Union démocratique du centre

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L' Union démocratique du centre, est un parti politique suisse, de tendance souverainiste et libérale-conservatrice. Dans les cantons alémaniques, il porte le nom de Schweizerische Volkspartei, soit Parti populaire suisse.

Histoire

Le parti a été fondé sous sa forme actuelle le 22 septembre 1971 (constitution le 18 décembre 1971), mais son histoire ne peut être comprise sans celles des partis qui ont fusionné avec lui lors de sa création.

Les partis paysans

De 1848 à la Première guerre mondiale, la politique suisse est caractérisée par l'hégémonie du Parti radical.

Dans les cantons catholiques, la paysannerie et les forces de droite sont regroupées unanimement au sein du Parti catholique-conservateur (qui prend le nom de Parti populaire catholique, puis, en 1912, celui de Parti conservateur populaire). Dans les cantons protestants, les paysans sont intégrés dans le parti radical.

Or, le grand parti radical, en apparence monolithique, est en réalité de plus en plus tiraillé entre une aile gauche favorable à une alliance avec les socialistes et une aile de droite économique, représentant les milieux industriels. Au milieu de ce conflit interne, les paysans, de manière générale hostiles au socialisme mais aussi méfiants envers les milieux industriels et urbains, se sentent de moins en moins représentés par le parti.

En 1917, 305 délégués de l'Union cantonale des agriculteurs de Zurich (Zürcherischer Landwirtschaftlicher Kantonalverein/ZLKV), lors d'une assemblée extraordinaire, votent la fondation d'un Parti paysan (Bauernpartei). Quelques semaines plus tars, le tout nouveau parti remporte 47 sièges aux élections cantonales. Ce succès immédiat motive les paysans à se regrouper de la même manière dans d'autres cantons. En 1918, le canton de Berne voit se fonder son propre Parti paysan.

En 1921, le Parti paysan du canton de Berne se voit considérablement renforcé par l'adhésion des représentants des artisans et des entrepreneurs, ainsi que par celle des libéraux-conservateurs, qui avaient jusqu'alors incarné l'opposition de droite dans le canton. Le parti se renomme alors Parti des paysans, artisans et indépendants/PAI ou PAB (Bauern-, Gewerbe- und Bürgerpartei/BGB)[1]. Le nouveau parti met en avant la défense des intérêts et de la représentation politique des paysans, mais aussi la lutte contre les revendications socialistes, antimilitaristes et internationalistes des partis de gauche.

D'autres partis similaires apparaissent dans les cantons de Schaffhouse (1918), d'Argovie (1920), du Tessin et de Vaud (1921) et de Bâle-Campagne (1925). Après l'introduction de la proportionnelle, ces nouveaux partis obtiennent trente sièges au Conseil national en 1919 et trente-quatre en 1922. En 1936, il a 21 sièges au Conseil national et 3 au Conseil des États. Le 23 décembre 1936 le parti se constitue au niveau national, sur la revendication d'un mouvement des Jeunes paysans. Les bastions du parti sont les cantons de Berne, de Zurich, de Thurgovie, de Schaffhouse et d'Argovie.

L'entrée au Conseil fédéral

Comme on l'a vu plus haut, entre 1848 et 1919, les Radicaux constituent la force hégémonique de la politique suisse. Ils détiennent la totalité des sept sièges du Conseil fédéral jusqu'en 1891, lorsqu'ils accordent pour la première fois un siège à un Conservateur catholique. L'unité du parti radical est en réalité basée sur un compromis entre son aile gauche dominante et son aile économique. Le parti radical a deux ennemis : à droite les Catholiques conservateurs, à gauche le Parti socialiste. Au tournant de 1900, le Parti socialiste se renforce, en même temps que les grèves ouvrières deviennent plus fréquentes. De l'autre côté de l'échiquier politique, les Radicaux font face à une autre forme de mécontentement croissant : le parti est contesté par des Bürgerverband, notamment à Zurich, et, surtout, par les paysans qui se reconnaissent de moins en moins dans le parti. L'apparition dans des cantons réformés d'une nouvelle opposition de droite renforce la position de la droite catholique, majoritaire dans la plupart des cantons catholiques. En 1918, l'initiative populaire pour l'introduction du système proportionnel pour l'élection du Conseil national est acceptée. Les élections suivantes voient, en conséquence, l'effondrement des Radicaux, qui perdent 45 de leurs 105 sièges : leur représentation écrasante au Conseil fédéral devient difficile à justifier. D'autre part, le traumatisme de la grève générale de 1912 se réveille avec celle de 1918. Le PRD va donc se résoudre à composer avec les autres partis non socialistes. À partir de 1919, le Conseil fédéral aura désormais deux sièges occupés par les Conservateurs catholiques (devenus entre-temps Parti Populaire conservateur suisse). En 1929, le Conseil fédéral va être composé de 4 Radicaux, de 2 Conservateurs catholiques et de 1 PAB: le Bernois Rudolf Minger est élu au Conseil fédéral.

Le Parti démocratique

Le Parti démocratique de Suisse a été fondé en 1942, soit en pleine Deuxième guerre mondiale. Plusieurs partis cantonaux, dont certains fort anciens, ont alors décidé de s'unir pour former une organisation politique nationale. Le Parti démocratique du canton de Zurich jouait à cette époque un rôle important au niveau cantonal et fédéral. Affilié au Parti radical jusqu'en 1941, il y est revenu en 1971. Le Parti démocratique et ouvrier du canton de Glaris a été fondé dans les années 1890.

Quant au Parti démocratique des Grisons, qui a été constitué juste après la Première guerre mondiale, il est également issu du Parti radical. Par la composition de leurs membres, les Partis démocratiques des Grisons et de Glaris attiraient essentiellement les petits paysans, les employés et les indépendants. Ils disposaient de deux conseillers nationaux et de deux conseillers aux États. Jusqu'à la fin de la législature 1967 - 1971, ils formaient un groupe parlementaire avec le conseiller national démocrate zurichois et les trois conseillers nationaux du Parti évangélique populaire.

1971: naissance de l'Union démocratique du centre - Schweizerische Volkspartei

Le 22 septembre 1971, le Parti des Paysans, Artisans et Indépendants (PAI) et les Partis démocratiques des cantons de Glaris et des Grisons fusionnent et donnent naissance à l'UDC/SVP. Le nom choisi doit inaugurer une ère nouvelle pour ce mouvement politique. Le champ d'action de l'UDC, précédemment avant tout déterminé par la défense d'intérêts professionnels (agriculteurs, arts et métiers, indépendants), s'est notablement élargi. Tout en continuant de se référer à l'agriculture et aux arts et métiers, l'UDC inclut dans sa politique les intérêts des salariés et d'autres couches de la population. En prenant le nom de parti populaire en allemand, l'UDC réagit à l'érosion de son électorat rural traditionnel, due à l'accélération des transformations structurelles dans le monde agricole, et vise un élargissement de sa base électorale aux employés, aux ouvriers et aux classes moyennes. Cette volonté d'élargir la base a été confirmée en 1977 lorsqu'un groupe de travail présidé par Fritz Hofmann, alors président du parti, présente un rapport sur la réorganisation et l'ouverture du parti. Au cours de plusieurs congrès durant les années 1977 et 1978, l'UDC se donne un programme politique nouveau. L'adoption de ce nouveau programme répond également à une nécessité urgente, car l'UDC était alors tombée à son niveau le plus bas avec une part de seulement 9,9 % aux suffrages et un groupe parlementaire ne comptant que 21 membres.

Le phénomène Blocher

Christoph Blocher

Alors que la plupart des sections, notamment la section bernoise, de loin la plus forte en termes d'électeurs, se confortent sur une ligne centriste et très consensuelle, la section zurichoise va peu à peu prendre de l'importance en affirmant une ligne nettement plus à droite. Celle-ci adopte une ligne autonome face au parti national après l'élection de Christoph Blocher à sa présidence en 1977. Elle récupère, après le retrait de James Schwarzenbach de la présidence du Mouvement républicain (1978), les restes de cette formation. Dans ses campagnes, l'UDC zurichoise va se concentrer sur les thèmes de l'asile, de la drogue et de la sécurité dans un style politique dynamique. Elle s'efforce aussi d'améliorer l'organisation du parti: cours pour les cadres, recrutement actif des jeunes, travail dans la presse, amplification de sa visibilité sur la scène politique. Elle joue ainsi un rôle déterminant dans le développement du parti national au cours des années 1990.

1992: l'ascension

A partir de 1992, sous la direction de la section cantonale zurichoise et de son président Blocher, l'UDC connait une nouvelle mutation fondamentale.

En 1992, l'UDC est quasiment l'unique parti politique à se battre contre l'adhésion de la Suisse à l'Espace économique européen (EEE), un projet du Conseil fédéral qui visait à faire entrer à terme la Suisse dans l'Union européenne. Seule contre tous, elle remporte la votation populaire contre le projet gouvernemental. Depuis, l'UDC se profile comme la gardienne de l'indépendance suisse; elle défend la neutralité suisse et se bat pour une politique d'immigration restrictive: la même année, elle lance pour la première fois de son histoire une initiative populaire "Contre l'immigration clandestine", rejetée en 1996.

Douze nouvelles sections cantonales sont créées entre 1991 et 2001. L'organisation nationale est consolidée, un agenda politique commun est déterminé, les campagnes électorales et de votations sont unifiées.

Après avoir stagné pendant plus de cinquante ans, l'UDC passe de 11,9% aux élections au Conseil national en 1991 à 28,9% en 2007; une évolution unique depuis l'introduction de la proportionnelle en 1919.

Le parti devient le premier du pays en nombre d'électeurs et son groupe parlementaire le plus important de l'Assemblée fédérale; l'UDC est ainsi à l'origine d'un changement fondamental du système suisse des partis. Dans les parlements cantonaux, elle passe de 297 sièges en 1991 à 563 en 2011.


Le parti a moins de succès aux élections du Conseil des Etats. La progression au Conseil national se fait en partie en absorbant l'électorat de deux petits partis de droite: les Démocrates suisses (précédemment Action nationale) et le Parti de la liberté. En 2003, l'UDC obtient avec l'élection de Christoph Blocher un deuxième siège au Conseil fédéral au détriment du PDC.

Affiche de la campagne pour le renvoi des criminels étrangers

L'UDC dans les cantons catholiques

Parti traditionnellement protestant et implanté en Suisse alémanique, l'UDC parvient à percer dans les cantons catholiques et en Suisse romande où il avait eu jusqu'alors un caractère fortement rural.

Son implantation soudaine dans les cantons catholiques est due essentiellement au virage à gauche du Parti démocrate-chrétien (PDC), successeur des partis catholiques conservateurs. En effet, alors que ce parti incarne historiquement les forces de droite dans les cantons catholiques, sa direction tend, depuis les années 1960, à se transformer en parti centriste sur le modèle de la Démocratie Chrétienne italienne. Le virage vers le centre-gauche du PDC s'accélère particulièrement dans les années 1980, mécontentant la base électorale du parti. À partir des années 1990, les succès de l'UDC au niveau national motivent les jeunes éléments les plus dynamiques du PDC à rejoindre l'UDC, en créant au besoin de nouvelles sections cantonales. Ces nouvelles sections attirent rapidement l'électorat catholique exaspéré par la dérive du PDC.

Le premier parti de Suisse

Après les élections de 1999 et de 2003, l'UDC est devenue en octobre 2007 pour la troisième fois le premier parti suisse par le nombre de ses électeurs et a constitué une fois de plus le principal groupe parlementaire fédéral. Obtenant près de 29% des suffrages, l'UDC a réalisé un résultat record qu'aucun autre parti n'a obtenu avant elle depuis l'introduction du système proportionnel.

A partir de 2003 l'UDC était représentée avec deux conseillers fédéraux au gouvernement du pays. Mais cette double représentation n'était que de courte durée: le 12 décembre 2007 le PS, les Verts, le PDC et quelques représentants du PRD forment une alliance pour éjecter Christoph Blocher du Conseil fédéral. Ils mettent ainsi fin au système de la concordance.

En élisant le 10 décembre 2008 Ueli Maurer au Conseil fédéral, le Parlement a fait un premier pas vers le rétablissement de la concordance. Sans oublier la basse intrigue menée un an plus tôt par la coalition du centre-gauche, l'UDC s'est déclarée prête à réassumer des responsabilités gouvernementales face à une situation économique difficile. Compte tenu de sa part aux suffrages, le parti reste cependant largement sous-représenté au Conseil fédéral. Avec l'élection de Guy Parmelin en décembre 2015, l'équilibre est à peu près rétabli.


Structure

L'organisation de l'UDC correspond à la structure fédéraliste de la Suisse qui connaît trois niveaux politiques: la Confédération, les cantons et les communes. Ainsi, l'UDC est composée d'un parti suisse, donc d'une organisation faîtière qui regroupe les partis cantonaux. Ces derniers se structurent à leur tour en sections de district et sections locales. L'Union démocratique du centre UDC compte environ 80'000 membres sur le plan suisse.

Personnalités de l'UDC

  • Christoph Blocher, ancien conseiller fédéral (2004-2007)
  • Oskar Freysinger, ancien conseiller national, ancien conseiller d'État du canton du Valais et vice-président de l'UDC
  • Dominique Baettig, conseiller national (Jura, 2007-2011)
  • Guy Parmelin
  • Gilbert Duart
  • Martin Baltisser
  • Toni Brunner, conseiller national et ancien président de l'UDC suisse
  • Ueli Maurer, président de la Confédération en 2013 et en 2019, ancien président de l'UDC
  • Yvan Perrin, ancien conseiller national et ancien vice-président de l'UDC
  • Christoph Mörgeli, ancien conseiller national
  • Albert Rösti, conseiller national (Berne, 2011-2023) et président de l'UDC suisse depuis 2016
  • Adolf Ogi, ancien conseiller fédéral (Berne, 1988-2000) et président de la Confédération en 1993 et 2000
  • Yves Nidegger, conseiller national (Genève, 2007-2023)
  • Céline Amaudruz, conseillère nationale (Genève, 2011-2023)

Positions

Souverainisme et « populisme »

De manière générale, l'UDC se veut la gardienne de l'indépendance suisse et elle défend le principe de la neutralité suisse. Elle est le seul des grands partis à s'opposer clairement à une adhésion de la Suisse à l'Union européenne.

Elle prône une politique de sécurité renforcée et une restriction de l'immigration. Elle a lancé plusieurs initiatives populaires dans ce sens. Elle a aussi lancé deux initiatives en faveur du renvoi des criminels étrangers.

Sur le plan économique, le parti défend un allègement fiscal, une baisse des dépenses publiques, une administration réduite au strict nécessaire et de bonnes conditions-cadres en faveur de l'économie.

La droite suisse

La politique suisse tend à se polariser autour de certains axes, comme les relations avec l'Union européenne, la problématique de l'immigration et la politique sécuritaire. L'UDC se retrouve de plus en plus seul face à l’ensemble des autres partis, du Parti socialiste au Parti libéral-radical et au Parti démocrate-chrétien. Il n'est donc pas abusif d'affirmer que l'UDC incarne désormais la droite suisse. Cette polarisation peut être illustrée par le déroulement de la campagne des élections du Conseil d'Etat (exécutif cantonal) du canton du Valais en 2017. Oskar Freysinger, considéré comme un des ténors de l'UDC, est candidat à sa réélection pour la législature 2017-2021. La campagne est marquée par des manifestations visant personnellement Freysinger, au rythme de slogans de bas étage, tels que « coupons-lui la queue !», faisant prétendument allusion à la coupe de cheveux du candidat. A l'issue du deuxième tour de scrutin, il ne sera pas réélu au profit d'un candidat PLR, soutenu par l'ensemble des autres partis. Le président du Parti démocrate-chrétien cantonal, Christophe Darbellay, se félicitera de ce qu'il nommera « une victoire contre Trump ».

L'UDC et la droite radicale

Si l'UDC affirme représenter à elle seule la droite suisse, elle tient à se distinguer de la droite radicale. Elle tend même à suivre les injonctions des médias sur ce sujet, alors que ceux-ci ne cessent pourtant de la qualifier de « droite nationaliste » ou d'« extrémiste de droite ».

  • Ainsi en 1999, l'avocat genevois Pascal Junod, qui a joué un rôle crucial dans l'implantation de l'UDC dans le canton de Genève, est forcé à la démission. Alors qu'il se présente aux élections au Conseil national en 1999, le journal à sensation Blick publie de virulents articles à son encontre, qualifiant ses activités culturelles d'« engagement extrémiste ». Le secrétaire général de l’UDC Suisse, Martin Baltisser, et son président Ueli Maurer, exigent sa démission. La section genevoise refuse dans un premier temps d’obtempérer mais, devant la menace de révocation de l'ensemble du comité brandie par les dirigeants du parti, Pascal Junod démissionne. Plus tard, le journal Blick présentera des excuses à Pascal Junod pour avoir utilisé des méthodes diffamatoires, notamment un montage photographique. Mais il ne sera pas réintégré.
  • De la même manière, en décembre 2017, deux hebdomadaires du dimanche de Suisse centrale publient des articles accusant le président des Jeunes UDC du canton de Neuchâtel d'être un « néo-nazi », en raison d'un tatouage. Le président de l'UDC suisse, Albert Rösti, exige sa démission immédiate. « L'idéologie d'extrême droite n'a absolument aucune place dans notre parti », affirmera le président de l'UDC. La section cantonale de l'UDC déclare qu'elle élaborera « une charte pour éviter la présence d'extrémistes de droite ».
  • En février 2018, le mouvement identitaire Résistance helvétique, suite à une recrudescence du trafic de drogue et des violences au centre des villes, organise des « rondes citoyennes de sécurité » à Genève. Suivant le mouvement, il s'agit de « désamorcer les conflits par le dialogue ou avertir les forces de l’ordre en cas de situation critique» et d'« encourager la police à être plus présente » face aux violences urbaines. Le mouvement annonce ensuite, par voie de presse, qu'il prévoit d'organiser des rondes du même type au centre de la ville de Lausanne, reconnu pour être devenu un fief des dealers de rue.
Ce communiqué déclenche une réaction d'hystérie chez les partis de gauche, qui hurlent au « retour des milices fascistes » et déposent une interpellation urgente au Conseil communal de Lausanne. À l'exception notable d'un petit parti de centre-droit, le Parti libéral-conservateur, qui tente de rappeler que la population souffre bien plus des incivilités et du deal de rue que de Résistance helvétique, tous les partis soutiennent l'interpellation de la gauche. Le chef du groupe de l'Union démocratique du centre ne sera pas en reste, qualifiant les militants de Résistance helvétique de « nazillons » et même de « djihadistes ». À l'issue du débat, la Municipalité prend la décision d'interdire ces rondes.

L'UDC et la législation « antiraciste »

Le 17 décembre 1992, le Conseil national suisse adopte, par 102 voix contre 13, l’article 261 bis du Code pénal suisse. Celui-ci punit la « discrimination raciale » et la « négation du crime de génocide ».

L'adoption de cette loi s'inscrit dans une tendance dominante dans les pays occidentaux. Ainsi, l'Argentine (1988), la France (1990), l'Autriche (1992), l'Allemagne (1995, aggravation de la loi-muselière existante), la Belgique (1995), l'Espagne (1995, aggravée en 1996), la Pologne (1999) adoptent des législations similaires.

Le référendum populaire contre cette nouvelle norme pénale ayant abouti, la loi est soumise à la votation populaire le 25 septembre 1994.

L'UDC est d'abord hésitante devant la menace qui plane sur la liberté d'expression. Christoph Blocher lui-même se montre d’abord opposé la « loi-muselière ». Mais, suite à un entretien avec Sigi Feigel[2], président influent de nombreuses associations israélites en Suisse et président de la communauté israélite de Zurich, il donne finalement le mot d’ordre du « oui ».

Le vote se déroule dans un climat de graves irrégularités. Les médias, dans une majorité écrasante, présentent la loi comme anodine et visant à réprimer la violence de groupes marginaux comme les « skinheads », par exemple. Les quelques « tables rondes » opposent un seul partisan du « non » à de multiples adversaires. De nombreux journaux (dont la Neue Zürcher Zeitung, pourtant considéré comme un journal « sérieux » et « de droite ») refusent de publier des textes du Comité référendaire, même après que celui-ci ait payé l'espace des encarts convenus.

Le 25 septembre 1994, la loi dite antiraciste est acceptée par 54,7 % de « oui » contre 45,3 % de « non ».

Par la suite, Christoph Blocher admettra que le soutien apporté à la norme « antiraciste » avait été une erreur. En effet, la grande majorité des condamnations prononcées en vertu de l'article seront des membres de l'UDC.

Référendums et initiatives populaires

L'UDC fait régulièrement usage des droits de référendum et d’initiative populaire garantis par la Constitution fédérale.

Référendum

Le 6 décembre 1992, la majorité du peuple et des cantons suisse refuse, lors du référendum, l'entrée du pays dans l'Espace économique européen. Le Conseil fédéral, les milieux économiques et la plupart des partis politiques soutenaient l'adhésion. L'UDC a mené quasiment seule la campagne pour le « non ». Cette victoire référendaire marque le début de la montée en puissance de l'UDC.

Initiatives ayant abouti

  • Initiative populaire « Pour le renvoi des étrangers criminels », acceptée le 28 novembre 2010.
  • Initiative populaire « Contre l'immigration de masse », acceptée le 9 février 2014.

L'UDC et les minarets

L'initiative populaire « Contre la construction de minarets », acceptée par le peuple et les cantons le 29 novembre 2009, n'a pas été lancée par l'UDC, mais par le Comité d'Egerkingen composé essentiellement de personnalités membres de l'UDC[3].

Initiatives ayant été rejetées

  • Initiative populaire « contre l'immigration clandestine », rejetée le 1er décembre 1996.
  • Initiative populaire « contre les abus dans le droit d'asile », rejetée le 24 novembre 2002.
  • Initiative populaire « pour des naturalisations démocratiques », rejetée le 2 juin 2008.
  • Initiative populaire « Élection du Conseil fédéral par le peuple », rejetée le 6 juin 2013
  • Initiative populaire « pour les familles », rejetée le 24 novembre 2013.
  • Initiative populaire « Il faut sauver l’or suisse », rejetée le 30 novembre 2014.
  • Initiative populaire « Pour le renvoi effectif des étrangers criminels étrangers », rejetée le 28 février 2016
  • Initiative populaire « Le droit suisse au lieu de juges étrangers (initiative pour l’autodétermination) », rejetée le 25 novembre 2018.

Bibliographie

  • Slobodan Despot, Oskar et les Minarets, éd. Favre, Lausanne et Paris, 2010, 187 p.
  • David Waldvogel, « Suisse : bastion conservateur en Europe ou pays lui aussi profondément décadent ? », in : Rivarol, N°3588, 15.11.2023, p. 8-9.

Liens externes

  • Site officiel du parti : [1]

Notes et références

  1. Le terme de Bürger et celui de bürgerlich sont souvent traduits en français par celui de bourgeois. Or il s'agit d'un abus traductologique. En effet, les termes allemands Bürger/bürgerlich ne sont pas des équivalents des termes français bourgeois, mais renvoient à une multipolarité sémique. Bürger/bürgerlich ont le plus souvent trait aux notions de citoyen et de civil. Ainsi, les Deutsche Bürger ne sont pas des « bourgeois allemands », mais les citoyens allemands, tout comme Bürgerrecht ne désigne pas le « droit bourgeois », mais le droit civil. Le Bürgerliches Gesetzbuch désigne le code civil allemand. Ou encore comme Bürgerkrieg, qui ne désigne pas une « guerre bourgeoise » mais la notion de guerre civile. Le terme de Bürgerwehr, que certains historiens traduisent faussement, dans le contexte de la grève générale de 1918 par exemple, par « milice bourgeoise », devrait être traduit par garde civique ou milice citoyenne. Ce phénomène de multipolarité sémique a poussé les partisans résolus de la désambiguïsation à introduire en allemand les mots Bourgeois, bourgeois et Bourgeoisie, dans la signification sectorielle qu'ils ont en français.
  2. Après le vote, le même Sigi Feigel qualifiera les citoyens ayant voté « non » de « canailles politiques ».
  3. Slobodan Despot, Oskar et les minarets, Lausanne, Editions Favre, 2010, 190 p.