Arthur Fonjallaz

De Metapedia
Aller à : navigation, rechercher

Arthur Fonjallaz, né le 2 janvier 1875 à Prilly et décédé le 24 janvier 1944, était un officier supérieur et un militant politique suisse, fondateur de la Fédération fasciste suisse en 1933.

Fonjallaz.jpg

Biographie

Arthur Robert Gaston Fonjallaz naît le 2 janvier 1875 à Prilly, dans les environs de Lausanne (canton de Vaud), dans une famille de propriétaires viticoles. Son père a été colonel brigadier, député et même conseiller fédéral.

Une brillante carrière militaire et académique

Après ses études secondaires à Genève, Saint-Gall et Lausanne, il part étudier les sciences militaires à l'Académie militaire de Modène, dont il sort breveté sous-lieutenant. Il rentre en Suisse en 1895. Il poursuit sa carrière dans l'armée : école d'aspirant, avant d'exercer son premier commandement dans un bataillon de fusiliers.

En avril 1901, il a épousé Emmy Margaretha Gelzer, qui sera la mère de ses deux fils.

En 1902, il est promu capitaine. Trois ans plus tard il est major et officier d'état-major, en 1915 il est lieutenant-colonel et colonel-brigadier en 1920. Il est professeur de tactique aux Écoles centrales de Thoune (1913-1918). Il commence alors des études de sciences sociales et politiques à l'université de Lausanne, où il obtiendra son doctorat en 1922, en soutenant une thèse en pédagogie, consacrée à « La formation des soldats dans l'armée suisse ».

A la fin de la Première guerre mondiale, il est détaché auprès du quartier général britannique en France.

Il dirige aussi, de 1920 à 1921, la Revue militaire suisse.

En 1923, Arthur Fonjallaz présente sa démission de l'armée, à la suite de divers conflits dans l'armée suisse, notamment l'affaire Estoppey-Bornand.

Débuts en politique

Jusqu'en 1922, Fonjallaz ne s'est pas vraiment intéressé à la politique. Mais la Suisse traverse une période d'instabilité. Le pays n'a pas participé au conflit mondial, mais la guerre a eu de graves conséquences sur la situation économique. Les difficultés économiques sont d'ailleurs exploitées par les partis et les mouvements de la gauche marxiste[1]. 1918 connaît la seule grève générale de Suisse, qui, même si elle se solde par un échec pour ses dirigeants, devient un mythe pour les socialistes suisses. Le Parti socialiste est encore loin des positions qu'il adoptera à l’aube de la Seconde guerre mondiale : il prône la lutte des classes et la dictature du prolétariat. En 1921, ses éléments les plus radicaux s'en détachent et fondent un Parti communiste suisse, affilié à la IIIe Internationale et aligné en tout point sur la Russie soviétique[2].

En décembre 1922, Fonjallaz fait la connaissance de Benito Mussolini lors d'un dîner. Ses relations avec la hiérarchie militaire vont alors peu à peu se dégrader, d'une part en raison d'antagonismes entre les officiers romands et alémaniques, d'autre part à cause de l'hostilité de l'état-major envers l'Italie. En avril 1923, Fonjallaz démissionne de l'armée. En 1925, il est exclu de la Société suisse des officiers.

Fonjallaz tente alors de se lancer dans les affaires, en s'associant d'abord avec des ingénieurs turcs (il a été président de la Société suisses des amis de la Turquie), puis avec un prince persan. Mais ses entreprises se soldent par un échec, comme d'autres tentatives commerciales qu'il essaient de lancer par la suite.

En 1928, il quitte la Parti radical, le principal parti gouvernemental, pour adhérer au jeune Parti des paysans, artisans et indépendants, ancêtre de l'Union démocratique du centre. Il se présente aux élections sous cette étiquette, au Grand Conseil ainsi qu'au Conseil national. Il est toutefois rapidement déçu par le peu de dynamisme de ce qui lui semblait être un véritable mouvement d'opposition. En 1932, il le quitte pour rejoindre la Heimatwehr[3].

En octobre 1933, il affirme publiquement que la situation exige l'adoption de solutions énergiques suivant l'exemple italien : « il est nécessaire de réaliser les lois et les structures que Mussolini a réalisées en Italie ». Il publie à Paris un livre consacré au Duce, Energie et volonté. Un chef : Mussolini, où il appelle à étudier l'œuvre du fascisme et à s'en inspirer, sans rien abandonner du sentiment et des particularités nationales.

La Fédération fasciste suisse

En 1935, la FFS organise son congrès annuel à Conthey. Il est précédé d'un défilé à travers les rues de la bourgade valaisanne.

Un développement rapide

Fonjallaz prend alors les choses en main. Le 17 octobre 1933, il est reçu par Mussolini. Il annonce la création de la Fédération fasciste suisse. Il lance en même temps un appel à fédérer toutes les forces anticommunistes de Suisse.

Le 11 février 1934, lors d'un meeting à Berne, il lance l'Action helvétique, une structure qui doit regrouper tous les groupes, mouvements et partis se retrouvant sur une ligne commune exprimée dans son manifeste : « sont déclarés ennemis de la Patrie : le communisme, la franc-maçonnerie, le socialisme, le libéralisme politique, la propagande anti-chrétienne, la finance internationale. » L'appel à former une structure fédérative n'est entendu qu'à moitié : l'Ordre national neuchâtelois, le Volksbund, la Lega nazionale, la Guardia Luigi Rossi, le Club montagnard helvétique, le Réveil national, l'Union nationale, le Front fédéral (Eidgenossicher Front), Ordre et Tradition (Ligue vaudoise), Adula, Aufgebot, et d'autres groupes apporteront leur soutien et collaboreront ponctuellement à l'initiative de Fonjallaz, mais sans jamais s'y intégrer. La Heimatwehr, dont Fonjallaz est encore membre, refuse l'offre, ce qui entraîne sa démission fin 1934.

De 1931 à 1933, Fonjallaz est chargé de cours à la section militaire de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich. En raison de ses activités politiques, il est contraint de démissionner de son poste. Il va alors se consacrer entièrement à la FFS. Il la structure au niveau fédéral, en quatre grandes zones, qui réunissent les sections cantonales. Celles-ci sont composées de « bannières », « faisceaux », « fanions » et « serments ». Fonjallaz est le « chef fédéral » de l'organisation, assisté d'un « Conseil helvétique ». Les directions cantonales sont composées d'un chef, d'un lieutenant et d'un « banneret ». Le service d'ordre de l'organisation se nomme la Garde nationale. Ses membres portent un uniforme (chemise noire, bottes jaunes, baudrier et béret alpin). Cette structure n'est pas armée. Les situations exceptionnelles autorisent le port de matraques ou de pistolets à gaz.

Le mouvement s'implante rapidement, principalement dans les cantons de Vaud, Berne , Tessin et Valais. L'année 1934 voit naître 80 « faisceaux ». Ses effectifs atteindront les 10 à 12000 membres. La FFS va créer aussi des sections à l'étranger, chez les ressortissants suisses expatriés : on trouve des sections à Paris, Londres, Lyon, Nice. Le faisceau de Milan compte lui-même 300 membres !

Fonjallaz crée aussi l' « Œuvre nationale de l'après-travail », afin de promouvoir les activités sportives, culturelles, artistiques, intellectuelles et l'entraide.

La FFS se dote de trois hebdomadaires, un pour chaque région linguistique : Le Fasciste suisse, Schweizer Faschist, Il Fascista svizzero. Ils paraîtront de 1933 à 1936, avec un tirage oscillant entre 1500 et 5000 exemplaires chacun.

En-têtes des trois versions de l'hebdomadaire de la FFS

Perspectives européennes : la FFS devient la section suisse du CAUR

Il fonde aussi la section suisse du Comité d'action pour l'universalité de Rome (CAUR). C'est cette même section qui va organiser le premier congrès européen du CAUR à Montreux, le 16 et 17 décembre 1934. Des délégués de 13 pays européens se rassemblent à Montreux. Parmi eux on dénombre Ion Mota de la Garde de fer roumaine, Vidkun Quisling du Nasjonal Samling norvégien, George Mercouris du Parti national-socialiste grec, Ernesto Giménez Cabalerro de la Phalange espagnole, Eoin O'Duffy des Chemises bleues irlandaises (Army Comrades Association), Marcel Bucard du Mouvement franciste français, des représentants du Tautininkai lituanien, du Portugais Acção Escolar Vanguarda, ainsi que des délégations provenant d'Autriche, de Belgique (Paul Hoornaert), du Danemark (Frits Clausen), des Pays-Bas et, bien sûr, les représentants d'autres organisations suisses (Front national, Union nationale et FFS).

L'initiative populaire « Interdiction des sociétés franc-maçonniques »

La FFS participe aux activités politiques, aux campagnes en faveur ou en défaveur des référendums et initiatives populaires. Elle organise des meetings et des rassemblements en plein air, précédés de défilés en uniforme. Ces rassemblements sont souvent l'objet d'attaques physiques de la part des organisations de gauche. Mais, malgré cet activisme, les résultats électoraux de la FFS restent très modestes.

En 1934, Fonjallaz lance ce qui sera sa plus grande opération politique : une initiative populaire fédérale pour l'interdiction de la franc-maçonnerie.

La récolte de signatures est organisée par le Comité de l'Action helvétique, dirigé par Fonjallaz, Georges Oltramare et Gottlieb Duttweiler. Cette fois, Fonjallaz obtient le soutien de la Heimatwehr. Le nombre de 50'000 signataires est rapidement atteint et l'initiative peut être déposée le 31 octobre 1934 à la Chancellerie fédérale.

Affiche de la campagne de l'initiative populaire pour l'interdiction de la franc-maçonnerie, lancée au niveau fédéral en 1934 par Arthur Fonjallaz
Texte de l'initiative

L'initiative a la teneur suivante:

Les citoyens suisses soussignés, aptes à voter en matière fédérale demandent, en vertu de l'article 121 de la constitution fédérale, que celle-ci soit révisée partiellement à son article 56, et que ledit article soit remplacé par un article 56 nouveau, qui aurait la teneur suivante:

Les citoyens ont le droit de former des associations, pourvu qu'il n'y ait, dans le but de ces associations ou dans les moyens qu'elles emploient, rien d'illicite ou de dangereux pour l'Etat. Les lois cantonales statuent les mesures nécessaires à la répression des abus.

Cependant les sociétés franc-maçonniques, les loges maçonniques et Odd Fellows, la société philanthropique Union et les associations affiliées ou similaires sont interdites en Suisse.

Résultats

Toute activité quelconque se rattachant directement ou indirectement à de semblables associations étrangères est également interdite sur le territoire suisse. Soumise à la votation le 28 novembre 1937, l'initiative sera refusée par tous les cantons (malgré de bons résultats à Berne, 31%, Zurich, 33%, Genève, 41 % ou Schwyz, 44%) à l'exception de Fribourg (53%), et par 68,7 % des suffrages exprimés (513 553 voix contre 232 466). Le Conseil fédéral a en effet activement combattu l'initiative, la décrivant comme une tentative de restriction du droit d'association, alors déjà limité de manière tout à fait générale aux associations illicites ou dangereuses pour l'État ; en fonction de son étude sur la situation et les buts de la franc-maçonnerie en Suisse, le Conseil fédéral a affirmé que les activités de ces associations ne sauraient être considérées comme « illicites, dangereuses pour l'État ou contraires aux mœurs ».

Pourtant, la FFS est devenue, grâce à campagne pour l'initiative, une véritable force politique en Suisse. Mais elle ne saura pas en tirer profit. Fonjallaz s'empêtre dans des problèmes judiciaires, les finances du mouvement s'étiolent et, malgré le dévouement de jeunes militants, la FFS se désagrège peu à peu. En novembre 1940, lorsque le Conseil fédéral dissout l'organisation, elle n'est plus qu'un groupuscule.

Orientations : entre « fascisme universel » et helvétisme

Les statuts de la FFS annoncent qu'elle est un « mouvement totalitaire de rénovation du pays sur la bases des anciennes traditions suisses, des doctrines d'abnégation individuelles et de réalisation de l'idéal patriotique suisse », ajoutant que Benito Mussolini « a créé une doctrine universelle qui s'applique aux problèmes de l'heure actuelle ». La FFS se déclare antisocialiste, anticommuniste, antilibérale et corporatiste. Il prône la solidarité nationale, le respect de la religion, le soutien au petit commerce et à l'artisanat, ainsi que le contrôle strict de la spéculation financière et du capitalisme international.

L'insistance de la FFS à se présenter comme une sorte de branche du fascisme italien va profondément lui nuire : ses adversaires n'auront de cesse de l'accuser d'être une organisation fantoche manipulée et financée par une puissance étrangère. La presse de gauche affirme régulièrement que la FFS servirait de paravent à des activités « irrédentistes » au Tessin. De même, en décembre 1934, une procédure est lancée contre Fonjallaz, accusé d'un obscur trafic d'armes et d'espionnage au profit de l'Italie. Les enquêteurs se basent sur des documents produits par un renégat de la FFS. Les accusations se révèleront toutes fausses, mais le procès coûtera beaucoup de temps, de moyens et d'énergie au mouvement. Surtout, l'image d'une FFS au service d'un État étranger se renforce.

En novembre 1935, Fonjallaz fait appel à l'avocat Marcel Guinand (1876-1970), afin de rendre son programme, son discours et son style plus helvétiques. L'ancien programme est alors remplacé par un « Pacte fédéral », qui insiste sur la notion du citoyen-soldat helvétique, sur l'altruisme et la solidarité entre confédérés, sur l'instauration d'une administration simple, sur le sens de la hiérarchie, de la discipline er de l'esprit d'initiative. La suppression des partis politiques reste un point central, mais il est complété par un accent mis sur une liberté d'expression garantie, tant qu'elle ne porte pas « atteinte à la poursuite de l'idéal national ». Les institutions fédérales ne sont plus contestées, à l'exception du remplacement du Conseil national par un « Conseil des corporations ».

Mais malgré ces efforts, la FFS ne parviendra jamais à se débarrasser de cette image d'imitation, voire de copie parfois grotesque, du fascisme italien.

Après la dissolution

Le 25 janvier 1940, Fonjallaz est arrêté à Schaffhouse. Il est officiellement inculpé de trahison et d'espionnage au profit d'une puissance étrangère. Cette fois-ci, les accusations ne sont plus formulées par des ennemis politiques, mais par les services de renseignement de la Confédération. Il aurait notamment fait surveiller une agence de presse britannique pour le compte de l'Allemagne.

Le procès s'ouvre le 2 février 1941. Fonjallaz ne conteste pas les faits, mais affirme que les opérations de surveillance qu'il a dirigées ont été effectuées non pas pour le compte de l'Allemagne, mais pour celui des services de renseignements suisses eux-mêmes. Fonjallaz est en mesure de prouver ses dires : il présente au tribunal des bordereaux de paiement signés des services suisses. Pourtant, le 28 févier il est condamné à trois ans de prison et à cinq ans de privation de droits civiques.

Fonjallaz reste en détention jusqu'au 10 avril 1943. Gravement malade, il est alors libéré sous condition. Il s'installe à Saint-Moritz, où il décède le 24 janvier 1944.

Publications

  • Energie et volonté. Un chef : Mussolini. Etude politique et militaire, Editions de la Revue mondiale, Paris, 1933, 230 p.
  • Entretien avec le lieutenant-colonel Arthur Fonjallaz, commandant le 8e régiment d'infanterie suisse, publié le 5 octobre 1916, reproduit in : Revue militaire suisse, vol. 5, 2010 : [1]

Bibliographie

  • « Arthur Fonjallaz, fasciste suisse », in : Christophe Dolbeau, Parias - Fascistes, pseudo-fascistes et mal-pensants, Saint-Genis-Laval, Akribeia (3ème éd. revue et augmentée), 2021, 600 p., p. 135-149[4].
  • Claude Cantini, Le colonel fasciste suisse : Arthur Fonjallaz, P.-M. Favre, 1973, 216 p. [5]

Notes et références

  1. On aurait tort de minimiser les mouvements de la gauche marxiste en Suisse à l'époque. Ceux-ci ont été intellectuellement et tactiquement préparés par des marxistes russes qui ont séjourné en Suisse, comme Lénine en personne. La Suisse a précédemment abrité des conférences internationales des révolutionnaires marxistes, comme à Zimmerwald en 1915, ou à Kiental en 1916.
  2. Le parti communiste suisse naquit en mars 1921 de la fusion entre une partie de la gauche socialiste et les "vieux-communistes" (groupe Forderung). Son premier président fut Franz Welti et son premier secrétaire Marino Bodenmann. La Jeunesse socialiste s'était ralliée en 1919 déjà à l'Internationale communiste des jeunes. Principalement urbain et ancré en Suisse alémanique (Zurich, Bâle, Schaffhouse), le PC comptait au début environ 6000 membres. Il obtient trois mandats au Conseil national en 1925. Dans le cadre cantonal, il atteignit jusqu'à 26% des voix, ainsi en 1928 à Schaffhouse (élections au Conseil national). En 1929, avec 19,7% des voix, il conquit 25 sièges au Grand Conseil de Bâle-Ville. Il disposa un temps de trois quotidiens (tirage total: 14 000 exemplaires en 1922; env. 10 000 en 1936). Malgré sa petite taille, le PC suisse exerça d'importantes fonctions au sein de la IIIe Internationale. Il offrit à l'appareil communiste international une équipe de cadres politiques qualifiés, qui connaissaient parfois personnellement les responsables moscovites. Il est mis hors-la-loi en août 1940. (Source : Dictionnaire historique de la Suisse)
  3. Fondée en 1925 et essentiellement implantée dans la région bernoise, la Heimatwehr est une milice d'autodéfense des petits paysans et des montagnards, qui se déclare « en guerre contre les Juifs, les francs-maçons et la haute finance internationale ». Elle est dirigée par une trentaine d'officiers supérieurs. Elle est organisée en « corps-francs » et ses membres (500-600) arborent un uniforme composé d'une chemise grise, d'une cravate rouge et d'un brassard où figurent la croix fédérale et deux hallebardes
  4. La réalisation du présent article s'est basée en grande partie sur cet ouvrage.
  5. L'auteur de cet ouvrage n'est pas un historien mais un militant anarchiste. Le livre contient des références à certaines sources et documents de l'époque mais il est très marqué par le parti-pris de l'auteur.