Henry de Lesquen
Henry de Lesquen, né le 1er janvier 1949 à Port-Lyautey au Protectorat français au Maroc, est un ex-haut fonctionnaire et un ex-homme politique français .
Il a dirigé Radio Courtoisie de 2007 à 2017.
Sommaire
Biographie
Henri Bertrand Marie Armand de Lesquen du Plessis-Casso, dit Henry de Lesquen, est issu d’une vieille famille de la noblesse bretonne. Il est le fils de Pierre de Lesquen, général , et d’Anne-Marie Huon de Kermadec, d’ascendance espagnole. Il connaît une prime jeunesse heureuse, dans les demeures de ses parents, à Versailles et au château d’Échauffour, dans le département de l’Orne. Né le 1er janvier 1949 à Port-Lyautey[1], au Maroc, où son père commandait alors le 31e régiment du génie, il est le benjamin d’une fratrie de huit membres, qui accomplirent tous de brillantes carrières. Il effectue ses études secondaires d’abord à Versailles, à l’école Saint-Jean-de-Béthune, puis à Dakar, où servait alors son père, au cours Sainte-Marie de Hann et au lycée Van Vollenhoven. Enfin, il intègre la classe préparatoire aux grandes écoles de l’école Sainte-Geneviève de Versailles. Sa famille et ses maîtres lui inculqueront une solide foi catholique.
En 1968, il est reçu au concours d’entrée à l’École Polytechnique. Il songe alors à une carrière de mathématicien ou d’économiste. Il obtient une licence de sciences économiques en 1971. Mais sa passion pour la politique va l’emporter. Il entre alors à l’ENA qui lui attribue une des deux places réservées aux polytechniciens dans la promotion Simone Weil de 1974.
Il travaille alors successivement au ministère de l’Équipement, où il s’occupe de la programmation de la construction des autoroutes, (1974-1978), puis est affecté au ministère de l’Économie et des Finances, plus précisément à la direction du Budget. Là, il est responsable du budget de l’industrie (1978-1979), puis il accède au poste de chef du Bureau des Énergies, des Matières premières et de la Chimie (1978-1983). Il sera également maître de conférences à l’Institut des Sciences politiques de Paris durant neuf ans, de 1978 à 1987.
Il épouse Maud de Villèle[2], qui deviendra artiste peintre et, beaucoup plus tard, candidate du Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de Villiers. Trois filles et deux filles naîtront de cette union.
Il veut lancer un club réunissant divers hauts fonctionnaires, afin de mettre au point une stratégie d’influence susceptible d’orienter le pouvoir politique. Ce sera le Club de l’Horloge, officiellement fondé le 10 juillet 1974. Outre Henry de Lesquen, d’autres énarques participent à cette création : Yvan Blot, qui en sera le premier président, Jean-Yves Le Gallou, Benoît Mazin, Didier Maupas et Jean-Paul Antoine. Le nom du Club est inspiré de l’immense horloge qui se trouvait dans l’appartement d’Yvan Blot, rue des Canettes, dans le 6e arrondissement de Paris. C’est là qu’il tiendra ses premières réunions, avant de se fixer au 4 de la rue de Stockholm, dans le 8e arrondissement. Henry de Lesquen et Didier Maupas en déposent les statuts à la préfecture de police de Paris, le 14 février 1975. La nouvelle association se donne pour but l’« étude des problèmes auxquels sont confrontés les sociétés modernes ». À la différence du GRECE, fondé six ans plus tôt, école de pensée exclusivement intellectuelle et métapolitique, le Club de l’Horloge se veut un « laboratoire d’idées » qui entend peser, et ce directement, sur la politique du pays en insufflant dans la haute administration d’État, à laquelle ses membres appartiennent, des propositions de nature à orienter le pouvoir selon leurs vues, lesquelles sont nationalistes, identitaires, économiquement libérales, socialement conservatrices, et donc opposées au libéralisme pur (sans exigence ethnique et nationale), au libéralisme gauchisant et “branché”, à l’évolution des mœurs dans le sens du relâchement, de l’hé- donisme et de l’individualisme, au socialisme, et aussi aux projets de « troisième voie » entre capitalisme et socialisme, cheval de bataille traditionnel des mouvements de la droite radicale. Henry de Lesquen ferraillera sans cesse contre Alain de Benoist, tant sur les ondes que dans la presse écrite, contre son métapolitisme, son refus du libéralisme économique, ses sympathies pour les théories économico-politiques de « troisième voie », qu’il assimilera à une forme déguisée de socialisme ou de gauchisme. Selon lui, le fondateur du GRECE professe de fait des idées cosmopolites, islamophiles, immigrationnistes, anti-chrétiennes et européistes en contradiction totale avec la défense de la nation, de l’identité française, et donc de la civilisation européenne[3] dont il se prétend pourtant l’ardent défenseur. À en croire Henry de Lesquen, Alain de Benoist campe en réalité sur des positions tiers-mondistes et gauchistes — attestées par son refus de lutter contre l’immigration, sa critique crypto-marxiste du libéralisme économique, et sa proximité, en ce domaine, avec la gauche[4].
Cependant, Henry de Lesquen mettra du temps avant d’arriver à cette opposition complète à la pensée et à l’œuvre du fondateur du GRECE. Au cours des années 1970, il tente un rapprochement avec le GRECE, en vue d’une stratégie commune et d’un même projet idéologique et politique. Mais Alain de Benoist repoussera ces avances. Il tenait absolument à ce que le GRECE demeurât une association intellectuelle métapolitique, en aucun cas militante, et refusait toute accointance tant avec la droite conservatrice libérale, alors au pouvoir, qu’avec le Front national, enté sur un nationalisme classique de type barrésien. En outre, Alain de Benoist se voulait européiste, relativement favorable aux pays du tiers-monde hostiles à l’impérialisme américain, et se montrait peu libéral en économie. Enfin, le néo-paganisme d’Alain de Benoist et du GRECE heurtait ces catholiques qu’étaient Henry de Lesquen et la plupart des autres “horlogers”. Il reste cependant qu’au milieu des années 1970, ces divergences sont occultées par divers points communs. L’explication de la nature et du fonctionnement des sociétés par des thèses sociobiologiques est sans doute la plus prégnante de ces similitudes. Comme Alain de Benoist et le GRECE, Henry de Lesquen et le Club croient fermement en une détermination génétique des sociétés, et pensent que celles-ci sont naturellement hiérarchisées (qu’elles se présentent comme des sociétés d’ordres, de type aristocratique, ou comme des sociétés de classes antagonistes), et que la com- pétition, ici brutale, là plus feutrée, règle les rapports qu’elles entretiennent entre elles et qui, en chacune d’elles, existent entre ses membres. Les hommes sont voués à une lutte perpétuelle : lutte opposant mutuellement les individus, les classes ou les corps (ou encore les classes aux corps), les sociétés, les peuples. Comme Alain de Benoist, Henry de Lesquen se situe dans le sillage de Jules Soury, Gobineau, Vacher de Lapouge et Gustave Le Bon, enrichi par la révolution éthique de Nietzsche, l’éthologie de Konrad Lorenz, et la sociobiologie d’Edward O. Wilson. C’est ce qui apparaît dans La logique du vivant, ouvrage collectif écrit sous sa direction et publié en 1979. D’autres points communs lient Henry de Lesquen à Alain de Benoist. En particulier, les deux hommes, et leurs organisations respectives s’accordent sur une vision inégalitaire de l’humanité, et sur le rôle déterminant des identités nationales dans l’histoire ; ce qui les amène à défendre conjointement la préférence française contre l’immigration[5].
Durant les quinze premières années de son existence, le Club de l’Horloge est proche de l’aile la plus conservatrice (dans le domaine de l’économie et des mœurs) et la plus “nationale” de la droite républicaine qui dirige alors le pays. Ce rapprochement est favorisé par plusieurs jeunes personnalités, tels Alain Madelin, Gérard Longuet, Patrick Devedjian, Hervé Novelli et autres qui, venus des formations de droite radicale comme Occident et Ordre nouveau, intègrent les partis de la droite de gouvernement, où ils apportent une part de leurs idées antérieures. L’union porte d’abord quelques fruits : une certaine osmose idéologique se produit entre le Club et l’aile la plus conservatrice de la droite républicaine. Des travaux et rapports sont élaborés en commun par le Club de l’Horloge et le Club 89 (rattaché au RPR) ou les Clubs Perspectives et Réalités, de sensibilité giscardienne ou barriste. Mais le rapprochement sera superficiel. Et sans conséquence. La droite républicaine restera résolument libérale, notamment sous la direction de Chirac et des éléments modérés et centristes de l’UDF.
De son côté, Henry de Lesquen adhère d’abord au Rassemblement pour la République (RPR) en 1976, puis le quitte, dès l’année suivante, pour intégrer l’Union pour la Démocratie française (UDF). Jean-Yves Le Gallou, Yvan Blot, Bruno Mégret et beaucoup d’autres, eux, préfèrent adhérer au milieu des années 1980 au Front national, dont la droite républicaine tient précisément à se démarquer. D’autres, enfin, tel Claude Vanneste, optent pour le Centre national des Indépendants et Paysans (CNI), le parti d’Antoine Pinay, qui occupe une position marginale au sein de la majorité alors au pouvoir. Cet engourdissement des relations entre le Club de l’Horloge et la droite de gouvernement, sur fond d’atermoiements, de méfiance réciproque et d’inhibitions, et le choix de maints “horlogers” d’une adhésion au Front national, entraîne un glissement du premier en direction de la droite nationale, ce que veut pourtant éviter Henry de Lesquen, persuadé qu'elle ne sortira jamais du ghetto politique où elle est enfermée depuis 1945. Et, d’ailleurs, les médias n’arrangent pas la situation en faisant du Club une composante essentielle de la « Nouvelle Droite », qu’ils assimilent à l’extrême droite. Manifestement, le Club échoue dans sa tentative de gagner la droite républicaine à ses propositions, et apparaît, aux yeux de l’intelligentsia et du grand public, comme une nouvelle composante de l’extrême droite.
Henry de Lesquen persiste néanmoins dans sa détermination à vouloir peser sur les décisions des pouvoirs publics, quitte à voir s’aggraver ses difficultés relationnelles avec le RPR et l’UDF. Sous-directeur des finances de la Ville de Paris à partir de 1984, il se signale, en décembre 1986, par son refus de s’associer à la minute de silence du Conseil municipal, décidée à la suite de la mort de Malik Oussekine, étudiant mort tragiquement lors d’une manifestation contre un projet de loi du gouvernement Chirac relatif à une réforme universitaire. Secrétaire général de l’Office public d’aménagement et de construction (OPAC) de Paris (1987-1990), il cherche à instaurer des quotas défavorables aux immigrés dans l’attribution des logements HLM. Il deviendra membre successivement de la commission de contrôle des organismes agricoles du service du contrôle d’État au ministère des Finances (1991), puis de la mission de contrôle économique et financier auprès des organismes d’intervention de l’agriculture et de la pêche (1996), puis de la mission de contrôle économique et financier de la Sécurité sociale, de la santé et de l’action sociale (2003), et, enfin des missions de Santé et financement de la Sécurité sociale et de la cohésion sociale (2009). Enfin, il termine sa carrière comme membre de la mission de couverture des risques sociaux et de la Sécurité sanitaire, en 2012. L’année suivante, il est admis à la retraite.
Henry de Lesquen n'a jamais cessé de chercher des ouvertures politiques. Il crée un Mouvement associatif pour l’union de la droite (MAUD) en mai 1998. Il sera conseiller municipal de Versailles de 2001 à 2014[6]. Le 30 septembre 2015, il lance le Carrefour de l’Horloge, par fusion du Club et associations annexes (MAUD, SOS-Identité et Voix des Français-Renaissance). Enfin, il fonde, en mai 2017, son propre parti, le Parti national-libéral[7], qui restera confidentiel. En avril 2015, il annonce sa candidature à la présidentielle[8], à laquelle il renoncera en faveur de François Fillon en mars 2017. Il réclame l’institution du référendum d’initiative populaire.
Membre du conseil d’administration de Radio Courtoisie depuis 2005, il en devient le directeur le 13 janvier 2007[9]. Gestionnaire efficace, il réoriente la station dans un sens résolument identitaire. En proie à une cabale, il ne sera pas reconduit dans ses fonctions le 1er juillet 2017. Une décision dont il conteste la légalité en justice.
Ses déclarations publiques lui ont valu des condamnations pour propos jugés racistes et révisionnistes, notamment en 2016 et 2018.
Publications
Brochures
- Qu'est-ce que la nation ?, coll. « Études et documents du Club de l'horloge », Club de l'horloge, Paris, 1989, 32 p.
- Le Socialisme et le péché originel, Paris, Club de l'horloge, Paris, 1989, 38 p.
Direction d'ouvrages
- La Politique du vivant, Paris, Albin Michel, 1978; rééd. 1999, 313 p.
- Penser l'antiracisme, Paris, Godefroy de Bouillon, Paris, 1999, 228 p.
- Le Club de l'horloge : trente ans de combat pour les idées politiques 1974-2004, Club de l'horloge, Paris, 2004, 239 p.
Sources
- Anaïs Voy-Gillis, L’Union européenne à l’épreuve des nationalismes, coll. Lignes de repères, Éditions du Rocher, Monaco, 2020, p. 36.
Liens externes
- Le site Internet de Henry de Lesquen : [1]
Notes et références
- ↑ Aujourd’hui Kenitra, sur la côte atlantique marocaine.
- ↑ Descendante de Joseph de Villèle, ultraroyaliste sous la Restauration, président du Conseil des ministres sous Louis XVIII (1821-1824) et Charles X (1824-1828).
- ↑ Henry de Lesquen récuse ce terme comme inexact, et lui substitue celui de civilisation occidentale.
- ↑ Paul-André Delorme, « Henry de Lesquen ou la tentative d’une réconciliation de la droite avec ses valeurs », Rivarol, no 3617, 5.6.2024.
- ↑ ibidem
- ↑ À la tête d’une liste Union pour le Renouveau de Versailles (URV), soutenue par le MNR de Bruno Mégret, puis le MPF de Philippe de Villiers.
- ↑ Installé à Paris, 4 rue de Stockholm, dans les locaux du Carrefour de l’Horloge.
- ↑ Avec un programme axé sur la remigration, la privatisation de l’enseignement, l’abrogation du Code du Travail et la prééminence du droit national sur le droit européen.
- ↑ Conformément au vœu de Jean Ferré, fondateur de cette station, décédé un an plus tôt.