Ligue de défense nationale chrétienne

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La Ligue de défense nationale chrétienne fut un parti nationaliste, anticommuniste et antisémite roumain, actif de 1923 à 1935.

Circonstances historiques

En Roumanie, le nombre d’étudiants juifs était tel, à cette époque, qu’il soulevait l’opposition violente des autres étudiants. Ainsi, au début des années 1920, on constatait les chiffres suivants : Université de Cernanti : Faculté de Philosophie : 574 étudiants juifs, 174 Roumains. Faculté de Droit : 506 étudiants juifs, 237 Roumains. Bessarabie : écoles secondaires : 6302 étudiants juifs, 1535 Roumains ; écoles mixtes : 1341 étudiants juifs, 690 Roumains. Université de Jassy : Faculté de médecine : 831 étudiants juifs, 556 Roumains. Faculté de pharmacie : 229 étudiants juifs, 97 Roumains. A cela s’ajoutait le problème permanent des débouchés pour les nouveaux diplômés. Dans un tel système, le mécontentement d’étudiants issus des milieux pauvres et voyant leur avenir bouché par un système injuste et corrompu, ne pouvait que se transformer en une action révolutionnaire. Ainsi, un puissant mouvement de revendication éclata parmi les étudiants lors de la rentrée universitaire de 1922. D’abord purement corporatif, il se transforma en manifestations antisémites. Le 10 décembre 1922, à Bucarest, les incidents furent si violents que les autorités durent faire appel à l’armée pour rétablir l’ordre. En janvier 1923, dans le Banat, à Timisoara, les étudiants réclament un strict numerus clausus des juifs. En février, la même motion est adoptée par un Congrès des étudiants de Bucarest. Le mouvement étudiant est vigoureusement soutenu par le clergé orthodoxe et, à Jassy, l’agitation est orchestrée par le métropolite qui accueille dans les églises les meetings des étudiants nationalistes. Le corps professoral est complice ou débordé ; quant au gouvernement libéral, il se résout à fermer toutes les universités jusqu’à la fin de l’année scolaire.

La Ligue de Codreanu

Corneliu Zelea Codreanu, avec ses camarades de l’Association des étudiants chrétiens, pour profiter de cette agitation décida de fonder, au début de l'année 1923, un mouvement d’allure para-militaire, organisé en décuries et en centuries, la Ligue de défense nationale chrétienne ou LANC (Ligue Aparari Nationale Crestine).

L’organisation prit forme le 4 mars 1923, dans un grand meeting tenu à Bucarest. Codreanu offrit la présidence à Alexandru Cuza et organisa aussitôt la lutte contre le projet de Constitution qui prévoyait d’accorder les droits civiques à tous les juifs de la grande Roumanie. Dès que, le 28 mars 1923, la Constitution est votée, à Jassy, la révolte explose et l’armée doit intervenir pour soutenir l’action de la police et de la gendarmerie. Cuza est forcé de couvrir la campagne de Codreanu, quoique l’aspect militaire de la ligue, qui copie ouvertement le squadrisme des Chemises noires italiennes, l’inquiète plutôt qu’il ne lui agrée.

Après qu’un congrès étudiant a décidé de continuer la lutte, du 22 au 25 août 1923, le premier congrès de la Ligue se tient à Campul Lung (Bukovine) le 17 septembre 1923 et adopte un programme de défense des paysans roumains contre les usuriers juifs. Cependant, en octobre, la situation tend à redevenir relativement calme et le gouvernement réouvre les universités, sauf celle de Jassy, tenue pour le bastion de la Ligue. Par une action audacieuse, Codreanu réussit à en forcer les portes et y hisse le drapeau de la Ligue (couleurs nationales et croix gammée), tout en faisant face à l’assaut des étudiants juifs.

Une délégation de la ligue conduite par Codreanu se rend ensuite à Bucarest pour exposer les revendications des paysans et des étudiants au Premier ministre. Les délégués sont refoulés sans douceur et l’un d’eux, les trahissant, les accuse de préparer des attentats. Ils sont jetés en prison jusqu’au printemps de 1924. Aussitôt libérés, l’un d’eux, Ion Mota, tire sur le traître et l’abat. Déféré, avec un complice, aux assises de Bucarest, il est triomphalement acquitté.

Le 31 mai 1924, les compagnons de Codreanu sont occupés à construire un foyer pour la ligue, à Jassy, lorsque le Préfet de Police, Manciu, les fait arrêter et torturer. Ils ne sont libérés que sur l’intervention des professeurs et des parents des étudiants, dont plusieurs officiers. Tandis que Manciu et ses hommes reçoivent de somptueux cadeaux de la communauté juive de la ville, Codreanu prépare sa vengeance et le 25 octobre, alors qu’il va défendre un étudiant devant le tribunal, il abat Manciu et blesse ses gardes du corps.

Le scandale est énorme et la popularité de Codreanu à son apogée. Le gouvernement cherche désespérément un jury assuré de condamner le jeune chef nationaliste et finalement l’envoie devant les assises de Turnu-Severin (en Olténie) où les juifs sont très peu nombreux et l’antisémitisme fort peu répandu.

Le procès s’ouvre le 20 mai 1924 et, après six jours de débat, où le public se montre ouvertement favorable à l’accusé, celui-ci proclame : « Tout ce que nous avons fait, nous l’avons fait pour notre foi et pour notre pays. Nous jurons de lutter jusqu’au bout ».

Les jurés l’acquittent et arborent l’insigne de la Ligue tandis que le public lui fait une formidable ovation. Un train spécial le ramène à Jassy ; à Craiova, 10.000 personnes l’acclament ; 50.000 à Bucarest; dans la foule figurent des députés, des évêques et des généraux.

Mais, suite à des divergences avec Cuza, il part en France avec sa femme et s’installe à Grenoble pour y passer son doctorat de droit, à partir de septembre 1925. Il revient, malgré Cuza, au printemps de 1926 pour poser sa candidature à Focsani mais il est battu ; par contre Cuza et neuf autres membres de la ligue sont élus à la Chambre des députés (120.000 voix à la Ligue). Déçu par l’attitude de Cuza, Codreanu repart en France jusqu’en mai 1927. Son absence n’empêche pas Cuza de s’avérer incapable de diriger le mouvement ; les jeunes élus de la ligue lui reprochent son incapacité et le groupe éclate en deux : 8 députés font sécession. Mota, resté le fidèle ami de Codreanu, le rappelle et les jeunes gens annoncent à Cuza qu’ils quittent la ligue. Le 24 juin 1927, ils fondent la Legiunea Arhangelul Mihail (Légion de l’archange saint Michel).

La Ligue de Cuza

Les ponts sont désormais rompus avec Cuza et ce dernier, à la tête des restes de la Ligue (qui avait récupéré quelque temps auparavant le Fascio national et l’Action roumaine), poursuit son action. Pendant plusieurs années, Cuza, qui laisse à son fils George Cuza la direction effective de la ligue, perd beaucoup de son ancienne popularité. Ainsi, aux élections de 1927 et 1928, il n'obtient pas les 2% nécessaire pour avoir des élus. Aux élections de 1931, la Ligue, malgré la concurrence de la Garde de fer, retrouve ses positions avec 114.000 voix (4,1 %); il en est de même à celles de juillet 1932, malgré une progression du mouvement de Codreanu.

Le secrétaire-général de la Ligue est alors Nichifor Crainic.

En 1933, devant l’agitation nationale qui reprend, Cuza organise, à la demande de son fils, George Cuza, des troupes de choc, « Les lanciers », revêtus de chemises bleues avec brassard à croix gammée. Il obtient aux élections de cette année, 4.47% et 9 députés.

Cherchant à parvenir à une véritable dimension politique, Cuza s’allie avec Octavian Goga, président du Parti national agrarien. En juin 1935 les deux hommes unissent leurs mouvements en un Parti national chrétien. Le parti s’unit ensuite dans un Bloc nationaliste au Front roumain de Vaida Voevod.