 1919. Il s'engage ainsi dans la division du Général Maercker. Il croit alors à la nécessité de prendre les armes contre la « menace spartakiste » et de protéger l'État contre les menées bolchéviques.

Il rejoint les Corps Francs, qui le mèneront dans les Pays baltes en 1919, avec le capitaine Liebermann, en Prusse-Orientale et en Haute-Silésie en 1921, avec le Freikorps Wolf, au sein des corps francs de la Baltique (le Baltikum).

L'avancée de l'Armée rouge sera stoppée, mais, n'ayant plus besoin d'eux, le gouvernement allemand lâche cyniquement les jeunes volontaires qui l'ont sauvé.

Ernst von Salomon résumera : « Nous voulions sauver le citoyen, nous avons sauvé le bourgeois ».

Lors du putsch de Kapp, Ernst von Salomon est membre de la brigade Ehrhardt.

Au retour de ces équipées, von Salomon reste en contact avec ses camarades. Ils éprouvent du dégoût et de la révolte devant cette Allemagne humiliée.

« La guerre habitait encore en eux. C'était elle qui les avait formés [...] C'étaient des êtres rudes, des indomptés, des hommes rejetés des normes bourgeoises, des dispersés qui, à présent, se rassemblaient par petites bandes pour chercher un sens à leur combat ».

Combattants des Freikorps pendant l'épopée du Baltikum

Pour gagner sa vie, il devient employé dans les assurances, puis dans une banque. Il ouvre un petit bureau de change,

L' Organisation Consul

Le mécontentement face à la défaite et à ses conséquences, les menées du Parti communiste, les difficultés économiques, l'incurie des gouvernements de la République de Weimar, mais aussi le souvenir de l'expérience du front et des Corps-francs entraînent la création de multiples mouvements et organisations nationalistes. Ernst von Salomon entre dans dix-huit de ces groupes organisés le plus souvent en associations d'anciens combattants.

Il participe notamment à une structure clandestine, mais en réalité très informelle, l’Organisation Consul. Celle-ci a pour mot d'ordre un slogan d'allure médiévale : « Verräter verfallen der Feme » (La Sainte Vehme châtie les traîtres). Elle se voit ainsi comme l'instrument d'une justice populaire, illégale, mais légitime.

Elle organise l'assassinat du ministre des affaires étrangères Walter Rathenau le 24 juin 1922. Celui-ci, industriel d'origine juive, franc-maçon, partisan d'une politique pro-soviétique, est avant tout un homme de pouvoir qui incarne l'Erfüllungspolitik, c'est-à-dire l'acceptation de toutes les clauses du Traité de Versailles et la reprise du paiement des réparations de guerre aux vainqueurs. Dans Les Réprouvés, Ernst von Salomon exposera les raisons qu'avaient les nationalistes de tuer Rathenau. Celui-ci avait pris son parti de la défaite de 1918, du Traité de Versailles et des servitudes imposée à l’Allemagne ; il pensait que l’Allemagne ne pourrait se reconstituer que par une stricte observance de toutes les clauses des traités internationaux qu’elle venait de signer, en obtenant de ce qui s’appela la Société des Nations, une sorte de certificat de bonne vie et mœurs. Dès lors, Rathenau incarnait tout à la fois la défaite, l'impuissance et la résignation. Von Salomon conteste les affirmations suivant lesquelles l’antisémitisme aurait joué un rôle dans cet assassinat.

Le ministre des affaires étrangères, Walther Rathenau, exécuté en juin 1922 par l'Organisation Consul.

Après une cavale à travers toute l'Allemagne, von Salomon, qui a participé à l'action, est arrêté et est condamné une première fois à cinq ans de réclusion. Il est condamné une deuxième fois à trois ans de prison pour coups et blessures, avec confusion des peines. Mais une amnistie le libère à la fin de l’année 1927.

Après sa sortie de prison, il épouse en 1927 à Berlin son amour de jeunesse, Liselotte Wölbert, avec qui il s'était fiancé en 1923. Mais il s'en détache peu à peu au cours des années, jusqu'à la séparation en 1945.

Le révolutionnaire conservateur

Il s'engage alors dans les cercles intellectuels de la Révolution conservatrice, tout en ayant des contacts avec le nationalisme révolutionnaire de Friedrich Hielscher, opposé au national-socialisme, et publie des articles dans la presse de ces mouvements. Il suscite l'intérêt de Paul Fechter qui l'évoque, en avril 1928, dans son billet de la Deutsche Allgemeine Zeitung.

Il poursuit le combat politique sur d'autres terrains, en prenant part notamment au mouvement des paysans dans la région du Schleswig-Holstein en 1929, au côté de son frère Bruno, ce qui lui vaut d'être encore emprisonné pour quatre mois à la prison de Moabit. Il en profite pour mettre la dernière main à son premier livre autobiographique, Les Réprouvés, qui traite de la période 1918-1927 et qui est publiée par Ernst Rowohlt (Rowohlt-Verlag). Il publie un autre livre de souvenirs, Les Cadets, en 1933. Ces deux livres rencontrent alors un grand succès, contrairement à La Ville (1932), qu'il considérait pourtant comme l'un de ses meilleurs textes.

Sous le Troisième Reich

À leur arrivée au pouvoir, les nationaux-socialistes l'emprisonnent quelques jours avec Hans Fallada, puis le libèrent. Eu égard à son passé de combattant nationaliste, ils lui offrent des honneurs qu'il refuse. Durant cette période, il écrit des scénarios pour la UFA, la grande société de production cinématographique allemande, en s'abstenant de tout engagement politique. Il vit de 1940 jusqu'à la fin de la guerre dans le village de Siegsdorf en Haute-Bavière, avec sa compagne d'alors, Ille Gotthelf, qui est juive.

L'écrivain de l'après-guerre

Après la défaite, il est interné le 11 juin 1945 dans un camp américain avec Ille Gotthelf pendant quelques mois, les Américains du CIC le soupçonnant d'avoir été membre de la NSDAP. Ille Gotthelft est libérée en mars 1946, mais lui ne l'est que le 5 septembre 1946. L'accusation de nazisme est alors considérée comme erronée (erroneous arrestees), même si le film Carl Peters (1941), à la rédaction duquel il a participé, est interdit par les autorités britanniques en raison de son caractère anti-anglais.

Salomon continue à travailler pour le cinéma et s'attache à défendre la mémoire allemande tout en affichant des positions pacifistes, comme à la conférence de Tokyo contre la bombe atomique en 1961, à l'issue de laquelle il obtient la plus haute distinction japonaise pour la paix, La Chaîne des Mille Grues.

Son livre Le Questionnaire, publié en 1951 tourne en dérision la dénazification. Il rencontre un grand succès. Il devient un des premiers « best-sellers » allemands puisqu'il est vendu à plus de 250 000 exemplaires. Une adaptation cinématographique est tournée en 1985 par la Norddeutsche Rundfunk, avec Heinz Hoenig dans le rôle de von Salomon.

Le Fragebogen (Le Questionnaire) constitue un dossier qui démonte en profondeur les mécanismes et le processus de « dénazification » imposés par les vainqueurs.

Citations

« Nous ne combattons pas pour rendre le peuple heureux, nous combattons pour lui imposer sa destinée ».

« Camarade est celui sur qui on peut compter d'une façon absolue ».

« Dans ces villes sur lesquelles pesaient la fumée, la faim et le désespoir, nos groupes déguenillés, traqués, reniés, allaient à l'aventure; petites bandes que l'appel de la nation et non pas le hasard avait réunies. Ici combattaient ces jeunes héros que le diable pas plus que la mort n'oubliait, ceux mêmes qui aimaient avec frénésie leur patrie aride, noircie par la suie ».

« L'Allemagne brûlait sourdement dans quelques cerveaux hardis. L'Allemagne était là où on luttait pour elle, elle se montrait là où des ennemis en armes voulaient s'emparer de ses biens, elle brûlait d'un éclat radieux là où ceux qui étaient pénétrés de son esprit risquaient pour elle le tout pour le tout ».

« Nous étions enragés. Des drapeaux de fumée noire jalonnaient notre route. Nous avions allumé un bûcher où il n'y avait pas que des objets inanimés qui brûlaient : nos espoirs, nos aspirations y brûlaient aussi, les lois de la bourgeoisie, les valeurs du monde civilisé, tout y brûlait, les derniers vestiges du vocabulaire et de la croyance aux choses et aux idées de ce temps, ce bric-à-brac poussiéreux qui traînait encore dans nos cœurs ».

« Il y a une tyrannie à laquelle nous ne pourrons jamais nous soumettre, c'est celle des lois économiques. Car, étant donné qu'elle est complètement étrangère à notre nature, il nous est impossible de progresser sous elle. Elle devient insupportable parce qu'elle est d'un rang trop inférieur. C'est là que se trouve le critère ; c'est là qu'il faut choisir même sans demander de preuves. On a ou non le sens de la hiérarchie des valeurs, et toute discussion est impossible avec ceux qui nient cette hiérarchie ».

Ouvrages

Les Réprouvés
  • Die Geächteten, Berlin, 1930 - (Les réprouvés, Plon, 1931)
  • Die Stadt, Berlin, 1932 - (La Ville, Gallimard, 1933)
  • Die Kadetten, Berlin, 1933 - (Les Cadets, Corrêa, 1953)
  • Nahe Geschichte, Berlin, 1936 - (Histoire proche : essai sur l'esprit corps-franc, Porte-glaive, 1987)
  • Das Buch vom deutschen Freikorpskämpfer, Berlin, 1938 - (L'épopée des Corps francs, L'Homme Libre, 2 vol., 2008)
  • Boche in Frankreich, Hamburg, 1950.
  • Der Fragebogen, Hamburg, 1951 - (Le Questionnaire, Gallimard, 1953) [1]
  • Préface à Richard Scheringer, Das große Los, Hamburg, 1959
  • Das Schicksal des A.D., Hamburg, 1960 - (Le Destin de A.D., Gallimard, 1963)
  • Die schöne Wilhelmine, Hamburg, 1965 - (La Belle Wilhelmine, Gallimard, 1967)
  • Glück in Frankreich, Hamburg, 1966.
  • Deutschland. Städte und Landschaften, aus dem Flugzeug gesehen, Köln, 1967.
  • Deutschland deine Schleswig-Holsteiner, Hamburg, 1971.
  • Die Kette der tausend Kraniche, Hamburg, 1972.
  • Der tote Preuße, Darmstadt, 1973.
  • Apprendre à mourir (extrait d’un important entretien de plusieurs heures accordé à Jean-José Marchand, les 1 et 2 juillet 1972), Ars Magna, 2021.

Bibliographie

  • Pierre Gillieth, « Von Salomon », in: Réfléchir et agir, HS 1, 2014, p. 40-42.
  • Gérard Boulanger, « Dans la tourmente des années 20, un "témoin passionnément engagé": Ernst von Salomon », Totalité, no 25, 1986, p. 82-88.
  • Dominique Venner, Histoire d'un fascisme allemand : Les Corps-Francs du Baltikum et la révolution. Du Reich de la défaite à la nuit des Longs Couteaux : 1918-1934, Paris, Pygmalion, coll. « Collection rouge et blanche », 1996, 380 p., (ISBN 978-2-85704-479-6) .